Chapitre 2

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Mélinda Vays commença son enquête en rassemblant toutes les informations disponibles sur Paul. Elle fouilla les réseaux sociaux, sans rien trouver de suspect. Paul semblait être un homme assez lambda, plutôt travailleur, issu d'une famille aisée, qui avait mené une carrière assez remarquable.

Cependant, la détective se rendit compte qu'à la période du lycée, Paul avait fréquenté un établissement privé, auprès duquel, malgré toute son astuce et sa pugnacité, elle n’était pas parvenue à récupérer un dossier scolaire. C’était comme si l’établissement, comme sa tutelle institutionnelle, l’avaient fait disparaître.

« Ce n’était pas possible autrement. » avait lourdement insisté la quarantenaire à lunettes qui travaillait au secrétariat du proviseur.

Le dossier était en principe, systématiquement produit en deux exemplaires dont un était conservé par l’académie, l’autre par l’établissement. Là, il n’y avait plus rien ni d’un côté, ni de l’autre. Il va sans dire que cela attisa la curiosité de Mélinda.

Elle décida donc de se rendre sur place pour tenter d'interroger des professeurs qui l'auraient connu. Elle se présenta comme une ancienne élève qui souhaitait retrouver des informations sur un ancien camarade de classe. Sur le papier, elle avait sept ans d’écart avec Paul, il était donc difficile de faire croire qu’elle était de la même génération, mais c’était sans compter sur son talent de grimage. Mélinda, ayant suivi des cours avec une maquilleuse de cinéma, avait acquis la formidable capacité de transformer physiquement son apparence de manière crédible. Elle était aussi plutôt une bonne comédienne en général.

C’est ainsi que malgré la réticence professorale du début, la détective réussit à gagner la confiance en expliquant sa démarche, et apportant tout plein d’anecdotes bidons au sujet des quatre cents coups qu’elle avait faits avec Paul. Elle leur posa des questions sur ce dernier, en évitant de révéler ses réelles motivations.

Au fil des entretiens, elle recueillit des informations intéressantes. Paul avait été un élève brillant, mais plutôt solitaire. Il avait été très impliqué dans les activités sportives de l'établissement, mais n'avait pas eu beaucoup d'amis.

Ces informations ne semblaient pas compromettantes en soi, mais la détective savait que chaque détail pouvait avoir son importance. Elle nota consciencieusement toutes les informations recueillies, en se disant qu'elles pourraient être utiles par la suite.

La détective savait que cela n'était qu'un début, mais elle se sentait déjà sur la bonne voie pour découvrir quelques vérités sur Paul qui ne soient pas que de vulgaires banalités. Elle devait poursuivre ses investigations, même si cela devait lui coûter du temps. Pour elle, rien n'était plus important que la satisfaction de son client. Cependant, on était dans la vraie vie, et il était temps d’appeler Lisa pour lui demander son accord pour poursuivre.

« Lisa Andrieux ?

— Elle-même.

— C’est Mélinda Vays.

— J’avais reconnu et en plus, votre nom s’affiche sur l’écran du téléphone.

— Je voulais vous faire part de l’état d’avancement de mon enquête et surtout, je voulais votre accord pour poursuivre ou non, une piste que j’ai découverte à propos de Paul. »

Mélinda sentit un peu d’hésitation.

« Allez-y. » finit par dire sa cliente.

Elle exposa alors un état des lieux, et fit une petite focale sur l’affaire du dossier scolaire.

« Vous pensez que c’est utile ? Honnêtement, je pensais que vous alliez vous concentrer sur des choses plus récentes.

— Vous savez, c’est le passé qui nous fonde dans nos manières de penser et nos façons d’agir.

— J’en suis bien consciente, fit Lisa dont le ton laissait clairement transparaître que la décision à prendre la gênait.

— C’est vous qui voyez. Je ne peux pas décider à votre place. »

Après une minute de réflexion, Lisa finit par donner son aval.

« Merci. Je vous tiens au courant dès que j’ai du neuf. À bientôt. »

Mélinda raccrocha, heureuse d’avoir su convaincre la cliente de poursuivre. Elle regarda sa montre : il était l’heure pour elle de rejoindre la professeure de sport. Elle était une des seules à avoir vraiment connu l’élève Paul Breton. Elle partait en retraite à la fin de l’année. C’était donc in extremis que la détective allait pouvoir obtenir son témoignage.

Au cours de l'entretien, la professeure de sport révéla à Mélinda que Paul avait été impliqué dans une histoire qui avait conduit au transfert d'une élève de sa classe vers un autre établissement. Cependant, elle ne pouvait pas en dire plus car elle avait été tenue à l'écart de cette affaire.

La détective pressa la professeure de sport mais celle-ci ne put pas en dire davantage. Elle expliqua que l'équipe pédagogique de l’époque avait estimé que sa proximité avec les élèves au travers des activités sportives, suffisait à les obliger à appliquer une sorte de principe de précaution.

La détective prit note de cette information. Il était évident désormais qu’elle avait eu du flair en insistant sur cette histoire de dossier scolaire. Elle se promit de continuer ses investigations pour en savoir plus. Paul Breton n’était pas une oie blanche.

La détective remercia la professeure de sport pour son temps et ses réponses, puis quitta l'école.

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