Équivoques

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Lorsque le dernier souffle de son paternel lui parvint, une douleur suffocante s’empara d’Argos, les larmes ne cessant de s’écouler. Il ne pouvait croire que cela soit bien réel. Il avait la sensation qu’une partie de son âme s’était arrachée de son corps, le laissant seul pour l’éternité. Il sentit qu'on le couvrit de sa nudité, reconnut alors la voix de Miryan qui lui demanda de ne rester ainsi afin que le corps soit transporté . Elle mit délicatement ses doigts sur ses épaules, consentant le jeune dieu à se lever tandis qu'Artémis fit apparaître un portail lunaire. L'àlfar préféra rester dans la cour, laissant les compagnons de voyage avec la progéniture de Zéus.

Argos fit quelques pas vers le passage, se trouva dans une salle circulaire et la reconnut comme étant la salle de soins médicaux, semblable à celle de la forteresse du seigneur Mithril. En se remémorant celui-ci, il remarqua que les bandages de ses blessures provenaient de la cape que Sedryn lui avaient prêté. Soucieux, il se tourna, ne voyant sa demi-sœur.

- Lorsqu’elle reviendra, nous irons à l’Olympe afin d’inhumer le corps, dit Alfirin. Nous ne pouvons demeurer à l’intérieur de la maison de Miryan.

À ces mots, il regarda l’Amazonide, ne pouvant prononcer ne serait-ce qu’une parole. Malgré l’épuisement, il essaya de rester éveillé mais à la suite de la perte abondante de sang, ses paupières se fermèrent sans qu’il ne puisse les contrôler davantage.

Il se réveilla subitement dans le lit d’une chambrée éclairée qu’il reconnaissait, vit la lame de son arme étinceler sur le divan posé au milieu de la pièce. À sa vue, il souhaitait la détruire de n’importe quelle manière, ne voulant poser de nouveau ses yeux vers cette épée. Il ressentit alors une fureur qu’il ne put maîtriser, aperçut soudainement une note manuscrite sur la table de chevet. Il la prit brusquement, ne reconnut l’écriture manuscrite de l’émetteur.

« Cher Argos,

J’ai espoir que tu te rétablisses aisément. J’ai un objet que je dois de te remettre et lorsque tu l’aura vu, ne te méprends guère à propos de la situation envers tes parents. Ils ont besoin de temps et cela est également le cas pour toi.

Héraklès. »

A-t-il bien lu la note ? Comment était-il probable que le demi-dieu soit à l’Olympe ? Il se souvint tout à coup de leur précédente conversation qui s’était achevée de manière brutale. Ce fut à ce moment qu’ Héraklès connaissait son identité et guère son véritable nom. Il pensa que l’une des divinités avait dû lui renseigner son patronyme mais cela ne justifiait sa présence en ces lieux. Il retira la couverture, se leva d’un bond de son lit, déclenchant un léger malaise par inadvertance. Le jeune dieu s'aperçut alors qu'il avait toujours le tissu qui couvrait son corps. Il essaya de reprendre son calme, marcha en direction de l'armoire puis trouva un khiton de lin blanc ainsi que des sandales. Il déplia le vêtement, l'enfila tout en retirant le textile, s'accroupit afin de pouvoir se chausser et se releva. ll s'approcha de la poignée de la porte de sa chambre qu’il tourna, ouvrit grandement l'accès.

Il s'avança des escaliers, descendit les marches puis quand il s’arrêta devant les portes de la Salle d’Apparat, il remarqua qu’il était bien présent. Héraklès se nourrissait d’une large assiette de viande et de légumes accompagné d’une coupe emplie de nectar. Il hésita à entrer dans la pièce, mais ce fut lorsque son demi-frère lui demanda de s’assoir à ses côtés qu'Argos franchit le seuil de la salle. La fraîcheur nocturne le fit légèrement frissoner, il se rapprocha de celui portant une cape en peau de lion. Il s’assit en face de son interlocuteur qui leva les yeux.

- J’ai demandé à ce qu’on prépare un repas également pour toi, dit Héraklès en posant un plat devant le jeune dieu. Comment te portes-tu ?

- Je me sens en bonne santé, élude Argos sans regarder son assiette. Je suis vraiment confus à votre propos, comment pouvez-vous avoir accès à l’Olympe ?

- Déianara m’a offert un khiton qui paraissait d’une valeur inestimable et lorsque je m’en suis vêtu, le tissu à calciné ma peau, dit Héraklès d’une voix calme.

- Connaissant votre épouse, je doute qu’elle ait pu agir de manière volontaire, dit Argos en prenant l’ustensile d’argent.

- En effet, elle a été envoûtée par un maléfice, dit Héraklès.

- Qui est à l'origine de cet acte abject ? demande Argos.

- Tu la connais sous le nom d’Héra Lazarid, dit Héraklès en soupirant. Elle est la soeur et l’épouse de notre défunt paternel.

Argos se leva subitement de table, stupéfait par cette révélation. L'animosité qu’il ressentait à l'égard de celle qui avait accompagné les Chasseurs de Surnaturels s’était rudement emparé de lui et le sentiment d’être entouré de traîtres, de résidents qui ne dissimulait leur méfiance se renforça.

- J’en ai suffisamment entendu pour le moment, dit Argos. Je pense que je vais m’aérer quelque peu.

- Avant que tu t’en ailles, je dois te remettre ceci, dit Héraklès.

Il vit le demi-dieu tenir dans le creux de sa main un objet en terre cuite de forme ovale. En observant l'urne, il ne pouvait se résoudre à accepter ce qu' elle contenait, les cendres de Zéus.

- Je crois que tu sais ce qu’il y a l’intérieur, dit Héraklès qui tendit l’objet. Il est de ton devoir de mettre l'urne aux côtés de celle de ta maternel.

- Tu peux la garder pour l’instant, dit Argos qui le tutoya. J’ai besoin de réfléchir.

Il traversa la salle mettant fin à la conversation. Il laissa son interlocuteur attablé, se trouva dans le hall.

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