Fredricksburg, Texas.

Le 13 janvier 2 018

Skylar,

Ton prénom est doux, je crois. Il me fait penser au ciel presque bleu au-dessus de ma tête. S'il est tendre, à mon humble avis, je me demande si ta vie l'est également. D'après ce que tu m'as dit, ton ciel est encore plus sombre que le mien.

C'est triste.

Ce crétin devrait payer pour ce qu'il te fait. J'aimerais, moi aussi, lui montrer de quoi je me chauffe. Les abrutis aux cerveaux ramollis par la brutalité me font voir rouge, violet, noir, en fait, tout sauf bleu comme devrait être le ciel qui compose ton univers. Le soleil devrait briller dans ton monde. Parfois, les nuages cachent le mien mais ma peine n'est sûrement pas si atroce que la tienne.

Ça me désole.

Je vis dans une ville magnifique mais où les esprits sont étriqués, les gens sont cons ! Chez moi, la différence est humiliée, parfois même bannie et c'est compliqué d'être naturel avec des voisins bêtes et méchants. J'avoue que je ne suis pas l'une de leurs victimes mais je ne suis pas entièrement moi-même non plus. Dis-moi, pourquoi ce Jason te harcèle ? Et pourquoi tes parents t'ignorent ? J'avoue que ça m'intrigue et m'irrite pour je ne sais quelle mystérieuse raison.

J'espère que tu as raison et que mon père est fier de moi. Je m'efforce de faire ce qu'il faut mais ce n'est pas toujours facile. Ma mère travaille beaucoup trop et mon petit frère ne la voit pas suffisamment. Moi non plus d'ailleurs, mais je n'ai plus cinq ans.

Dis, raconte moi la plus belle journée que tu as passé jusqu'ici, peut-être que ça ravivera les rayons du soleil. Et ensuite, je ferais pareil, si ça t'intéresse, évidemment.

P.S : Je ne veux plus que tu l'écrives et que tu le penses non plus.

À bientôt,

– Harlem