Chapitre 3

4 minutes de lecture

Par Diraxo

La piscine, le restaurant, la balade, les caresses… Et puis ce garçon qu’il avait aimé durant ce moment éphémère…

Nathan était dans son lit, en se demandant ce qui venait de lui arriver. Sa respiration était haletante, son cœur cognait contre sa poitrine et son front humide lui faisait comprendre qu’il sortait d’un autre monde. Il agrippa une bouteille d’eau, la vida, s’essuya le front et se convainquit que ce n’était pas vrai.

« Allez ! Calme-toi, dors, ça n’arrivera pas. »

***

En ce soir chaud d’automne, assis côté passager de la voiture, Nathan observait le paysage défiler, la tête remplie de questions. Il repensait à cette dernière nuit chez ses parents, ce rêve qui était, encore une fois, revenu pour le hanter.

Mais il ne devait pas y songer, car ce jour-là, il allait s'installer à Paris. Nathan, 18 ans et à peine 1m70, mais toute la joie de vivre et l’optimisme d’un garçon heureux, était sorti de Terminale dans un lycée normand, dans lequel il avait fait partie des meilleurs.

Les souvenirs de son rêve de cette nuit remontaient, d’autant plus que ce n’était pas la première fois. Nathan était opposé à toute idée sentimentale et voulait rêver de tout sauf de cette débilité.

Alors, pour se distraire, il retraçait son chemin. Il avait tout réussi jusque-là, il allait dans une école d’ingénieur pour compléter son parcours déjà tout tracé. Deux semaines après la rentrée officielle, la sienne allait débuter et il allait découvrir son nouveau lieu de vie.

— Maman m'a envoyé un message « Coucou bonne route et bonnes semaines à dans deux semaines. Biz Maman » dit Nathan.

— Déjà ? Elle est rapide, mais ça m’étonne même pas. rétorqua son père.

Durant le trajet, son père et lui parlaient pour ne rien dire, pour remplir le silence et masquer la douleur grandissante qui les saisissait tous les deux. Nathan avait toujours été doué pour trouver des échappatoires et ne pas montrer ses sentiments. C’en était devenu sa spécialité. Il refusait de croire aux sentiments, il avait horreur de perdre le contrôle de soi, d’extérioriser quelque chose pour s’en débarrasser. Il se débrouillait très bien tout seul et n’avait ni besoin de quelqu’un à qui parler, ni de quelqu’un à aimer. Alors il cachait tout et c’était très bien comme ça.

Il eut à peine le temps de réfléchir à tout cela et de parler un peu avec son père que son emménagement était déjà terminé.

— Bon ! lança son père. Nous, on va s’rentrer !

— C’est vrai, maman va pas tarder à t’appeler sinon, répondit alors Nathan dans une tonalité presque habituelle qu’il doutait pouvoir garder avec une phrase plus longue.

— Allez, passe une bonne rentrée et bon courage alors ! On s’revoit dans deux semaines !

— Au revoir ! lança timidement son petit frère, resté un peu en retrait.

Nathan, lui se contentait d’un signe de la main, il sentait une petite boule se former dans son cou. En fermant la porte, il vit son père et son frère qui s’en allaient dans la rue. C’est là, à ce moment précis, quand le sentiment d’abandon a surpassé l’excitation de la solitude, que cette boule a failli fondre laissant une petite larme couler sur la joue de Nathan. Mais il lui en faudrait plus pour aller mal.

— Netflix dot COM ! criait Nathan dans sa tête. En lançant Netflix. C’était son petit rituel avant de répéter « TouDoum ! » en lançant sa série du moment.

Cette soirée, il avait décidé de la passer de bonne humeur, il voulait se remonter le moral pour aborder sa nouvelle vie en copiant soigneusement l’ancienne. Il commença par regarder une série, seul, avec un plat de gnocchi qu’il adorait.

Puis, lorsque la fatigue le saisit, il attrapa une bouteille d’eau, un short, son téléphone et sauta dans son lit. Allongé sur son matelas, le regard rivé vers le plafond, il se mit alors à penser à cette nouvelle vie qui allait commencer, à ce nouvel environnement dans lequel il allait se jeter la tête la première.

— Ça va être la meilleure période de ma vie ! se répétait-il en boucle.

Les yeux plissés, il voyageait entre sommeil et éveil et s’imaginait le lendemain et les jours d’après. Il se voyait déjà dans un parc avec tous ses futurs potes à bavarder d’un peu tout sauf des examens. Aussi, il voyait dans sa tête ses nombreuses sorties sportives, à la muscu, pour courir et se balader; peut-être même jouerait-il sur un terrain de football comme avec son petit frère avant. En ce doux moment, il se disait qu’il partirait peut-être même en vacances avec des potes à la fin de l’année, qu’il irait dans un endroit tranquille ou dans une ville festive remplie de monde, tant qu’il partait avec des potes chaque image était bonne.

Ce même tableau que son esprit esquissait lui rappelait ses vacances pas si éloignées. Il avait passé des après-midi à bronzer et à aller à la plage, il avait visité des marchés nocturnes et les villes alentours avec ses parents sans oublier les bons restaurants presque tous les soirs. Les vacances, c’était le moment auquel Nathan pensait toute l’année, quelques semaines de plaisir qui suffisaient à le motiver tout le reste de l'année. Son esprit le ramenait d'ailleurs à ses précédentes vacances, précisément à la fête nationale quand, avec son meilleur pote, ils sortaient du camping pour se rendre au bord d’un magnifique lac à proximité duquel allait avoir lieu l’un des plus beau feu d’artifice de la région. Cette soirée qu'ils avaient passée tous les deux, après s’être tournés autour toute l’année. Le petit blond qu’il trouvait si beau était lui aussi sous le charme et avait profité de cette nuit et de tout le reste de ses vacances avec Nathan avant de ne plus jamais le revoir.

Les yeux de Nathan étaient fermés. Enfin, il dormait paisiblement. Ces images qu’il avait vues l’avaient réconforté, lui qui quelques minutes plus tôt se décevait de l’inconfort de son matelas et était stressé à l’idée de devoir tout recommencer. Il était là, les yeux fermés et la bouche à demi-ouverte, plié sur son lit et endormi. Ses pensées continuaient de parader dans sa tête. Ce jeune homme si sûr de lui rêvait comme presque jamais il ne l’avait fait. Cette nuit spéciale marquait un nouveau début.

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