Chapitre 8

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Par Rowani

Des feuilles étaient étalées sur tout le bureau, seul le bruit de la plume qui grattait contre le papier venait perturber le lourd silence qui régnait dans cette chambre. Lucas, le dos courbé, concentré à fond sur son travail, oubliait tout ce qui l’entourait.


La nuit tombait peu à peu dehors, l’obligeant à allumer sa lampe. Il resta ainsi pendant deux heures, son corps ne bougeait que lorsqu’il devait prendre une autre feuille, sa main lui faisait mal à force d’écrire, mais il était tellement déterminé qu’il en arrivait à oublier en partie sa douleur.

— Tu devrais prendre une pause... lui souffla une voix douce.


Lucas sursauta. Il regarda vers la direction d’où provenait cette voix : c’était sa mère. Elle était debout, devant l’entrée de sa chambre, en train de le regarder travailler. Sa tendresse et sa bienveillance l’apaisèrent immédiatement.
— Oui, t’as raison, Maman... Je serai plus efficace en faisant une pause.


Elle leva les yeux au ciel en laissant échapper un petit soupir.
— Ce n’est pas qu’une question d’efficacité, Lucas. Tu dois vraiment te reposer, tu n’as pas à t’infliger ce rythme.
— C’est rien, c’est juste aujourd’hui où j’ai pas mal de boulot. Et puis dans tous les cas, j’aurai des vacances pour me reposer !

Elle s’approcha de lui, puis passa délicatement un doigt dans ses cheveux. Lucas ferma les yeux, il avait l’impression d’être transporté dans un autre monde.
— Je sais que tu veux rendre ton père fier de toi. Mais je pense que celui qui en exige le plus, c’est bien toi. Je sais aussi que je ne pourrai pas t’arrêter, je comprends pourquoi tu fais tout ça...
— C’est pour toi, Maman !
— Je sais bien... soupira-t-elle. Mais ça me fait du mal de te voir souffrir à cause de moi. Tu devrais sortir, aller voir des amis !
— J’suis en prépa, tu sais bien que c’est pas possible !
— Tu es le premier de ta classe, tu mérites bien un peu de répit, mon chéri...

Ils furent interrompus par le bruit de la sonnette de la maison. Lucas se dépêcha alors d’aller ouvrir en bas : c’était Paul.

Il avait l'air en bien meilleur état, ses cernes avaient disparu, son visage était illuminé par un grand sourire, ses yeux étaient pétillants.
— Salut ! lança-t-il.
— Euh salut... tu veux quoi ?
— Ah bah sympa, l’accueil ! T’as l’air vachement content de me voir !
— Nan nan, c’est juste que je travaillais... mais t’inquiète pas je venais de commencer ma pause. Entre !

Paul s’avança à l’intérieur, salua le père de Lucas d’un signe de la main, puis ils montèrent tous les deux dans sa chambre.

Lucas prit soin de fermer la porte derrière lui.
— Qu’est-ce qui t’amène ? lança-t-il.
— Rien du tout ! Je venais juste voir mon meilleur pote !
Lucas leva les yeux au ciel à l’entente de ce « meilleur pote ». Quelque chose était louche, Paul semblait préparer quelque chose.


— T’as l’air de bonne humeur, aujourd’hui, lança Lucas sur un ton ironique.
— J’ai beaucoup réfléchi, et j’suis déterminé à devenir quelqu’un de bien. Plus de mensonge, plus de tromperie, plus de trucs en cachette. Aujourd’hui, c’est le début de ma renaissance et je suis quelqu’un de nouveau !


Paul bombait le torse et serrait le poing, regardant loin devant lui avec fierté. Lucas souriait, à la fois amusé par cette posture presque ridicule, et heureux que son ami se sente à nouveau bien et ait envie de faire de bonnes choses.
— Et pour commencer cette nouvelle vie, ajouta Paul, je vais tout faire pour réparer les fautes du passé !
— C’est à propos de Livia ?
Paul se tourna vers lui et hocha la tête de haut en bas avec un regard complice.
— T’as tout compris !
— Tu vas venir t’excuser auprès d'elle ?
— Nan ! répliqua-t-il, un sourire malicieux en coin. Je vais faire bien mieux que ça !


Lucas fronça les sourcils. Ça ne sentait pas vraiment bon, connaissant Paul et ses idées saugrenues : il trouvait toujours le moyen de régler un problème par un autre problème encore plus gros. Il attendit la réponse avec appréhension, les battements de son coeur se mirent d'un coup à s'accélérer, sa mâchoire se serra.

Son ami entrouvrit les lèvres...
— J’vais la récupérer ! J’vais lui montrer c’que je vaux, que j’peux être digne de confiance et que j’peux la rendre heureuse.

Il avait l’air si sûr de lui, avec des étoiles dans ses yeux... C’en était presque effrayant pour Lucas, qui recula légèrement en entendant cette phrase.
— Et... bredouilla-t-il. Comment tu comptes t’y prendre ?
L’expression de Paul devint soudain plus grave, il planta son regard dans le sien et fit deux pas en avant. Il faisait une tête de plus que lui, lui permettant de le regarder d’en haut et de l’impressionner en lui parlant. Il prit un ton solennel :
— J’aurai besoin de ton aide.


Lucas se mit à frémir.
— C’est pour ça que t’es venu chez moi ? lâcha-t-il d’une voix faible.
— Personne ne connaît mieux Livia que toi, continua Paul en ignorant sa question. C’est toi qui peux la convaincre de me laisser une chance !

Lucas se renfrogna soudain.
— Tu l’as quand même trompée, et vous avez rompu il y a seulement quelques jours. J’pense que tu ferais mieux de la laisser tranquille pour l’instant.
— Pas question ! J’veux la voir le plus vite possible ! Sinon, elle va m’oublier et passer à autre chose, voire pire...


Là, son regard se perdit dans le vide, il sembla pris d’une peur immense, son teint devint tout à coup pâle...
— Elle pourrait... continua-t-il d’une voix faible. Elle pourrait... trouver quelqu’un d’autre.
— Paul, t’en fais tout un plat... Si tu veux vraiment aller mieux, tu devrais tourner la page et essayer de laisser tomber.
— Nan ! s’écria-t-il. Tu comprends pas, j’me suis rendu compte que j’étais fou amoureux d’elle, j’peux pas la perdre, je sais pas comment j’pourrais vivre sans elle !
— Il va vraiment falloir que tu te calmes...
— Tu vas me dire comment j’peux me retrouver avec elle, seul à seule, lança Paul d’un ton glacial. Tu me dois bien ça !
— J’peux pas faire ça, j’veux pas la trahir.


Paul s’approcha encore de lui, leurs visages ne se trouvaient qu’à quelques centimètres. Il se baissa... Lucas pouvait sentir le souffle de son ami contre sa peau. Il tressaillit, paralysé, ne sachant comment réagir.


Paul s’arrêta, sa bouche tout proche de son oreille, et il lui chuchota :
— T’as plutôt intérêt à m’aider, si tu veux pas que les gens soient au courant de tes petits secrets.

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