Les années sont passées, après tout, le temps s'écoule inexorablement. Noran a désormais douze ans, il suit Mirina partout, mais reste prudent sur sa nature. C’est un garçon brun, comme sa mère, dont les traits fermés du visage et les yeux bleus me ressemblent. Un homme en devenir qui est mon fils et ma fierté.

Mirina, cependant, devient inquiétante, jusqu'où ira son savoir ? Le conseil lui a attribué son propre laboratoire récemment. Désormais, ses cheveux blonds sont argentés. L’azur de son œil gauche est terne depuis son expérience d’il y a deux mois, mais elle en rit. Noran dit qu’elle travaille sur un projet secret, un œil cybernétique.

Ses contributions majeures à la communauté scientifique sont énormes : traitement du cancer, du sida et autres maladies. Amélioration des conditions de travail via une automatisation poussée qui ne remplace pas l’humain. Déplacement personnel via des chaussures électriques. Malgré cela, elle est souvent critiquée pour son absence de pudeur.

Noran n’est pas en reste et son nouveau système calendaire est désormais adopté depuis deux ans. Il repose sur une continuité de treize mois de vingt-huit jours avec un supplémentaire au dernier. Pour pallier l’année bissextile, le vingt-neuvième jour compte double tous les quatre ans. Selon son principe, tous les décalages se corrigent de façon automatique.

Enfin, il reste Hana. Toujours timide, mais très aimée, gentille, attentionnée. C’est une enfant de presque dix ans, qui aime écouter, apprendre, soutenir. Elle est intelligente, un peu naïve, parfois sûre d’elle, d’autres fois hésitante. Elle vit entourée de tendresse, elle est joyeuse. Ses amis disent que c’est un rayon de soleil dans leur vie parfois difficile.

Élise est toujours à mes côtés. Parfois elle se plaint un peu que je ne passe pas assez de temps avec elle, pourtant je la surveille en continu. Je le fais avec tous ceux qui vivent au laboratoire. Mes observateurs sont organisés et efficace, tandis que je planifie la sécurité de chacun. Le savoir est une arme que je ne donne pas, car au fond j’ai peur qu’ils ne se blessent.

J'ai récemment écrit des rapports au sujet des Eien et des Hahaoya, deux races créées génétiquement à partir d’humains avant même la création des Chishiki. Bien sûr, comme toutes mes notes, personne ne les lira. Soudain, les coups typiques de ma femme sur la porte ; encore une fois, elle vient me chercher pour le repas.