On dit souvent que certaines amitiés durent toute une vie. La nôtre, je l’ai longtemps crue invincible. Dix années partagées, dix années à tout vivre côte à côte : les rires jusqu’au petit matin, les confidences qui n’appartiennent qu’à deux, les colères qui claquent mais qui finissent toujours par se dissoudre dans l’affection. Dix années où tu as été ma force autant que mon refuge.

Pourtant, au début, rien ne nous destinait à ça. Je n’aimais pas qui tu étais. Ton franc-parler me heurtait, ta personnalité trop forte me dérangeait. Mais c’est ce même feu qui m’a attirée, c’est cette intensité qui m’a finalement fait t’aimer d’une manière que je n’aurais jamais soupçonnée. Nous étions deux contraires, mais deux contraires qui s’emboîtaient parfaitement.

Et puis… il y a eu l’usure. Des blessures accumulées, des mots qu’on n’a pas dits, des silences trop lourds. J’ai senti que je perdais peu à peu ta main, que notre « nous » se fissurait. Mais je me suis accrochée, encore et encore, jusqu’à m’oublier parfois. Parce qu’on n’abandonne pas si facilement une part de soi-même.

Le jour où tout s’est vraiment terminé, ce fut comme un arrachement. Une déchirure profonde, brutale, mais surtout irréversible. Et je crois que ce qui fait le plus mal, ce n’est pas ce qu’on s’est dit ou pas dit… c’est tout ce qu’on avait construit et qui n’existe plus.

Tu resteras ma plus grande tristesse. Celle qui me serre le cœur quand j’y repense, celle qui me rappelle que certaines pertes ne se remplacent pas. J’ai tout investi en toi, et malgré tout, nous n’avons pas tenu.

Aujourd’hui encore, ton absence résonne comme un vide. Mais ce vide, je l’habite autrement. J’y mets de la gratitude pour ce que nous avons été, même si la fin m’a laissée brisée.

Car oui, tu seras toujours cette blessure en moi. Mais tu seras aussi ce souvenir incandescent : celui d’une amitié que j’ai aimée de toutes mes forces.