Chapitre 9

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Alaska était aux anges, son moment avec le médecin tournait en boucle dans sa tête, lui procurant un sentiment de bien-être qu’elle n’avait pas connu depuis bien longtemps. Elle savait que leur relation pouvait avoir de graves conséquences sur son avenir professionnel mais elle n’en avait rien à faire ; elle voulait profiter de son homme plus que tout au monde. Ils pourraient profiter l’un de l’autre deux fois par semaines, voire plus s’il parvenait à libérer son emploi du temps pour elle ; elle se fichait du monde extérieur, elle le voulait lui et l’attraction qu’elle ressentait était bien trop forte pour qu’il ne pense pas comme elle. Elle allait bientôt passer au premier plan, elle le savait. Ils seraient bientôt réunis, elle en était persuadée.

De plus, il la comprenait. Il comprenait la femme et en tant que médecin, son objectif était de faire en sorte qu’elle aille mieux, peu importe le traitement… Et son traitement, se serait lui, elle le savait.

Alors elle l’attendait, debout face à sa fenêtre. Elle contemplait le parking avec impatience, attendant l’arrivée de son médecin. Pourtant, après presqu’une heure, toujours aucun signe du médecin sur le parking. Elle ne connaissait pas sa voiture, certes, mais tous les médecins arrivaient à la même sur ce service et elle l’aurait reconnu. Alors pourquoi ne venait-il pas ? Ils n’avaient pas rendez-vous, certes, mais après ce qu’ils avaient vécus, elle espérait qu’il vienne au moins la saluer aujourd’hui. Mais rien. Il ne pouvait pas avoir changé d’avis, c’était impossible, il ne pouvait pas l’avoir abandonnée. Pourtant, cette idée tournait, encore et encore, dans son esprit sans jamais s’épuiser. Pourquoi n’était-il pas là ? Elle le voulait auprès d’elle, même pour quelques minutes.

La journée passait et le médecin ne donna aucun signe de vie à la jeune femme. Il ne pouvait pas l’abandonner, pas lui, pas encore. Peut-être avait-elle été trop directe ? Peut-être qu’il avait simplement pris peur mais qu’il reviendrait très bientôt. Elle s’était confiée à lui, elle lui avait ouvert son cœur et partagé son corps, cela ne pouvait être anodin pour lui non plus.

Cette histoire la rendait nerveuse, elle ne cessait de tourner en rond dans sa chambre, sans pouvoir s’empêcher de jeter des coups d’œil à la fenêtre en y passant devant. Il allait forcément arriver.

Mais quand l’infirmière arriva avec son repas du soir, elle comprit qu’il était trop tard pour ce soir et que le médecin ne viendrait pas. Non, c’était impossible, l’infirmière était forcément en avance. Pour qui se prenait-elle exactement ? A venir rompre ses pensées et ses espoirs sans raisons.

Alaska sentit un élan de colère monter en elle, la figeant sur place. Les sourcils froncés, elle croisa les bras sous sa poitrine avant de dévisager la dame. Elle l’aimait bien pourtant, elle était gentille dans sa petite blouse blanche, mais à cet instant, elle la détestait plus que tout. Et la voir statufiée à l’entré de la chambre, son plateau entre les mains, n’arrangeait pas les choses. Comment pouvait-elle entrer et l’interrompre en pleine attente, briser ses espoirs, et simplement attendre, et reste plantée devant la porte sans dire un mot ?

Dans un haussement de sourcil, elle incita l’infirmière à prendre la parole.

- Je viens amener votre repas et vos médicaments de ce soir.

La jeune femme ne bougea pas d’un pouce, regardant simplement l’infirmière s’activer autour d’elle. Elle ne venait donc que pour ces médicaments ? Et bien elle perdait son temps, elle ne les prendrait pas. Elle avait très bien compris les effets négatifs qu’ils pouvaient avoir sur elle et sa santé ; elle n’en avalerait plus un. Pas sans le conseil professionnel du docteur McCornick. Elle était sûre que les nouvelles pilules qu’on lui donnait n’était pas bonne. Peut-être qu’elles n’étaient même pas pour elle mais pour la voisine. Après tout, l’infirmière était nouvelle donc ça ne l’étonnerait même pas.

Alaska souffla avant de se tourner vers la fenêtre, ignorant royalement l’infirmière. Elle ne les prendrait pas, point.

La brune en blouse blanche prit une grande inspiration avant de faire un pas vers sa patiente. Elle ne l’avait encore jamais vu si contrariée et elle ignorait jusqu’où pourrait réellement monter cette crise de colère. Elle devait se montrer prudente.

- Alaska, vous avez passé une bonne journée ?

Non, évidement que non. Mais elle ne pouvait pas le savoir. Qu’elle idiote.

Face à l’hermétisme de sa patiente, elle prit le temps de tout installer et respirer pour garder son calme. Elle l’avait très bien vu les avaler avec réticence la veille.

- Alaska. Vous devez prendre vos médicaments.

La patiente se contenta de secouer la tête.

- Le médecin vous l’a déjà expliqué, prendre le traitement de façon régulière et ponctuelle et essentiel pour que vous puissiez vous sentir mieux.

Alaska la fusilla du regard sans répondre, se contentant de serrer la mâchoire. Bien sûr qu’elle le savait, elle n’arrivait même plus à compter le nombre de fois où le lui avait rappelé. Mais elle n’y toucherait pas, une fois, d’accord ; mais deux, hors de question. Ce n’étaient pas ses médicaments. Elle était incompétente, voilà tout. Et même si elle l’avait plutôt appréciée auparavant, elle ne pouvait pas accepter cela. Tant pis si elle ne trouvait plus de travail après une telle faute mais cela ne pouvait pas durer.

- Alaska…

- Non !

Furieuse, elle s’approcha d’un pas sûr vers l’infirmière avant de lui ordonner de quitter sa chambre. Elle ne voulait pas prendre ses médicaments. Elle voulait voir Floyd, elle voulait pouvoir le serrer dans ses bras et le sentir contre elle, sentir son odeur.

Et qu’elle ne fut pas sa satisfaction en voyant l’infirmière quitter précipitamment la pièce. Incompétente, elle l’avait bien dit. Cependant, quand Alaska commença à s’installer pour prendre son repas, on vint la déranger de nouveau. Cette fois, la femme était accompagnée de celle qui lui servait de médecin avant son Floyd.

C’était la goutte de trop.

Ne pouvait-elle simplement pas prendre son repas tranquillement ?

Les poings serrés, elle se contenta de souffler. Comment pouvaient-elles se liguer à ce point contre elle ? C’était inadmissible. Le médecin parlait avec douceur, délicatement, comme si elle s’adressait à une enfant ; mais c’était loin d’être le cas et ça l’énervait.

- Alaska, écoutez-moi, vous devez prendre vos médicaments, c’est important pour que vous puissiez aller mieux.

Et encore le même discours…

- Si vous ne les prenez pas, je serais obligée de le noter sur votre dossier et vous savez aussi bien que moi que vous ne pourrez plus voir votre sœur ni son fils si vous ne les prenez plus.

Du chantage, encore du chantage, ce n’était plus possible, elle ne pouvait plus tolérer une telle chose. Elle n’était pas stupide, elle comprenait tout, elle connaissait les conséquences de ses actes mais à cet instant, cela n’avait plus aucune importance. Elle sentait la pression monter en elle, au plus profond de son être. Elle se sentait proche de l’explosion. Ses mains tremblaient de rage, sa respiration s’accélérait et sa gorge se resserrait comme un étau. Pour qui se prenaient-elles exactement ?

- Alaska…

N’en pouvant plus, elle attrapa le verre posé sur sa table avant de la lancer brusquement contre le mur à côté des jeunes femmes.

- Assez ! Vous me fatiguez ! Sortez d’ici !

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