CHAPITRE CXLV

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Un vacarme s'est élevé dans la cuisine suite à l'annonce de Thibaud. Alexis a crié et tapé des mains sur la table, madame Winogravski a répété sur tous les tons qu'elle était contente pour nous deux et Hugo s'est mis à chanter, ils sont amoureux, ils sont amoureux, à tue-tête.

Je dois reconnaître que je ne m'attendais pas à ça et Thibaud encore moins, je crois. On s'est regardé en souriant en se demandant si toute la famille Winogravski n'était pas devenue un peu folle.

-"Tu ne pourras pas dire que tu n'as pas de soutien, Thibaud !" glissé-je.

-"Heu oui... j'ai l'impression qu'ils sont encore plus heureux que moi !

-"Non, mon chéri pas plus heureux que vous mais je suis si contente que tu nous l'aies annoncé si vite et avec un tel enthousiasme !

-"Ils ont quand même mis six mois à se décider alors que tout le monde s'en doutait depuis le début !" déclare Alexis toujours sarcastique.

-"Moi je le savais depuis hier mais Diego m'avait dit de rien dire !" annonce fièrement Hugo.

Tout le monde l'a regardé et j'ai confirmé ce qu'il venait de dire.

-"Oui, c'est vrai ! On a eu une conversation très sérieuse Hugo et moi dans la douche hier et je lui ai fait promettre de garder mes confidences secrètes jusqu'à aujourd'hui. Bravo Hugo, tu viens de me prouver que tu es digne de confiance mais, je n'en ai jamais douté !"

Le petit garçon s'est rengorgé en entendant mon compliment et il a repris.

-"Alors, vous voyez que je sais garder les secrets !

Sa mère l'a regardé, amusée, mais peut-être aussi en se demandant si son petit garçon ne grandissait pas trop vite au point qu'il puisse désormais avoir des secrets pour sa Maman...

...

Alexis est parti se préparer, il a un match à 11 heures. Monsieur Winogravski, quant à lui, est parti au travail depuis longtemps, il est de service un week-end par mois. Hugo est parti jouer dans le salon et nous sommes retrouvés seuls avec madame Winogravski, Sonia, puisque c'est ainsi qu'elle veut que je l'appelle dorénavant.

-"Que vas-tu faire maintenant, Diego ?

-"J'ai tellement de choses à faire... mais dans l'immédiat, je vais aller déposer un mot dans la boîte aux lettres de ma tante Sophie pour la prévenir que je suis rentré et je pense qu'elle va venir me voir dans l'après-midi après son travail. Et puis, je vais prévenir notre avocat de mes démarches à Martigues et sinon, je vais faire des courses pour ce week-end et faire un peu de ménage aussi car Sébastien rentre lundi normalement et j'aimerais que la maison soit nickel...

-"Je viendrai t'aider pour le ménage en début d'après-midi, Diego !

-"Tu vas aider Diego à faire le ménage ? Heureusement que ton père n'est pas là, il aurait éclaté de rire...

-"Oh mais si Maman, c'est juste que j'ai envie d'être avec Diego et il me racontera ses trois jours dans le sud...

-"D'accord, je ne commenterai pas mais c'est bien la première fois que j'entends une excuse pareille pour aller à un rendez-vous avec son petit copain... Trouve un peu mieux la prochaine fois !" conclut-elle en se retenant pour ne pas éclater de rire.

Je suis parti de chez Thibaud peu après. Madame Winograski, Sonia donc, m'a raccompagné avec Thibaud en voiture jusqu'à chez moi et je suis reparti presque aussitôt pour aller chez Sophie. J'ai pris le vélo de Sébastien parce que j'avais envie de me dépenser et que franchement je suis arrivé à saturation en ce qui concerne les transports en commun depuis quelques jours. J'ai fait un détour pour ne pas emprunter le boulevard Bellamy et ne pas me retrouver à proximité du foyer. Officiellement, je suis toujours "porté disparu" et finalement je compte bien le rester jusqu'à lundi !

Bien entendu, la porte de l'immeuble de Sophie était fermée mais compte tenu de mon expérience martégale, il ne m'a pas fallu longtemps pour que je réussisse à entrer. Je suis monté jusqu'au 4ème et j'ai glissé un mot sous la porte à l'attention de Sophie.

Sur le chemin du retour, j'ai fait des courses et puis je suis rentré pour midi. J'ai envoyé un mail à Léa pour la prévenir que je serai au lycée lundi et lui indiquer le numéro de téléphone fixe de la maison et j'en ai fait de même pour monsieur Frot en lui donnant des explications sur ce que j'avais fait à Martigues.

'Voilà, ça c'est fait, je vais pouvoir souffler un peu maintenant !'

Souffler et puis repenser à Thibaud et à nos baisers de ce matin !

Je suis soulagé et comblé. Soulagé parce que j'ai ressenti pour la première fois cet élan qui m'avait manqué lors de mes brèves relations avec les filles.

'Ca n'a rien à voir !'

J'ai enfin l'impression de ressentir quelque chose de vrai, de fort.

Et puis il y a eu des manifestations physiques... J'avais chaud, le cœur qui battait fort et puis la plus visible certainement, j'étais excité comme je ne l'avais jamais été avec Elodie ou Bérangère.

'C'est sûr, je comprends mieux ce que me racontaient Théo et Boris quand ils étaient avec leur copine ! En fait, je suis comme tout le monde !'

J'avoue que ça me soulage car je me suis demandé à un moment si j'étais normal.

'Et oui, je suis normal même si j'ai petit copain quoi qu'en pensent certains !'

Normal parce que je ressens quelque chose de fort pour lui et que je suis prêt à m'engager avec lui dans une relation pleine et entière. Et quand je dis ça, je ne pense pas seulement à lui tenir la main en regardant ensemble le soleil se coucher sur un beau paysage...

Je rougis quand je repense au regard de Thibaud sur la bosse qui est apparue dans mon caleçon ce matin et je revois avec excitation combien le sien était déformé par son membre érigé...

'Waouw, s'il ne venait pas cet après-midi, je sais déjà ce que je serai en train de faire !'

...

Quand Thibaud est arrivé, j'étais en train de passer l'aspirateur dans le salon et quoi qu'en pense sa mère, il s'est mis tout de suite au travail en s'occupant de la cuisine. Pendant presque une heure, on a lavé, récuré, passé la serpillière, essuyé, aspiré, bref tout ce qu'il est possible d'imaginer faire pour avoir une maison propre. J'ai aussi grand ouvert les fenêtres pour aérer et puis permettre au sol de sécher plus rapidement. Puis, satisfait du travail accompli, nous nous sommes réfugiés dans ma chambre, avec un café bien mérité.

-"Tu fais souvent ça ?

-"Le ménage ? Ah non, d'habitude j'aide un peu mais jamais autant ! Et toi ?

-"Je suis responsable de ma chambre et puis, tous les trois, on s'occupe de la salle de bain de l'étage une fois par semaine.

-"Au fait, je t'ai préparé tes vêtements mais tu préfères peut-être que je les lave ?

-"Oh non, je ne les laverai plus jamais !

-"Hein ?

-"Non, je rigole ! Je suis content parce qu'ils t'allaient super bien...

-"Oui, c'est vrai mais de toute façon tout ce qui vient de toi, me va super bien...

-"C'est parce que c'est donné avec amour..." reprend-il en rougissant un peu.

-"Oui, je sais !"

Je me suis penché sur lui et je l'ai embrassé tendrement.

-"Et sinon, maintenant tu peux peut-être me parler de ce fameux SMS qui t'a fait flipper pendant trois jours ?"

Il me l'a montré et j'ai été très ému en le lisant, comprenant aisément que cela avait plongé Thibaud dans le plus grand désarroi quand il a constaté que je n'y répondais pas. Je me suis levé et je lui ai déposé un nouveau baiser sur ses lèvres.

-"C'est tellement beau, il t'a fallu un sacré courage pour m'écrire tout ça... Mon pauvre Thibaud, excuse-moi de t'avoir fait passer une si mauvaise semaine...

-"C'est parce que tu avais écrit que tu pensais à moi... j'y ai pensé toute la matinée et finalement je me suis décidé...

-"Tu as bien fait !

-"Oui mais je l'ai regretté pendant trois jours. Je croyais que tu ne voulais plus me parler. Ma mère et Alexis disaient que tu ne devais plus avoir de batterie, que tu n'avais pas pris ton chargeur, qu'il fallait arrêter de m'inquiéter, que tu n'étais pas comme ça et s'il y avait un problème entre nous tu m'aurais appelé et je l'espérais très fort mais j'étais vraiment désespéré...

-"Oh je comprends dans ce genre de situation, on imagine toujours le pire... mais tu sais ce n'est pas tout à fait une révélation, je crois que j'ai su assez vite que tu avais des sentiments pour moi.

-"Ah bon ?

-"Oui... et puis tout le monde me le disait, mes parents, ta mère, Léa, Hugo, tout le monde, je te dis !

-"Hugo ! Et ma mère !... Et moi qui pensais être discret et qui essayais subtilement de te faire passer quelques messages... mais alors, pourquoi tu as mis autant de temps ?

-"Bonne question ! En fait, au début je ne me suis pas du tout posé de questions ; pour moi, t'étais un ami... bon, je sentais quand même qu'il y avait quelque chose de spécial mais je sortais avec Bérangère et pour moi il n'y avait pas de question, j'étais hétéro...

-"Oui, je l'ai pensé aussi pendant un bon moment et puis j'ai commencé à y croire...

-"Je pense que tu l'as su avant moi !

-"Su, non, c'était bien mon problème ! Mais oui, j'y ai pensé, je l'ai espéré !

-"Et qu'est-ce qui t'a mis sur la voie ?

-"Camille ! Je lui ai dit que j'étais gay...

-"Oh c'est bien ! Moi je me demandais si elle n'aurait pas voulu sortir avec toi...

-"Tu crois ?

-"Ben oui qui ne voudrait pas d'un beau surfer brésilien comme petit copain ?"reprends-je en souriant.

Il a haussé les épaules, ne semblant toujours pas capable de se voir au travers du regard des autres.

-"Elle m'a dit que tu ne regardais pas les filles, même Léa, comme le font les autres garçons... Et puis Nicolas, il n'arrêtait pas de me dire de foncer, qu'il était sûr que tu avais des sentiments pour moi...

-"Oh le fourbe, c'est pour ça qu'il m'avait invité à sa fête !" réponds-je en me disant que décidemment, Nicolas était quelqu'un de très perspicace et qu'il tenait beaucoup à Thibaud.

-"Oui peut-être... il voulait me faire plaisir mais ça a été un désastre...

-"Oui, j'ai cru que tu étais tombé amoureux de Jérémy et après que vous sortiez ensemble...c'est ce soir là que j'ai vraiment commencé à comprendre que j'étais jaloux !

-"Oh mais non ! Je n'ai jamais été intéressé par Jérémy mais par contre je crois que tu lui plais beaucoup !

-"Oui, je me suis rendu compte qu'il me draguait à moitié à la piscine et ça me rendait malade qu'il se comporte comme ça vis à vis de toi...

-"Oh... et moi quand je vous ai vu discuter, je suis devenu fou et j'aurai voulu ne jamais l'avoir rencontré..."

Nous sommes restés un instant silencieux, je pense que chacun comprenait mieux ce qui s'était passé dans la tête de l'autre, et les incompréhensions, les mauvaises interprétations qui en avaient résulté. Je me suis mis à sourire et il s'en est aperçu.

-"Finalement, c'est un peu grâce à lui que nous sommes maintenant ensemble..."

Il m'a regardé interloqué et puis j'ai vu qu'il comprenait ce que je voulais dire.

-"Oui, c'est vrai... mais je ne vais pas le remercier, j'ai eu trop peur...

-"Allez, ne sois pas trop dur..."

Je me suis levé et me suis assis à côté de lui sur le lit. C'est à cet instant que je me suis rappelé les paroles de Boris, surtout, il faut que tu l'embrasses sur le lit comme ça vous vous retrouverez allongé et tu pourras passer au stade 2.

-"Qu'est-ce que tu as ? Pourquoi tu rigoles ?

-"Pour rien !"

J'ai posé mes lèvres sur les siennes ce qui a mis un terme provisoire à notre discussion. A cet instant il n'y avait rien d'autre qui comptait que nos baisers enflammés. Nos corps ont glissé sur le lit et nous avons continué à nous embrasser avidement, langoureusement, amoureusement...

...

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