An 405
An 405
Les années passent comme toujours, Kenji et Émilie se sont mariés il y a déjà quatre ans. Il est devenu célèbre et est actuellement en mission, c’est son rôle d’aventurier. Cependant, cela tombe si mal, car aujourd’hui elle accouche. Yumi est près d’elle, c’est une femme exceptionnelle que j’admire beaucoup. Annie est là aussi, s’occupant du linge froid sur le front bouillant d’Émilie.
Le sang coule abondamment, ses cris de douleur sont intenses. Je souffre comme elle à l’intérieur, mais ce n’est pas vraiment comparable. Malgré tout, je ressens chez Émilie un immense espoir, elle veut le voir naître, son fils qu’elle aime déjà même avant de le rencontrer. Yumi la regarde dans les yeux, les mains sous la couverture.
— Tiens bon, Émilie, je vois la tête !
D’une voix faible, presque inaudible à cause de la fatigue, Émilie pousse de toutes ses forces. Je me demande si ma propre mère a ressenti cela quand je suis née… Un effort intense, des douleurs continues, je n'ai pas vraiment de mot pour décrire cette sensation qu'elle subit. Ce n'est pas agréable, mais pourtant si beau.
— Yumi… Prends soin de mon fils… dis à Kenji que je l’aime ! »
Soudain, des pleurs emplissent la chambre, tandis que sa respiration s’arrête. Mes perceptions passent alors sur les sens d’Annie… sa main sur sa bouche, les larmes aux yeux. Je ressens sa tristesse, Yumi aussi la vit. Avec calme, elle enveloppe Michel d'un linge, puis commence à le nettoyer avec soin.
— Yumi… Elle… C’est tellement injuste !
— Je sais… Mais Michel pleure à chaudes larmes.
Annie couvre le visage d’Émilie d’un linge, puis commence à nettoyer pendant que Yumi s’occupe de Michel. La tristesse emplit ce lieu, mais la priorité reste ce petit garçon et elles le savent. Ainsi, les jours s’écoulent, puis soudain mes perceptions passent sur les sens d’une femme qui n’est pas du village… Elle tient un petit panier en osier qu’elle dépose délicatement devant les piliers.
Ayame, c’est le prénom que je ressens alors que, tout en tenant son ventre, elle s’agenouille pour écarter le linge. Derrière, le visage d’une petite fille endormie aux beaux cheveux d’ébène. Ayame se penche vers l'enfant endormi.
— Ça va aller, ma puce, tout se passera bien.
Elle dépose un baiser chaleureux sur son front.
Alors qu’elle se redresse, sa blessure abdominale coule abondamment, quelques gouttes de sang atterrissent sur le visage de Mizuki, qui se réveille et pleure à chaudes larmes. Ayame lui caresse tendrement les cheveux en regardant ses magnifiques yeux émeraude emplis de larmes. Malgré ses souffrances, elle sourit à sa fille d'un amour sincère.
— Je t’aime, Mizuki.
Elle se lève difficilement, je comprends qu'elle est poursuivie.
Mes perceptions passent sur Mizuki, Ayame s’éloigne rapidement.
Je ne veux pas quitter Hanakaze, mais je sais qu'elles ont toutes les deux des Hahaoya. Leur ressemblance ne me laisse aucun doute, Noran m'avait montré les rapports de Telius.
Les pleurs de Mizuki ne s’arrêtent pas, le sang chaud la gêne beaucoup, son linge s’humidifie soudain. Après quelques minutes, dans un instant fugace, Henri la prend dans ses bras.
Il essaie de la calmer, mais il n’est pas doué avec les bébés. Cependant, une chose est sûre, Mizuki sera en sécurité ici. Elle sera aimée et heureuse, car ce village, celui que j’ai toujours désiré, existe.
Tout ira bien, Mizuki, Henri est en train de te conduire chez Kenji.
— Tout va bien se passer, petite ! »
Henri dit ses mots alors qu’il marche lentement en la tenant fermement.
Vous avez comblé mon existence de bonheur. Papa, Maman, Mirina, Noran, Liyan, Émilie, et tous ceux que j’ai connus, même vous Telius, qui m’avez tuée, je vous dis.
— Merci.
Quant à toi, Mizuki, je le ressens… Tu es mon espoir.
Celui d'un monde où jamais plus je ne serai seule. Je sens en toi une âme puissante, presque divine, même si je n'en connais pas encore la nature. Toi non plus d'ailleurs tu n'est pas seule, jamais, deux autres t'accompagnes, je les ressens.
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