En terres inconnues

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Argos vit l’Amazonide étirer ses bras puis les baisser, mettre la galette dans sa sacoche. Elle déplia ses jambes sur la couche suspendue, ferma les yeux. L’observant un instant, il décida de s’allonger, prit la couverture qu’il déplia. Fixant le plafond, il pensait que son compagnon de voyage qui ne provenait d’une ascendance de haute lignée, n’avait été épargné d’une créature infernale. Ne pouvant s’endormir, il se redressa, posa les pieds au sol. Il avança vers les escaliers qui menaient au pont du navire, monta les marches et s’avança de la rampe du vaisseau. Il regarda l’immensité de cette étendue d’eau qui ne paraissait sans fin, se retourna vers les marins présents ainsi que le passeur qui tenait la barre du gouvernail. Il vit un homme s’approcher et s’arrêter face à lui.

- Vous ne devriez rester à l’extérieur lors de la nuit, dit l’homme. La fraîcheur de l’air sur le pont n’est soutenable.

- J’ai suffisamment pris du repos au cours de la journée, dit Argos qui se retourna.

- Si vous vous écroulez avant d’être sur le rivage, je ne donne cher de votre peau, dit l’homme.

À ces mots, il reporta son attention en direction du marin qui lui expliqua qu’il l’avait amené dans la cale à la suite de son effondrement.

- Je peux vous proposer de rester dans la cambuse, dit-il. Nous laissons aviver un feu afin d’éviter l’humidité.

Il détourna le regard,leva les yeux et accepta la proposition du mortel. Ils descendirent à l’intérieur de la cale, traversèrent la pièce puis se trouvèrent dans la cambuse. Des flammes s’élevaient d’un espace creux d'un four qui permettait de réchauffer la pièce constamment. Ils prirent chacun une chaise en bois, s'assirent devant la structure de pierre. Argos qui fixait les braises, pensait que seul son emportement l’avait amené en cet endroit. Malgré cela, il ne pouvait rester dans un lieu devenu haïssable. Il remarqua soudainement que son interlocuteur l’observait.

- Je me nomme Hémon et vous ? demande alors le marin.

- Mon patronyme est Argos, dit le jeune dieu.

-Cela est un nom peu commun, dit Hémon.

- En effet, dit Argos.

- Je ne sais quel est le motif de votre passage mais il ne doit être certainement raisonnable, dit Hémon.

- Faites-moi donc part de votre argument, dit Argos qui se tourna vers l’homme.

- Les passeurs qui prennent le large savent que ces terres sont peuplées d’autochtones et que nous ne devons nous approcher du village mis à part pour décharger les provisions, dit Hémon.

Connaissant la nature de cette déviation, Argos ne lui fit part des événements surnaturels qui se produisaient dans ces lieux. Il décida de fermer les yeux en ressentant de la méfiance provenant d’Hémon, sombra dans les ténèbres proches des flammes qui éclairèrent légèrement la cambuse. Lorsque l’âtre fut éteint dans son intégralité, il ouvrit les yeux, ressentit la froideur de la pièce. Il se leva, franchit le seuil, s’avança en direction de l’étroit escalier de la cale du navire.

Il aperçut son compagnon de voyage qui se retourna en le voyant, fit quelque pas vers la rambarde. La lueur de l’aube lui permettait suffisamment de reconnaître une forêt qui paraissait s’étendre à l’infini. Il se saisit de sa besace qu’elle lui tendit, le plaça à l’épaule. Le bateau s’ancra subitement puis l’un des marins descendit une chaloupe sur l’eau. Le jeune dieu reconnut alors Hémon qui tourna la tête vers lui, le toisant du regard. Le mortel lâcha brusquement la corde, laissant l’embarcation atterrir sur l’eau de manière brusque. Il attendit qu’Alfirin descende du navire par la courtes échelle de bois tendue par des cordes mise en place avant de se détourner et de la suivre.

Assis dans la barque, ils remarquèrent des rames puis s’en saisirent. Ils entendirent tout à coup l’ancre se soulever des profondeurs de la mer, regardèrent le navire continuer sa destination. Quelques instants à la suite de l’appareillage du vaisseau, la chaloupe cessa de tanguer. Ils mirent pieds à terre, observant l’espace verdoyante. Marchant sur les galets d’un bleu foncé du rivage, ils arrivèrent à l’entrée de la forêt, s'immobilisèrent en voyant les différents sentiers.

- J’ai besoin de changer d’accoutrement avant que nous pénétrions à l’intérieur de cet immensité, dit Argos.

- Je n’ai apporté de tuniques et de fendards, dit Alfirin. Seulement des khitons de lin blanc.

Soupirant en apercevant l’ironie provenant de la voix de son interlocuteur, il prit l’un des sentiers, exaspéré par son comportement.

- Tu souhaites préserver ton identité mais tu persiste à la renier, dit Alfirin en se mettant à ses côtés. Tu resteras une divinité où que tu ailles.

- Je ne tiens à ce que les villageois reconnaissent ne serait-ce qu'un trait vestimentaire ou apparence physique qui s’apparenterait à la Grèce, dit Argos qui s'arrêta.

Elle voulut répliquer mais ils perçurent tout à coup des bruissements de feuillages et des craquements de branchages de plus en plus sonores.

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