CHAPITRE XCIV

6 minutes de lecture

Même si nous ne nous sommes pas couchés très tard hier soir, cela ne m'a pas empêché de faire une longue grasse matinée ce matin. Marie est venue me réveiller à 11 heures et je pense qu'elle a dû se retenir toute la matinée pour ne pas venir avant ! Je ne dormais plus vraiment mais je somnolais.

-"Je suis le dernier ?

-"Non, Sébastien n'est pas encore descendu !

-"Il est très fatigué, il ne dort pas beaucoup en ce moment...

-"Oui j'ai vu qu'il avait une petite mine, il ne faudrait pas qu'il tombe malade !

-"Non, t'inquiète pas Mamie, il a juste besoin de récupérer un peu.

-"Et il rentre ce soir, il aurait pu rester quelques jours...

-"Oui, je sais mais il veut aller voir si Stéphane est bien installé dans sa nouvelle chambre à l'hôpital Bellier et puis c'est mieux qu'il travaille au moins ça lui occupe l'esprit.

-"Oui, tu as raison. Et toi ça va ?

-"Oui... ça va. Je vais prendre une bonne douche et ça ira encore mieux !"

Elle est redescendue dans la cuisine et je me suis assis un moment dans mon lit. Je suis dérouté parce que Marie m'a interrompu au milieu d'un rêve troublant.

J'étais à la piscine avec Thibaud, nous étions seuls et nous prenions notre douche. Nous étions nus tous les deux et je contemplais son corps ruisselant. Il était de dos en train de se shampouiner et quand il s'est retourné, j'ai vu son sexe érigé. Son visage exprimait une forme de gêne, ses joues étaient rouges mais il ne se cachait pas. Mon regard est resté fixé un instant sur son entrejambe et j'ai senti que je réagissais à cette vision qui m'excitait. J'ai arrêté de me laver, je sentais l'eau très chaude qui coulait sur mon corps et puis j'ai baissé les yeux et j'ai vu que mon sexe était dur et dressé contre mon ventre. A mon tour, j'ai senti mes joues s'empourprer mais moi non plus je ne me suis pas caché. Je sentais que je souriais gauchement et j'ai lu dans ses yeux du soulagement, de la joie et du désir...

C'est à ce moment que Marie a frappé à ma porte. J'avoue que j'ai un peu paniqué, je me suis tourné sur le côté et je lui ai dit d'entrer. Elle a ouvert la porte de la chambre mais elle est restée sur le pas de la porte à mon grand soulagement.

Je suis donc resté dans mon lit quelques minutes après son départ, troublé mais encore un peu excité. Puis je suis sorti de ma chambre en petite tenue après avoir vérifié que personne n'était à l'étage et je suis vite entré dans la salle de bain.

L'eau chaude m'a complètement réveillé mais m'a rappelé à mon rêve et après avoir constaté qu'à nouveau j'étais complètement excité, je me suis caressé quelques longues et voluptueuses minutes avant de me soulager et de me laisser glisser sur le sol. Le plaisir que j'ai éprouvé a été incroyablement fort et m'a laissé pantelant.

'Ca faisait bien quinze jours que je ne m'étais pas touché et j'en avais vraiment besoin !'

J'ai rougi un peu en pensant que c'était la première fois que je me donnais du plaisir en me mettant en scène avec Thibaud.

...

L'après-midi de Noël, nous sommes tous allés faire une balade en bateau à l'île d'Arz. Il faisait beau, pas très chaud bien sûr mais c'était le temps idéal pour sortir. Edouard avait emprunté le bateau d'un de ses amis et nous avons embarqué tous les cinq pour une traversée d'une quarantaine de minutes. Nous sommes partis de Locmariaquer et avons traversé une partie du golfe du Morbihan. Après avoir contourné l'île aux Moines, la plus touristique des îles du golfe, nous avons mis le cap sur la plus grande des huit îles qui forment la commune insulaire d'Arz. Edouard nous a appris que cela signifiait île de l'ours en breton.

-"Ca veut dire qu'il y a des ours ?" m'exclamé-je.

-"Oh non plus maintenant ! Il y a trop de touristes !"

L'air était vif et je n'ai pas regretté pas de m'être chaudement vêtu. J'ai admiré le magnifique paysage, la mer était bleue, calme et il n'y avait personne sur l'eau.

-"Tu pêches en bateau parfois, Papy ?

-"Ah oui ça m'arrive, mais pas en cette saison ; on pêche le mulet et le bar mais ce que tu préfèrerais toi, c'est le homard !

-"Waouh, tu pêches le homard ?

-"Oui, au casier et j'en ai déjà ramené des beaux ! La prochaine fois, je t'emmènerai !"

...

Le petit bateau a accosté le long d'une courte jetée et nous sommes descendus. Nous nous sommes dirigés vers le village dont on apercevait le clocher de l'église pas très loin.

-"Allez un peu d'exercice pour éliminer tout ce qu'on a englouti hier soir et ce midi !

-"Oui, ça nous fera du bien !"

L'île semblait presque déserte car nous n'avons croisé qu'une voiture sur la petite route. Les habitants devaient être restés au chaud à digérer les riches agapes de Noël.

-"Il n'y a pas un chat !

-"Ah c'est vrai que l'hiver, il y a à peine trois cent personnes, mais l'été c'est noir de monde !

-"On va où ?

-"On va jusqu'à l'église, ta grand-mère tenait à ce que nous y venions tous."

J'étais intrigué mais je n'ai pas osé demandé pourquoi cette église. Je ne savais pas Marie si attachée à la religion chrétienne au point de vouloir venir faire un espèce de pèlerinage le jour de Noël. Quoi qu'il en soit, c'était plutôt plaisant et puis au moins cela me permettait de me dégourdir un peu les jambes. Nous sommes rentrés dans le bourg qui paraissait toujours aussi vide. Edouard faisait le guide, nous indiquant un champ dans lequel poussait une vigne récemment plantée.

-"Vous avez vu ? De la vigne ! Avec le réchauffement climatique, la Bretagne va devenir une terre viticole !

-"C'est sûr qu'avec les bretons, il y a du débouché pour le marché local !" reprend Sébastien avec une pointe de moquerie dans la voix.

-"Tu devrais en planter dans le jardin, Papy !"

Il nous a aussi montré l'ancien prieuré transformé en mairie et après quelques minutes de marche, nous sommes arrivés sur la place de l'église. Marie s'est approchée résolument de la grande porte et nous l'avons suivie.

-"Je sais que vous n'êtes pas croyants mais aujourd'hui je voudrais que nous priions tous pour Stéphane, pour qu'il se réveille et que nous soyons heureux comme avant...

-"Mais Maman...

-"Allez venez tous !" reprend Edouard.

Nous nous sommes regardés, Sébastien, Sophie et moi, surpris et émus en même temps.

-"Dans la chapelle de l'église, il y a les reliques de St Anton, le saint que toutes les familles de pêcheurs viennent prier pour que leur mari, leur père, leur frère, leur soit rendu sain et sauf et je suis sûr qu'il nous entendra !"

J'ai baissé la tête et je suis entré dans l'église ; je ne suis pas croyant effectivement. Stéphane, et Sébastien ne le sont pas non plus et bien au contraire rejettent totalement l'Eglise catholique qui a trop longtemps condamné les homosexuels, leur déniant les droits élémentaires accordés aux hétérosexuels et les vouant à l'Enfer mais j'ai senti que je devais à Marie de me recueillir et à défaut de réellement prier que je pouvais adresser une supplique silencieuse à ce saint Anton dont je n'avais jamais entendu parler...

Elle s'est agenouillée devant un petit autel et, les yeux clos, elle murmurait des paroles avec ferveur. Je suis allé me placer à côté d'elle et je l'ai imitée.

'Faites que Stéphane se réveille bientôt, faites qu'il soit en bonne santé et que nous soyons à nouveau réunis, faites que nous soyons heureux tous ensemble à nouveau !'

...

Annotations

Vous aimez lire valdomar ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0