II

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Deux jours ont passé depuis la fête d’anniversaire et Claire n’a eu aucune nouvelle de son bel Apollon. Ses journées sont rythmées entre déception et colère. Elle ne comprend ni comment ni pourquoi il ne l’a toujours pas appelée. Aurait-elle été trop pressante ? Ou alors a-t-il honte d’avoir bandé à cause d’un simple frottement énergique avec une serviette ? Rien que de repenser à la taille de son membre inférieur, la jeune femme se sent émoustillée. Elle ressent une frustration à l’idée que son désir de le sentir glisser entre ses cuisses, d’être pénétrée, empalée ne puisse être assouvi.

Son excitation n’est pas prête de se calmer. Tout en repensant à cet homme, elle prépare sa prochaine soirée coquine. Le thème : Vice et Châtiment. Le dress code ? Du cuir. Depuis quelque temps, Claire a envie de cuir et elle se dit que ce sera parfait pour ce genre de soirée. Elle définit sa liste d’invités, chacun et chacune aura le droit d’amener ses accessoires, mais dans une certaine limite et dans une certaine mesure. L’adresse est toujours la même, le manoir familial qu’elle a reçu à la mort de sa grand-mère maternelle.

Elle en a hérité à l’époque où son besoin de sexe et sa découverte du plaisir extrême étaient au plus fort. Et, de fil en aiguille, elle l’a fait aménager pour assouvir ses besoins charnels. La partie principale est ouverte à tous, le rez-de-chaussée est une série de pièces de tailles différentes, tables, chaises, fauteuils et divans en font le décor général. Dans certaines salles, des cordes, des chaînes ou des étoffes sont aussi disponibles durant les soirées. La plus grande est la salle de réception où les invités se regroupent pour discuter, échanger avant le début des festivités. Toutes les pièces sont accessibles, il n’y a aucune porte. Une vraie invitation à l’orgie.

Pour l’intimité, le premier étage et ses chambres sont là. Chacune possède son propre set, son propre kit : godes, martinets, roulettes, pinces… Les classiques. Le second étage est réservé à la maîtresse de maison. On ne peut y accéder que par un seul escalier et ne propose que deux chambres, une grande pratique pour le sexe en solo ou à plusieurs et une plus petite, privée dont seule Claire en a l’accès.

Le sous-sol a été aussi aménagé pour les jeux plus hardcores, plus extrêmes. Le donjon est divisé en une pièce principale et plusieurs petites cellules. Chacune correspondant à une activité précise. Banc de fessée, barre d’écartèlement ou encore croix de Saint-André… Chaque invité peut facilement y trouver son bonheur. Toute la maison a été pensée pour que tous puissent assouvir leurs envies, leurs désirs sans arrière-pensée.

À chaque kermesse, Claire adapte le nombre de participants en fonction du thème. Cette fois-ci, ce seront les chambres et le sous-sol qui seront pris d’assaut. Vingt invitations, ce sera largement suffisant. La recommandation d’être accompagné est aussi une évidence. Ce genre de pratiques ne peut se faire qu’avec un lien de confiance fort.

La soirée aura lieu dans trois semaines. Comme pour chaque réunion, l’anonymat en sera le mot d’ordre. Personne ne sait qui y participe et tous les convives portent un masque. Ce principe est la clef de la réussite de Mme N.

Elle note toutes ses idées de décoration, liste les éléments qu’elle veut retrouver obligatoirement. Le manoir se parera de rouge et de noir pour cette occasion, le décorateur et les artisans auront du travail. Ne devrait-elle pas décaler la date ? Elle hésite, réfléchit. Finalement non, il n’y aura que le rez-de-chaussée à retravailler à sa convenance. Le sous-sol ne change jamais et, pour les chambres, il suffira juste de changer draps et rideaux.

Alors que la jeune femme finalise le projet et imagine déjà les festivités, son téléphone sonne. Lorsqu’elle reconnaît Karl, elle ressent à nouveau une douce chaleur en son bas ventre. Le son de sa voix grave l’excite comme lors de la soirée de sa meilleure amie.

— Je voulais m’excuser de ne pas avoir appelé plus tôt… Et puis… Est-ce que… ta proposition tient toujours ?

— Ma proposition ? Pour dîner ? Bien sûr !

Comment pourrait-elle passer à côté de cette opportunité ? Submergée par le désir et l’envie, bien lancée par la préparation de la prochaine soirée, elle lui propose de se voir le soir même. Karl, un peu surpris par cette réactivité, a un léger moment d’hésitation avant d’accepter. La jeune femme lui explique qu’elle gère tout, elle lui enverra l’adresse du restaurant.

À peine a-t-il raccroché qu’elle appelle son restaurateur préféré, Marco. Un ancien amant, un adepte de ses veillées et le traiteur officiel de Mme N. Il lui trouve immédiatement une table et ne demande même pas le nombre de convives. Il sait que si elle l’appelle si proche du début de service, c’est pour une bonne raison. Elle souhaite faire bonne impression auprès de sa nouvelle conquête. La cuisine italienne est idéale pour cela, surtout dans un cadre si romantique.

Elle envoie dans la foulée un SMS proposant à sa cible de, finalement, venir le chercher directement chez lui. Par simple principe de facilité selon elle. Karl, innocemment, accepte la proposition et lui donne son adresse.

Elle choisit pour l’occasion une robe rouge qui mettra en valeur sa poitrine. Suffisamment courte et légère, adaptée si la situation permet un coït rapide. Dans les toilettes du restaurant, dans la voiture, par exemple. En guise de sous-vêtements, un string noir en dentelle sera convenable. Facile à enlever, ne gênant pas pour les caresses. Pas de soutien-gorge, sa poitrine est très bien sans. Si son partenaire veut jouer avec, il lui suffira de défaire la fermeture de la robe et de légèrement descendre les bretelles pour avoir directement accès à ses seins. Côté coiffure, elle opte pour du simple, cheveux lâchés avec un petit brushing, le tout accompagné d’un maquillage léger pour la rendre encore plus sexy.

Fin prête, elle attrape son sac à main et ces clefs de voiture. Direction l’appartement de ce très cher Karl.

Le repas aux chandelles se passe très bien, la lumière tamisée et la table éloignée des autres sont parfaites pour apprendre à se connaître, pour flirter. Claire est agréablement surprise, leurs discussions sont à la fois normales et enflammées. Ils se découvrent de nombreux points communs. Karl lui fait découvrir plusieurs facettes de sa personnalité. D’un calme olympien, il peut être parfois timide, sûr de lui et quelques fois coquin. Même si, à chacune de ses remarques perverses, il rougit. La jeune trentenaire, comme à son habitude, observe, écoute, discute. Elle cherche du regard son convive, le chauffe un peu, mais pas trop. Elle aime jouer avec ses proies, tel un chat avec une souris.

Durant leur conversation, Karl lui avoue avoir craqué sur elle à la soirée.

— Tu sais, quand tu es arrivée à la soirée, je t’ai trouvé belle, très belle. Ta prestance, ton élégance, on ne voyait que toi au milieu des convives.

— Merci, je dois avouer que tu attires l’œil aussi. Je ne comprends pas comment tu peux encore être célibataire, vu comment tu es beau gosse !

— Mon ex m’a reproché un manque de confiance en moi, elle m’a dit que j’étais fade…

— Fade ? Oh je ne pense pas. Et ce n’est pas un manque de confiance, c’est juste de la timidité, de la pudeur peut-être ? En tout cas, ça te rend craquant.

Les joues de Karl rosissent, la jeune femme cherche à en savoir plus sur sa dernière relation, sur l’effet qu’elle peut lui faire. Ils reviennent sur l’histoire du verre renversé, il lui explique que, depuis sa rupture, plus aucune femme ne l’avait touché.

— Je comprends mieux la réaction en chaîne alors…

Elle fait mouche, l’homme baisse les yeux, honteux de ce moment si gênant. Il balbutie des excuses que Claire balaie rapidement.

— Tu n’as pas à t’excuser, je te plais, ton corps le montre, c’est tout. Tu n’imagines pas comment j’ai été fière de te faire un tel effet.

Il la regarde intensément, surpris par son aplomb.

— Et tu sais, ça ne m’aurait pas déplu de t’aider. Tu n’es pas le seul à avoir eu chaud le soir-là. Elle ne m’a pas laissée de marbre.

Tout en lui parlant, elle lui caresse la main de ses doigts fins. La réaction ne se fait pas attendre ; un frisson parcourt tout le corps de Karl, son entrejambe est totalement pour.

Le repas terminé, après s’être mutuellement chauffés, ils se saluent amicalement. Et alors que Claire, déçue et frustrée, se dirige vers sa voiture, le jeune homme lui attrape, soudain, le bras, l’attire à lui et l’embrasse fougueusement. Leurs corps respirent l’excitation, leur tension sexuelle devient palpable.

— Un… dernier verre… chez moi ? Ça te dit ?

Tout sourire, elle lui rend son baiser et l’invite à prendre place dans la voiture. La jeune femme n’aurait pu rêver mieux.

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