CHAPITRE VII

7 minutes de lecture

Pas de chance, les allemands ne sont pas restés longtemps ; dès le lendemain ils sont partis pour faire un circuit de plusieurs jours mais Tobias m’a dit que normalement ils revenaient mercredi. J’étais content quand il m’a dit ça, ils sont sympas et puis j’aime bien parler avec eux un peu en français mais surtout en allemand parce que moi j’en fais depuis quatre ans.

C’est un peu par hasard, que j’ai pris allemand première langue ; au début Stéphane et Sébastien voulaient que je prenne espagnol, dès la sixième si c’était possible ou à défaut en quatrième, parce que mon pays d’origine, les Philippines, est en partie de langue hispanique mais on venait juste de déménager à nouveau et quand on m’a inscrit au collège à Dreux, il ne restait plus que des places dans la 6ème qui faisait allemand. Alors, j’ai fait allemand et je dois dire que je ne regrette pas, j’ai toujours eu des supers profs et j’adore cette langue.

‘Et puis les habitants du pays aussi… en tous les cas, s’ils sont tous comme Tobias et Lisa...’

Stéphane et Sébastien m’ont expliqué le programme qu’ils avaient concocté et j’ai trouvé ça très bien.

Le matin, rien ! Tout le monde dort, enfin moi. Eux, ils font ce qu’ils veulent !

Après, quand tout le monde est levé, c’est petit footing dans les bois puis baignade dans la piscine et petit déj’ sur la terrasse, c’est juste génial !

L’après midi, on visite ou on fait les activités du camping. Hier, on a fait une descente de l’Ardèche en canoë et mercredi on va se refaire une balade mais en kayak, chacun dans le sien. Je sens que ça va être génial. Et puis sinon on fait des randonnées dans les gorges et c’est magnifique. Dimanche, on se baladait nu quand on a croisé un autre groupe qui descendait mais comme on ne les avait pas entendus arriver, on n’a pas eu le temps de s’habiller alors on est resté imperturbables. Plusieurs personnes ont poussé des petits cris de surprise surtout les femmes mais nous sommes passés tranquillement à côté d’eux en leur souhaitant une bonne journée. Sébastien s’est même arrêté pour leur demander un renseignement bidon alors que Stéphane et moi, on s’était cachés au détour du chemin parce qu’on n’en pouvait plus de tenir notre sérieux. On s’est marré, c’était énorme !

Ah oui j’avais oublié et tous les soirs on joue à la pétanque ! Même moi je m’y suis mis ; c’est super, la pétanque ! Tous les soirs on joue et le jeudi il y a un concours ; ça fait partie des animations du camping avec le tournoi de ping pong du lundi et la soirée disco du vendredi. Bref, on est même allés exprès en voiture à Vallon - Pont d’Arc pour m’acheter des boules et on s’est promenés sous le pont naturel de pierre qui surplombe l’Ardèche ; il mesure plus de cinquante mètres de long, c’est le grand pont de ce type de France et il est vraiment impressionnant.

Donc, mercredi soir après manger, on jouait aux boules comme d’habitude. Il faisait encore jour mais de toute façon les terrains sont éclairés, je jouais avec notre voisin, monsieur Fèvre, enfin Laurent, contre Stéphane et Sébastien et je peux vous dire que ça bagarrait ferme. On était mené 7-2 et on les a remontés à 7 partout et c’est à ce moment là que j’ai vu Tobias qui arrivait. Il descendait le petit sentier et me regardait en souriant. Il était vêtu d’un short blanc et d’un teeshirt sombre et j’ai failli crier de joie en le voyant. Je lui ai fait un grand signe de la main ; j’ai couru lui dire bonjour et puis j’ai repris la partie. On a mené 11-10 mais sur la dernière mène, Sébastien a tiré deux boules et Stéphane nous a crucifié en faisant un sans faute.

-« 13 -11 !

-« Ouais, vous savez qu’on a failli avoir peur !

-« Non mais écoute-moi les, Diego, ils gagnent je ne sais pas comment et ils fanfaronnent !

-« Oui, c’est vrai, c’est n’importe quoi !

-« Revanche demain ?

-« C’est ça on verra si vous ferez autant les malins !

-« Alors bonne nuit Laurent !

-« Oui, bonne nuit à vous aussi ! »

On s’est serré la main et on a fait la bise à sa femme et ses deux filles qui regardaient le jeu. Stéphane et Sébastien ont ramassé leurs boules et s’apprêtaient à descendre vers le bungalow.

-« Heu j’peux rester encore un peu, il y a Tobias et Lisa qui viennent d’arriver ?

-« Ah oui, si tu veux mais qu’est-ce que vous allez faire ?

-« Heu je sais pas on va aller aux jeux, faire un baby ou un ping pong…

-« D’accord permission de minuit accordée mais tu vas d’abord te mettre quelque chose sur le dos !

-« Et sur les fesses !

-« D’accord, je vais leur dire et je vous rejoint ! »

Tout heureux, je me suis rapproché des deux jumeaux qui s’étaient installés à une table et qui regardaient la partie d’à côté se terminer.

-« Ich muss etwas anziehen aber ich komme gleich wieder ! (il faut que j'aille me mettre quelque chose sur le dos mais je reviens tout de suite !)

-„ Super, wir warten auf dich !“ (Super, on t'attend !)

J’ai rejoint Stéphane et Sébastien qui m’attendaient à l’entrée du sentier et on a fait le chemin ensemble.

-« Dis donc, tu te débrouilles drôlement bien en allemand !

-« Ah oui, c’est impressionnant ! Comme quoi, je dois reconnaître, Steph’, l’école finalement, ça sert à quelque chose…

-« Oui on dirait !

-« Oh maintenant ça va mais au début c’était pas si évident…

-« En tous les cas, vous avez l’air de bien vous entendre…

-« Oui c’est dingue ça, on se connaît à peine et c’est comme si on était amis depuis des années !

-« Oui c’est ça qui est bien en camping, il n’y a pas de barrières entre les gens et on devient très vite amis.

-« Oui, regarde avec Laurent et sa femme !

-« Et à propos de Laurent, t’as vu la tête qu’a fait sa fille quand elle a vu la bombe allemande arriver ?

-« Qui ça, Elodie ?

-« Ouais c’est ça, fait l’innocent, toi !

-« Pourquoi crois-tu qu’elle vient nous regarder jouer aux boules tous les soirs ? Parce qu’on joue bien ?

-« Ben… oui… »

-« Bon et ben en voilà un qui croit encore que la Terre est plate ! T’y réfléchis un peu ce soir et on en discute demain au p’tit déj’ ? »

Ils se sont mis à rire comme des gamins et je suis rentré m’habiller dans ma chambre.

‘Ils m’énervent quand ils sont comme ça !’

J’ai attrapé mon tee-shirt Nike de l’équipe de France et enfilé un short sans rien mettre en dessous et je suis allé me laver les mains dans la salle de bain. Dans la glace, j’ai aperçu mes cheveux noirs ébouriffés et j’ai mis un peu de gel.

Quand je suis sorti, Stéphane et Sébastien étaient assis sur la terrasse une bière à la main.

-« Oh le beau gosse !

-« Je croyais que vous alliez juste aux jeux ?

-« Hé, c’est vendredi la soirée !

-« Vous n’êtes pas drôles !" mais avec un sourire qui démentait mes paroles.

-« Ok, on arrête, allez bonne fin de soirée, Didi !

-« Et tu reviens pour minuit, hein ?

-« Ouais ouais, à toute à l’heure … »

Lisa était rentrée se coucher. Je ne sais pas si j’étais déçu ou soulagé. Après le cirque que Stéphane et Sébastien m’avaient fait, finalement c’était peut-être mieux ainsi...

Avec Tobias, on a joué un peu au baby, jusqu’à onze heures et puis ils ont fermé la salle de jeu alors on a fini à la piscine. Il y avait un peu de monde. On s’est assis à une table et on a discuté. Il m’a raconté la grande randonnée de quatre jours qu’ils avaient faits et moi je lui ai parlé de mes exploits en kayak et à la pétanque. Mine de rien ça nous a pris du temps parce que dire tout ça en allemand, ce n’est pas si facile pour moi mais c’était bien.

Petit à petit les gens sont partis se coucher et on s’est presque retrouvés seuls autour du bassin ; il faisait encore chaud à l’abri du vent. On n’a plus rien dit pendant quelques minutes, on est resté là à savourer le plaisir de s’être retrouvés.

-« Tobias, bist du here ? » (Tobias, tu es là?)

On a sursauté quand la voix irritée de son père a retenti dans le silence.

-« Tobias ?

-« Ja Vati, ich bin da ! (Oui Papa, je suis là !)

-„Komm mal schnell, es ist spät!“ (Aller viens vite, il est tard !)

-„Diego, ich muss… tschüss! (Diego, il faut que j'y aille... salut !)

-„Ja, tschüss Tobias, bis morgen ! (Oui, salut Tobias, à demain !)

On s’est quitté précipitamment et je suis vite rentré chez moi car sans savoir précisément l’heure, je me doutais qu’il devait être plus tard que minuit.

‘Je vais me faire enguirlander demain !’

Les lumières du bungalow étaient éteintes, il n’y avait pas un bruit. Je suis rentré le plus silencieusement possible dans ma chambre et je me suis déshabillé puis immédiatement mis au lit mais peine perdue pour trouver le sommeil…

Je n’avais aucune envie de dormir alors, après quelques minutes passées dans le noir, je me suis assis sur mon lit et le plus discrètement possible, je me suis lentement caressé jusqu’à la jouissance en pensant à tout ce que j'étais en train de vivre.

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