Le soleil se reflétait sur la cuirasse d’écailles immaculées. Le dragon était inconnu du campement, pourtant la blonde qui le montait, elle, était célèbre.

— C’est la princesse Zalénia ! s'exclamaient des soldats un peu partout.

La rumeur avait déjà fait trois fois le tour du campement lorsque la jeune fille pénétra dans la tente de la générale. Léarco, son frère, l'y attendait en compagnie de cette dernière.

— Zalénia, ça fait longtemps, dit-il en la saluant d’un hochement de la tête.

Elle lui sourit sobrement et se tourna vers Kimiati :

— Je suis ici contre l’avis de ma mère, je ne veux pas vous attirer des ennuis. Je suis surtout venu aider mon frère.

La rousse hocha la tête et lui répondit :

— Tu arrives au bon moment, n’est-ce pas Léarco ?

Le prince acquiesça avec étonnement, comment la générale avait-elle deviné ses intentions ?

— Effectivement, je m’en vais.

— Et où vas-tu ? demanda la princesse.

— Je me rends chez les Krigus, un peuple que nous avons rencontré lors de la mission qui visait à te sauver. Ils vénèrent une divinité peu connue chez nous, mais pourtant très accessible. Je compte sur elle pour délivrer Sheireen des sortilèges qui l’entourent.

— Quand pars-tu ?

— Le plus tôt possible.

§

Léarco avait pris la tête de leur convoi aérien. Derrière lui volait Reen sur Orion tandis que Zalénia fermait la formation. Ils volaient en silence, et lors de leurs arrêts, ils parlaient peu.

Le dragonnier ne savait plus comment parler à sa sœur, elle avait tellement changé. Après tout ce qu’elle avait vécu, il ne pouvait pas l’en blâmer.

Avec Reen, c’était encore plus compliqué. Il ne voyait plus en elle que Sheireen et ne pouvait s’empêcher de s’en vouloir. Si Soliss était incapable de défaire les sortilèges, il devrait faire une croix sur Sheireen et accepter Reen comme elle était.

Le groupe passa rapidement la grande chaîne de montagne qui bordait le sud de Zalia. La très haute altitude obligea les deux frères et sœurs à user de leurs pouvoirs pour éviter de mourir de froid. Léarco fut impressionné par la maîtrise de la blonde. Cette dernière lui appris alors qu’elle avait été l’élève de Rowenn en personne.

Ils atterrirent à l’orée de la jungle après environ trois jours de vol. Léarco jugea plus sage de ne pas pénétrer sur le territoire des guerriers félins sans leur autorisation malgré leur amitié.

En effet, au bout de quelques jours d’attente, une délégation de Krigus vint à leur rencontre. Ils leur demandèrent de laisser leurs dragons près de la montagne puis les escortèrent dans la jungle très dense. Le climat n’avait pas changé depuis la dernière visite de Léarco, il se félicita donc de ne pas avoir pris son armure.

Après moins d’une journée de marche, ils arrivèrent au village. Le groupe fut accueilli par une Étoile Noire au regard sombre.

— Je suis désolé de ne pas vous accueillir avec les honneurs qu'il convient, mais nous sommes en guerre, annonça-t-elle de but en blanc.

— Contre qui ?

— Un village à l’ouest.

— Ces viles créatures ont tué les membres d'une de nos patrouilles frontalières ! s'exclama un jeune homme dans l'assemblée qui s'était regroupée autour des nouveaux arrivants.

— Nous venons parler avec Soliss, c'est très urgent. Sheireen a été ensorcelé, expliqua le jeune prince.

— Je ne peux pas envoyer des guerriers pour vous accompagner. Vous comprenez dans quelle situation nous sommes n'est-ce pas ?

— Oui. Nous irons à dos de dragon ne vous inquiétez pas.

— Soit. J'espère que nous nous reverrons. Au revoir mes amis. Et puissent les dieux et les étoiles vous être favorable.

Elle hocha la tête en guise d’adieu et se tourna vers son bras droit. Léarco était très attristé de voir que la guerre s’immisçait partout.

Ils furent raccompagnés jusqu’à leurs dragons et s’envolèrent immédiatement.

Au crépuscule, ils se tenaient devant la pyramide à degrés de Soliss. Laissant les dragons faire le guet, ils gravirent les hautes marches deux à deux, pressé d’en finir.

Une fois en haut, Léarco se figea. Comment contacter la déesse ? Il se souvenait que Étoile Noire s’était transformée sous le symbole pour l’activer. Mais il en était incapable.

Tentant le tout pour le tout, il projeta son esprit vers le symbole et demanda simplement à Soliss de leur accorder une audience. Ils attendirent longuement tandis que le soleil descendait dans le ciel.

Soudain, la pierre s’illumina et la déesse apparut. Ils s’inclinèrent vivement, attendant qu’elle prenne la parole. Elle leur sourit avant de leur intimer de se relever.

— Je savais que nous nous reverrions. Léarco. Sheireen. Et ?

La déesse venait de confirmer sans le savoir l’identité de Reen.

— Zalénia, ma sœur.

Cette dernière, impressionnée, s’inclina de nouveau.

— Nous avons besoin de votre aide, commença le prince.

— Je sais, je vois les runes qui parcourent le corps et l’aura de Sheireen. Elles sont très puissantes. J’ai l’impression de reconnaître cette énergie. Approche-toi, ordonna Soliss à Reen.

La jeune femme obéit et la déesse plissa les yeux.

— Sathenass.