XII - 2013

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Elle jura entre ses dents. Le professeur d’économie venait d’entrer et son sac avait disparu. Elle n’avait pourtant quitté sa place que quelques secondes pour jeter une cartouche d’encre. Il y avait tout, son portable, ses clés, ses exercices. Tâchant de garder son calme, elle promena son regard autour d’elle. Elle finit enfin par l’apercevoir. Il était là, par terre, deux rangées sur sa droite. Ils se le passaient avec leurs pieds, le traînant par la bandoulière.

— Hé, souffla-t-elle. Est-ce que…

Sa voix fut couverte par le bruit des affaires qui tombaient les unes après les autres. Et au milieu des feuilles et des cahiers…

Non.

L’élève le plus proche n’eut qu’à tendre la main pour ramasser le couteau qui venait de tomber de la poche extérieure. Tout aussi surpris qu’amusé, il brandit l’objet.

— Tu fais quoi avec ça ? l’interpella-t-il. Tu veux tuer quelqu’un ?

Pose ça.

— T’es suicidaire ?

Pose ça…

— Au moins elle aura pris une décision une fois dans sa vie ! lança une voix derrière.

Tétanisée, son esprit se vida. Plus rien ne venait, son sang s’était figé.

— Madame, Cassandre a un couteau dans son sac ! croassa l’autre, assez fort pour que tout le monde entende.

Agacée, le professeur fit les gros yeux.

— Arrêtez de raconter des bêtises ! Grandissez un peu et mettez-vous au travail.

Ce n’était pas pris au sérieux.

Des rires étouffés accompagnèrent l’ordre et le sac de nouveau plein cogna contre le pied de sa table. Le cours démarra alors qu’elle tentait de ravaler ses larmes.

Comment fait-on quand la peur nous paralyse ?

On ne fait rien. On ne fait simplement rien.

On se laisse consumer.

Tâchant d’ignorer son pouls qui partait dans un tourbillon désordonné, elle s’activa à prendre en note chaque mot prononcé par la femme qui se tenait derrière le bureau. Elle les alignait sans queue ni tête, ni logique ni sens, ils ne voulaient rien dire et ça n’avait pas d’importance.

Elle soupira de soulagement en voyant la grande aiguille de l’horloge se poser sur le 4. Un quart d'heure de répit. La récréation était sa bouée. Son souffle, sa bouffée d’oxygène.

Dès que l’immonde sonnerie résonna, elle prit son sac par précaution et se réfugia au dernier étage. S’ils y prêtaient attention, les élèves studieux qui passaient la porte de la bibliothèque auraient pu la voir relire le même livre et compter les battements de son cœur.


Un.

Deux.

Trois.

Quatre.

Cinq.

Douze.

Treize.

Quatorze.

Quinze.

Seize.

Trente.


Il battait.

C’était calme.


Elle se demanda combien de battements il restait.

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