La mâchoire crispée, les mains serrées en poing, Solen sent sa vision s’assombrir et un voile s’abattre sur ses oreilles. Il voit le visage d’Alaric, ses lèvres bouger. Mais aucun son ne lui parvient. Il repasse en boucle dans sa tête ses phrases, tentant d’y comprendre un deuxième sens.

— Le vaisseau va exploser, je ne peux mettre toute ses vies en danger alors que Solange et je ne sais où, explique Alaric d’une voix peu assurée, elle trouvera un moyen de nous rejoindre, fais lui confiance.

Lui faire confiance alors que le vaisseau va exploser ?

Presque inconsciemment, Solen lance son poing dans sa figure. Sauf que Alaric à toujours était plus bagarreur que lui. Avant même que son poing n'effleure sa mâchoire, Alaric e attrapé son poignet et tord doucement sa main.

La jeune femme à ses côté, du nom de Holi, s’est rapidement levée de son siège. Poussant ses court cheveux teint en violet, elle pose ses mains sur les épaules de Solen. Lui conseillant de rejoindre sa femme et son fils.

Sa voix lui parut lointaine. Presque étrangère alors qu’il l’a connaît depuis des années.

Solen pose des yeux vide sur son visage, ignorant presque les marques noir qui recouvre son front, et fais demi-tour.

Traînant des pieds, ses bras ballants, Solen ignore les autres membres de l’équipage. Lentement il lève ses yeux sur l’une des vitres du Remembrance qui donne vue sur le vaisseau-mère.

Même d’ici, ils peuvent voir les quartiers détruits. Des explosions par-ci et par-là.

Quand soudain, du sommet de la tour de cristal, un orage semble naître sans aucun nuage. Des éclairs se tordent dans le ciel d’une puissance qui ressemble à des flashs. Puis, ces éclairs se rassemblent, se fondent entre eux et donnent naissance à un dragon.

Le dragon de foudre se cambre dans les airs, ouvre son immense gueule, et fonce vers l’arrière du vaisseau. Il pic tel un oiseau de chasse sur la centrale d’énergie qui alimente la Cité toute entière. Le vaisseau tombe dans l’obscurité avant qu’il ne s’éclaire en rouge.

— Le générateur de secours.

— C'était quoi ce dragon de foudre ? Demande un autre homme.

— C’est un marqué, crie une femme, un marqué à empêcher l’explosion en détruisant l’alimentation de tous le vaisseau.

— Que quelqu’un contacte les autres vaisseaux, crie l’un des membres de l’équipage, cela nous donne un autre sursis pour sauver le plus de vie possible.

À cet ordre, plusieurs jeunes, qu’ils soient membres de la dissidence ou de simple enfants détalent dans tout le vaisseau. Passant des appels à qui peut l’entendre.

À travers la vitre, Solen observe divers petits vaisseaux s’envoler vers le vaisseau-mère. Avec l’espoir que dans l’un d’eux, il puisse y avoir sa sœur.

Prenant difficilement une inspiration, Solen pose une main sur sa poitrine, la douleur de la peur et de la tristesse lui serre le cœur.

Quand une petite main tire sur son pantalon.

Baissant les yeux, Solen croise le regard de son fils. Un regard limpide, calme et serein malgré la situation catastrophique. Derrière lui, Charlotte le surveille d’un regard protecteur.

— Papa, quémande le petit garçon.

Mais Solen ne répond pas, une boule d’inquiétude l’empêche de parler.

— Papa, appel de nouveau Kyrio, papa, tata arrive.

— Quoi, souffle Solen, les larmes aux yeux.

Pour seule réponse, Kyrio hoche la tête avant de regarder derrière lui. Solen suit son regard, mais la seule chose qu’il voit, c’est d’autres personnes penchés sur les fenêtres ou appuyés contre les murs. Certains assis à même le sol. Il se trouve à l’avant du vaisseau, juste en dessous du centre de contrôle, séparé par une vitre. Si il s’avance un peu, Solen pourrait jeter un coup d’œil au balcon, et voire Alaric et les autres se préparer à démarrer l'hyperpropulseur pour emprunter une porte des étoiles.

Mais le regard du garçon reste planté sur le sol, au centre du hall. Pourtant il n’y a rien ici.

Solen et sa femme ont appris avec le temps que leur fils est un être spécial, capable de sentir ou de pressentir des évènements.

Voilà pourquoi ils ont pu héberger l’elfe aussi longtemps. Parce que Kyrio n’a senti aucun danger venant de cet être millénaire.

Solen recouvre un certain espoir. Si sa sœur doit apparaître ici, alors elle apparaîtra ici et pas dans l’un des vaisseaux.

Impatient, Solen fixe lui aussi cette zone vide. Pour le soutenir, Charlotte attrape sa main, l’autre posée sur l’épaule de son fils.

Elle repense alors à son fils lui dire de se garer dans cette ruelle, juste derrière la manifestation.

Son fils savait-il que c’est dans cette rue que le Seigneur Phoenix passerait ?

Vu la suite des événements, c’est fort possible.

C’est au bout de plusieurs minutes qu’un bruit d’éclair brise le silence du hall.

Tout le monde regarde autour d’eux, se demandant si il y a un cours circuit quelque part. Quand ça recommence, provoquant quelque crie d’inquiétude.

Puis le son d’un déchirement. Pas celui d’un bout de tissu ou d’un papier. Non, un mélange de cris et de foudre.

Puis, dans cette zone que Kyrio ne quitte pas des yeux, une petite bille de lumière apparait.

D’abord rougeoyante et fragile. Celle-ci s’agrandit, devient plus sombre, plus sanglante. Quand elle atteint la taille d’une porte, elle cesse de crier, continuant de gronder comme un orage lointain.

Solen fixe cette étrange brume jaune, tentant d’y apercevoir quelque chose.

Seuls les membres de l’équipage, possédant une arme, s’apprête à tirer. Les civils reculent dans un coin de la pièce, craignant une attaque, protégés par les quelques féas devant eux.

Un silence pesant englobe la pièce.

De la fenêtre de la salle de commandement, Alaric tente de comprendre ce qu’il se passe.

Quand la brume ressemblant à un portail s’éclaircit d’une lumière orangé.

Une main, un bras, un visage.

Le corps de Jon, enlaçant celui d’Allison, apparait.

Éssouflés, le duo tombe à genoux. Jon ne se retient pas plus longtemps et se penche sur le côté, crachant de la bile.

L’équipe reste un instant figé de surprise, puis se précipite vers le duo.

Des questions fusent de tous les côtés, les aidant à se mettre debout et à s’éloigner de l’étrange portail. Solen lui, reste figé sur place. Ses yeux remplis d’espoir de voir sa sœur.

Quand le portail s’éclaire pour une deuxième fois. Un sourire réhausse les lèvres de Solen.

Mais seul Édouard apparaît tombant sur le dos.

Le blond semble étourdi et, alors qu’il est aidé par d’autres membres de l’équipage, il crie.

— Solange.

Le visage de Solen pâlit à vue d’œil.

Poussant les curieux devant lui, il rejoint Édouard.

— Ou est ma soeur ? Demande le jeune homme en s’agenouillant à côté du blond.

Crachant de la bile, Édouard s’appuie contre l’un des membres de l’équipage de Alaric et répond, essoufflé.

— Elle était là, je la tenais. Je l'ai entendue, elle lui a dit de venir.

— Qui ? Demande Solen.

Leur discussion est vivement suivie par tout le monde. Chacun d’eux connaît Solange personnellement. C’est un modèle pour eux. Elle leur donne la force, le courage, et l’espoir d'avancer.

L'une des portes menant au hall s’ouvre. Alaric, suivi de Tariel et d’autrse personnes entrent brutalement.

— Qui ? Demande de nouveau Solen.

— L’elfe… Elijah. Il s’est battue contre une escouade d’élite et contre Anurag. Il a fait des chose mais, c’est lui qui nous a ouvert ce portail. Il a dit que nous devons accomplir notre destin.

— Mais… Quoi… comment ?

Perturbé, le jeune homme n’arrive pas à réorganiser ses pensées. Il arrive pourtant à une conclusion.

— Si c’est lui, pourquoi il ne passe pas le portail avec elle ?

— Il est grièvement blessé.

Surpris, Solen et Charlotte se crispe.

Sachant son identité, ils sont surpris de savoir qu’un être tel que lui peut être blessé au point de ne plus bouger.

Mais qu’importe. Déterminé, Solen se met sur ses pieds et s’approche de ce portail de brouillard sanglant. Il sauvera sa sœur coûte que coûte. Hors de question qu’elle se retrouve seule encore une fois.

À tout juste trois pas du portail, celui-ci s'assombrit, se tord. Une sombre aura repousse le jeune homme à tenter de le traverser. Il ne peut qu’attendre, ignorant les questions autour de lui.

Quand deux corps tombent brutalement.

Ahuri, tous le monde observe cette jeune femme prendre une grande inspiration. Elle jette un regard effrayée au portail qui disparaît déjà. Ne laissant qu’une fumée derrière elle.

Soulagée, Solange pousse un long soupir.

Solen, lui, sent les larmes couler sur ses joues et s’apprête à enlacer sa jumelle quand une lumière vive éclaire tout le vaisseau.

Tournant le regard, le jumeau regarde éberlué le vaisseau-mère explosé en un million de morceau.

— Met les moteurs à fond, crie Alaric en faisant signe au balcon de commande, on doit s’éloigner avant de se prendre des débris.

La pilote aux cheveux court et aux piercing acquiesce. Elle tire sur une manivelle tout en enfonçant une poignée de l’autre.

Le vaisseau vire brusquement à tribord, les moteurs poussés à fond résonne dans le vaisseau.

Tout l’équipage laisse le vaisseau-mère derrière eux. Certains pleurent la mort de ceux qu’on n’a pu sauver. Tandis que l’équipage pointent déjà leurs armes envers les derniers arrivés. En particulier l’elfe.

Solen les ignore et englobe sa soeur dans ses bras. Cette dernière reste figée quelque seconde, avant d'éclater en sanglot, serrant son frère de toutes ses forces.

Le visage penché et recouvert de sang, Elijah regarde d’un œil vide les jumeaux exprimer tout leur amour. Puis examine le nouvel environnement. Ses yeux rouges passent au crible chaque détail, chaque personne.

Quand il baisse les yeux sur sa main, toujours tenu par la jeune femme.

Cette dernière s’éloigne de son frère, reprenant contenance, et jette un regard inquiet à l’elfe, mais il garde la tête baissée. Solange suit son regard et retire vivement sa main. Soudain gênée.

L’elfe l’ignore, levant les yeux sur Solen, et dit d’une voix éraillée en tournant son regard en direction d’Alaric.

— En voilà un accueil chaleureux.