Un scandale chrétien ?

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Des milliards de Christ ? Voilà qui est scandaleux pour un chrétien !

On voudrait tuer la religion chrétienne, qu’on ne ferait pas mieux !

Mais, lectrice, lecteur, vous faites fausse route. Ce qui tue le christianisme c’est le consensus mou, l’absence de remise en cause, la perte de toute prise de conscience du caractère scandaleux du message de l’Évangile au profit d’une routine vide et sans âme.

Kierkegaard a vécu ce risque mortel et nous a fait comprendre que le christianisme était profondément scandaleux et ne tirait sa force que de ce scandale, et ne pouvait renaître qu’en renouant avec ce scandale.

Le monde, à l’époque du Christ, est un monde rationnel et rationaliste, façonné par plusieurs siècles de pure réflexion philosophique, depuis Platon jusqu’aux Sceptiques.

Certes, la mythologie existe, on fait des offrandes aux dieux païens, on aime écouter les amours de Zeus, on s’amuse de sa capacité à se faire passer pour un mortel.

Avant la naissance de Jésus, Virgile a flatté l’égo des Romains, avec son Énéide qui rattachait directement Rome aux Troyens.

Pour les lecteurs, les auditeurs ce ne sont que de belles histoires qui ont avant tout un avantage politique, l’essentiel c’est, comme maintenant, le pouvoir, la domination et l’argent.

Ponce Pilate ne voulait pas tuer le Christ, pour lui ce n’était qu’un pauvre fou qui se prenait pour le roi des Juifs, aussi fou qu’un Français qui se prendrait pour Napoléon.

Les Romains sont tolérants, et, en réalité, plutôt indifférents. Si un petit juif à demi-fou veut prêcher une nouvelle religion, libre à lui.

Il dérange ? On le prend, on le fouette et on le relâche après s’être bien moqué de lui, bien moqué de ce fou que Pilate ne peut pas prendre au sérieux.

Un fou, oui un fou qui, simple homme, se prend pour un dieu, voire le Dieu unique comme le pensent ces juifs que Pilate ne comprend pas vraiment.

Folie ? Que nenni, répond Kierkegaard, non pas folie mais scandale.

La mythologie regorge de dieux qui deviennent hommes, et, plus rarement, d’hommes qui deviennent dieux.

Seul un fou peut, réellement, prétendre être un dieu, dire que cet homme Jésus est Dieu, voilà qui pour Kierkegaard relève du pur scandale.

Le scandale absolu est la mort du Christ.

Double scandale : un dieu ne peut pas souffrir, ne peut pas mourir, ne peut pas être si humain !

Et surtout, il ne peut pas mourir d’une façon si honteuse, si ignominieuse, la croix est le pire des châtiments. Socrate, citoyen athénien, avait eu le droit à une mort noble : la ciguë.

Qu’en conclure ?

Faire vivre le Christ des milliards de fois, c’est nous faire prendre, ou plutôt reprendre, conscience du caractère fou, irrationnel, scandaleux de la foi chrétienne.

Petite réserve, lectrice, lecteur, je n’en suis pas, pour autant, plus croyant !!

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