Chapitre Cinq : Toi qui deviens plus sage
Dix-huit ans, c’est l’âge de Hana aujourd’hui, alors qu’elle dépose un café sucré près de Mirina. J’ai désormais plusieurs observateurs et ma compréhension du monde change. Mon père est introuvable, ma mère continue les recherches. Soudain, la voix claire de Hana se fait entendre dans la pièce. « C’est le dixième anniversaire du nouveau calendrier que tu as créé, Noran. »
Sans réel intérêt, je lui réponds d’un ton détaché, tout en observant Mirina mélanger les éprouvettes. « Ce n’est pas vraiment important, concentre-toi sur tes tâches. » Cependant, elle est en colère. Ma réponse la frustre, et Mirina d’une voix forte intervient soudain. « Allons fêter cela ! » Je suis encore une fois surpris par elle, qui, normalement ne pense qu’à ses expériences.
Mirina nous entraîne dans une grande visite du laboratoire, nous passons dans de nombreux lieux. Les salles informatiques, le quartier ouvrier où vit Hana, nous saluons ses parents, les étables où les animaux sont élevés, la cafétéria où Mirina nous commande un gâteau. Pour finir l’une des nombreuses serres où les filles comme deux enfants innocentes admirent les plantes et les insectes.
« Tu sais, Mirina, mon rêve serait de créer un village à la surface, où tout le monde serait heureux. » Ces mots que Hana prononce me marqueront toujours, tandis qu’un homme s’approche des filles. Trop tard pour que je remarque son couteau, Hana se relève devant Mirina. Une plaie saignante, alors que l’homme passe sans se retourner, puis s’en va rapidement.
Tandis que Hana s’écroule dans les bras de Mirina qui rattrape son corps sans vie, je réalise que l’homme encapuchonné était mon père. Pourquoi ? Hana était innocente... non... ce n’est pas elle qu’il visait. Mirina, il voulait la tuer ? Cela n’a pas de sens, il ne devait pas intervenir, les Chishiki se contente d’observer, alors pourquoi, Papa ? Ces questions m’assaillent. Mirina reste calme, mais elle est triste, je le ressens via l’observateur que j’ai mis en elle. « Noran, appelle les forces de l’ordre, et aussi les services médicaux. » Je suis calmement ces instructions, tandis que je réalise que Hana n’a pas eu le temps de souffrir. Même dépourvu d’émotion réelle, je ressens un vide étrange qui me ronge. Cependant, il reste une solution que je peux encore utiliser.
Le temps passe doucement, l’enterrement de Hana a lieu, Mirina s’est isolée après y être allée. Cependant, elle est vite repartie dans ses expériences, de mon côté il est temps. « Qu’en penses-tu, Hana ? » Alors que mes mots se répandent dans le silence de sa chambre une voix dans ma tête s’élève. « Noran ? Où suis-je ? » Je lui réponds calmement. « Tu es désormais mon observatrice. »
« Une observatrice ? Qu’est-ce que c’est ? » Hana est confuse.
« Un être créé par un Chishiki, moi en l’occurrence. »
« Un Chishiki ? » Égarée, elle cherche à comprendre comment exister désormais.
« Nous sommes à l’origine des humains, mais nous avons été modifiés génétiquement. »
« Je ne comprends pas ? » Depuis mes sens, elle perçoit désormais le monde, dépourvu de corps.
« Cela viendra, nous avons tout le temps pour discuter. »
« D’accord. Peux-tu me dire pourquoi je ne ressens pas de peur en ce moment ? »
« C’est parce que tu n’as plus d’émotions, il ne m’a déjà pas été facile de garder ta conscience. »
« Je n’aime pas ça, ne rien ressentir est tellement douloureux. »
« Tu t’y feras, et n’oublie pas ton rêve. »
« C’est vrai, je pourrais quand même le voirà travers tes yeux. »
« Je l’espère, Hana. » Nos destins sont désormais liés à jamais et quand je mourrai, nous quitterons ce monde ensemble, mais il nous reste du temps.
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