8 - Tentative

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— Écoutez-moi tous ! Nous avons un moment de répit. Profitons-en pour tous se rencontrer et trouver une solution à ce problème. Ok ? Rendez-vous immédiatement sur la plage du Morgat devant l’hélice du porte-hélicoptère Jeanne d’Arc !

Je me redresse, entends dans mes écouteurs, des « Ok », des « Oui » et des « d’accord » s'élever. J'enfile un jean denim, puis me précipite dans l’escalier. Je croise ma mère en bas des marches.

— Bah tu vois, tu as réussi à sortir !

Je ne réponds pas, enfile mes baskets et mon blouson, puis sors rapidement de la maison, claque la porte. Dès que je pose le pied sur le bitume, un sifflement strident me frappe les tympans. Je plaque mes mains sur mon casque, continue d'avancer vers le portail. Le bruit est de plus en plus fort. Dès que j'atteins le poteau du portillon, le son est assourdissant. Je hurle de douleur, m’écroule à genoux. J'agrippe mon casque de gamer, tente de le retirer, mais il refuse de bouger. Je n'arrive pas à l'enlever ! Comme s'il était collé sur ma tête. Je tremble de fatigue. Faut que ça s’arrête ! Je tourne la tête vers la maison, puis remonte l'allée vers la porte d'entrée. Dès que je pose la main sur la poignée, le bruit dans mes oreilles s’arrête. Essoufflé, je me pose dos contre le mur, assis, bras ballants sur mes genoux. Je sens un liquide suinter de mon oreille gauche pressée contre les écouteurs.

— J’peux pas aller plus loin...

— C’était une bonne tentative, mais irréalisable, lance la voix féminine. Comme vous l’aurez compris, vous ne pouvez pas aller plus loin que le palier de votre maison. Je ne vous le permets pas.

Je souffle nerveusement, puis me lève. J'aperçois une lueur à la fenêtre de l'étage de la maison d'en face. La fenêtre s'ouvre, un adolescent se penche et me fixe du regard.

— Hey, tu serais pas Maxence ?

— Si, c’est moi. Et toi... Lucas ?

— Ouais... Ça me fait flipper cette histoire. Je veux arrêter de jouer.

— Moi aussi... Il faudrait que tous les autres joueurs refusent aussi.

— Hors de question, s'exclame un autre garçon à travers mon casque.

— Qui es-tu ?

— Je me présente, Ulrich. Je représente l’Allemagne. Mais on s'est déjà croisé au lycée.

— Quoi ? T'es du lycée Fénelon ?

— Exact. Je gagnerai la bataille et remporterai le jackpot.

— Attends. Tu... tu ne peux pas faire ça, nous allons tous mourir...

— Et alors ?

— Nous subissons les blessures de notre avatar dans le monde réel... Nous ne voulons pas mourir.

— Bats-toi si tu ne veux pas mourir.

— Mais, ce n’est pas sans conséquences, panique Lucas. Ce n’est pas un simple jeu !

— Je m'en fous de vos peurs. Moi, je suis là pour gagner.

— ARRÊTE ! dis-je. Ça ne te fait rien de tuer réellement des gens ?

— Je ne vous connais pas. Ça m’est égal.

— Arrête tes conneries !

— As-tu été touché ? demande Lucas.

— Moi ? Non, jamais. Je suis invincible.

— Alors, laisse-toi toucher et tu verras ce que ça fait !

— Pour que vous gagniez ? Hors de question !

— Ce n’est plus un jeu ! dis-je. DEN WAR n’a rien à voir avec WAR P KOR !

— Cachez-vous bien les mauviettes, je vous éliminerai tous.

J'entends un bruit de coupure de son. Il est sérieusement dérangé ce type. Avec un joueur comme ça dans la partie, comment vais-je m'en sortir ? C'est un cauchemar qui a l'air très vrai.

— Retournez à vos postes, lance la voix féminine. La pause est terminée. Le jeu reprend dans 5 minutes.

Je soupire, puis observe Lucas fermer la fenêtre. J´entre dans ma maison, les rires de mes parents et de ma soeur parviennent jusqu'à mes oreilles. Je monte dans ma chambre, la tête basse. Je me demande si je peux leur en parler. Mais ma mère ne voit pas les blessures. Comment leur faire comprendre qu'il se passe quelque chose d'horrible en jouant à un simple jeu vidéo s'ils ne parviennent pas à distinguer mes plaies ? Je me sens démuni face à cette situation.

Je regarde l'heure indiquée sur l'écran de mon ordinateur, 21:03. Déjà ? Lundi, il faudra bien que j'aille à l'école. Je dois expliquer la situation à mon père, mais pour l'instant, je dois me cacher d'Ulrich. J'entends le cliquetis de la porte. Elle vient de se verrouiller toute seule. Je n'en reviens pas. Le tonnerre gronde dehors. Je sursaute, puis place des doigts tremblants sur les touches du clavier. Le décompte a commencé, 10, 9, 8... Une musique de binioù résonne, puis la voix féminine fait son annonce.

— À vos marques, prêt, partez !

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