La Mort de la Morale ?

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Le naturalisme de Spinoza triomphe avec les multivers cosmologiques, mais ce triomphe a un prix : la mort de la Morale.

Trois morts sont possibles : l’amoralisme, l’immoralisme et ce que Kant appelle l’euthanasie de la Morale.

La science est amorale et les multivers cosmologiques n’échappent pas à cette règle qui est, selon Descartes, un des principes de la méthode scientifique (les règles de la méthode sont totalement détachées de toute considération morale).

On ne demande pas au scientifique de nous dire ce qui est Bien ou Mal, ni même de nous rendre heureux, mais de trouver la vérité.

Nous nous basons, depuis le départ, sur la physique des particules et la cosmologie. Ni le big bang, ni les ondes de probabilité quantiques n’ont un quelconque rapport avec le Bien et le Mal.

Cet amoralisme est une règle de base de la science, elle peut nous choquer, mais il faut remarquer qu’elle ne veut pas tuer la morale, elle est seulement a-morale.

Toutefois l’existence des multivers cosmologiques peut nous faire craindre l’immoralisme, la transgression des principes moraux.

Dès l’apparition des multivers cosmologiques, journalistes et écrivains ont écrit que cette hypothèse signait la mort de la morale.

J’ai longtemps balayé cette objection, en la rapprochant de la réaction de Dostoïevski : « Si Dieu n’existe pas, alors tout est permis ».

Pour moi, c’était simplement la réponse réactionnaire d’un homme incapable de comprendre l’émergence d’un monde nouveau, ici, l’existence de milliards de moi.

Mais, à la réflexion, il y a bien deux risques réels.

Le premier risque vient du déterminisme, si tout absolument est déterminé, si ma vie a déjà été vécue et va se répéter mécaniquement, pourquoi me soucier de faire le Bien, pourquoi ne pas jouir totalement, y compris aux dépens des autres ?

Le second risque vient des infinies variantes de ma vie dans un multivers cosmologique. Qui me garantit que mes innombrables moi ne font pas le Mal ? En effet, avec l’infini, voire l’infiniment infini, l’existence d’avatars qui multiplient les actes immoraux, et en tirent jouissance et bonheur devient hautement probable, voire certaine.

Un troisième risque, en dehors de l’immoralité ou de l’amoralité, me semble très probable : c’est le risque soulevé par Kant, celui de l’euthanasie de la Morale.

Cette mort douce de la Morale est déjà bien en marche : elle consiste à privilégier le bonheur et à abandonner la liberté liée au respect de la Loi Morale.

Nous l’avons vu : c’est Spinoza qui s’impose dans les multivers cosmologiques.

La Morale serait agonisante, on la laisserait mourir dans l’indifférence.

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