CHAPITRE XXX

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J'ai pris mon petit déjeuner vers 10h30 dans la cuisine et j'ai tenu compagnie à Sébastien qui préparait le repas. Il faisait un temps minable, de la pluie qui avait l'air de vouloir gâcher toute la journée...

Hier, ils ne m'ont pas fait de remarques et on a mangé sans revenir particulièrement sur ma sortie ciné mais je sentais que ce matin, Sébastien avait envie d'en parler.

-"Alors Didi, tu sais que c'est pas mon style d'être indiscret, de vouloir tout savoir..." commence-t-il sur un ton malicieux.

-"Non effectivement, je te reconnais bien là toutes ces qualités" lui réponds-je le plus sérieusement possible tout en sachant pertinemment où il voulait en venir.

-"Heu oui, et je t'en remercie. Néanmoins...

-"Néanmoins...

-"Arrête de me faire marcher !"

On a éclaté de rire tous les deux et il a repris.

-"Donc maintenant que tu es conscient que je n'ai que de nobles et pures intentions et aucune curiosité déplacée, j'aimerai bien que tu m'en dises plus sur ton après midi ciné d'hier ! Tout en préservant bien sûr ton droit à une vie privée comme le stipule la déclaration des droits de l'adolescent privilégié du 21ème siècle auxquels tu peux bien sûr te référer...

-"Et je n'y manquerai pas !" rétorquais-je en rigolant. "Bon, qu'est-ce que tu veux savoir ?

-"Et bien par exemple si tu as eu des compliments sur ta tenue ? Tu as quand même bénéficié des conseils éclairés d'un maitre du relooking !

-"Et ben... non en fait, personne ne m'a rien dit !

-"Excellent, ça montre que tu étais complètement dans le thème ! Bravo !

-"Ouais c'est un peu facile ! Et d'ailleurs c'était quoi le thème ?

-"Séduire sans en avoir l'air ? Ou beau gosse cherche petite copine ?

-"N'importe quoi !

-"Ah bon, je croyais...

-"Oui OK, t'as raison, c'était un peu ça.

-"Et alors ? Ca a marché ? Heu bien sûr dans le respect de ta vie privée d'ado gâté et pourri comme sus-préalablement indiqué, bien entendu..."

C'est vrai que mine de rien, ça m'embêtait un peu d'en parler mais je sais qu'ils ont dû se faire du souci compte tenu de l'état mental dans lequel je me trouvais avant la sortie ciné et puis ils se sont retenus pour ne pas me sauter dessus avec toutes les questions qui devaient leur brûler les lèvres hier soir...

J'ai haussé les épaules et je lui ai répondu en essayant d'être un peu désinvolte.

-"Donc c'est un secret d'Etat et je te demanderai de ne pas en parler à plus de dix personnes dont la moitié au moins ne doivent pas avoir Facebook !

-"Promis, juré !" dit-il en accompagnant sa phrase d'une gestuelle théâtrale.

-"Et bien on peut dire que j'ai une petite copine ; elle s'appelle Bérangère mais c'est tout ce que je te dirai et fin de conversation !"

Il a applaudi silencieusement et m'a regardé ranger les affaires du petit déjeuner sans rien rajouter. J'ai fait semblant de rien et je suis sorti de la cuisine puis j'ai fait demi-tour, j'ai rouvert la porte et j'ai glissé.

-"Merci ! Merci pour tous vos conseils ! Et si, Boris et tous mes copains du foot m'ont dit que j'étais "classe" !"

Je pense que ça l'a touché, il a simplement levé son pouce en l'air mais j'ai vu dans ses yeux qu'il était content et ça m'a rendu heureux !

...

Après avoir mangé et non sans avoir à nouveau très brièvement être revenu sur le fait que j'avais maintenant une copine pour répondre à la curiosité de Stéphane , je suis retourné dans ma chambre.

Boris m'a envoyé deux messages ce matin et je trouve que toute l'agitation autour de cette histoire commence à être un peu lourde.

'Bon de toute façon, il va falloir que je m'y fasse !'

J'étais en train de rêvasser allongé sur mon lit quand j'ai reçu un nouveau message.

Salut Diego, ça te dirait qu'on se voit cet aprem ? Bérangère

'Purée, c'est exactement ce que je disais, pas moyen d'être tranquille !'

Bien sûr, je ne lui ai pas répondu ça, c'eut été mal venu ! J'ai réfléchi trente secondes, j'ai regardé tristement dehors et la pluie qui tombait... et j'ai répondu.

Oui, bien sûr ! Mais pas chez moi, on a de la famille.

Elle aussi avait du monde chez elle alors nous nous sommes donnés rendez-vous à l'arrêt de bus à côté de Beauséjour dans une demie heure.

Je me suis donc habillé pour sortir, j'ai pris mon blouson et j'ai glissé la tête dans le bureau de Stéphane pour le prévenir.

-" Heu je vais faire un tour dehors, je serai pas très long...

-"Dehors par ce temps ? Qu'est-ce que tu vas faire ?" reprend-il surpris en tournant la tête vers moi.

-"Heu... je vais voir Bérangère, à l'arrêt de bus de Beauséjour...

-"Ah d'accord pardon... heu attends !"

Il s'est levé et a pris son portefeuille d'où il a extrait un billet de 10€.

-"Tiens, tu lui paieras un chocolat, je crois que le bar du carrefour est ouvert..."

...

J'ai mis un quart d'heure à pied en marche rapide pour arriver au rendez-vous. Stéphane a proposé de m'y emmener en voiture mais j'ai décliné et il n'a pas insisté. Je préférai être seul et il l'avait bien compris.

Bérangère était déjà là et j'ai vu son visage s'illuminer quand elle m'a aperçu.

-"Salut Diego !

-"Salut excuse-moi j't'ai fait attendre...

On s'est regardé et j'ai senti un court instant une forme de gêne tandis que je m'approchai de son visage. J'ai hésité à nouveau puis je me suis lancé et j'ai posé mes lèvres sur les siennes. Elle a réagi tout de suite en passant son bras autour de mon cou et m'a attiré tout contre elle. Notre petit baiser s'est alors transformé en véritable baiser passionné et nous nous sommes embrassés longuement...

-"Oh que je suis contente ! Enfin, depuis le temps !

-"Oui moi aussi..."

On a discuté, on s'est embrassé, elle me tenait la main et me regardait en souriant. Je sentais qu'elle était heureuse... On est resté une bonne demie heure comme ça dehors et je commençais à avoir froid, j'étais mouillé et je me suis rappelé ce que m'avait dit Stéphane alors je lui ai proposé d'aller boire un chocolat au café du Parnasse.

...

-"Ouah, ça fait du bien!

-"Oui, il fait vraiment un sale temps, j'suis tout mouillé !

-"J'ai vu... mais tu es beau avec tes cheveux mouillés..."

On a rediscuté, du film d'hier, de Boris et Alicia, un peu, et de nous, beaucoup. Enfin, je devrais dire Bérangère a parlé. Moi, je l'écoutais et ça m'a sidéré de voir comment elle avait déjà discuté avec Alicia de tout ce qui venait d'arriver et plus encore de ce qui pourrait advenir et des projets qu'elle faisait. C'était un tourbillon d'idées et j'étais un peu sonné sous toutes ces paroles.

Quand on est parti, la patronne nous a gratifiés d'un "Salut les amoureux" qui m'a fait bizarre mais Bérangère lui a fait un grand sourire et je me suis dit que c'était certainement les mots qui nous qualifiaient...

...

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