Chapitre 20 - VP Laetitia

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Quelques jours après notre retour, il me demande de venir dans son bureau. Il tient un carton d’invitation.

- Samedi prochain c’est le gala annuel de l’association Shop and read…

Je reste muette. Il sait. Mon association. Plutôt la sienne aujourd’hui d’ailleurs puisqu’il en est le président d’honneur. J’ai créé cette association quand j’étais lycéenne et qu’on nous demandait d’imaginer un projet d’entreprise ou associatif fictif sur papier, et comme je ne voyais pas l’intérêt, je l’ai fait en vrai. J’ai donc créé un concept de bibliothèques dans les centres commerciaux. Les gens achètent où vendent des livres, cd et jeux vidéo d’occasion, mais ils peuvent aussi juste venir pour lire où pour écouter de la musique gratuitement. Il y a un bar sans alcool. Ce n’est pas rentable, encore moins maintenant, mais le but est de rendre les centres commerciaux plus culturels. De montrer que ce ne sont pas que des lieux où tout se vend. Le seul qui a cru en ce projet il y a plus de 17 ans, c’est Benjamin Fortet. Je lui avais envoyé mon dossier en changeant déjà mon nom et il avait décidé de créer une boutique « Shop and read » en test à Lille, puis dans tous ses centres. C’est devenu une de ses marques de fabrique. C’est aussi devenu une grosse association qui organise chaque année l’un des galas les plus en vue de Paris pour récolter une partie de l’argent nécessaire à son financement. Les deux premières années, il n’était pas venu car le projet était en train de prendre forme et qu’il avait soi-disant trop de travail. La troisième nous nous étions rencontrés. Ça ne m’avait jamais inquiétée quand j’ai commencé à travailler pour lui quatorze ans après car j’ai perdu quinze kilos quand je vivais en Inde, mes cheveux ne sont plus longs et rouges mais courts et blonds méchés et mon style vestimentaire est complètement différent. J’avais aussi menti sur mon nom. Finalement je ne sais pas comment il a compris.

- Est-ce que votre père sait que c’est vous ?

- Oui. Et vous comment savez-vous ?

- Je savais depuis le début que c’était la fille de Delacre… bien que vous m’ayez déjà menti sur votre nom en me présentant votre projet. Qui aurait cru que cette petite intello au style mal assuré devienne…vous !? Il faut que je vous avoue que quand on m’a dit votre nom avant l’entretien d’embauche j’avais un peu tilté, mais vous étiez recommandée par Mathieu alors j’ai cru que c’était impossible. D’ailleurs j’aimerais bien savoir ce que vous lui avez fait pour qu’il prenne un risque aussi énorme pour vous ? C’était votre amant ?

- Non, je lui ai mis une bonne fessée et je lui ai dit que je recommencerais s’il me balançait, du coup il me mange dans la main !

- Ha, je devrais peut-être essayer avec lui pour qu’il m’écoute un peu plus ?!

- Vous savez très bien que je ne suis pas un danger pour vous ni pour votre entreprise, il le savait aussi.

- Pour mon entreprise non, pour moi par contre…

- Vous parlez de fessée ?

- Non. Ça vous dirait de venir à ce gala avec moi ?

- Pas vraiment en fait.

- Vous êtes sûre ?

- C’est très gentil de proposer mais il y a beaucoup de gens que je n’ai pas trop envie de revoir et de plus, je crois que vous et moi ensemble à ce gala, pour tout un tas de raison, ce n’est pas raisonnable. C’est même dangereux pour votre réputation et celle de Comexp.

- Vous avez peut-être raison. Vous m’accompagnez quand même ?

- Vous êtes fatigué en ce moment ? Je vous explique que les actions de votre entreprise baisseraient immédiatement si on vous voyait en ma compagnie !

- Merci oui, j’avais bien compris. Mais je ne vois pas le problème si la fondatrice de l’association Shop and Read se fait prendre en photo avec le président ! Approchez-vous, j’ai retrouvé les boules de geisha, je vais bien réussir à vous convaincre. Sinon je vous y emmènerai à coup de martinet. A ce propose je n’aime pas beaucoup quand vous me parlez comme ça, ne vous faites pas priez, amenez-moi votre petit derrière sacré pour qu’il s’excuse humblement.

Sur le coup je ne comprends pas pourquoi mon derrière est sacré. Il a dû manger un clown parce qu’il termine en disant pour lui-même « Sacré, sacrément rouge ! ».

Je fonce à l’entraînement où je retrouve Marie que je n’ai pas beaucoup vu ces derniers temps. Je fais semblant de tomber les fesses par terre au milieu du match de fin d’entrainement et Stéph me dit « Ouah ben tu ne t’es pas loupée ! » en voyant mes fesses sous la douche. Je ne réponds rien du tout, j’en ai un peu marre des mensonges dés fois. J’essaie de briser la glace avec Marie alors qu’il ne reste plus que nous :

- Bon allez, avoue-tout !

- De quoi parles-tu ?

- Tu te tapes Joe !

- Tu rêves… Et toi tu te tapes toujours ton boss ?

- Euh…tu viens boire un coup ?

- Ok, vite fait.

Nous retrouvons le Beave’s, un bar où la musique n’est pas trop forte et où nous venions très souvent après les entraînements dans le temps, c'est-à-dire il y a environ six mois. Nous parlons de tout et de rien pendant deux bières. Ensuite ça va mieux.

- Alors, ton boss ?

- Je te réponds si tu me dis tout sur Joe, tope là !

- Ok.

- Oui ben on continue. Au moins une fois par semaine.

- Tu te rends compte de ce que tu fais ?! Ça fait combien de temps que ça dure maintenant ?

- Cinq mois, une semaine et trois jours.

- Ose me dire que tu n’es pas amoureuse de lui avec un décompte aussi précis !

- Mais non comment veux-tu que je sois amoureuse de lui ? C’est juste…sexuel.

- Ben justement moi aussi je disais ça au début pour Joe.

- Non !!

- Si !

- Mais pourquoi tu ne me l’as pas dit ?

- Parce que ce n’est pas trop autorisé pour les entraîneurs de sortir avec quelqu’un de leur équipe. C’est normal d’ailleurs. Alors on s’est juré de ne rien dire, d’ailleurs s’il savait il me tuerait tellement il serait fâché. Enfin plutôt il me…

- Quoi ?

- Non rien.

Je sais ce qu’elle veut dire. J’en suis sûre. Mais comment lui dire ?

Le lendemain, je ne suis pas très fraîche. Il semble que ça se voit comme le nez au milieu de la figure vu qu’il me dit directement « Ah, encore des heures supplémentaires dans mon bureau ce soir Mademoiselle Demange ? »

Quand j’arrive, il me fait un sermon sur mon comportement ces derniers mois, me disant qu’il se demande si je profite du fait que notre relation ait changé ou bien si je cherche à être corrigée le plus souvent possible parce que j’aime ça. Bien sûr entrecoupé par sa main sur mes fesses. Il semble qu’il préfère utiliser ses mains plutôt que les différents accessoires qu’il a achetés récemment.

Toute la semaine suivante, il me menace d’une énorme correction si je lui pose un lapin le samedi soir pour le gala et du coup, il ne me touche pas. Je suis super frustrée et je rêve de… bon j’essaie de ne pas penser qu’à ça tout le temps car ça devient indécent. Avant je trouvais que le sexe est quelque chose de superficiel. J’ai tout fait dans ma vie pour ne pas être quelqu’un de superficiel et je me retrouve là à rêver d’un engin énorme qui me fasse tout un tas de choses très superficielles.

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