Chapitre 11 - VP Benjamin

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Elle s’est immédiatement retirée et s’est même mise debout contre le mur en essayant de cacher sa nudité, alors qu’elle me l’offrait plus que jamais auparavant. Devant mon regard probablement lubrique, elle est revenue se cacher sous le drap en poussant un petit cri exaspéré. Entre temps, j’avais changé d’avis : vu le nombre de fois où je m’étais vu en train de la corriger, j’aurais été idiot de refuser une seule seconde de plus.

- Je veux bien essayer. Et je promets de ne plus jamais en parler après !

- Vraiment ?

- Oui.

Ça a été le moment le plus intime de toute ma vie. Et c’était avec elle !

Je ne savais pas trop comment m’y prendre. Je l’ai remise en travers de mes genoux. J’ai d’abord caressé ses fesses. Nous avons ri ensemble lorsqu’elle a compris que je n’osais pas me lancer. C’était la première fois que nous riions tous les deux. Elle a pris ma main gauche pour la poser sur ses seins tout en la maintenant. Puis elle a posé ma main droite sur mes fesses. Je n’étais pas beaucoup plus avancé. Elle a poussé une sorte de soupir moqueur qui m’a exaspéré.

- Pourquoi est-ce que je devrais vous mettre cette fessée, Mademoiselle Biscuit ?

- Je suis sûr que vous allez trouver encore tout un tas de reproches à me faire ! Que je vous fais perdre de l’argent, que je suis trop coincée, quoi d’autre ?

- Oh bon sang, tellement de choses en effet ! La nuit entière n’y suffirait pas ! Je pense que pour cette fois, je vais me concentrer sur le fait que vous ne m’avez pas adressé la parole plus de trois fois en sept jours alors que vous m’avez laissé… faire tout ça !

Elle a ri.

J’ai commencé une première fois et comme elle n’a pas trop réagi, j’ai continué tranquillement. Elle poussait des petits soupirs et à la cinquième claque elle a crié :

- Oh pitié, ça fait trop mal !

- Vous êtes sérieuse ?!

- Oui ! Je ne peux pas supporter plus.

- Vous êtes la fessée la moins courageuse que je connaisse !

-Vous n’en connaissez pas d’autres, apparemment…

- Mais quand-même, seulement cinq claques !

Nous avons à nouveau ri ensemble et là il s’est passé quelque chose d’encore plus magique : en se relevant, elle s’est retrouvée la tête contre la mienne, front contre front, et elle est restée comme cela quelques secondes. J’aurais été face à une lionne en pleine nature que ça ne m’aurait pas fait plus d’effet. J’ai compris des mois plus tard qu’elle attendait simplement que je l’embrasse.

Je lui ai fait l’amour avec une certaine force, comme si j’avais voulu la soumettre. Elle a aimé ça. Vraiment. J’ai recommencé le dernier soir et j’ai senti quelque chose en elle se détendre.

C’est la seule nuit que j’ai passé en entière près d’elle, parce que sa cahutte était un peu à l’écart. Pendant que je m’habillais au petit matin, elle a dit d’un air mignon :

- Bon sang, pourquoi est-ce que vous êtes si attirant ?

J’ai failli en tomber par terre…

- Pourquoi je n’ai pas enregistré ça ? Tu me trouves attirant ?

Elle m’a montré de haut en bas comme si c’était évident, ce qui m’a redonné confiance en moi pour les trente prochaines années.

Malgré tout le temps que nous avons passé ensemble pendant ces sept jours (sept nuits en fait), nous n’avons pas échangé plus de trente-cinq mots. Avec les autres par contre, elle a beaucoup parlé : pendant les marches, elle pouvait écouter les gens pendant des heures et restait souvent en petit groupe de deux ou trois personnes pour « faciliter les vrais échanges » comme elle disait. Elle posait beaucoup de questions aux guides et nous étions obligés de l’attendre quand on rencontrait des enfants parce qu’elle essayait de leur parler pendant quinze minutes.

Je passais beaucoup de temps avec Mathieu, qui était venu seul car sa fiancée n’avait pas pu prendre de vacances. Nous avions aussi un secret en commun : je savais qu’il ne fallait surtout pas parler à Laetitia du mariage de ce dernier, pour lequel nous serions tous deux témoins, car il voulait attendre d’être avec sa fiancée pour lui annoncer.

Dans l’aéroport, à Paris, j’ai profité d’une foule assez dense avant de récupérer nos bagages pour me coller à elle par derrière et lui dire :

- Mademoiselle Biscuit, comment allons-nous gérer « cela » désormais ?

- Nous n’allons rien faire du tout. Ce qui se passe au Maroc, reste au Maroc !

- Et si j’ai encore envie d’entendre vos délicieux petits cris ?

Elle m’a regardé d’un air exaspéré, encore plus que d’habitude, ce que je n’aurais jamais pensé possible :

- Vous n’êtes pas sérieux ? Vous imaginez, si quelqu’un commence à se faire des films ?

- Quand il se passe quelque chose, on n’appelle pas cela « se faire des films », Mademoiselle Biscuit !

- Il ne se passe rien du tout ! Ce qui s’est passé au Maroc, reste au Maroc !

Ce qui m’a fait un mal de chien. Vraiment. Sans dire que j’y croyais, je pensais réellement que quelque chose était en train de naître entre elle et moi. Ajouté au fait que je ne rêvais que de cela depuis des mois, j’ai compris tout un tas de choses de ces amours non réciproques qu’on voit en cours de Français quand on a treize ans et qui nous paraissent tellement ridicules. La douleur était atroce, et je n’avais personne à qui en parler.

A notre retour, nous avons donc fait comme si « ce qui s’est passé au Maroc, reste au Maroc ».

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