Chapitre 9

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« Vos yeux sont extraordinaires, fit Laura à Mélinda alors qu’elle se penchait sur elle pour évaluer le travail qu’elle devait accomplir. Vous êtes sûre que c’est moi qui me suis occupée de vous la dernière fois ? C’est étonnant. Des couleurs pareilles, ça ne s’oublie pas. Ou alors, c’était au lendemain d’une nuit un peu trop chargée. »

La jeune femme se mit à rire à pleine gorge. Elle finit par se reprendre et approcha son visage de celui de la détective. Cette dernière profita de ce moment pour passer ses doigts dans la chevelure de l’esthéticienne. Celle-ci eut un mouvement de recul et ce faisant, quelques cheveux restèrent entre les doigts de Mélinda.

« Désolé, je ne voulais pas vous effrayer. Moi, ce sont vos cheveux que je trouve extraordinaires. Je n’ai pas résisté, il fallait que je les touche.

— Excusez-moi, c’est juste que cela m’a surprise. » fit l’esthéticienne en ramenant ses mèches derrière ses oreilles.

Discrètement, la détective enferma les quelques cheveux au fond de sa paume et patienta ainsi durant toute l’opération. En fin de séance, elle les glissa dans une pochette plastique qu’elle avait cachée dans son sac.

« J’espère que vous reviendrez bientôt, fit Laura.

— Ne vous inquiétez pas de ce côté, nous nous reverrons, j’en suis persuadée. Essayez de ne plus m’oublier d’ici-là. »

Laura rougit un peu.

« Il n’y a pas de mal. » ajouta Mélinda pour lui faire comprendre qu’elle plaisantait avant de sortir de l’institut, sans comprendre le double sens de sa précédente phrase et le trouble qu’elle avait provoqué.

*

La détective retourna à son bureau. Elle ressortit le dossier Andrieux et attrapa les deux pochettes en plastique qui s’y trouvaient. Lorsque Lisa avait fait le test de paternité, elle avait elle-même procédé à la récupération du matériau essentiel. Au moment de fournir les éléments au laboratoire, Mélinda avait eu la bonne idée de ne pas tout envoyer. Le seul hic était que cette fois-ci, elle ne bénéficiait pas de l’autorisation d’un juge.

Elle pouvait passer outre et faire appel à un laboratoire étranger. La question était : qu’y gagnait-elle ? La réponse était rapide : rien. En revanche, qu’en était-il de Paul ? Après tout, elle venait peut-être de remettre la main sur sa fille. Que savait-il de l’histoire ? Était-il au courant au sujet de l’accouchement ? La détective se massa les sinus. Elle avait attrapé une bonne céphalée avec tout ça.

*

Paul connaissait Mélinda comme étant une professeure de Lisa. C’était un atout et en même temps un problème. Si Mélinda reprenait contact avec lui, il y avait fort à parier qu’il en causerait à Lisa. Il fallait donc procéder en deux étapes. Trouver un complice qui puisse attirer suffisamment l’attention de Paul pour l’amener dans une soirée, attendre qu’il soit ivre et fatigué pour enfin, lui tirer les vers du nez.

Une nouvelle fois, elle décida de faire appel à Joël. Ce dernier n’habitait plus à Paris mais à Nantes. Elle ne voulait pas lui demander de revenir sur la capitale. Elle élabora donc un scénario où il n’aurait pas à se déplacer.

Le plan bien qu’élaboré avec soin, restait simple sur ses grandes lignes. Joël devait se faire passer pour le responsable des services généraux d’une grosse PME nantaise. Il forcerait un peu la main à Paul pour que le rendez-vous soit pris à la toute fin de la journée. Ainsi, Paul devrait réserver un hôtel sur place. Joël profiterait alors de l’occasion pour l’emmener dans une soirée arrosée. Lorsque l’étanchéité de Paul montrerait ses limites, ce serait là que Mélinda entrerait en scène.

Joël accepta avec enthousiasme. Il n’était pas encore bien à l’aise dans sa retraite et c’était pour lui, l’occasion de se divertir un peu. Le lendemain, il avait obtenu son rendez-vous pour la semaine suivante :

« Je ne suis pas si rouillé que ça ! fit-il à Mélinda.

— Je n’en suis pas très étonnée de mon côté.

— À la semaine prochaine, alors ! »

La détective salua son ancien associé et raccrocha. Jusqu’où irait-elle ? Elle n’en avait aucune idée mais pour le moment, elle ne voyait que la trajectoire qui l’amènerait à recontacter Lisa avec ce qu’il faut pour lui expliquer que tout ça n’avait pas été que vain et cruel.

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