#15 Jeux sans frontières
# Jeux sans frontières - vie réelle
- Ce coup-ci, je fais l'Espagne car hier je voulais faire l'Espagne, et tu l'as choisi !
- D'accord, alors je ferai l'Allemagne ! Et toi Laura ?
- Je fais la France !
- Et moi, interviens Alexandre, je fais l'Italie !
Voilà mon frère, ma cousine et mon cousin et moi sommes dans la cour de la maison en granite de nos grands parents bretons avec lesquels nous passons une partie de nos vacances d'été.
J'adore cette ancienne ferme avec sa grange et son grenier encore rempli de paille. On y sent encore l'odeur des vaches qui y dormaient chaque nuit quand nous étions encore petits, il y a seulement quelques étés.
C'est une petite ferme comme il en existait plein en Bretagne à l'époque. Une dizaine de vache, des lapins, des poules, des chèvres, un énorme potager et des champs de pommes de terre et de maïs, de blé pour nourrir les animaux. Cela représentait beaucoup de travail pour un couple afin d'y vivre simplement mais heureux.
Ils savouraient les produits qu'ils avaient semés et récoltés. Ils discutaient ou se chamaillaient avec les voisins du hameau pour des broutilles ou des animaux envahissants les champs de l'un puis de l'autre.
A la retraite, bien méritée de mes grands parents, leur ferme a évidemment conservé ses murs, mais seuls les clapiers abritent quelques lapins, et les poules, certes moins nombreuses continuent à caqueter joyeusement dans le poulailler, au fond du jardin.
Même si je n'ai que neuf ans, je me souviens bien des fin d'après midi où j'accompagnais mon grand père pour aller chercher les vaches dans le champs voisin. Nous étions accompagnés du chien, fidèle et efficace pour rassembler et presser les vaches qui lambinaient sur la petite route sinueuse et encaissée entre deux talus qui me semblaient aussi hauts que des petites montagnes avec mes quatre ans et demi !
J'adorais ce moment privilégié avec mon grand père. Il avait toujours une anecdote à me raconter sur une vache du troupeau. Il m'avait confectionné un baton comme le sien, sur lequel je pouvais prendre appui pour marcher sur les terres parfois très humides et un peu glissantes des champs copieusement arrosés même pendant les mois d'été.
Bref ! Revenons à nos moutons, ou plutôt à notre jeu favori de cet été là : Jeux sans frontière, le célèbre jeu ancêtre d'Interville, que nous regardons à la télévision pendant les vacances.
Forcément, nous n'avons pas d'animateur, personne pour faire Simone Garnier, Guy Lux ou le cultissime Léon Zitrone ! Mais l'ambiance se voulait identique : de la triche, de la mauvaise foi, des règles pas toujours claires...
Nous passons beaucoup de temps à élaborer des jeux et des défis avec tout ce qui nous passe sous la main.
Chacun son tour, nous choisissons un jeu avec ses règles. Et forcément, chacun choisit un jeu dans lequel il a le plus de chance de gagner !
Pour ma part, je suis plutot à l'aise dans le transport d'objet et notamment les seaux remplis d'eau à transporter d'un bout à l'autre de la cour en passant par des obstacles.
Mon frère lui propose souvent un jeu d'adresse et d'équilibre sur la poutre en bois qui délimite le jardin.
Ma cousine préfère le chambeletout, et mon cousin, des courses de rapidité avec des obstacles.
On passe des heures à construire chaque épreuve mais aussi à expliquer les règles aux autres avant de commencer car il est "hors de question" de tricher.
On se dispute autant que Simone et Guy, avec autant de mauvaise foi !
Hier, c'est l'Espagne, représentée par mon frère qui a gagné.
Forcément, c'est lui le plus âgé, avec ma cousine, donc il a plus de force et d'endurance.
Avec mon épreuve, les deux grands auront un obstacle de plus à franchir que pour Alexandre et moi, les deux plus petits de la bande. Nous ne devrons pas monter sur le banc installé au milieu de la cour.
Une fois mis en place les différents objets, j'explique à mes adversaires de l'après midi en quoi consiste mon épreuve :
Chacun partira sur la ligne de départ avec un seau rempli d'eau.
On utilise nos seaux de plage.
On doit d'abord courir jusqu'au terrain de pétanque, enjamber les planches qui délimitent le terrain, puis courir au bout du terrain et toucher l'ardoise qui sert à noter les points.
Ensuite, on revient sur nos pas en retraversant le terrain, et, on enjambe à nouveau les planches pour quitter cette zone.
Puis, on se dirige vers les clapiers, en haut de la cour, devant lesquels sont disposés une grande pelle, une petite pelle, une passoire et un rateau en plastique.
Chacun doit en prendre un seul. Après l'arrivée, on tirera au sort pour savoir combien de points nous rapporte l'objet choisi.
On redescend au milieu de la cour directement pour les petits. Les deux grands, quant à eux, doivent monter sur le banc en bois, marcher dessus et redescendre par l'autre extrémité.
La ligne d'arrivée sera de taper sur le mur juste au dessus du robinet extérieur.
Evidemment, je propose une usine à gaz pour compter les points !
Trois points pour celui qui arrivera en premier à toucher le mur d'arrivée, deux pour le second, un pour le troisième, et zéro pour le dernier.
On gagne aussi des points avec celui qui arrive avec son seau d'eau le plus rempli d'eau : toujours trois points pour le premier et ainsi de suite.
Et enfin, on tirera au sort un papier qui dit grand pelle égale zéro point, petite pelle égal trois points, passoire, un point et rateau 2 points. Mais cela, je suis la seule à le savoir.
Pas bête non ? Pour être certaine de rafler 3 points ! Car les grands vont se dire qu'ils doivent prendre la grande pelle en pensant qu'elle rapportera plus de points.
Le gagnant peut donc marquer directement 9 points au maximum! Il est hors de questions que je laisse aux grands la possibilité de rafler les 9 points d'un seul coup.
Après dix minutes à expliquer et montrer le circuit que j'ai imaginé, nous nous installons sur la ligne de départ. J'ai même réussi à faire deux lignes de départ, séparées de deux mètres d'avance pour Alexandre et moi,
Parce que nous sommes plus petits
Mon frère et ma cousine sont en train de ricaner en se disant que je ne suis pas très futée de proposer une course aussi longue. Ils semblent certains de gagner, une fois encore !
Trois, deux, un ....
Je hurle le décompte du départ.
Je m'élance en faisant attention à tenir mon seau bien droit afin de perdre le moins d'eau possible. Ce n'est pas si simple de courir en tenant à deux mains son seau et éviter que l'eau ne se renverse.
Déjà mon frère me dépasse, avant même d'enjamber les planches qui bordent le terrain de boules.
Pff avec ses grandes jambes, il a vite rattrapé ses deux mètres de retard.
Sauf qu'il enjambe trop vite les planches et une bonne partie de l'eau de son seau se renverse.
C'est ma chance je dois garder le plus d'eau dans mon seau si je veux marquer les trois points.
Il détale sur la longueur du terrain sableux, et déjà, tape sur l'ardoise des scores.
Je tape en second, quelques secondes avant ma cousine, Laura. Avec ses grandes jambes de douze ans, elle me dépasse dans la montée vers les clapiers. Mais on attrapant la passoire, après que mon frère ait évidemment pris la plus grande pelle, elle renverse la totalité de son seau devant les lapins apeurés par nos cris.
J'arrive en troisième et je prends la petite pelle, celle qui va me rapporter trois points! Alexandre arrive à peine quand je suis au milieu de la cour, et que mon frère et Laura escaladent déjà le banc au coude à coude. Mon frère est gené par la grande pelle et renvers encore un peu d'eau mais il garde la tête et franchit l'obstacle avant ma coussine.
Laura jette son seau vide qui la gêne pour avancer sur le banc. Elle sait qu'elle n'arrivera pas première mais vise la deuxièmep place.
Certainement pas ! Je veux gagner cette seconde place.
Alors je cours de toutes mes forces pour toucher le mur juste après mon frère. Et, j'y arrive quelques secondes avant elle !
Alexandre arrive trente secondes après Laura !
Nous sommes fiers de cette épreuve. Elle était difficile juste comme il faut !
Maintenant, on va compter les points.
Mon frere est arrivé premier, il marque trois points.
Moi, deux points,et, Laura 1 point.
Pour le niveau d'eau dans les seaux, c'est simple pour les deux grands : Laura n'a même plus de seau donc zéro, mon frère, il lui reste un tout petit fond d'eau ce sera donc un point.
Là où il y a discussion, c'est entre Alexandre et moi. Les italiens incarnés par mon petit cousin, et les espagnols que je représente sont deux peuples qui hurlent pas mal à chaque délibération. Nous incarnons nos rôles à la perfection : nous crions victoire tous les deux, en hurlant dans la cour comme des fous !
Il n'y a pas d'arbitre dans notre jeu, alors mon frère, plus sage, va chercher le mètre du terrain de boule et plonge le cable dans chacun de nos seaux posés côte à côte dans la cour. Je gagne de un centimètre !
Je hurle :
OUIIIIIIIII ! L'Espagne marque trois points !
Maintenant, le tirage pour savoir que objet rapport combien.
Mon frère, sûr de lui, pense vraiment ajouter trois points à son compteur avec la grande pelle. il est furieux quand il découvre ce que j'avais préparé.
Je suis très très fière de mon coup !
Alors je résume :
Stéphane, pour l'Allemagne, tu as trois points pour la course, un point pour l'eau et zéro point pour la grande pelle, donc tu marques quatre points
Laura, pour la France, tu as un point pour la course, zéro pour l'eau et un point pour la passoire, donc ton total est de deux points
L'Italie, pour Alexandre, tu as zéro point pour la course, deux points pour l'eau et deux points pour le rateau, donc ton total est de quatre points.
Et pour l'Espagne, je marque donc deux points pour la course, trois points pour le seau et trois points pour la petite pelle. Mon total est donc huit points .
Je déclare l'Espagne vainqueur !!!!
Les deux grands sont beaux joueurs et disent en même temps :
Bravo pour tes règles, tu nous a bien eu !
Mais attends la prochaine épreuve, et on verra qui gagnera le jeu en entier.
Un cri retentit en provenance du préau :
Les enfants, c'est l'heure du goûter, crie ma grand-mère.
Alors, on abandonne tous nos seaux, mètre et banc au milieu de la cour, et on courent à la cuisine afin de dévorer nos belles tartines de pain de campagne, bien croustillantes, recouvertes de la confiture d'abricot de ma grand mère. On adore !
A peine la dernière bouchée engloutie, on se précipite sur le canapé pour regarder la télé car c'est l'heure de croque vacances.
La pause va être courte, car notre grand père arrive et nous dit :
Les enfants avant de regarder la télé, vous allez me ranger ma cour et tout remettre à sa place. Sinon, je vais me fâcher.
Ce n'est pas toujours simple la vie de participants, réalisateurs de Jeux sans frontières. On doit vraiment tout faire, même ranger.
Mais qu'est-ce qu'on rigole bien !
# Jeux sans frontières - vie rêvée
Ici Guy lux, je suis en direct de l'Espagne dans la belle ville de Barcelone.
Nous sommes en direct avec Simone et Léon. Où êtes-vous, tous les deux ?
Bonsoir, Guy, ici Léon Zitrone et je suis ravi de vous accueillir à Florence en Italie, avec mon amie Simone en duplex de la France.
Comment allez-vous Simone, ce soir ?
Bonsoir messieurs ! Je vais très bien et je suis ravie de représenter la France, en direct de Brest, pour ces Jeux sans frontière exceptionnels.
En effet, ce soir nous allons assister à des jeux avec des enfants de chacun des pays partenaires à notre émission.
Je vous présente le chef d'équipe pour la France, et elle s'appelle Laura ! Quel âge as-tu Laura et d'où viens-tu ?
Bonjour, je suis Laura et j'ai douze ans. je viens de Paris, mais là,je suis en vacances chez mes grands-parents à côté de Moncontour dans les Côtes du Nord.
Parfait Laura, la victoire est destinée aux bretons, ce soir, j'en suis certaine.
Et vous Guy, comment cela se passe chez vous ?
De mon côté, je suis avec Céline qui représente l'Espagne.
Dis moi, Céline, pourquoi avoir choisi l'Espagne ?
J'adore le chorizo, et, l'Espagne gagne souvent à ce jeu alors je voulais être l'Espagne !
C'est une très bonne raison, cela ma petite Céline !
Et quel âge as -tu ?
J'ai neuf ans !
On va voir si tu es la Benjamine ce soir.
Alors Léon, quel âge a votre chef d'équipe ?
Bonsoir à tous, ici Léon qui vous parle en direct de la magnifique ville de Florence. Je suis avec Stéphane, le jeune chef d'équipe d'Italie. Quel âge as tu, Stéphane ?
Bonsoir j'ai douze ans, Monsieur Léon. Et je suis ravi d'être là ce soir. On va gagner car notre équipe est très forte !
Et bien jeune homme, vous êtes bien sûr de vous ! Et vous avez raison !
Alors je déclare ces jeux sans frontières spécial enfants ouvert !
Que la meilleure équipe gagne.
Même si tout le monde sait déjà que les italiens vont ramener la coupe ce soir !
Et voilà le ton est donné, chaque animateur défend son équipe.
J'adore !
Enfin j'aimerais bien que Guy nous soutienne un peu plus. Mais, j'imagine que c'est une tactique. Il laisse du temps de parole aux deux autres animateurs pour pouvoir mieux argumenter en cas de triche lors des jeux.
Etre la capitaine de l'équipe d'Espagne est un privilège lié à mon rêve,et, j'ai pu choisir les enfants de mon équipe. Je les ai choisis avec soin : j'ai pris des copines et des copains sportifs mais aussi des malins. Nous nous sommes entraînés à fond avec un entraineur sportif pour les courses, nous avons travaillé notre équilibre pour les jeux d'adresse, et notre capacité à bien viser pour les jeux de tir.
Chaque pays à choisi un jeu, l'a construit. Ils ont beaucoup de moyens à la télévision, et en plus, c'est un jeu diffusé dans toute l'Europe !
Notre public espagnol et barcelonais est survolté dès que nous entrons dans le stade.
Tout le monde crie
Allez l'Espagne ! Allez l'Espagne !
Mon coeur bat à cent à l'heure. Je suis plus fière qu'un paon qui fait sa plus jolie roue pour séduire sa femelle.
Je m'avance, avec l'équipe, vers la ligne de départ du premier jeu sur laquelle nous attend Guy Lux.
Il me tend le micro en tirant sur le fil pour être certain que tout le monde m'entende bien :
Alors Céline, vous allez ouvrir les jeux, ce soir, avec l'épreuve que vous avez choisie.
Racontez-nous de quoi il s'agit ?
Je ne suis même pas impressionnée, seulement galvanisée par le fait de jouer à mon jeu préféré de l'été, devant un public enthousiaste !
Je me lance dans la présentation du jeu que j'ai imaginé, dessiné sur des plans, puis que j'ai encadré lors de sa réalisation avec les ouvriers, les ébénistes, les réalisateurs.
J'ai adoré cette étape de construction.
Dans mon rêve, je pouvais imaginer qu'on doive marcher la tête en bas, passer dans un espace sans apesanteur, faire une pause de "tu me tiens, je te tiens par la barbichette, le premier de nous deux qui rira aura une tapette" et perdra trois points.
Le défi le plus difficile est de grimper en haut d'une petite montagne afin de décrocher la.... lune !
J'ai toujours rêver de réaliser cette expression.
Allez, je t'explique le principe de l'épreuve en détail.
Le but principal est d'arriver le premier à cette course qui passe à travers différents obstacles ou jeu.
Chaque équipe s'élance par groupe de cinq.
Le premier passage est une course avec des savonettes en guise de semelles. Les adversaires ont le droit de lancer deux seaux d'eau dès que l'un des membres de leur équipe est passé. Donc forcément les derniers à passer vont beaucoup plus glisser que les premiers, la piste étant de plus en plus mouillée.
Arrivé au bout, on doit marcher la tête à l'envers comme une mouche sur un plafond. Nos pieds sont fixés dans des aimants géants.
Ensuite, on entre dans une salle en apesanteur et sans les mains on doit la traverser le plus vite possible.
A la sortie de cette salle, on enfile nos baskets et on doit monter en haut de la colline pour décrocher le quartier de lune qui illumine la baie de Barcelone.
A mi chemin de la descente, on doit attraper l'un de ses concurrents et entamer un jeu de la barbichette. Celui qui rit, donc perd, fera perdre trois à son équipe. C'est du sérieux.
En bas de la descente, nous attendent Candy et Capucin, son raton laveur. Elle donne au premier un trophée, au second une assiette et au troisieme un baiser !
Je sens que les garçons vont vouloir arriver troisième. C'est moi qui ait choisi les cadeaux distribués par Candy !
La ligne d'arrivée est actionnée par Goldorak.
Evidemment, chaque équipe se téléporte dans chaque pays pour chaque épreuve.
Evidemment, nous gagnons haut la main l'épreuve que nous avons imaginée en Espagne
Je décroche la lune, je fais rire mon adversaire italien, qui ne pense qu'à arriver troisième pour avoir un baiser de Candy. Et je franchis la ligne d'arrivée acclamée par Artarus qui m'invite aussitôt dans sa navette.
Même si j'ai gagné très nettement, Leon et Simone hurlent qu'il y a eu triche. Que mon équipe a fait des croches pieds aux italiens, que la lune était mal accrochée. Que Candy a dragué les italiens et que cela les a déconcentrés...
Evidemment nous arrivons second aux deux épreuves en France et en Italie.
Evidemment, Guy Lux crie plus fort que les autres pour justifier nos triches,et, comme nous avons plus de points que les autres, c'est bien l'Espagne qui gagne ce jeu sans frontière spécial enfants.
Bref, un véritable jeu sans frontière, comme je l'aime !
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