Dégoût

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Pourtant, le feu brûlait en nous. La cohabitation naturelle qui s’ensuivit s’ajustait bien à l’expression se mettre à la colle, car chaque soir, nous étions soudés l’un à l’autre. J’étais aimante, désireuse de satisfaire ses moindres désirs. Il disait que ma présence lui donnait du courage, mon absence avivait sa jalousie. Du sentiment de confiance à celui de la souffrance, j’aurais pu croire qu’il y avait un roman à écrire, donnant à l’incipit suffisamment d’ouverture pour dérouler les chapitres d’une histoire d’amour. J’en connus la conclusion plus vite que prévue.

En société, il me demandait d’être séduisante avec la retenue indispensable révélant une bonne éducation. Au lit, il ne manquait pas de solliciter la nymphomane que je n’étais pas. Je me souvenais alors de l’édredon dans lequel, petite fille sur le kang1 familial, je me nichais avant de m’endormir. Ses déceptions face à mon manque d’entrain le faisaient regretter ouvertement l’abolition de la polygamie.

Ma mère eut vent de ma mise en ménage. Nous nous retrouvâmes de temps en temps chez elle, puis chez moi. Le fait de n'être plus son enfant mais une femme, me procura la sensation de devenir son égale. Lors de notre première conversation qui porta sur mon avenir, elle m'intima l'ordre de me protéger tant que je n'étais pas mariée. Trop tard.

Un soir, je reçu un coup de poing, pas méchant, certes, ce devait être pour lui une manière de se défouler. Je comprenais. J'encaissais.

Les bleus parsemés d'étoiles éloignèrent mon corps et mon esprit de ce que Li Cheng appelait notre amour. Pourquoi ce revirement ? La pression au travail ? Était-ce lié au fait que je t’attendais, que je refusais ses avances ? L’amour est un acte qui entraîne certaines conséquences.

Bien que ma mère me pressât d'accepter ses herbes médicinales abortives, j’hésitais longtemps entre mon désir de maternité et celui de le renier. Incapable de me ranger à l'une ou l'autre cause, je divaguais souvent, me confortais dans une sorte de déprime insidieuse. Une copine de bureau affirmait elle, que les médicaments allopathiques étaient de vrais poisons. J'approuvais cette idée et tentais de l'appliquer après une séance conjugale particulièrement saignante. La seule boîte de médicaments que je retrouvai dans le tiroir de mon amie absente ce jour-là était remplie d'antidépresseurs. Qu'importe. Ils me serviraient à assouvir mon besoin de délivrance. J'absorbai la totalité des pilules.

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