Les relations incontournables dans ma vie

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En raison de mes comportements autistiques, la communication avec les autres a été très difficile durant ma jeunesse, principalement avec mes camarades de classe à l’école primaire. N’ayant pas beaucoup de liens sociaux à l’école, j’aimais bien rencontrer des amis de la famille dont des adultes et aussi de jeunes adolescents qui aimaient se rencontrer lors des pratiques de musique des groupes de mon père qui était batteur. Même si j'appréciais la compagnie de ces jeunes, nos chemins se sont éloignés quelque temps plus tard parce que mes intérêts étaient encore enfantins tandis qu’eux s’intéressaient aux nouvelles tendances de la fin des années 2000 (films Twilight, musique populaire, mode), ce que j’avais de la difficulté à apprécier. On ne se fréquentait pas beaucoup mais elles étaient de bonnes personnes.

Durant mon enfance et une partie de mon adolescence, je rêvais d’avoir un réseau d’amis comme tous les jeunes de mon âge afin de m’amuser et rire. En ayant ce genre de pensée toute seule, cela me rendait très triste et je me sentais rejetée du monde. Je ne savais pas comment socialiser donc il fallait que j’apprenne pour pouvoir être en relation avec les autres personnes. Comme je l'ai dit plus tôt, j'ai dû diversifier mes champs d'intérêt, notamment en abandonnant mes intérêts enfantins. J'ai également appris à poser des questions pertinentes afin que les gens puissent me trouver intéressante à écouter. La communication était plus facile avec les amis de mes parents parce que non seulement ils étaient des adultes mais aussi, ils étaient en mesure de comprendre un peu l’autisme.

À ma dixième année, afin d’alléger ma solitude, mes parents m’ont offert un bébé chien grâce à une amie de la famille qui avait des bébés chiens à offrir. Dans mon passé je n’ai eu que des chats donc avoir un chien était pour moi une nouvelle expérience. Cela allait être plus difficile : plus d’entretien, plus de contact visuel et plus d’attention contrairement à un chat qui a un caractère indépendant. Le chien était né d’un croisement d’un golden et d’un chien des montagnes d’Europe. Nous avons appelé l’animal Marguerite en raison de la première partie de mon nom de baptême.

Au départ, l’éducation du chiot était difficile. Je perdais patience souvent en raison de l’hyperactivité de ce dernier. J'étais parfois en colère quand il urinait dans la maison au début de sa vie et quand il tirait trop sur sa laisse quand je voulais le faire promener dans ma cour. Mais je finissais toujours par regretter d’avoir eu des petites réactions envers lui et j’ai appris à mieux connaitre ses besoins.

Au fil du temps j’ai appris à bien le nourrir, à le caresser et à faire des promenades avec lui quotidiennement. Aller en promenade avec Marguerite était tellement passionnant que c’est devenu rapidement une habitude et je me consacrais davantage de temps avec elle. Quelques années plus tard, c’est devenu un compagnon précieux et une belle occupation. J’ai partagé notre complicité au concours régional Animal et compagnie du journal L’action de Joliette en 2014. On devait envoyer une photo de notre animal et écrire un texte sur notre quotidien avec ce dernier. La photo de mon compagnon a été publiée mais je n’ai pas gagné de prix.

La perte de ce dernier a été une épreuve éprouvante pour moi. De plus, elle s’était déroulé en pleine pandémie, qui n’était pas très facile pour moi. J’ai vécu beaucoup d’anxiété et j’avais du mal à dormir. Ce qui m’a permis à m’en sortir était d’écrire mes pensées dans un journal et de pratiquer le yoga avec ma tante Carole.

Lors d’une sortie au Zoo de Granby avec la Société de l’autisme de Lanaudière à l’été 2011, un événement inattendu s’est produit: Ma rencontre avec ma meilleure amie Kim. Comme c’était mon père qui conduisait l’autobus cette journée-là, je l’ai accompagné parce que j’aime les zoos et j’avais l’habitude d’accompagner mon père lors des sorties de camp de vacances et également d’escapades pour des enfants autistes lors de mon enfance. Il y avait une jeune fille de onze ans qui était accompagnée de sa famille. Quand nous nous sommes vues, elle m’a dit qu’elle était autiste de haut niveau, tout comme moi. C’est alors que la chimie a opéré rapidement : Nous avons discuté tout le long du trajet de nos vies, de nos passions et nos parcours de vie respectifs. A la fin de la journée, nous avons échangé nos coordonnées en raison de notre bonne entente.

Elle m’a contacté peu de temps après le zoo pour faire plus ample connaissance au cinéma en regardant le film « Un jour » (One day) (2011). Même si l’histoire était triste, c’était plaisant d’être ensemble. À partir de ce jour, nous avons pris l’habitude de se contacter régulièrement et se rencontrer à certaines occasions comme aller au cinéma, au musée et magasiner. Elle vient même à la maison me rendre visite et on aime jouer à des jeux de société, visionner des films et faire la cuisine.

Après la première sortie au cinéma, je ne le réalisais pas : un de mes rêves s’était réalisé. J'avais enfin une amie avec qui je peux enfin rire, m'amuser et partager ce que j'aime.

Par la suite, je fréquente un groupe de femmes, principalement des amies de ma tante Carole lors de mes séances de zumba et de yoga depuis mon inscription à l’hiver 2014. Il nous arrive quelques fois d’aller au restaurant, soit pour célébrer notre anniversaire ou pour se fréquenter davantage tout en discutant de nos vies. J'ai souvent hâte à chaque mercredi pour les revoir et passer de bons moments.

J’aime les voir à chaque semaine parce qu’elles sont attentionnées à mon égard et nous avons quelques sujets en commun dont les voyages et la télévision québécoise. Nous avons de très belles conversations ensemble. Tout cela grâce à l'inclusion qu'elles ont mis en œuvre depuis le début de mes leçons de yoga (parce que je leur parlais très peu au départ) et je l'apprécie beaucoup. Au bout du compte, passer du temps avec elles embellit ma vie. Ces femmes ainsi que mes collègues de la bibliothèque constituent mon entourage immédiat que j’adore. Grâce à elles, je continue davantage à pratiquer mes habiletés sociales tout en m’épanouissant.

À l’automne 2017, je m'étais inscrite à un groupe de jeunes adultes autiste animé par deux intervenantes de la Société de l’autisme Région Lanaudière. La motivation qui m’a poussé à joindre ce groupe était non seulement pour me faire de nouvelles rencontres et augmenter mon réseau social mais aussi pour me faire un compagnon. J’avais cette idée depuis que je visionne des téléromans québécois à la télévision. À la première rencontre, en septembre 2017, j’étais contente de rencontrer une dizaine de jeunes adultes autistes ayant tous des intérêts diversifiés dont la géographie, les jeux vidéo, les films de Disney et la Formule 1.

Les deux rencontres qui me motivaient à participer aux rencontres mensuelles sont une jeune fille de mon âge passionnée de bowling et d’arts plastiques et un garçon plus âgé qui est fanatique de géographie, de Formule 1 et de volcanisme, des sujets qui alimentent ma curiosité.

Si avec la première, nous discutons de nos réalités quotidiennes, la deuxième apporte une place un peu plus importante dans ma vie, c’est à dire que l’on se voit plus souvent à l’occasion d’une fois par semaine. Nous nous sommes liés d’amitié parce que nous avons beaucoup de liens en commun (météorologie, astronomie et musique disco) et que nous avons les mêmes valeurs. Au départ, quand il a su que je m’intéressais à la géographie et aux volcans, il m’a envoyé une demande d’amitié sur Facebook et je l’ai accepté. Par la suite, nous avons appris à nous connaître davantage par le biais de Messenger à raison de 40 minutes par jour pour discuter de nos journées, ce qui nous passionnait.

Après deux semaines de communication informatique, on a décidé de se fréquenter afin de faire des activités qui nous intéressent comme aller au cinéma et au Planétarium de Montréal. Comme il habite dans une ville avoisinante (Saint-Barthélemy), il est facile de se véhiculer pour se voir. Au fil des semaines, je commençais peu à peu à l’apprécier et à ressentir de l’affection pour lui parce que je voyais en lui tout ce que je cherchais chez un bon compagnon : la beauté, la gentillesse, l’intelligence et la débrouillardise.

Nous aimons également faire des escapades durant l’été dont les maritimes canadiens, la région de Charlevoix ou Québec. Nous aimons faire de la photographie dans les endroits touristiques et souper au restaurant. Être ensemble nous permet de réaliser de belles expériences et de se débrouiller davantage comme se déplacer dans une ville.

En conclusion, j’ai fini par avoir le réseau d’amis que j’ai toujours voulu avoir. Je ne suis plus toute seule et je peux faire une foule d’activités sans toujours être avec ma famille.

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