CHAPITRE XXVIII

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Plus on se rapprochait de la sortie cinéma de samedi et plus j'étais nerveux. Vendredi soir, j'ai eu un mal fou à m'endormir ; je me suis tourné et retourné dans mon lit, j'avais chaud, je n'arrêtais pas de penser au lendemain. Je me voyais tentant misérablement de faire les premiers pas vers Bérangère devant Boris qui me regardait consterné par ma maladresse, je me voyais bafouiller lamentablement, je paniquais tant que j'ai rallumé la lumière et que j'ai failli envoyer un message à Boris pour lui dire que je ne venais pas. Je suis resté cinq bonnes minutes le téléphone en main avant d'y renoncer ; bien sûr, je ne pouvais pas faire ça à Boris...

Complètement perdu, je me suis levé pour aller boire parce que j'avais très chaud, j'ai pensé que j'avais peut-être de la fièvre.

'Ca m'arrangerait bien...'

Stéphane était dans la cuisine en train de se préparer un thé quand j'y suis entré.

-"Didi ? Tu ne dors pas ?

-"Heu non, j'ai super chaud, j'arrive pas à dormir...

Il a passé sa main sur mon front.

-"Tu n 'as pas l'air d'avoir de la fièvre..." reprit-il en me regardant attentivement. "C'est ta sortie de demain qui te préoccupe ?"

Stéphane et Sébastien sont au courant, je leur en ai parlé et ils ont vite compris que le cinéma n'était que la partie émergée de la sortie...

'Comment lutter contre quelqu'un qui me connait par cœur et qui devine tout !'

-"Oui... ça m'énerve et je n'arrive pas à dormir!

-"C'est rien, c'est juste que c'est important pour toi alors tu y penses et forcément ça chasse le sommeil... tu as peur de quelque chose ?

-"Peur ? Non... enfin c'est pas de la peur mais oui c'est... en fait je sais pas trop comment m'y prendre et...

-"Tu veux dire avec Bérangère, c'est bien ça ?

-"Oui..."

J'étais complètement caramélisé, je le sentais et, mal à l'aise, je baissais les yeux et bu une nouvelle gorgée.

-"Je me sens ridicule !

-"Pas du tout ! C'est normal, tu te trouves devant une situation nouvelle, insécurisante et c'est tout à fait normal que ça te travaille."

Comme d'habitude, il avait tout compris. J'ai hoché la tête et l'ai regardé à nouveau.

-"Ecoute, il ne faut pas te mettre de pression. Tu vas au cinéma avec des amis ; parmi ces amis il y a quelqu'un pour qui tu as des sentiments et peut-être que ce sera l'occasion de lui montrer demain que tu voudrais être plus qu'un ami..."

A nouveau j'ai hoché la tête sans rien dire ; il a poursuivi.

-"Mais peut-être que ce ne sera pas demain, mais dans une semaine ou dans un mois. Et c'est pas grave, c'est à toi de décider et personne ne va t'obliger à faire ou dire quoi que ce soit. Profite de ta sortie ciné, sois toi-même, et tu verras comment ça se passe tranquillement sans pression et tout ira bien. J'en suis sûr, d'accord?

-"Oui... oui c'est vrai...

-"Tu veux que je te fasse un lait chaud, ça te détendra un peu ?

-"Non non merci...

-"Alors, retourne te coucher, arrête de te mettre la pression et profite simplement de ton samedi !

-"Oui c'est ce que je vais faire. Merci Stéphane !

-"A ton service Didi, bonne nuit !

-"Bonne nuit merci !"

...

J'ai émergé vers 10h30 et je me suis senti bien, détendu et reposé. Hier soir, après avoir discuté avec Stéphane, je me suis endormi très vite, ça m'a fait du bien d'en parler. J'ai pris mon petit déjeuner dans la salle à manger pour tenir compagnie à Sébastien qui y faisait sa corvée de repassage hebdomadaire. Il était forcément au courant pour hier soir mais il n'a rien dit alors je l'ai regardé faire son repassage en chantant et en dansant sur la musique qu'il avait mise à fond et ça m'a fait du bien de reprendre avec lui des airs que je connais par cœur à force de les entendre.

Après avoir fait ma toilette, j'ai décidé de travailler un peu, histoire de m'occuper l'esprit et j'étais en train de faire mes maths quand j'ai reçu un texto de Boris.

Salut Diego, en forme j'espère ? Pense à soigner ta tenue, mode séduction cet aprem !

Purée, dès que je l'ai lu, j'ai senti la pression qui revenait.

'Merde, comment je vais m'habiller ?'

J'ai ouvert mon armoire et j'ai passé fébrilement en revue tout ce qui s'y trouvait.

'Nul, nul, bof, nul, je sais pas, oui peut-être, non, non... purée, j'ai rien à me mettre !'

'Et d'abord qu'est-ce qu'il veut dire par soigner ma tenue ?'

'Pffou, franchement, c'est la galère!'

Après avoir sélectionné un jean noir et un chinos et avoir tourné en rond en vain autour de mes pulls, je me suis résigné à aller demander son avis à Sébastien.

-" Heu Seb, j'pourrai avoir ton avis ? Je sais pas trop quoi mettre pour cet aprèm...

-"Oh oh, tu sors le grand jeu ?" reprend-il avec un grand sourire malicieux avant de continuer plus sérieusement certainement après avoir lu une inquiétude visible sur mon visage."Aller, vas-y montre moi ce que tu as sélectionné...."

On est retourné dans ma chambre et il a inspecté tout ce que j'avais sorti.

-"Bien, nous devons donc créer une tenue décontractée mais un peu chic... voyons, voyons...

Je vais chercher le Christian Cordulla qui sommeille en moi et .."

...

-"Et voilà, ça me parait pas mal du tout. Les essayages maintenant... allez hop hop hop, on y va!"

J'ai enfilé la tenue qu'il avait choisie et j'ai filé dans la salle de bain pour pouvoir me regarder dans le grand miroir. Pantalon beige, chemise à carreaux discrets ouverte sur un tee-shirt blanc, tennis blanches, c'était pas mal...

-"MA GNI FI QUE ! Il n'y a pas d'autre mot !

-"Heu n'exagère pas ! Mais oui c'est bien...

-"C'est plus que bien, c'est parfait, tu es superbe ! On n'oubliera pas un petit accessoire comme ta gourmette ou un autre bracelet si tu préfères et bien sûr un bon coup de peigne et une touche de parfum..."

Je n'ai rien rajouté mais il a bien vu que je souriais et il m'a pris dans ses bras en me murmurant à l'oreille "Tu verras, elle va craquer !"

...

Sébastien m'a déposé au stade du Verger un peu avant 16h et j'ai regardé la fin du match de Boris. Mes équipiers m'ont fait des remarques amusées sur ma tenue mais ils ont tous dit que j'étais "classe" donc je ne me suis pas senti mal à l'aise. Ils m'ont demandé si j'avais un rencart et je leur ai dit que j' allais au ciné avec Boris et des copines.

-"Ah oui, je comprends mieux !

-"Avec ça tu vas assurer Diego, c'est du tout cuit !"

J'ai rigolé et on a plaisanté mais j'étais quand même bien content d'entendre le coup de sifflet final retentir.

-"Salut Diego, waouw tu es parfait ! Viens avec moi dans les vestiaires, j'ai besoin d'avoir ton avis !

J'ai acquiescé en rigolant et j'ai suivi Boris qui, pour autant que je me m'en souvienne, n'avait jamais été aussi pressé d'aller prendre sa douche ! Je lui ai laissé cinq minutes d'avance et je suis allé dire bonjour à Eric, notre entraineur, et aux gars que je n'avais pas vu.

Il était encore sous la douche quand je suis rentré et discutait avec deux gars de son équipe que je ne connaissais pas.

-"Pas encore prêt ?

-"Ah enfin, qu'est-ce que tu foutais ? Dis moi quelle chemise je mets, la bleue ou l'autre ?" rétorque-t-il en me désignant son sac sur lequel étaient posées deux chemises plutôt classe.

-"Heu je sais pas, ça dépend ce que tu mets avec ?

-"Attends, je vais te montrer... dit-il en sortant dégoulinant de partout.

Bref, Boris a fait le même cinéma que moi ce matin dans ma chambre. Il avait emporté tout un attirail de vêtements et on peut dire que c'est l'équipe toute entière qui l'a habillé.

C'en était comique, lui qui défilait habillé devant une douzaine de gars à poil ou pas loin et qui lui donnaient leur avis en faisant pleins de commentaires plus ou moins sérieux. C'était pas l'émission de Christina Cordulla, mais pas loin !

-"OK les gars, merci ! Bon on file parce que sinon, on va être en retard!

"MA GNI FI QUE !!!" ajouta Marius ce qui me fit marrer intérieurement car je ne l'imaginais pas du tout en spectateur des Reines du Shopping !

-"Vous allez cartonner les gars !

-"On pense à vous et vous nous raconterez !"

On est parti sous les vivats et les applaudissements. C'était le délire dans les vestiaires !

On est monté dans la voiture de sa mère qui n'a pas fait de commentaire mais dont le sourire éclatant, montrait bien qu'intérieurement elle était morte de rire !

...

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