CHAPITRE CXIX

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Ce matin, Régis m'a emmené au lycée dans sa Fiat Punto. Ce n'est pas très loin, à vue de nez, je dirais cinq kilomètres. Je lui ai demandé de me laisser au carrefour avant le lycée parce que ce serait plus facile pour lui de se garer. Il a eu l'air d'hésiter un court instant comme s'il ne me faisait pas confiance avant de finalement tourner dans la rue que je lui avais indiquée et de s'arrêter.

-"Je rentrerai en vélo mais tard, juste pour 19 heures parce que j'ai une réunion du Geography club ce soir." dis-je en ouvrant la portière.

-"D'accord, je vais le noter sur le planning.

-"Mon vélo, je le mettrai où ?

-"Tu fais le tour du bâtiment et tu verras, il y a un garage pour les deux roues.

-"D'accord, merci.

-"Bonne journée, Diego !

-"Oui merci, à toi aussi."

J'ai marché les quelques centaines de mètres qui me séparaient des grilles du lycée en appréciant ma liberté retrouvée.

'Enfin plutôt ma semi-liberté... il ne me manque que le bracelet électronique à la cheville!'

-"Diego ! Diego !"

J'ai reconnu la voix de Thibaud et j'ai tourné la tête. Il a traversé le boulevard du Massacre et est venu à ma rencontre. Quand il est arrivé près de moi, je l'ai regardé avec émotion et j'ai eu envie de le prendre dans mes bras...

-"Oh je suis content de te voir, j'ai essayé de t'appeler hier soir mais tu ne répondais pas !" s'exclame-t-il.

-"Ah oui, je ne pouvais pas, ils ramassent les téléphones à 21 heures dans ma prison !" réponds-je en plaisantant.

-"Oh... j'étais inquiet...

-"Ca va, je t'assure... enfin c'est quand même spécial comme endroit, je te raconterai !

-"Tiens, je t'ai amené des affaires de piscine.

-"Oh merci ! Je vais essayer d'aller chez moi demain après midi pour aller chercher les miennes...

-"C'est pas trop dur ?

-"Ca va et je serai même là pour le début du Geography club ce soir alors tu vois, ce n'est pas complètement le bagne !"

J'ai essayé de sourire avec conviction et je ne sais pas s'il m'a cru.

...

Le surveillant qui était à l'entrée du lycée m'a repéré et est venu me dire que madame Faure voulait me voir, j'ai donc quitté Thibaud dans le hall et je me suis dirigé vers le bureau des CPE.

-"Bonjour madame Faure, vous vouliez me voir ?

-"Oh bonjour, Diego ! Ca va ?"

Ce n'était pas la question ritualisée et banale posée machinalement par tous ceux que l'on croise le matin ; j'ai perçu une réelle préoccupation dans sa voix et ça m'a un peu réconforté.

-"Heu oui à peu près...

-"J'ai vu le proviseur hier et je lui ai parlé de ce qui t'arrive. Il voudrait te voir au plus tôt alors vas-y tout de suite et après, tu repasseras me voir, je te ferai un mot pour excuser ton retard.

-"D'accord, j'y vais. Merci !"

La secrétaire du proviseur m'a accueilli avec un grand sourire et a prévenu monsieur Le Foll qui est arrivé tout de suite.

-"Bonjour Diego, entre je t'en prie et assieds-toi.

-"Bonjour monsieur le Proviseur, merci."

-"Ca va, tu tiens le coup ?

-"Oui... disons que c'est un endroit où je n'aimerais pas rester trop longtemps... c'est un peu insécurisant...

-"Oh... tu veux que j'appelle la directrice ?

-"Non pour l'instant ça va, c'est juste qu'il y a des gens qui me font un peu peur...

-"On va essayer de te sortir de ce foyer au plus vite, promis ! Mme Faure m'a expliqué ce qu'il s'était passé hier et j'ai été choqué par ce que j'ai appris. Je voudrais que tu me racontes tout ce que tu as vécu ces dernières semaines pour être sûr de bien comprendre avant de voir ce que je peux faire..."

J'ai donc retracé tous les épisodes depuis la première convocation dans le bureau de l'assistante sociale et je voyais qu'au fur et à mesure de mon récit, le visage du proviseur s'assombrissait. Quand j'ai fini, il a caché ses yeux dans ses mains quelques secondes, s'est frotté le visage et a soupiré.

-"Merci Diego... c'est à peine croyable... et c'est pire que ce que j'imaginais !"

Il s'est levé et a fait quelques pas dans son bureau puis il s'est rassis et s'est tourné vers moi.

-"Ecoute, d'abord je vais entendre madame Leclerc pour avoir sa version des faits et essayer de comprendre ce qui l'anime dans cette histoire...et puis je verrai comment on peut t'aider. Vous avez pris quelqu'un pour vous conseiller ? Un avocat ?

-"Oui, on l'a rencontré samedi mais il nous a dit de ne pas nous opposer à la décision du juge.

-"Il a certainement bien fait. Tu peux lui dire de nous contacter s'il a besoin de nos déclarations, nous te soutenons tous !

-"Monsieur le Proviseur, je ne veux plus avoir affaire à madame Leclerc, est-ce que je peux refuser de la voir ?

-"Oui, je vais faire en sorte qu'elle ne t'ennuie plus, elle a déjà fait trop de dégât ! Mais par contre, il faut que tu comprennes que je ne suis pas son supérieur hiérarchique ; elle dépend du Service de Protection Sociale du Conseil Général et je n'ai pas de réel pouvoir sur elle.

-"Mais alors vous ne pouvez rien faire ?

-"Je vais trouver, je te l'assure et je vais faire en sorte que tu ne la voies plus."

-" Merci monsieur."

-"Je ne veux pas te retenir trop longtemps, je te tiens au courant dès que j'ai vu madame Leclerc et dis bien à votre avocat qu'il peut me contacter quand il veut.

-"Je lui dirai, monsieur, merci pour tout ce que vous faites pour moi !

-"C'est juste normal Diego, c'est ce qui se passe qui est anormal mais crois-moi, on va remettre les choses en ordre !"

...

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