CHAPITRE CC

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A la campagne, on se couche tôt. En tous les cas, c'est ce que font mes grands-parents. Edouard s'est installé devant la télé après le repas mais je sais par expérience qu'il ne verra pas la fin du film ! Nous sommes restés dans la cuisine aider Marie à débarrasser la table et à faire la vaisselle.

-"Alors, qu'est-ce que vous avez prévu de faire demain, les garçons ?

-"On va aller à la pêche avec Papy !

-"Oui, ça je m'en doute ! Il faudra vous lever tôt, la marée est à 9 heures. Tu es matinal, Thibaud ?

-"Oh oui ça va...

-"Plus que moi, c'est sûr !

-"Et après ?" interroge Marie en faisant semblant de ne pas remarquer que les joues de Thibaud avaient rosi.

-"On va essayer de prendre des cours de planche à voile, Papy m'a dit que le club était ouvert..."

On a discuté de tout et de rien autour d'un café et puis nous sommes allés rejoindre Edouard dans le salon. Dès que le premier épisode de la série a été terminé, il s'est levé.

-"Bon, je vais me coucher. Je vais à la pêche demain matin, êtes-vous partants ?

-"Ah oui, complètement !

-"Bon, très bien. Je viendrai vous réveiller à 7 h 30, la marée basse est à 9 heures... tâchez de vous trouver chacun dans votre lit...

-"Oh Papy !" dis-je en poussant un cri indigné.

-"J'ai eu votre âge, je sais ce que c'est d'avoir 15 ans ! Bon, allez, à demain les garçons !

-"Bonne nuit Monsieur !

-"Bonne nuit Papy !"

Thibaud était rouge écrevisse. Je me suis approché de lui et je l'ai enlacé.

-"Ne sois pas gêné, au moins c'est dit, on a la permission du moment qu'on est chacun dans notre lit demain matin !

-"Heu tu crois ?

-"Absolument et moi ce que je retiens c'est que la nuit s'annonce chaude..."

Marie, est venue nous souhaiter bonne nuit peu de temps après. Nous avons sagement regardé le deuxième épisode de la série et puis nous sommes montés nous coucher.

-"Tu viens dans ma chambre, il y a un grand lit..."

...

En fait, c'est ce soir là que j'ai essayé d'honorer la promesse que j'avais faite à Thibaud mais nous n'y sommes pas parvenus. Je ne vais pas entrer dans les détails techniques sinon pour dire que nous manquions de tout, de matériel et d'entraînement !

-"Ecoute, c'est pas grave, Diego, on réessayera une autre fois...

-"Oui, je crois que tu as raison, ça me fait trop mal...

-"Il faut qu'on achète du lubrifiant, je l'ai lu dans les commentaires sur les forums...

-"Et puis il faut que je m'entraîne..."

Je contemple le sexe érigé de Thibaud. Certes, ce n'est pas un sexe géant mais tout de même, il est assez gros...

-"Tu n'as qu'à faire comme moi, tu commences par les doigts et puis après tu pourras y glisser tout ce que tu veux...

-"Comme quoi ?

-"Une carotte, un manche de tournevis...

-"Oh d'accord tout ce qui est cylindrique, en fait !

-"C'est un peu l'idée ! Tu veux qu'on inverse les rôles ?

-"Heu...non, on le fera ensemble dès que je serais prêt !

-"D'accord !

-"Enfin, j'espère quand même que ça va pas me prendre trop longtemps...

-"Mais non, c'est comme pour tout, si tu t'entraînes bien, tu vas vite faire des progrès !

-"J'espère bien ! Allez, approche toi un peu que je prenne soin de ta courgette, je vais te montrer que je sais jardiner, moi !"

...

-"Diego, il est l'heure ! Diego !"

Je sens que l'on me secoue par l'épaule et j'ouvre les yeux. C'est Edouard, bien sûr !

-"Oh, déjà !

-"Oui, il est 7 h 30. Allez, lève-toi, je vais réveiller Thibaud."

Edouard nous a emmenés à la pointe Er Hourel, un de ses coins préférés, un éperon rocheux qui s’enfonce dans le golfe du Morbihan. Nous nous sommes équipés et il n’était pas 9 heures que nous attaquions déjà les rochers qui venaient d’être découverts, ceux où l’on trouve les plus beaux crabes. Edouard a expliqué à Thibaud comment procéder et puis s’est éloigné d’une dizaine de mètres pour explorer un bloc de rochers prometteurs.

-« Tu me suis, on va commencer là-bas." dis-je en désignant des rochers juste découverts.

-« D’accord. »

Thibaud m’a regardé écarter les algues et plonger la main dans les anfractuosités à la base des rochers. Je passe le crochet rapidement et dès que je sens que quelque chose bouge, je m’arrête et j’essaie de m’en emparer avec les doigts.

-« Oh je sens quelque chose ! Regarde, une étrille ! » m’exclamé-je triomphant.

-« Tu n’as pas peur de te faire pincer les doigts ?

-« Oh quand c’est une étrille, ça va. Allez, passe-moi le panier… »

Petit à petit, Thibaud a pris ses marques et même s’il avait encore quelques appréhensions à plonger sa main, il a osé se lancer jusqu’au moment où je l’ai entendu pousser un cri de douleur.

-« Aïe ! Je me suis fait pincer ! »

Nous avions des gants aussi je savais qu’il ne risquait pas grand-chose.

-« Ha ha ha c’est le métier qui rentre ! Attends, on va voir qui a osé s’attaquer à mon amoureux ! »

J’ai passé mon crochet et j’ai senti que ça bougeait.

-« C’est un dormeur, je crois et un gros ! Tu as dû le déranger pendant sa sieste et il a le réveil agressif ! »

La difficulté avec ces gros crabes, ce sont bien sûr leurs énormes pinces. Il faut les attraper par la carapace derrière les yeux mais quand ils sont enfoncés dans un trou, je vous assure que ce n’est pas chose facile. J’ai bataillé plusieurs minutes avant de le faire bouger et ensuite j’ai réussi à m’en saisir sans dommage.

-« Tiens, le voilà ! Vite ouvre le panier !

-«Waouw, il est énorme ! Fais attention ! »

J’ai prévenu Edouard qu’on en avait attrapé un gros et j’ai vu qu’il était en train de discuter avec le peintre qu’on avait déjà rencontré il y quelques mois. Il nous a fait signe de la main et ils ont continué à discuter.

-« Viens, si tu veux on va pêcher des crevettes, ce sera moins dangereux. »

On a pris nos haveneaux et nous avons exploré toutes les mares aux alentours. C’est sûr que c’est moins risqué encore qu’après avoir dérapé sur un rocher, je me suis retrouvé à genou dans l’eau tandis que Thibaud éclatait de rire.

-« Ha ha ha excuse mais il fallait voir ta tête !

-« Tu es sans cœur et moi je suis trempé ! »

Il a pris ma main pour m'aider à me relever et m’a serré contre lui.

-« Oh je suis désolé ! » reprend-il en déposant un baiser sur me lèvres.

-« Merci de me réconforter, mon amour-propre en a pris un coup ! »

Le peintre est venu nous voir peu après et nous demandé s’il pouvait nous prendre en photo. Il voulait, nous avoir tous les deux dans le cadre, proches, souriants les mains dans l’eau mais le regard tourné vers lui aussi avons-nous joué les mannequins pendant quelques minutes.

-« On viendra voir vos tableaux cet été et n’oubliez que vous deviez en faire un avec mon papy et moi… » reprends-je en baissant la voix.

-« J’en ai fait deux, et je les ai mis de côté, tu pourras choisir !

-« Ah super, on viendra quand je serai avec mes parents et puis peut-être que vous en ferez un beau avec toutes ces photos !

-« On verra… »

J’ai expliqué à Thibaud mon idée de faire faire un tableau de mon grand-père et moi pour lui faire le cadeau à Noël quand une idée m’a traversé l’esprit.

‘Je me demande si Edouard n’a pas eu la même idée que moi… ce serait trop chouette !’

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