Chapitre 39 - VP Laetitia

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Vu comme mes fesses sont dociles et tendues vers l’arrière, il semble que mon corps ait encore pris le dessus. Je continue quand même à hurler jusqu’à ce que je n’aie plus de force, ou que je me soumette, ou encore que je réalise que je rêve de ce moment depuis cinq jours. Depuis cinq mois plutôt.

- Nous disions donc, un Québécois embrassé sur la bouche, une forêt tropicale dans ma chambre. J’oubliais le haut de maillot de bain détaché sur la plage régulièrement, une vieille habitude que je n’aime toujours pas beaucoup. Tout le reste de la fessée sera pour ta mauvaise volonté dans chacune de nos discussions et pour le fait que tu te mens à toi-même.

Cette partie-là dure très longtemps. Il me porte ensuite dans la mer et me plonge dedans, ce qui me picote les fesses comme si on m’enfonçait des aiguilles. Je crie jusqu’à ce qu’il me ramène au bord de l’eau et qu’il m’enfonce autre chose, avec la même impudeur et le même sentiment de liberté aphrodisiaque. Au moment de remonter sur le scooter, il prend ma tête entre ses deux mains et me regarde dans les yeux. Longtemps. Je crois beaucoup à ce qu’on voit dans le regard des gens. Je manque de sombrer en me disant que c’est la première fois qu’il me regarde vraiment, mais je vois de l’honnêteté. Il ne me manipule pas, c’est un homme vrai et je me voile la face en pensant l’inverse. Je vois sa force aussi, immense. Je vois un brin de gentillesse. Je ne crois pas voir d’amour. Pourtant il m’embrasse passionnément, comme le soir d’avant. Il me dit « Tu m’appartiens » en captant de nouveau mon regard et il me ramène à l’hôtel.

Il se met à côté de moi pour manger, ce qui me met très mal à l’aise. Je me demande ce qu’il va tenter et je ne dis pas un mot pendant tout le début du repas jusqu’à ce que Léa me demande si je vais bien. BF m’adresse soudainement la parole :

- Tu travailles où Laetitia en ce moment ?

- Chez un concurrent à vous que je ne souhaite pas vous faire connaître, Monsieur Fortet.

- Je ne vois pas pourquoi.

- Pour éviter que vous ne me preniez mes idées.

- De toute façon j’arriverais toujours à prendre tes idées ! Le temps que ton Monsieur Hugler comprenne que c’est une bonne chose et qu’il arrive à la faire sortir, j’aurais déjà inauguré une nouvelle association.

- Cinglé !

- Oh ça va, c’est un petit milieu quand même. Bon alors, que va-t-il se passer dans mes centres commerciaux dans six mois ?

Justine et Léa me regardent bizarrement, surtout Justine qui coupe la conversation :

- Vous vous connaissez ?

- Non.

- Oui. Laetitia a travaillé pour moi pendant trois ans, avec Mathieu bien sûr.

- C’est de l’histoire ancienne.

- C’était il y a cinq mois !

- Lâche-moi, Fortet.

Je me lève pour aller au buffet et surtout pour être tranquille mais il me suit, ce qui veut dire qu’il va sûrement m’engueuler.

- Tu me tutoies en public maintenant ? C’est trop mignon !

- Je ne travaille plus pour toi, je te parle comme je veux.

- Alors parles-moi juste normalement, fais un effort.

- Lâche-moi, For-tet !

- Mais on peut quand même se parler non ? Même les gens que tu ne connais pas, tu leurs parles.

- Je ne sais plus comment te le dire. Non ! Je suis en cure de désintoxication, je ne dois plus jamais replonger alors, ARRETES !

- NON ! Tant que tu ne m’auras pas parlé normalement, comme une adulte, je ne te lâcherai pas.

Quand nous revenons à notre table il me suit toujours. Justine nous demande :

- Pourquoi vous ne vous êtes pas parlé avant ? Super, il ne manquait que ça.

- Parce que Mademoiselle Demange me boude, elle travaille même chez un concurrent à moi, alors que je lui ai tout appris ! Il prend un air mis comique – mi outré qui n’amuse pas du tout Justine, ni moi d’ailleurs.

- La seule chose que j’ai appris avec toi, c’est qu’avec le temps, on perd ses convictions. Je travaille pour quelqu’un qui croit vraiment en ce qu’il dit et crois-moi, ça fait tout drôle !

- On en reparle dans 10 ans de Monsieur Hugler ! Il me regarde et dans ses yeux je lis la promesse d’une fessée.

Il continue à chercher à me parler pendant tout le repas et je suis bien obligée de répondre. Ça énerve Justine sérieusement et elle essaye de lancer la conversation sur la sortie du lendemain, mais Il n’y participe pas et me demande des nouvelles de ma mère. J’en profite pour lui glisser que j’ai repris contact avec mon père mais au lieu de se dire que c’est un mauvais point pour lui :

- Tu vois, je te l’avais bien dit !

- Comme si c’était pour ça.

- Peut-être un peu.

- Non, en fait c’est parce que je me suis rendu compte qu’il existe pire que mon père : toi.

Ça le calme pendant un moment et je finis de manger tranquillement.

Je rejoins ma chambre et il gratte à la porte pendant tellement longtemps que je finis par lui ouvrir, prête à lui taper dessus tellement je suis excédée. Le souvenir de notre dernière rencontre à Paris me revient et j’hésite à recommencer, mais cette expérience a été plus traumatisante pour moi que pour lui, je crois. Il ne dit pas un mot, il se déshabille et il se met dans mon lit en me tournant le dos, comme si on était un vieux couple qui vient de se disputer. Je me couche en lui tournant le dos aussi et au bout de deux minutes, il vient se coller contre moi. C’est tellement bon. Je me réveille au milieu de la nuit et il n’est plus là. Je vais voir dans la salle de bain mais il n’y a personne. Je suis perdue et je me mets à pleurer. Il faut que j’arrête de lutter contre mes sentiments, nous ne sommes pas conçus pour cela, surtout pas les femmes. Soudain, je vois un papier sur la table, avec un numéro écrit dessus. Il est trois heures du matin et je fonce à la recherche de la chambre numéro 379. Je ne vois presque rien et je mets vingt minutes à trouver. Je gratte à la porte et ce salaud ne m’ouvre pas. Je gratte un peu plus fort. Je toque carrément. Je finis par cogner trois fois dessus et il m’ouvre. Je m’allonge dans le lit sur un côté et je ne bouge pas. Il met sa tête au-dessus de la mienne pour me regarder dans les yeux, il me fait un baiser chaste et il me dit de dormir.

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