Chapitre 12

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Paige

La scène qui vient de se passer me laisse un goût amer. Ce n’est pas le genre de Molly… fouiller dans un sac ? Impossible. Et pourtant, dans ses yeux, je n’ai pas vu la panique de l’innocence. Non. J’ai vu autre chose. Une détermination froide. Comme un fauve qui attend son moment.

Je déteste cette tension. Pas maintenant. Pas pour ce voyage. Je veux qu’on profite. À fond. Ensemble. Alors je décide : je vais désamorcer tout ça.

Je me tourne vers Molly.

— Oh merde… la boulette !

Je lâche ça bien fort, avec un air dramatique, juste pour détourner son attention. Ses yeux quittent enfin Tricia pour se poser sur moi.

Molly — Qu’est-ce qu’il y a ?

Paige — Je suis trop conne… J’ai oublié ma crème solaire. Tu te rends compte ? Je n’ai pas préparé ma peau pour le soleil. Et même si j’ai le teint un peu hâlé, je vais cramer comme un poulet rôti. Tu penses que tu en as, toi ?

Molly (un sourire timide) — Oui, t’inquiète. J’ai pris tout ce qu’il faut. Je suis blanche comme un cachet d’aspirine, tu crois quoi ? C’est la première chose que j’ai mise dans ma valise.

Paige — Ouf, merci ! Ça me tarde trop qu’on se fasse dorer au soleil avec des cocktails à la main.

Molly — Moi aussi… mais ce dont j’ai vraiment hâte, c’est de m’écrouler dans un lit. J’en peux plus des transferts.

Paige — Pareil. Mais après une bonne nuit, on sera prêtes à profiter à fond.

Molly (petit rire) — Ouais, t’as raison.

Molly (voix intérieure)

Merde. Elle m’a grillée. Et Tricia aussi. Son regard m’a transpercée comme une aiguille. Je sais qu’elle n’a pas cru une seconde à mon excuse. Et puis Amber… bienveillante, mais avec ce petit doute dans les yeux. Tant pis. Ce n’est pas ça qui va m’arrêter. Il faut juste que je sois plus prudente. Discrète. C’est censé être mon domaine, bordel…

Paige

Bon, j’ai détendu Molly. Un peu. Reste à faire redescendre tout le monde. Ce voyage, je le veux parfait. LE voyage dont on se souviendra toute une vie.

Je me penche vers Amber. Elle a le nez plongé dans son carnet depuis tout à l’heure. Je pose doucement ma tête contre son épaule, effleurant son bras de ma main.

— Qu’est-ce que tu regardes de beau ? On dirait une érudite perdue dans ses grimoires.

Amber (sourire gêné) — Je relis mes fiches de développement personnel. Depuis que je m’y suis mise, ça me passionne. J’ai l’impression de me transformer, de devenir… une meilleure version de moi.

Paige — Franchement, je trouve ça trop bien. Moi, j’ai jamais eu la discipline pour ça. Mais je t’admire, vraiment. Et… si je peux dire un truc sans que tu le prennes mal : la manière dont tu traverses tout ça… je parle de ta mère… ça force le respect. T’as une force incroyable.

Elle ne répond pas. Elle se contente de m’attirer contre elle dans une étreinte chaude, presque tremblante.

— Merci, Paige. Même si on ne s’est pas vues souvent ces dernières années… ta présence me fait un bien fou.

Je sens son souffle, fragile mais sincère. Et à cet instant, je me dis que je veux découvrir chaque recoin de cette fille.

On reste comme ça, front contre front, un petit cocon au milieu des tensions.

Mon regard glisse vers Topaze. Elle applique du vernis, concentrée… ou du moins, c’est l’image qu’elle donne. Mais son visage est fermé. Ses yeux semblent ailleurs, pleins de pensées qu’elle garde pour elle. Elle a ce truc… une aura glaciale et magnétique à la fois. On dirait une héritière russe tombée du ciel, avec ses cheveux blonds qui accrochent la lumière et ses yeux perçants. Une beauté qui intimide. Une guerrière, clairement.

Tricia, elle, a la tête collée à la vitre, comme si elle voulait traverser le verre pour s’échapper. Je décide de tenter un truc.

Je pose ma main sur son bras, doucement.

— Ça va ? J’ai remarqué que t’as presque rien mangé pendant le vol. Tu dois être crevée.

Tricia (sourire qui dévoile ses dents parfaites) — Ouais, t’inquiète. J’ai eu des maux d’estomac ces derniers jours, mais ça va passer. Et puis, on va se rattraper avec le liquide là-bas, ahah ! Pension complète, les meufs. Cocktails à volonté !

Je ris, sincèrement.

— Oh, mais compte sur moi pour rentabiliser ! Minimum dix cocktails par jour, c’est ma résolution du séjour.

Elle sourit encore, mais cette fois, sans les dents. Ses yeux, eux, restent figés.

J’ai essayé de détendre l’atmosphère. Vraiment. Mais ça flotte encore. Tricia crispée comme un fauve prêt à bondir. Molly qui lance des regards en coin, tranchants comme des lames. Topaze… impassible, mais je sais qu’elle rumine. Et Amber… douce Amber, calée contre moi, qui sent la camomille et le mystère.

Je pose ma tête contre la vitre. La pluie file sur le pare-brise, traçant des rivières lumineuses sous les néons. Ça me berce. Et malgré tout… malgré les ombres, je suis pleine d’excitation. Encore quelques heures. Et nous serons là-bas. À l’hôtel. Dans ce paradis qu’on nous a vendu.

Enfin… si c’est vraiment un paradis.

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