Chapitre 24 - VP Laetitia

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Le lendemain, je me réveille de nouveau toute seule. Il y a des habits à moi sur une chaise et je redis « cinglé » pour la énième fois. Quand j’arrive vers lui, douchée et habillée, il me tend les clés de mon appartement en me disant « au cas où tu me traites de cinglé en me demandant comment j’ai pu avoir tes habits, je suis juste allé les chercher hier soir ! ». Pendant que je prends mon petit déjeuner, il m’annonce que nous avons un problème :

- Vous aviez entièrement raison Laetitia (pourquoi je n’ai pas enregistré ça ?), les journalistes ont beaucoup aimé notre histoire de samedi et la France entière pense ou espère que nous sommes ensemble. Je dois m’expliquer devant mon conseil d’administration aujourd’hui même.

- Pas de problème, vous n’avez qu’à leur dire la vérité.

- Vous n’êtes pas sérieuse ?

- Je veux dire, le fait qu’il n’y ait rien entre nous. Pas le reste bien sûr.

- Le reste constitue un « quelque chose », donc, je ne peux pas leur dire la vérité !

- Bon d’accord, mentez-leur ! (je marmonne) je me comprends moi.

- Et bien pas moi.

- Non seulement on n’a jamais rien à se dire mais en plus quand, on se parle, on n’est pas sur la même planète.

- Je n’ai pas le temps de méta-physiqué, dépêchez-vous, je pars en vélo et vous en métro. Et si vous êtes en retard, je vous mets une fessée !

Quand j’arrive au travail, en retard, je ne croise pas beaucoup de monde mais leurs regards me suffisent pour regretter de ne pas être retournée chez moi. Même mon équipe a l’air un peu gênée. Il y a un défilé de curieux silencieux qui passe devant mon bureau et j’essaie de faire abstraction. Jessica passe plusieurs fois et c’est la seule qui ne me regarde absolument pas mais elle semble tellement furieuse que c’est mon unique réconfort dans cette situation très gênante. D’un seul coup, je réalise que mon identité vient d’être révélée et que les gens ne viennent pas seulement me voir pour les ragots sur ma relation avec Lui, mais aussi pour la vérité, parce que je suis une concurrente de naissance ! Je me sauve de là. J’atterris dans un bar que j’aime bien, pas trop loin de mon bureau et je commande du champagne. Parfois, je m’épate moi-même par ma propre nunucherie. Quand il a fait son discours, je n’ai pas percuté un seul instant que tout le monde saurait qui je suis. Comment est-ce possible d’être aussi bête ? Et lui d’ailleurs, même panier que moi ! Mon téléphone sonne et en décrochant je dis immédiatement :

- Tout le monde sait qui je suis !

- Oui…

- Je ne veux pas.

- Je suis désolé.

- Ça ne change rien.

- Revenez ici, j’ai besoin de vous.

- Mais au contraire, il ne faut surtout pas que je revienne, pour vous comme pour moi, qu’est-ce qu’on fait maintenant ?

- Où êtes-vous ?

- Au bar des « 3 frères ».

- J’arrive.

Les cinq minutes qu’il met à me rejoindre me permettent de faire un rapide point.

- 1.) Professionnellement : pendant trois ans j’ai travaillé très dur pour confirmer mon poste. Aujourd’hui, quoi que je fasse on dira toujours que je suis la fille de Demange. Plus personne ne me parlera, où l’inverse mais ce sera toujours intéressé ou bizarre. Je ne peux pas continuer ce boulot, en même temps je ne peux pas changer car la seule autre boîte dans mon domaine, c’est celle de mon père.

- 2.) Niveau cœur : il m’est interdit de tomber amoureuse d’un homme dont tout le monde dit déjà que je suis amoureuse. C’est homme-là aime me mettre des fessées et m’attacher à son lit. Sinon j’ai 33 ans et je suis célibataire sans enfants. Je crois que je suis en train de tomber amoureuse du fesseur bien que je n’aie pas les moyens de payer les avocats qui mettront 10 ans à écrire notre contrat de mariage.

- 3.) Niveau famille : mon père vit au 15éme siècle et ma mère au 19éme. Moi je suis au 21éme, comme tout le monde.

- 4.) Niveau amitié : la grande majorité de mes amis vit à plus de 3000 km de moi et je ne vois plus beaucoup Marie. Heureusement, il me reste Mathieu et Claire.

- 5.) Niveau sportif : nous sommes avant-dernières au classement régional des équipes seniors féminines.

Quelqu’un à côté de moi lit le journal. 6.) Je suis en photo en couv’ sur tous les magazines économiques de France, et probablement de Navarre.

Je réalise que depuis samedi soir, j’ai quinze messages sur ma boîte vocale et quarante-huit SMS, dont la plupart de Marie. Je lui envoi juste « Je vais bien ».

Il arrive et s’assied à côté de moi. Je lui propose du champagne, et il accepte.

- Je ne veux plus retourner au bureau. Je veux repartir vivre à l’étranger. S’il vous plaît donnez-moi au moins ma journée. Comment s’est passé votre CA ? Le champagne me rend toujours trop volubile.

- Ne vous inquiétez pas pour mon CA. C’est d’accord, je vous donne même deux semaines de vacances. Partez à l’étranger, ce sera mieux pour tout le monde.

- C’est vrai ? Je ne veux pas le laisser. Il va devoir affronter tout ça tout seul. Oh merci je ne vous remercierais jamais assez…

- Ce n’est pas si sûr ! Allez, dépêchez-vous d’aller trouver un billet d’avion pour la destination de votre choix. Et abstenez-vous de boire du champagne !

- Mais qui va faire mon travail ?

- Je vais essayer de trouver une belle blonde pas trop menteuse et qui tend bien son derrière pendant la fessée ! Par contre mercredi dans deux semaines je veux vos fesses à vous en l’air au-dessus du canapé, c’est bien compris ?

- Sinon quoi ?

Il rigole ! Ça alors, lui aussi il rigole de mes blagues.

Je rentre chez moi presqu’en courant. Partir, c’est la meilleure solution. M’éloigner de lui, oublier tout ça, me faire oublier, revoir mes amis, trouver du travail. C’est parfait. D’abord il faut choisir une destination. L’Australie est trop loin et trop chère. La Turquie, je ne peux pas y trouver un travail à cause de mon mauvais niveau en Turc. Je n’ai pas trop envie de retourner vivre en Angleterre. Montréal me semble le plus adapté.

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