Chapitre 13

2 minutes de lecture

Paige

Le van s’immobilise dans un crissement feutré. Le port s’étend devant nous… ou plutôt, ce que je peux deviner du port. Tout est sombre. Comme si quelqu’un avait baissé la lumière du monde. Pas une âme, pas un bruit, juste le clapotis lourd de la mer.

Une sensation étrange me parcourt la nuque, glaciale et moite à la fois. Je déteste ça. Ça sent pas bon.

Les filles émergent, à moitié mortes de fatigue. Le chauffeur marmonne quelques mots que je ne comprends pas, mais ses gestes sont clairs : dehors.

On se traîne, des ours mal léchées au réveil. Les valises s’entassent dans un fracas métallique. Je jette un coup d’œil autour de moi. C’est désert. Pas un pêcheur, pas une lanterne. Rien.

L’air colle à ma peau comme une seconde chair, lourd, humide, presque vivant. Je ravale ma salive.

Silence de plomb. Il faut que je casse ça.

— La mer est magnifique sous la lune… On dirait un tableau !

(J’y mets tout l’enthousiasme que je peux.)

Molly lève à peine les yeux, le visage de marbre.

— Elle a beau être belle, elle peut te tuer en quelques secondes.

Ok. Merci pour la poésie, bestie. Tu sais comment réchauffer l’ambiance…

Je cherche un peu de réconfort du côté d’Amber. Elle me sourit, doux mais lointain, comme si quelque chose d’autre l’habitait. Ses yeux glissent vers l’horizon, absents.

Et là, une voix fend le silence, sèche comme un coup de fouet :

Topaze — Sérieux ? Qui prend un bateau à cette heure-ci ?! Je te faisais confiance pour l’organisation, Tricia. J’aurais peut-être pas dû.

Sa mâchoire se contracte. Ses pommettes saillent dans la lumière blafarde. On dirait une statue prête à se briser.

Tricia pianote sur son téléphone depuis tout à l’heure. Elle finit par lever la tête, lentement. Sa voix est lisse, mais un peu trop.

— T’inquiète pas. Tout est prévu. Et puis… (elle s’éclaircit la gorge) comme ça, on évite la foule. Ce soir, on se repose, et demain, on profite d’une journée complète. Pas de temps perdu.

Topaze lâche un “ouais” qui claque comme une gifle.

Tricia enchaîne, les yeux rivés sur son écran :

— Le pilote m’a confirmé. Le bateau nous attend. Deux cents mètres, par là. Suivez-moi.

Dix minutes à pianoter pour apprendre ça ? Sérieusement ?

Mais bon, j’avale ma réflexion. À ce stade, je veux juste une chose : un lit.

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