Chapitre 2

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En entrant dans la salle d’interrogatoire, Solange se sent comme coupé du monde. Les murs épais bloquent le moindre son. Elle lance un coup d’œil à la caméra quand elle entend la voix de Jon dans son oreillette.

-Je contrôle les caméras depuis que vous êtes sortie de l’ascenseur. Les vigiles ne devraient rien remarquer. Tu as dix minutes devant toi, il l’informe d’une voix monotone.

Solange ne répond pas, baissant les yeux sur la sirène qui semble désespérée. La tête baissée, ses mains recouvertes d’écaille bleu reposant sur sa tête recouvert de cheveux bleu nuit. La jeune femme attire son attention en tirant séchemment la chaise d’en face et s’installant sans aucune délicatesse. Le faisant sursauter.

La sirène la dévisage avant de reconnaître la flic qui le poursuivait dans la rue. Il semble vouloir lui dire quelque chose quand elle tape sur un coin de la table en face d’elle, faisant apparaître un écran visible que de son côté.

Solange étudie les constantes de l’homme, met en marche l’application du détecteur de mensonge. Puis s’installe confortablement en plantant ses yeux dans les siens. Laissant le temps s’allonger avant de demander.

-James Popesco. Vous confirmez.

L’homme cille face au ton froid de la femme.

-Oui, répond-il dans un souffle.

-Vous avez plusieurs mandats d’accusation contre vous, notamment pour trafic. Ce qui m’intéresse c’est votre réseau de trafic d'artefact, posant ses coude sur la table pour se pencher vers lui elle continue, maintenant, je veux que vous me donniez les noms de toutes les grosses têtes de ce réseau. De quelle mafia ou autre groupe elle appartient et avec qui vous faites affaire.

-Je ne peux rien vous dire, répond immédiatement la sirène, la sueur coulant de son front.

-Pourquoi ?

-Si ils apprennent, ils me tueront. Moi et toute ma famille.

-Qui que ce soit, ils ont déjà l’intention de vous tuer. Ce sont les SS qui nous ont ordonné de vous arrêter, rapporte la jeune femme.

À cette phrase, l’homme à un hoquet de surprise et de peur. Il se tortille sur la chaise, lançant sans cesse des coups d’œil vers la porte comme si la faucheuse allait apparaître à tout instant.

Solange regarde l’heure sur sa montre, plus que huit minute.

-Écoutez, j’ai des relations avec les dissidents. Si vous coopérez, je mettrais votre famille en sécurité. C’est d’accord, elle propose comme dernier recours.

S'il ne lui répond toujours pas, elle devrait laisser tomber et chercher une autre piste. Mais celle-ci et la meilleure qui leur tombent dans leur mains depuis des semaines. Encore mieux, un témoin bien vivant cette fois-ci.

L’homme hésite, se demandant s'il ne s’agit pas là d’un piège. Mais après tout, il a déjà presque tout perdu. Il se fait des illusions. Sa femme et son fils doivent être déjà mort.

-Répondez à ma question, avec qui faites-vous affaire ? Répète Solange qui commence à perdre patience.

-Je sais pas.

-Quoi ?

Solange crie, les yeux grand ouverts. Ils ne peuvent pas avoir fait tout ça pour rien ? Mais en regardant la sirène, elle remarque la sincérité inscrite sur son visage, maintenant vidé de son sang. Et sur le détecteur de mensonge.

-Je sais pas. Mais, ce que je peux vous dire, c’est que notre dernière excursion s’est déroulée sur Ruh’témia.

-Ruh’témia, répète Solange, incrédule.

-Oui. On avait reçu une mission. Grassement payé. Pour chercher des reliques dans une fosse de l’océan de l’archipel, l’homme s’arrête quelque seconde, semblant se remémorer cette fameuse mission. Mais ce qu’on a découvert ce jours là, dépasse l’entendement.

-Qu’est ce que vous avez découvert ? Elle demande, mais l’homme, les yeux écarquillés, semble ne plus l’entendre.

-Ce jour là, le chef a décidé de le ramener à bord. Pour fuir les garde-frontière on s’est enfuie dans la chaîne d'astéroïdes. On était tous curieux de lui mais on avait aussi peur. Non… on était pétrifié. Terrorisés.

Solange baisse les yeux sur le moniteur, son rythme cardiaque ne cesse d’augmenter.

-Cette lumière rouge et bleue. Je m’en souviens, elle vous hypnotise et vous fascine. Quand le chef à reçu un appel de nos clients. J’ai pas tout comprit mais le ton est vite monté entre eux. Moi et les autres, nous sommes restés figés face à lui.

-Solange.

La jeune femme ignore l’appel de Jon. Voulant connaître le fin mot de son histoire.

-Qui c’est lui. De qui vous parlé ? Quel artefact avez-vous récupéré ?

-Le capitaine a hurlé au téléphone, mais tous on l’a ignoré, James commence à se gratter les bras, nerveux, traçant des sillons de sang avec ses ongles.

-Solange ils arrivent, hurle Jon la voix paniquée.

-Puis cette lumière devenait de plus en plus forte. Englobant la pièce, James pose ses yeux tremblant de peur sur la jeune femme, c’est la que Enry, l’explorateur qui l’avait découvert, s’est approché jusqu’à poser sa main sur la glace.

-Solange sort d’ici vite !

-Cela a dû provoquer une réaction. Oui c’est ça, car d’un coup, on s’est tous mit à flotter. Les artefacts qu’on avait ramassé ont eux aussi volé. Et là, c’est comme si l’énergie qu’elle contenait a été absorbée par lui. Le capitaine ne l'a même pas remarqué et a continué de hurler. Enry semblait fasciné par lui. Quand, pour la troisième fois, il a bougé.

Un sanglot le coupe dans sa phrase. Pleurant et tremblant de peur. Sa James tape le sol d’un geste paniqué.

-Solange il n’a rien avoir avec lui, expose Jon en espérant que ça la fasse réagir.

-Une onde de choc a explosé. L’origine, s’était lui. J’ai survécu à l’explosion seulement grâce à la combinaison de tests. Mais je n’étais pas le seul. Lui aussi a survécu. Il a survécu depuis tout ce temps et sera là bien après nous.

La morve coule le long de son nez, la salive de sa bouche se mélange à ses larmes. Il se balance tel un enfant après un traumatisme.

-C’est ça qu'ils veulent. C’est lui. J’ai pu être récupéré grâce à l’un de nos groupes indépendants. Mais ils m’ont retrouvé et ont voulu m’éliminer avec le reste du groupe pour garder le secret. Sauf que j'étais le seul à savoir où on l’avait récupéré. Je l’ai encore rapproché. Mais même enfermé dans la glace, la peur qu’il m’insuffle est bien plus grande que la leur. Alors j’ai voulu m’enfuir.

-Solange !

Solange saute sur ses jambes, la chaise à deux doigt de tomber, et fonce vers la porte quand James se redresse lui aussi, tirant sur ses menottes accroché à la table de toute ses forces, criant comme un fou.

-On ne doit pas le réveiller. Il ne faut pas qu’ils le réveillent. Il faut le tuer tant qu’on le peut. C’est un monstre, la mort elle-même. Il faut les en empêcher. IL FAUT LES EN EMPÊCHER.

Solange sort de la pièce en trombe, la respiration rapide. À grand pas, elle traverse le couloir alors que James continue de pousser des cris dans la salle d'interrogatoire dont elle s’éloigne le plus rapidement possible.

Atteignant le bout du couloir, elle remarque que l’attention de tout le monde est encore attirée par le prisonnier libéré par ses soins. Ce dernier est maintenue contre le mur par un de ses collègues. Glissant le long du mur, elle lance un coup d’œil au policier blessé au sol pris en charge par deux ambulanciers.

Les mains tremblantes, elle retrouve vite Édouard et le rejoint en toute discrétion dans son dos.

Affalé contre le mur, Solange serre ses mains en poings et les enfonce dans ses poches. Retenant les tremblements de son corps. Mais rien n’y fait. La peur dans le regard de Popesco passe devant ses yeux. Une peur de quelque chose pire que la mort.

Édouard lance un regard inquiet à la jeune femme et chuchote.

-Sa va ? As-tu obtenu quelque chose ?

-Je sais pas, souffle Solange. Je ne sais pas.

Édouard lui lance un regard, inquiet par son expression vide. Mais avant de pouvoir faire quoi que ce soit, un homme habillé en costume noir trois pièce apparaît face à eux. Difficilement, Solange lève son regard sur le nouveau venu. Un coup d’œil lui suffit pour reconnaître l’insigne de la Section Spécial sur son torse, tel une médaille décorative.

-Édouard Wilson. Anurag Vijay, se présente l’homme en lui tendant la main dont Édouard serre avec hésitation. Je vous remercie pour votre coopération. Cet homme fait partie d’un important réseau de trafic. Grâce à vous, des morts seront évitées.

-De quel trafic parle-t-on ? demande Édouard espérant gratter des informations. Vous nous avez donné aucun dossier sur lui si ce n’est sa description. C’est le sixième cas ce moi-ci.

L’homme de la SS hausse un sourire au coin, ignorant sa question. Il pose son regard sur Solange.

-On parle là de trafic d’artefact militaire pour les dissidents, il révèle d’un air fier.

À cette réponse, les deux se tendent imperceptiblement. Mais cela ne passe pas inaperçu pour l’homme, qui renifle sans aucune honte, et demande innocemment.

-Vous allez bien tous les deux ? Vous me semblez un peu pâle ?

-La journée à était épuisante et glaciale, rétorque immédiatement Solange en faisant référence à ces vêtements encore mouillés.

L’homme la regarde de la tête au pied. Ralentissant son regard sur sa poitrine dont son haut à manche longue lui colle comme une deuxième peau.

-Je vois. Vous devriez aller vous reposer. On reprend l’affaire.

À peine dit que deux autre hommes habillés eux aussi en costume noir apparaît pour disparaître dans le couloir qui mène à la salle d’intérrogatoire. Solange les suit du regard tandis qu'Edouard déclare.

-Bien… Dans ce cas, on va prendre congé.

Le grand blond décide de partir au plus vite, voulant éviter une confrontation trop longue avec un ennemi inconnu. Solange lance un dernier regard au couloir et décide de suivre Édouard. En passant devant l’agent, celui-ci se penche vers son oreille et murmure.

-Je sens comme une odeur de poisson sur vous, l’eau vous aurez mouillé à ce point ?

Solange se crispe. Mais décide de l’affronter en braquant son regard vert dans le sien d’un marron sombre, et sourit.

-Je pense pas, je dirais plus tôt qu’il y a quelque chose de pourris beaucoup trop proche de moi.

Anurag perd bien vite son sourire narquois. Il fixe la silhouette de la jeune femme alors qu’elle disparaît en compagnie de son chef. Il décide de rejoindre ses hommes quand il sent une odeur familière.

Il en cherche l’origine en regardant autour de lui quand son pied bute dans quelque chose. Se baissant, il remarque les fameuses menottes du prisonnier qui s’est libéré et s’est acharné contre le policier qui l’a arrêté. Mais en y regardant plus attentivement, il remarque caché sous un bureau, à côté des menottes, un fin lecteur de clé équipé d’un système de piratage.

En approchant le kit de son nez, Anurag ferme les yeux alors qu’il inspire chaque odeur de cet objet. Quand la même odeur, subtil, de la jeune femme englobe entièrement le kit après celui désagréable du prisonnier.

L’homme ouvre ses yeux, dorénavant d’un jaune sauvage tel un animal. Il ferme le kit entre ses doigts, un grognement de satisfaction animal sortant de sa gorge.

-Solange Royer. Vous êtes aussi intéressante qu’on le dit.

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