CHAPITRE XLVII

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Effectivement, Boris avait raison, vendredi à la récré du matin Bérangère a quitté ses copines et est venue me voir pour m'inviter chez elle samedi après-midi.

-"Au fait Diego, ça te dirait de venir chez moi demain? Mes parents seront pas là...

-"Ah... oh oui, super !" répondis-je en me disant intérieurement que ce n'est pas aujourd'hui que je gagnerai un Oscar pour mon jeu d'acteur !

-"Ils partent tout l'après midi voir ma tante à Angers, on sera tranquille au moins jusqu'à 18 h...

-"Ah oui, comme ça on aura le temps... de... enfin...

-"De ? Hum, je me demande à quoi tu penses ?" reprend-elle avec un air malicieux.

-"Heu... de continuer à... à mieux se connaitre..." finis-je par balbutier.

-"Oh oh, on dirait que t'as des idées derrière la tête ! "

J'étais cramoisi, enfin caramel foncé, j'en étais sûr mais Bérangère m'a rassuré en chuchotant avec les yeux qui brillaient.

-"Moi aussi, ça fait un moment que j'attends ça !"

La sonnerie de 10 h a retenti à ce moment là et j'avoue que j'ai poussé un ouf de soulagement intérieur car la conversation prenait un tour qui commençait à m'échapper.

'Sauvé par le gong ! '

...

Samedi matin, j'ai donc sorti de mon armoire tout ce qu'on avait acheté avec Sophie le week-end dernier pour choisir ce que j'allais mettre pour mon rendez-vous de l'après-midi. Ce qui est incroyable, c'est que maintenant j'ai largement ce qu'il me faut mais je ne sais toujours pas comment m'habiller ! Après plusieurs essais devant ma glace, je suis finalement allé retrouver Sébastien dans le séjour qui s'acquittait de sa corvée favorite de repassage.

-"Heu Séb, j'ai rendez-vous avec Bérangère cet aprèm et je ne sais pas quoi me mettre, tu peux m'aider ?"

J'ai vu un énorme sourire apparaître sur son visage, je crois que je venais de lui sauver sa matinée ! Il a lâché le fer à repasser et a éclaté de rire.

-"Mais oui Didi, bien sûr. Attends, juste un moment !"

Il a ouvert la porte et a crié en direction du bureau.

-"Stéph', tu peux lâcher tes copies deux minutes ? Il y a Didi qui fait une présentation de la mode automne-hiver au salon !

-"Ha ha c'est malin !" répondis-je en réprimant difficilement un fou rire naissant.

Bref, je me suis retrouvé effectivement à faire plusieurs passages avec mes nouvelles tenues devant un jury improvisé qui faisait "Oh" ou "Bravo" ou encore "ma-gni-fi-que" et on s'est marré comme des fous !

Finalement, je vais mettre ce que j'avais sélectionné en premier tout seul, comme quoi, dans certains cas la première intuition est peut-être la bonne !

-"Tu vois Didi, avant tu ne savais pas quoi mettre parce que tu n'avais rien à la mode et maintenant tu as tellement de choses que tu ne sais toujours pas !" philosophe Sébastien en souriant.

-"Abondance de biens ne nuit pas dit le proverbe mais c'est vrai que tu viens de comprendre le problème existentiel des fashion victimes !" conclut Stéphane.

...

A 14 h, Bérangère a appelé pour dire que le rendez-vous était annulé, ses parents ne partant plus à Angers.

-"Ma tante est malade alors mes parents n'y vont plus ! Je suis dégoûtée !

-"Ah merde ! Heu j'veux dire mince c'est vraiment dommage...

-"J'te jure que c'est vrai Diego ! J't'e jure !

-"Mais oui j'te crois, t'inquiète !

-"Oh, j'en avais tellement envie, j'avais préparé un gâteau, la musique et puis... oh j'suis dégoûtée !

-"Et moi j'ai passé toute la matinée à choisir comment m'habiller !"

On a discuté presque une heure et je crois que j'ai réussi à la consoler en lui disant que les vacances arrivaient dans une semaine et qu'on pourrait se rattraper très vite. J'ai senti que l'argument portait car elle a ajouté.

-"Oui, t'as raison et on sera vraiment tranquille vu qu'ils travaillent tous les deux et que ma sœur a cours !

-"Tu vois, c'est juste partie remise !

-"Exactement, tu es super Diego, tu sais trouver les mots pour me consoler !

-"C'est parce que tu es spéciale pour moi ...

-"Oh toi aussi tu es spécial pour moi, je t'aime !

-"... Moi aussi je t'aime !"

Les dernières minutes de notre conversation m'ont complètement échappé ! J'ai senti que je devais essayer de la consoler mais visiblement mes mots sont allés au delà de l'effet espéré et ça c'est terminé en une déclaration d'amour qui me parait un peu exagérée. Ce n'est pas que je n'aime pas Bérangère mais je ne sais pas, peut-être pas comme ça...

'Ohlala, c'est compliqué les filles ! Je sais pas comment il fait, Boris !

D'ailleurs faut que j'l'appelle pour lui dire que c'est cuit pour moi ce weekend !

'Il va encore me chambrer...'

Finalement, je lui ai envoyé un sms.

...

Dimanche, je n'ai rien fait enfin rien de la matinée. J'ai fait un peu d'exercice physique avec Sébastien pendant que Stéphane partait faire son footing. Je n'ai toujours pas le droit d'aller courir à cause de mes genoux. Je trouve d'ailleurs que ça va beaucoup mieux mais le médecin avait dit qu'il fallait arrêter le foot dans un premier temps pour que la douleur cesse et qu'ensuite il fallait trois à six mois minimum pour que les tissus enflammés cicatrisent et que je puisse recommencer doucement. Donc ce n'est pas encore demain la veille ! Finalement, pour l'instant ça va, le foot ne me manque pas trop et puis je vois beaucoup de mes copains au lycée. Pas tous bien sûr et on se fréquente moins c'est vrai mais j'ai trouvé avec la natation une activité nouvelle et attractive. Enfin avec Thibaud, parce qu'autrement je ne suis pas sûr que cela m'aurait longtemps intéressé.

'Oui, heureusement qu'il y a Thibaud !'

Je pense beaucoup à ce qu'il m'a raconté mercredi, au cauchemar qu'il a vécu au collège mais aussi à la réaction de son frère.

'Ca doit être l'enfer de vivre avec un frère homophobe !'

Pauvre Thibaut ! Heureusement toute sa famille n'est pas comme ça, j'ai rencontré sa mère et son petit frère Hugo en partant. Ca me fait sourire parce qu'Hugo est vraiment marrant et sa mère est très attentionnée avec Thibaud.

-"Bonjour, tu es le copain de Thibaud ? Comment tu t'appelles ?

-"Bonjour, je m'appelle Diego ! Et toi, tu dois être son petit frère ?

-"Oh Diego, comme dans Zorro !" reprend-il tout excité.

Tout le monde a éclaté de rire en entendant cette réplique.

-"Allons Hugo, laisse le copain de Thibaud tranquille ! Bonjour et moi je suis la maman !" dit sa mère en souriant et en me tendant la main.

J'ai reconnu tout de suite la dame blonde qui était au côté de Thibaud lors de la réunion pour le voyage en Allemagne,

-"Bonjour madame Winogravski, je suis enchanté de vous rencontrer.

-"Merci, c'est très gentil, moi aussi Diego. Ca me fait très plaisir de voir un copain de Thibaud alors j'espère que l'on te verra souvent...

-"Oh oui je pense, on ne se connait pas depuis longtemps mais on a sympathisé à la piscine et on est ensemble en allemand au lycée...

-"Heu Diego doit partir, il est déjà en retard...

-"Heu oui, désolé...

-"Non, bien sûr pas de problème, à bientôt j'espère !

-"Tu reviendras pour jouer avec moi ?

-"Promis quand je reviendrai voir Thibaud, on jouera aussi ensemble ! Merci de votre accueil, au revoir !

-"Au revoir Zorro !"

Oui, heureusement je suis sûr qu'avec ces deux membres de sa famille, ça se passe très bien. Avec son père, je n'en suis pas aussi sûr...

Je regarde l'heure et je soupire. Presque cinq heures, il faut que je travaille un peu, j'ai du boulot pour lundi.

'Vivement lundi que je retrouve Thibaud, à la piscine !

Oui, vivement lundi !'

...

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