Subterfuge

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Le jeune dieu remarqua alors que la porte qui menait à l’extérieur de la demeure était également libre d’accès. Il s’en approcha, voulant la refermer mais remarquant ses compagnons de voyage converser, il préféra s’éloigner.

Lorsqu'il entendit soudainement son nom prononcé par Naranwe, il décida de rester sur le seuil, épiant l'échange.

- Héraklès est un Olympien avisé et je lui dois raison quand il affirme que nous avons besoin de temps, dit Alfirin d’un ton mesuré. Malgré cela, j’ai pris ma décision.

- Puisque tu prépare ce voyage en ce moment, tu ne reviendras n’est-ce pas ? demande Naranwe.

- En effet, dit Alfirin. Cela te permettra de trouver un moment pour révéler à Argos que tu savais que le seul moyen de briser ce maléfice était de mettre en péril la vie de Zéus.

- Comment peux-tu proférer de telles paroles ? dit Naranwe en haussant la voix. Je l’ignorais à l’instant où l’antidote était achevé. Je ne pouvais croire que…

- Je viens avec toi, dit alors Argos qui s’avança d’un pas.

Ils se retournèrent vivement dans sa direction, stupéfaits en le voyant. À cet instant, la gorge d’Argos se noua, ne pouvant s’exprimer. Les mots d’Alfirin et de Naranwe envahissant son esprit, il essaya de contrôler ces larmes qui coulèrent et cette fureur qu’il ressentait. Il aperçut l’Amazonide s’approcher puis lorsqu’elle fut à quelques centimètres, il s’éloigna.

- Ton devoir est de rester en ces lieux, tu es dès à présent l’héritier des cieux, dit Alfirin.

- Dois-je côtoyer une famille qui me compare à un meurtrier ? demande Argos. Ils doivent avoir confiance en une divinité consciente de ses actes et je ne suis celle qui est nécessaire à de tels engagements.

Ne la laissant argumenter son propos, il se détourna sans un regard envers l’àlfar. Il reprit le chemin qui menait à sa chambrée, monta les marches qui menaient au palier. Il fit quelques pas, s’arrêta devant la porte en voyant Héraklès devant la pièce à coucher de son paternel. Il voulut l’apostropher mais étant irrité par cet endroit qui lui remémorait sans cesse Zéus, il ouvrit l’accès à sa propre chambre, referma la porte derrière lui. En apercevant les lueurs de l’aube sur les murs, il se retourna, souhaitant s’endormir pendant la journée. Il soupira d’agacement, traversa la pièce et se trouva dans une salle où les murs étaient d’un marbre d’une couleur brunâtre et le sol couvert de mosaïque.

Il verrouilla la serrure, prit un tissu posé sur un meuble de chêne afin de couvrir ses hanches puis retira le khiton qu’il laissa proche de la source thermale. Il s’assit au bord, retira le bandage improvisé ainsi que le textile, s’immergea dans l’eau. Pouvant détendre ses membres, son corps fut alors en contact avec le fond de la source mais peu lui importait. Il ferma ses paupières lourdes, n’entendit le bruissement du vent qui provenait des fenêtres ouvertes. Quand Argos sentit l’air effleuré son visage, son souffle revint, le rythme cardiaque s’accéléra. Il se frotta les yeux puis les rouvrit, croisa le regard de l’Amazonide qui eut un sourire narquois, accroupi au bord de la source thermale.

- Mourir dans un liquide aussi inoffensif est une piètre manière de vivre un trépas, dit alors Alfirin.

- Épargne-moi donc tes commérages, dit Argos. Puis-je savoir ce qui t’amènes dans mes appartements ?

- Je voulais te renseigner à propos de notre long voyage qui nous attend, dit Alfirin en se relevant.

- Notre voyage ? demande Argos.

- En effet, tu as bien entendu, dit Alfirin. J’accepte ta demande de m’accompagner. Nous devrons être à l'un des port du Royaume terrestre dans la journée mais avant cela, tu dois te nourrir au risque de trouver une mort absurde et indigne de ton rang.

Comprenant qu'elle faisait allusion à son état de santé qui se détériorait, elle se détourna puis marcha vers l’entrée de la salle ouverte. Il attendit que l’accès à la chambrée soit refermé avant de se lever de sa position assise, prit le tissu qu’il mit au-dessus de sa taille puis se mit debout. Il sortit de la source thermale par les marches gravés dans la roche, essuya son corps et ses membres, ramassa le khiton qu’il enfila. Il retira le tissu, remit ses sandales, franchit le seuil de la pièce et se trouva de nouveau dans la chambre.

Le jeune dieu s’approcha de l’armoire, décida de prendre le sac de voyage et s’aperçut alors d’un détail. Il ne voulait guère que les mortels de cette contrée qui lui était inconnue reconnaissent sa tenue vestimentaire. Il resta pendant un moment devant le mobilier, décida de déplier une cape de voyage qu’il attacha sur ses épaules. Il laissa le sac, se retourna vers l’épée posée sur le divan, s’avança en direction du mobilier. Il se saisit de la manche de l’arme puis attacha la ceinture de l’étui.

Il fit quelques pas qui le mena au couloir et apercevant la porte de la chambre à coucher d’Alfirin fermée, il se demanda où elle pouvait bien être. Il s’avança des escaliers, descendit les marches, se trouva dans le hall. Il traversa la gallérie, s’arrêta soudainement en voyant Naranwe en compagnie de l'Amazonide qui marcha à sa rencontre, lui tendit la besace.

- Voici des vêtements adapté à la situation, des fruits et une gourde pour le voyage, dit-elle.

- Je te remercie, dit Argos. Allons-nous au Royaume terrestre dès à présent ?

- Effectivement, dit Alfirin. Je dois prendre ma besace et mes équipements, attends-moi à l'extérieur.

Elle le laissa en compagnie de l'àlfar et aussitôt un silence pesant s’installa. Argos lui lança un regard empli de haine avant de sortir de la demeure.

- Il faut qu’on ait une conversation, dit alors Naranwe.

- Une conversation ? dit Argos qui se retourna. À propos du fait que tu savais que la mort de Zéus était imminente et que tu m’as administré un antidote défectueux ?

- ll m’a informé que le jour de ta genèse, l'Oracle lui a révélé qu' il périra de ta main, à la suite de l'antidote que j'ai fomenté , dit Naranwe devenu irascible.

- Dans ce cas, tu aurais du me laisser mourir en me renseignant que le seule remède était la vie de mon paternel, dit Argos dont la colère le consuma.

Il se détourna en sentant que les larmes qui apparaissait, dissipait sa vue.

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