Double jeu

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Il fixait le dos d’Alfirin d’un regard lointain, ne pouvant se décider de faire un pas. Mais comment serait-il en capacité de se mouvoir à la suite de ce qui venait de se produire ? Une journée plus tôt, il allait à la rencontre d’un nouveau membre de sa maison sans qu’il ne le sache et quelques instants plus tard, il trouvait un nouveau corps sans vie. Cette situation était si semblable à celle d’Héraklès qui fut ressuscité par Zéus qu’il eut l’impression que la mort le poursuivait n'importe où il se trouvait. Il sentit son organe battre à vive allure mais sa présence était dissimulée comme absente. Était il éteint sans qu’il ne le sache ou bien était-ce un effet des événements ? En revanche, il savait que l’Amazonide était suffisamment éloignée pour qu’il ne perçoive ses bottes de cuir sur le sol de terre. Il leva les yeux, se mit à courir vers la passerelle qu’il traversa puis entra à son tour en direction du centre du village. Il espéra contre toute attente que le cadavre de son compagnon de voyage ne soit retrouvé au milieu de ces étranges êtres au visage camouflé.

Tandis qu’Argos approchait d’un espace de construction, il apercevait de la fumée d’une couleur grisâtre envahir les environs. Lorsqu’il remarqua l’ombre d’un objet de lourde dimension s’effondrer à terre, il diminua la vitesse de sa course, reporta brusquement son attention vers la lame d'un garde visant son col. Il se projeta en arrière, les yeux en amandes d’une lueur émeraude brillèrent avec intensité de la silhouette d’un garde. Le tranchant faucha les particules terreuses qui s’évaporèrent dans les airs, se retrouva alors accroupit au sol, à bout de souffle. Il n’eut le temps de se relever que le garde abattit avec force son épée au dessus de son casque de fer. S’attendant à l’impact, il ferma les yeux, se recroquevillant sur son corps puis leva la tête. Celui qui allait être son bourreau, fut quelque peu immobilisé par le carreau qui perçait son armure et fut stupéfait, en entendant plusieurs autres flèches atteindre les vertèbres. Il se redressa vivement en s’éloignant de quelque pas, laissa le garde tomber sur la poussière qui maculait la terre. Il se pencha, prit le poignard accroché à la ceinture de son adversaire, se remit debout et observa la lame d’argent ornée de motif. Il le lança soudainement en direction de l’Amazonide qui se déplaça de quelques millimètres, permettant à l’arme de terminer son chemin à l’intérieur du crâne d’un assaillant qui tomba à terre.

- D’après ce que j'ai remarqué, tes réflexes se sont améliorés au fil du temps, dit Alfirin qui s’avança.

- Mes capacités et mes sensations semblent plus aiguisées, similaire à… un àlfar, dit Argos en fixant ses mains.

Il se tourna vers une habitation délabrée, occupée par un groupe de travailleurs au visage couvert de suie. Certains paressaient effrayés et d’autres avaient une expression ferme. Un jeune homme ayant un âge un peu plus âgé qu’Argos fut le seul à s’approcher. Il portait une étrange tunique dont le vêtement avait été plié en son milieu avec un col ouvert entouré d’une large ceinture. Ses manches montraient les formes de ses bras fins et les sandales n’avaient de lacets. L’apparence de l’inconnu avec les villageois était identique, il avait les iris d’une couleur sombre et des cheveux d’un noir de jais. Il s’arrêta face aux compagnons de voyage, les scrutant avec une certaine curiosité.

- Je vous ais vu lorsque l’empereur a déclenché l’incendie, dit-il à Alfirin. Vous avez fui votre peuple et vous revoici.

- Je n’ai fait que suivre les seuls survivants, dit Alfirin. Je n’avais d’autres alternatives.

Soutenant son regard, elle lui demanda s’il souhaitait les suivre dans un endroit à l’abri de l’empereur.

- J’accepte, dit l'inconnu. Permettez-moi de me présenter, je me nomme Densetsu, j’apporte mon aide à ce village qui en a comme vous pouvez le constater, en a grandement besoin.

- Ne provenez- vous guère de cet endroit ? demande tout à coup Argos.

- Mon nom est différent de ces habitants, dit Densetsu d'une voix neutre. Je me souviens de quelques détails à certains instants mais ma mémoire paraît effacée ou bien est-ce à cause de cet incendie qui n’était naturel.

- Il y avait une autre personne en compagnie de l’empereur, dit Densetsu en baissant les yeux. Elle avait une aura démoniaque.

Il y eut un instant de silence dans lequel Alfirin se remémorait cette scène qui l’avait contrainte à s’échapper. Quand au jeune dieu, il se retourna légèrement en direction de l’Amazonide, quelque peu déconcerté, ne sachant que penser de cette révélation.

- Nous allons trouver un moyen d’amener notre appui de manière efficace, dit Argos. Pour l’instant, ils doivent nous suivre jusqu’au port. Ils pourront ainsi se ressourcer et s’alimenter.

Le jeune homme retourna rejoindre le groupe de travailleurs, leur expliquant quels étaient les instructions.

- Cela est étrange qu’ils comprennent son dialecte n’étant de cette contrée, dit alors Alfirin d’une voix moins confiante. Crois-tu qu’il s’agit d’un leurre ou bien d’Hadès ?

- Cette divinité infernale doit sûrement vouloir entreprendre une nouvelle attaque, dit Argos qui observait leur interlocuteur. Il ne se promènerait dans un village où réside une puissance qui serait sans doute supérieure à la sienne.

À la suite de cet échange, ils le virent s’avancer ainsi que les habitants dont les chaînes avaient été déliées de l’empereur.

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