Chapitre 2
Amber
Voilà maintenant deux semaines que l’enterrement a eu lieu.
J’ai arrêté de pleurer. C’est déjà ça.
Mais le vide à l’intérieur est toujours là.
Parfois, j’ai l’impression qu’il prend la forme d’un trou noir, et qu’il va finir par m’avaler.
Topaze m’a proposé plusieurs fois de la voir, mais je ne me sentais pas capable.
Pas encore.
Je crois que j’ai juste eu besoin de me taire. De disparaître un moment.
Mais bon… peut-être qu’elle a raison.
Si je continue à rester enfermée ici, à me couper du monde, je vais finir par sombrer pour de bon.
Alors aujourd’hui, j’ai décidé de cuisiner un peu.
Ça faisait longtemps.
J’ai perdu pas mal de poids ces derniers temps, et l’idée d’une bonne omelette aux pommes de terre et aux oignons me réconforte un peu.
Avec une petite salade de betteraves, comme maman aimait.
Elle disait toujours : « C’est simple, protéiné, et bon pour la santé. »
Maman…
C’était une femme merveilleuse.
Elle avait de l’entrain pour tout.
J’ai l’impression que c’était elle qui me portait dans la vie.
Maintenant qu’elle n’est plus là, je me sens comme une coquille vide, posée là, sans moteur.
Je bats les œufs avec énergie, comme pour évacuer ce qui me ronge.
Un peu de sel, un peu de poivre, ça embaume déjà la cuisine.
Je m’attaque aux betteraves.
Et si j’essayais de les couper en fines tranches, comme un millefeuille ? Ce serait joli.
En découpant lentement, je baisse un instant les yeux.
C’est là que je la vois.
La bague.
Celle que maman me donnait à porter quand j’étais petite.
Une bague en or, sertie d’un gros rubis.
Elle me disait :
« Tu vois ce rubis, ma chérie ? Il est beau, mais toi, tu es encore plus précieuse. Plus belle et plus parfaite que lui. »
Mon cœur se serre.
Finalement, c’était une bonne idée, cette omelette.
Elle est délicieuse.
Et puis… ça me fait du bien de manger un vrai plat, chaud, fait maison.
Un geste simple. Mais vivant.
J’ai commencé à jeter un œil aux offres d’emploi.
Rien ne me parle.
Je n’arrive pas à me projeter.
Je ne me sens pas prête à travailler, pas maintenant.
J’ai cette sensation que je pourrais m’effondrer dès le premier jour.
Alors peut-être que je dois être prudente, encore un peu.
Me reconstruire d’abord.
Avant d’essayer de fonctionner à nouveau.

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