Chapitre 4

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Violette se réveilla. Elle regarda les draps froissés à ses côtés et sentit le vide et le froid s'immiscer dans son corps. Une sensation bien trop familière. Son cauchemar lui revint en mémoire. Perfides, ses vieux démons profitaient de la nuit pour venir l'assaillir. Il fallait qu'elle trouve le moyen de les maitriser, de tenir Fred à distance de ce passé qu'elle ne souhaitait pas aborder. Combien de temps lui restait-il avant que le jeune homme ne lui pose les questions taboues ? Un mois ? Une semaine ? Une minute ? Sentant le temps s'égrener au rythme de son cœur battant, elle ferma les yeux et pria pour que la vie lui laisse un peu de répit. Elle finit par se lever et trouva Fred dans le salon, les yeux scrutant l'horizon à travers la fenêtre du balcon.

  • Tu vas bien ? demanda t-il en l'embrassant sur le front tandis qu'elle se blottissait contre lui.
  • Oui je vais bien.

Il sembla hésiter un instant puis demanda de nouveau.

— Tu veux qu'on en parle ?

Violette se dégagea en faisant mine de ne pas comprendre. Elle rejoignit la cuisine où elle se fit couler un café. Ses doigts pianotaient sur le comptoir, témoins du stress qu'elle ressentait.

  • Tu sais que tu peux tout me dire ?
  • Il n'y a rien à dire Fred, ce n'était rien d'autre qu'un cauchemar, répondit-elle d'un ton léger.
  • Mais tu avais l'air si bouleversée...

Violette ferma les yeux. Tout oublier était mieux pour tout le monde.

— C'était juste un cauchemar, répéta t-elle en ponctuant sa phrase par un baiser.

Tandis qu'elle s'affairait dans la cuisine, elle sentit le regard de Fred la détailler. Ses lamentables tentatives pour esquiver la discussion ne le convainquaient visiblement pas. Comment allait-elle parvenir à s'extirper de cette conversation ? Elle sentait le stress gagner chaque cellule de son corps, le sang affluer dans ses veines tandis que son cœur débutait sa cavalcade.

« S'il te plait la vie... »

Le téléphone du jeune homme sonna. Il laissa passer quelques sonneries, fixant Violette comme un petit oiseau qu'on surveille du coin de l'œil de peur de le voir s'envoler. Il détourna finalement le regard pour consulter son téléphone et décrocha aussitôt. Le cœur de Violette retrouva son allure régulière.

« Merci la vie... »

Elle comprit à travers les bribes de conversation qui lui parvenaient qu'il était question de Maya. Lorsque Fred raccrocha, il lui expliqua que sa sœur avait besoin de lui pour garder sa nièce ce week-end. Un manque d'effectif obligeait Julia à regagner son poste bien qu'elle ne soit pas de garde normalement.

  • Viens avec moi, on pourrait la garder ensemble. Ça nous entrainera, plaisanta t-il.

Violette songea à la jeune enfant et entendit les clochettes de sa voix tinter au creux de ses oreilles. Elle imaginait la main de Maya dans la sienne tandis qu'ils se promenaient tous les trois dans le parc Floral, quand soudain, une rafale de vent agita ses pensées. Furieux, il claquait, tambourinait contre les carreaux.

— Violette ?

Du répit. Il lui fallait un peu de répit.

  • Je… Non, vas-y seul. Je préfère.

Fred n'insista pas mais la regarda avec cette tendresse qui la faisait se sentir si précieuse. Il s'approcha d'elle et l'enlaça. L'odeur hespéridée de son eau de toilette faillit lui faire regretter son choix, pourtant elle résista à l'envie de le retenir et, après un baiser langoureux le laissa filer.

Une fois seule dans son appartement, elle laissa ce silence qu'elle appréhendait tant l'envelopper. Pour une fois, il lui était bénéfique, nécessaire. Elle réfléchit à sa relation avec Fred, aux sentiments qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre. Elle s'était montrée vulnérable et savait que les questions que devaient se poser Fred étaient légitimes. Pourtant, il lui appartenait de partager ou non ses failles. Elle espérait que le jeune homme ne se montre pas trop insistant et lui laisse le temps nécessaire pour faire le vide dans sa tête. Seule. Tout à ses réflexions, elle saisit son téléphone qu'elle avait laissé se vider de sa batterie et brancha le câble pour le recharger. En s'allumant, l'écran lui notifia un message. Elle ouvrit l'application pour le consulter.

Salut ma chérie.

Ta mère est rentrée hier soir...

Je pensais que ça serait peut-être bien

de nous retrouver autour d'un repas.

Ce midi ? Tu es libre ?

Je t'embrasse.

Papa

Elle enfila un short et des baskets et partit courir, le temps de remettre à plus tard le « Oui » qu'elle n'avait pas du tout envie d'envoyer.

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