39. Résiste, prouve que tu excites

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Joy

Nous embarquons dans le train à la gare Paris Austerlitz avec quelques minutes d’avance et après avoir pris de quoi dîner. Je n’ai jamais pris de train couchette, et je ne suis jamais non plus allée à Nice. J’ai hâte de découvrir la ville et j’espère qu’il fera suffisamment beau pour pouvoir au moins mettre mes petits pieds dans le sable.

— Alken ? Ce sont des plages de sable ou de galets à Nice ? lui demandé-je bêtement, mal à l’aise d’être aussi peu cultivée.

Je me sens stupide, comme une gamine qui pose une question dont la réponse semble tellement logique à son père. Je déteste paraître bête devant lui, c’est tout ce qu’il y a de plus désagréable et j’ai l’impression que, plus qu’à n’importe quel autre moment, notre différence d’âge se marque à outrance.

— Galets, ma Chérie, sourit mon amoureux en glissant nos valises sous l’une de nos couchettes.

Bon, eh bien je ne mettrai pas les pieds dans le sable ce weekend. Dommage. D’un autre côté, je ne suis pas certaine que nous aurons beaucoup de temps pour flâner et découvrir cette ville que lui semble bien connaître, bien qu’il ne soit en France que depuis bientôt sept ans. Nous arriverons à Nice à neuf heures passées de peu demain matin et nous rendrons immédiatement sur le lieu du concours pour pouvoir découvrir la salle et nous entraîner une dernière fois. Dix minutes sur scène, c’est tout ce à quoi nous aurons droit avant de passer une première fois pour la présélection, où ne seront retenus que quinze couples. Si nous sommes sélectionnés, nous participerons à la finale dimanche après-midi. Concrètement, nous n’aurons que la soirée de demain et dimanche matin de libres.

J’enlève mes chaussures et m’installe en tailleur sur la couchette en me demandant si les quatre autres lits vont être occupés alors que le train va partir sous peu. Alken s’installe à mes côtés et m’attire contre lui pour déposer quelques baisers dans mon cou. Monsieur se charge de rallumer la chaudière, semble-t-il, et je le repousse gentiment avec un sourire satisfait, sans doute moqueur, en sortant mon sandwich.

— Ça va faire bizarre de dormir avec d’autres personnes, ris-je. Et puis… Je ne suis pas sûre qu’on tienne à deux dans un petit lit comme ça, même avec la meilleure des volontés.

— Tu sais que l’on a déjà expérimenté des espaces encore plus exigus, hein ? Ce n’est pas ça qui va nous empêcher de profiter. Après, si quelqu’un vient occuper ces couchettes, je ne sais pas comment je vais faire pour calmer mes envies…

— Eh bien.. Tu n’auras qu’à aller jouer avec ta main droite dans les toilettes, pouffé-je. Triste vie ! Tu vas regretter de m’avoir repoussée dans la réserve, mon petit Chéri adoré.

— J’ai envoyé un texto à Aunt Suze pour qu’elle allume un cierge pour nous. Si elle le fait, on sera tranquilles, ça marche à cent pour cent ces trucs-là, rigole-t-il. Et puis, si je ne t’avais pas repoussée, comme tu dis, tu sais où on serait, là, maintenant ? Sur un quai de gare vide en attendant le prochain train qui n’arrivera qu’après le début des qualifications ! J’ai sauvé le concours, moi !

— Mais à quel prix ? Hein ? Je suis frustrée et tu vas l’être également. Tout ça pour un concours ? Tu préfères donc danser ? lui demandé-je le plus sérieusement possible.

— Ce concours, c’est une opportunité en or de danser avec toi, Joy. Parce que je crois que j’aime presque autant me produire avec toi que te faire l’amour, tellement c’est intense, passionné, tellement tu danses bien. J’ai rarement eu des partenaires aussi talentueuses que toi, tu sais ?

Merde, il faut qu’il évite de me parler comme ça. Je doute de tenir longtemps mon rôle d’enquiquineuse qui lui refuse l’amour s’il choisit ses mots avec autant de soin. Je mords dans mon sandwich pour me laisser le temps de savourer ses mots et de trouver ma réponse.

— C’est sûr que je n’ai pas le même balai dans le popotin que ton ex-femme, grimacé-je. Quoique j’ai souvenir que mon père disait que les danseuses de classique pouvaient être… Ah non, beurk, rien que d’y penser, j’ai envie de vomir. Je ne suis pas plus talentueuse qu’une autre. Je travaille pour que mes gestes approchent de la perfection, mais… Enfin, le travail c’est la clé, quoi.

— Ne parle pas de choses qui fâchent, sinon, je vais te mettre autre chose dans le popotin, moi ! Non mais !

— Tais-toi et mange, espèce de pervers ! pouffé-je en constatant que personne ne nous a rejoints dans la cabine alors que le train est parti.

— Il semblerait que les autres qui avaient réservé leurs sièges aient préféré le plaisir à la ponctualité, dit-il en faisant apparemment le même constat que moi.

— Tant mieux, comme ça je n’entendrai pas davantage de ronflements que les tiens, mon Amour, me moqué-je en récupérant le carton de pâtisseries sur la petite table. Tu veux ton dessert tout de suite ?

— Oui, je ne peux plus attendre pour le dessert, ma Chérie, dit-il en me dévorant des yeux.

Je dépose la boîte à ses côtés et me lève pour aller fermer la porte de la cabine et le rideau. Je sens ses yeux suivre mes gestes, et je prends le temps de récupérer le legging et le tee-shirt que j’avais prévus pour la nuit avant de me changer sous ses yeux. Sans un mot de plus, je prends ma trousse de toilette et file au bout du wagon pour me brosser les dents dans la mini salle de bain disponible. Quand je reviens dans la cabine, Alken est toujours installé sur la couchette et il me regarde tirer les draps et me coucher dans l’autre lit du bas en fronçant les sourcils.

— Je suis crevée, je risque de ne pas mettre bien longtemps à m’endormir, Prof. Alors, bonne nuit d’avance, souris-je en détachant mes cheveux.

— Joy, gronde-t-il alors que je jubile de toujours parvenir à le surprendre, tu ne vas pas vraiment dormir, si ? Tu m’as promis le dessert, et je vais en être privé ?

— Dormir, ce n’est pas l’objectif d’un train de nuit ? Il faut que nous soyons en forme pour le concours. Ce serait dommage de nous faire sortir dès les présélections parce que nous sommes fatigués, surtout après s’être tant pressés pour ne pas manquer le train.

— Bien, ma Chérie, si c’est ce que tu veux, se résigne-t-il. Mais j’ai quand même le droit à un petit baiser de bonne nuit ?

Il se lève et s’approche de moi. Je n’en reviens pas qu’il renonce à une séance de sexe pour dormir. Mais son regard, quand il s’approche de moi, me fait comprendre qu’il a autre chose en tête. Il se penche sur mon visage et nos lèvres se rejoignent avant qu’il n’entame avec sa langue un ballet qui doucement me réchauffe. Je finis par me reculer, non sans mal, en lui souriant.

— Tu dors avec moi et prends le risque de tomber au beau milieu de la nuit ou pas ?

— Tu sais, jolie femme, que je n’ai pas du tout envie de dormir, là ? J’ai envie de te faire l’amour et de profiter enfin de notre intimité parce que je t’aime et que tu me fais rêver, aussi bien quand je dors que quand je suis éveillé. Je peux te dire que je suis bien réveillé, mon Amour.

— Eh bien, mon Amour, moi, c’est tout à l’heure que j’avais envie que tu me fasses l’amour. Tu vois, la frustration, ça ne fait pas de mal parfois, dis-je en lui faisant un clin d'œil. Chacun son tour de connaître la frustration, non ?

— Bien, je vais te laisser dormir, alors, répond-il, mutin, tout en me faisant des bisous dans le cou et en pressant son corps contre le mien.

— Arrête d’essayer de me faire plier, ris-je en le repoussant avant de me tourner vers le mur de la cabine. Bonne nuit, danseur de ma vie !

Alken soupire et je l’entends ouvrir son sac avant de sortir dans le couloir. J’attends d’être certaine qu’il ne soit plus tout près et me lève pour me déshabiller entièrement, pliant soigneusement mes affaires avant de me glisser à nouveau sous les draps, que je ne remonte pas entièrement. Franchement, j’ai hésité à enfiler dès ce soir ce costume de flic, mais au-delà de l’envie de nous amuser, il faut aussi que nous dormions et que nous soyons en forme pour demain.

Lorsque j’entends mon amoureux fermer la porte de notre cabine, je ne bouge plus, lui tournant le dos, et j’attends de voir ce qu’il va faire. Il semble ne pas bouger durant un moment, puis il éteint la lumière et je le sens se glisser derrière moi, aussi peu vêtu que moi. J’espère vraiment que le contrôleur ne va pas venir nous importuner, ou qu’aucun voyageur ne va se pointer dans la cabine, ce serait un peu gênant.

Alken glisse un bras sous mon cou et l’autre sur mon ventre. Je le sens remonter et son pouce frôle ma poitrine pendant un moment avant qu’il n’empaume l’un de mes seins. Son souffle chaud caresse ma nuque et je ne peux m’empêcher de me demander comment je fais pour résister alors que je n’ai qu’une envie et qu’elle n’a rien à voir avec le sommeil. Cependant, même si je ne le repousse pas, j’arrive à ne pas réagir plus que ça à ses caresses. Il sait très bien que je ne dors pas, mais sa frustration est en train de monter en flèche vu comment il se tend derrière moi. Et il se tend vraiment de partout au vu de ce que je sens contre mes fesses.

Mon danseur n’abandonne pas, en tous cas. Je crois qu’il a compris que je jouais avec lui et il prend un malin plaisir à me caresser tout le long du corps pour me faire craquer. Ses lèvres se font gourmandes sur ma peau et il suçote le lobe de mon oreille tout en pinçant légèrement mes tétons. J’essaie de retenir mes gémissements mais y parviens à peine, réussissant seulement à ne pas onduler contre son sexe turgescent. Il attaque maintenant de ce côté là aussi. Avec toute l’agilité dont il est capable, il parvient à glisser sa hampe entre mes jambes et je la sens juste là, tout contre mon intimité. J’espère à chaque mouvement qu’il va enfin me pénétrer mais il se contente de ce contact répété et prolongé. Voyant que je parviens difficilement à résister à ses avances, il cherche à pousser son avantage et me murmure à l’oreille.

— Je suis à toi, Joy. Pour la vie. Et je vais bientôt te pénétrer afin que tu me sentes tout dur et tout excité au fond de toi. Nos corps vont s’unir et je vais jouir au fond de toi. Je t’aime, ma Joy.

J’adore quand il me décrit ce qu’il va me faire et cela m’excite encore plus, mais ce qui me fait atteindre le point de non retour, c’est quand je sens sa main qui se pose sur mon clitoris et qu’il se met à le masser doucement. Je ne sais pas comment il fait, mais j’ai l’impression qu’il est en train de me toucher partout, qu’il me caresse à chaque endroit en même temps. C’est divin et je suis si excitée que j’abandonne enfin toute résistance. Je bouge lentement sur sa hampe et me tourne suffisamment pour que nos lèvres puissent enfin se trouver.

— Tu gagnes simplement parce que c’était le plan depuis le début, je tiens à le souligner quand même, dis-je en me tournant difficilement dans la petite couchette pour lui faire face.

Je ne lui laisse pas le temps de répondre et reprends d’assaut sa bouche en glissant ma jambe sur sa hanche. Je sens sa hampe contre mon intimité et je ne tarde pas à glisser ma main entre nous pour l’empaumer. Alken sourit contre mes lèvres et me rejoint dans mon gémissement lorsqu’après l’avoir bien positionné, nous nous mouvons l’un contre l’autre pour nous unir. Avec ou sans frustration, c’est toujours aussi intense de le sentir progresser au creux de mon corps, et je ne peux que l’accueillir avec envie et plaisir. Sa main me presse contre lui, campée sur mes fesses, et j’ondule en rythme sans vraiment nous avoir laissé le temps de quoi que ce soit. L’envie est trop présente, trop pressante, après le chapitre des essayages de costumes où, je l’avoue, j’ai joué avec le feu avec délice. J’aime le pousser à bout, l’attiser, l’échauffer, même si j’ai conscience que son envie de moi est plus que souvent déjà bien vive. Je sais qu’il aime lorsque nous jouons à ça, autant qu’il aime nos étreintes plus brèves et pulsionnelles. Pour autant, l’intensité de cette étreinte, dans un noir quasi complet, dans une position qui ne permet pas de grandes folies mais nous colle l’un à l’autre avec tendresse et sensualité, est tout aussi importante et excitante.

Mon amoureux finit par me pousser légèrement pour me surplomber de toute sa taille et ainsi mener la danse. Sa bouche plonge sur ma poitrine qu’il vénère d’une manière toujours aussi appréciable, et je ne peux que me cambrer contre lui, mes jambes l’emprisonnant contre moi et mes mains agrippées à ce divin fessier musclé de danseur. Chacun de ses coups de reins me remplit divinement, m’envahit complètement et fait monter en moi le plaisir. Chacun de ses coups de langue participe à décupler les sensations de satisfaction qui m’assaillent de toutes parts et me font me sentir vivante et aimée. Comme toujours, Alken est à la fois à cent pour cent dans le moment et la recherche de plaisir, tout en étant attentif à mes réactions et celles de mon corps. J’ai de plus en plus de mal à retenir mes gémissements au fur et à mesure qu’il accélère la cadence, et nos hanches se trouvent et se retrouvent toujours plus fort, toujours plus vite, toujours plus intensément.

Dans la pénombre de notre cabine, je vois les traits de son visage se crisper alors que nos yeux se sont trouvés. Je sais qu’il tente de se maîtriser, de retenir son orgasme, et cela m’excite plus que de raison, me poussant moi-même au bord du précipice que je franchis à la première friction de ses doigts sur mon clitoris gonflé. Je jouis sans retenue aucune et le sens se déverser au fond de moi quasi simultanément alors que nos deux corps se crispent et encaissent les ondes de ce plaisir toujours plus excessif et que lui comme moi semblons encore avoir du mal à réaliser. J’aime tant le sentir me remplir d’un peu de lui, voir tout l’effet que je lui fais et le plaisir qu’il prend à s’unir à moi.

Alken me recouvre avec précaution de son corps et m’embrasse avec tendresse une fois notre orgasme finalement redescendu, puis il m’attire à nouveau. Voilà de quoi nous endormir avec sérénité, quand bien même un concours de danse nous attend dans quelques heures, et je rejoins les bras de Morphée lovée dans ceux de l’homme de ma vie, bercée par ses mots d’amour et ses tendres caresses. Je doute de pouvoir me sentir aussi bien ailleurs que nichée là, tout contre lui.

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