2 - Nouvelle Génération

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C'est une première, pour moi. Ecrire un livre. Et c'est un luxe, en plus ! Les événements se sont tellement précipités après tout ça ! Ouaip, c'est bien moi. Atherach, l'hyperactif de service.

Dans un premier temps, je savais pas où on se trouvait. Witz et moi voguions dans un espace-temps bizarroïde et nébuleusement multicolore. j'ai d'abord paniqué en m'écriant "MAIS C'EST QUOI CE BORDEL ?", puis, voyant que j'étais totalement dans un état second, l'archer m'a tout raconté. Au fur et à mesure de ses explications, tout m'est revenu : Thor' et Xenthores nous ont invités pour la fin de la construction d'un portail vers un monde parallèle, et ils nous ont fait de petites démonstrations de leurs nouveaux pouvoirs. je me souviens avoir traversé le portail et les quelques minutes qui ont suivi, mais il ne fallut pas longtemps avant de sombrer dans un trou noir. La dernière chose dont je me souviens, c'était une voix dans ma tête qui disait un truc du genre "Je ne peux pas abandonner tout de suite", puis un dieu qui manipulait les éclairs me parla sous une pleine lune d'une étincelante beauté. Il m'a parlé de l'Epreuve, mais mon esprit était déjà en train de sombrer dans l'inconnu, à ce moment-là.

Je regardai mes mains ; à l'instar de celles de Witz, elles étaient maculées de sang et de poussière, tout comme mon couteau.

-Il s'est passé quoi, dans l'épreuve, Witz ? J'ai tout zappé !

-Tu les as tous défoncé. Sans exception, a dit Witz avec admiration et frayeur à la fois. Et ce, dès le premier jour. Pendant le combat final, j'étais incapable de bouger, mais tu as explosé le dernier ennemi. Tu avais l'air de le connaître, d'ailleurs !

-Ah bon ?

-Je suppose que le nom d'Asriel te dit quelque chose !

-Attends... Sérieusement ? On a affronté Asriel Dreemurr, un boss d'Undertale, en tant qu'ennemi final ?

-Yep.

-Undertale existe vraiment alors...

-Te fais pas trop de pensées bizarres, Atherach, me reprit Witz. Je te rappelle que ce monde était une sorte de simulation magique. Celui qui s'occupe de la maintenir a peut-être lu dans tes pensées pour nous faire affronter un ennemi puissant.

-T'as raison. L'espace d'un instant, comme on est déjà en train de faire le trajet vers un autre monde, je m'imaginais déjà en train de parcourir des portails menant vers des dimensions de jeux vidéo.

-Il faudra que tu te reposes, quand nous serons arrivés.

-Merci du conseil, je me sens épuisé. Et, avec tout ça, je sais même pas quelle magie j'ai choisi !

-Moi non plus... Mais les gens de là-bas vont sans doute pouvoir t'aider.

Le portail final s'approchait rapidement. Ou plutôt, c'étaient nous qui arrivions à vive allure !

Je ne sais pourquoi, mais j'eus un sentiment de liberté après avoir atterri sur l'herbe verte, alors que je ne me souvenais que de dix minutes environ hors du monde réel. Witz et moi, arc et couteau aux mains, nous avancions en direction de quatre protagonistes qui nous attendaient. Deux d'entre eux arboraient des sourires heureux, un troisième, totalement tentaculaire, ne laissait échapper aucune émotion à cause de son crâne dépourvu de traits mais bien d'une bouche hérissée de dents pointues, et le dernier semblait vouloir la castagne, en agitant avec impatience ses quatre bras.

-Bienvenue, les gars ! Annonça Xenthores, en s'avançant avec le monstre aux quatre bras.

-Les dieux soient loués ! S'exclama Thauroji, accompagné du monstre tentaculaire. Vous l'avez fait !

Witz a eu un mouvement de recul.

-N'ayez pas peur de Chirutll et de Kernn, les mecs, nous rassura Thauroji. Ce sont nos amis. Enfin... Chirutll est mon ami et Kernn celui de Xenthores.

D'un côté, je les trouvais repoussants, et d'un autre, je trouvais qu'il fallait défendre leur cause, pour une raison que j'ignorais. Witz eut une autre réaction, oubliant sa sagesse habituelle :

-C'est quoi ces trucs bordel ?

-Nous sommes des Alterriens, mon cher, répondit celui qui n'avait qu'une bouche à son crâne. Votre peuple nous appelle "Aliens", mais ici c'est péjoratif.

-J'imagine que vous n'êtes pas de la même race, ai-je fait remarquer.

-En effet, P'tit gars ! s'exclama le gros bagarreur. Sa race à lui est une race de chochottes juste bonnes à construire des trucs. En attendant, où est-ce qu'ils sont, les autres cons ? Je me battrais à un contre cent !

Thauroji soupira.

-Bon... Chirutll, dit-il en tenant les épaules de l'alterrien tentaculaire et en nous montrant du doigt, je te présente nos amis Atherach et Witz. Kernn, si tu veux bien t'arrêter de chercher des armées là où il n'y en a pas, ce serait bien de leur faire preuve d'hospitalité.

A la fin de cette phrase, le dénommé Kernn se figea sur place, l'air songeur, comme s'il se demandait la signification du mot "hospitalité". Puis il sembla oublier l'affaire et se remit à chercher partout et à agiter ses poings frénétiquement.

Le dénommé Chirutll nous a serré la main, et je remarquai que les siennes, en dépit de ses bras, étaient pourvues d'une carapace, ce qui les rendaient solides. Witz la lui agita avec dégoût, puis se prépara psychologiquement avant de recevoir l'accolade que Kernn voulait nous donner.

-Excusez-le, signala Xenthores. Kernn appartient à une race alterrienne faite pour la bagarre, et il se trouve qu'on se trouve pile dans un Archontinent où les alterriens sont condamnés de mort. Alors, vous comprenez, l'excitation du combat !

-Oui, d'ailleurs, avança Chirutll, ma race n'est pas évoluée du côté défensif. Si on pouvait revenir à l'Académie, ce serait un immense plaisir de faire votre connaissance là-bas.

Après avoir vérifié qu'il n'y avait plus personne dans les environs, il invoqua à ses pieds une plaque verte luisante sur laquelle il disparut dans une explosion holographique viride. Kernn, lui, frappa très fort sur le sol avec une certaine impatience, et provoqua un micro-tremblement de terre. Il resta agenouillé quelques instants, puis lorsque le tremblement a cessé, il se releva. Ses traits trahissaient sa déception.

Je pris seulement conscience que lui aussi possédait une tête massive. Néanmoins, ses yeux noirs ne semblaient pas servir à grand-chose... Et si la tête de Chirutll laissait penser que son cerveau était gigantesque, celle de Kernn semblait plus solide, plus lourde. Sans doute un moyen de perfectionner les coups de boule. Sinon, il était entièrement recouvert d'écailles noires recouvrant des membres hyper-puissants.

-Bon sang, Kernn ! hurla Thor'. T'as perdu la tête ? Ah, nan, répond pas, je connais déjà la réponse... L'intelligence n'est pas le point fort de ta race.

-Laisse-le, gars, le défendit Xenthores. Il se repère dans l'espace par écholocalisation. Ce que tu refuses d'accepter, c'est que c'est une méthode bruyante mais efficace pour cartographier une zone rapidement et pour savoir qui se trouve aux alentours !

-Ce type voit par les sons ? interrogea Witz.

-Yep, attesta l'électrophile. Encore un avantage dans les guerres : c'est un talent qui lui est handicapant dans des situations basiques, mais en pleine bataille il perçoit tout.

-Bon ! C'est pas tout ça, les gars, mais Kernn n'est pas encore habitué à sa magie et est donc vulnérable tant qu'il ne la maîtrisera pas, fit remarquer le pyromane. Chirutll a raison ; il faut qu'on se retrouve à l'Académie des Néomages !

-Par contre, y a toute une procédure, ajouta Thor'. Je sais que c'est con, mais dites "Académie des Néomages".

On a obtempéré, et une voix inconnue résonna dans ma tête : "L'Académie se dévoile à qui prononce son nom". L'instant d'après, Thor' fouilla dans nos poches et en sortit deux pierres ; Celle de Witz était banale, mais la mienne était rouge vif. Il y avait quelque chose d'écrit dessus : "Solitude et discrétion sont les clefs. Adorez, et vous verrez.".

Par la suite, Xenthores nous demanda de répéter les mots qu'il y avait sur nos pierres. Ça nous semblait bizarre mais on a lu à voix haute ; deux autels sont apparus de nulle part, trois autels en marbre. L'un, devant Witz, était blanc et orné de sculptures représentant des archers, des musiciens, le soleil et beaucoup d'autres trucs, tandis que les autres, en face de moi... L'un était noir avec des scènes sculptées d'orage et de divination, l'autre semblait tout de suite plus froid. Je voyais des visages aux points cardinaux d'une carte de la terre qui soufflaient tous vers le centre. L'un d'eux, celui au-dessus, était plus marqué.

-Apollon ! S'écria Thauroji en se tournant vers l'autel de Witz. Le dieu du tir à l'arc, du soleil, de la beauté, de la musique et de bien d'autre chose. Et toi, Atherach, Borée, le dieu du vent froid du nord ! Mais le dernier... Vu la conception de l'autel, ce doit être un dieu gréco-romain maître des orages. Comme je ne pense pas que Zeus accepterait un autel de couleur noire, je pense plutôt à Summanus !

Tandis que deux carcasses de bœuf atterrirent sur le sol, ainsi que deux couteau de rituel, Il prit un air songeur...

-C'est le dieu de quoi ? Demandai-je.

-Les Romains adoraient la divination et cherchaient des présages partout, même à travers la foudre. Sur le coup, il y en avait deux sortes : la foudre diurne était le domaine de Jupiter tandis que Summanus était le maître des orages lorsque la nuit était tombée.

Il se figea sans prévenir.

-C'est pas vrai... Murmura-t-il.

-De quoi ?

Il évita la question :

-Nan, rien. Sans doute une coïncidence.

-Du coup, c'est quoi, la suite du programme ? interrogea l'archer professionnel.

-Il faut que vous fassiez une offrande à vos dieux. Ça vous plaira peut-être pas, mais les dieux gréco-romains sont friands de la nourriture des mortels, et ils ne peuvent en obtenir qu'à travers les dons. Du coup...

Witz comprit tout de suite et ramassa le couteau qui s'était planté devant lui pour aller charcuter la viande du premier bœuf. je fis de même et nous avons jeté nos biftecks dans le feu des autels.

Ceux-ci se décomposèrent, et nos corps firent de même. C'était vachement bizarre ! C'était comme si toutes les molécules qui me composaient s'étaient dissociées pour se réassocier un instant plus tard... Je tombai à genoux et ravalai le reste de repas qui était malencontreusement remonté par la voie buccale (ouais, je sais, c'est dégueu, et alors ?)

Je levai la tête et attrapai la main que me tendait Thauroji. Aucune trace ni de Chirutll, ni de Kernn, mais Xenthores nous fixait attentivement. Il y avait un autre personnage avec eux, un vieillard qui me semblait très sage. Derrière les trois hommes, un bâtiment gigantesque et massif qui ressemblait plus à un building qu'un lieu d'apprentissage.

Le vieillard s'adressa à nous :

-Bienvenue à vous, Atherach et Witz !

Witz s'était relevé, mais il salua de la manière la plus solennelle possible :

-Je vous en remercie, mon bon monsieur. Accorderez-vous à de simples néophytes le droit de connaître votre nom ?

Le brave garçon était revenu dans sa zone de confort. Witz était à la fois blagueur et sage, il supportait surtout les situations détendues.

-A vrai dire, si j'en possédais un, je ne m'en rappelle plus, cher Multiarch, lui répondit le vieillard. Mais vous pouvez m'appeler "l'Ancien".

-Un "Multiarch" ? s'étonna Witz. Pardonnez-moi de ma curiosité, mais qu'est-ce ?

-Tu as tout à fait le droit. "Multiarch" est un diminutif pour désigner les archers multi-élémentaires.

Thauroji fixait Witz, bouche bée.

-Tu as réussi à manipuler tous les éléments ?

-On en reparlera plus tard, si tu le veux bien, Thauroji, le coupa l'Ancien.

Il s'approcha de moi.

-Curieux... je ne reconnais pas ta magie, et Cthulhu seul sait à quel point je suis un expert en ce domaine. Je détecte une certaine froideur, peut-être signe de glace, mais surtout... Une sombre énergie émane de toi.

-Et merde... Sombre, genre, pour n'importe qui, c'est positif ou négatif ? m'inquiétai-je.

-Je dirai plus négative.

Tout le monde me fixa avec des regards exprimant une émotion à mi-chemin entre la tristesse et la méfiance.

-OK, ai-je conclu. Si c'est trop dangereux, alors je peux m'en aller, si vous voulez.

L'Ancien eut un rire amusé.

-Mais pas du tout ! Il n'y a aucune discrimination, ici. Nous acceptons les humains comme les alterriens ! les Exanthropes comme les Kytsimms ! Les ombrageux comme les célestes ! Je serai ravi, Atherach, de te donner des leçons pour que tu puisses mieux vous comprendre, toi et ta mystérieuse magie. J'interrogerai Thot, Cthulhu, Oorn, Hermès, Isis, Iris, Odin et des centaines d'autres dieux s'il le faut, mais je trouverai un moyen de déterminer ta magie.

-Mais elle refuse.

Cette voix... Comme personne n'a réagi, je compris qu'elle était uniquement dans ma tête, mais j'avais pourtant l'impression de la connaître... Et puis, ça veut dire quoi ? J'évitai d'en parler à tout le monde afin de ne pas passer pour un fou, puis je me jurai de me coucher très tôt, ce soir-là.

-Pour le moment, reprit le vieillard, maintenant que la nouvelle génération de Néomages est complète, nous pouvons commencer le programme ! Vous allez bientôt rencontrer, à la réception, tous vos professeurs et vos camarades de classe. Je serai votre professeur d'entrainement à la magie utilitaire. Je ne suis pas un guerrier, donc les applications magiques de combat seront enseignées par mes deux meilleurs amis. L'un vous enseignera l'importance de la diversité des sortilèges lors d'un affrontement et leurs applications stratégiques, tandis que l'autre vous montrera à quel point, dans certaines situations, révéler votre côté sombre est important. Je m'excuse de ne pas pouvoir vous en dire plus, je suis attendu dans mon bureau ; je vous remets donc entre les mains de votre titulaire.

Sur ces mots, il appuya à un endroit très précis de sa canne et se téléporta.

-Il a besoin de sa canne pour se téléporter, lui ? m'étonnai-je.

-Selon les rumeurs, il n'utilise jamais sa magie, du coup il emploie des moyens technologiques pour se déplacer sur de longues distances, m'informa Thauroji.

-Et... vous savez pourquoi ? interrogea Witz. Et qui est ce fameux titulaire ?

-Personne ne sait vraiment pourquoi il n'utilise jamais sa magie, lui répondit l'électrophile. Certains disent que c'est pour ne pas prendre position dans tel ou tel camp ; en ne s'affirmant pas, les mages du feu comme ceux de l'eau et tous les autres peuvent le considérer comme un des leurs.

-Et pour le titulaire, on en sait que dalle, suivit Xenthores. On connaît que l'Ancien et deux autres profs ici, qui nous ont d'ailleurs parlé de la véritable Genèse, et on n'a vu que certains autres enseignants au passage.

Kernn se matérialisa à côté de nous. Il dégobilla les restes de son dernier repas sur l'herbe verte puis se dirigea comme si de rien n'était vers le bâtiment.

-Pour le reste, on ne connaît pas encore très bien l'Académie, on ne s'est que très peu baladé pour essayer de la découvrir en même temps que vous, a repris le pyromane en regardant l'Alterrien s'éloigner, des morceaux de repas semi-digérés au coin des lèvres. Mais Thor' connaît très bien l'infirmerie !

L'électrophile lui mit un coup de coude dans les côtes, ce qui provoqua un léger rire du côté de chez Xenthores.

-Pourquoi ? demanda Witz. C'est quoi cette histoire ?

-C'est là qu'Entia passe le plus clair de son temps, rigola le semi-démon. C'est elle l'infirmière la plus talentueuse.

Thauroji lui remit un coup de coude.

-T'as pas bientôt fini ? râla-t-il.

-Hum, hum !

C'était une voix féminine, juste derrière nous. nous nous sommes tous retournés pour voir la femme la plus bizarre que j'avais jamais vu.

-Quand vous aurez fini de parler de votre vie, vous pourrez m'accorder un peu d'attention.

Je la fixai d'un regard curieux ; elle avait la peau blanche et les yeux bleus.

"Mais c'est tout à fait normal, ça, Atherach !", que vous vous dites, normalement. Et vous avez raison ! Mais c'est une chose à laquelle je vous réponds : "DEUX SECONDES, J'AI PAS FINI !"

Lorsque j'ai voulu dire "Peau blanche", je voulais parler d'une peau blanche comme neige. Quand j'ai exprimé "yeux bleus", je voulais faire allusion à ses pupilles marines, ses iris d'un bleu céleste limitées par un cercle noir et ses sclères cyan lumineux. Après cette description, vous ne serez nullement étonnés d'apprendre que ses cheveux étaient bleu électrique, sans aucune teinture.

Voyant que nous ne disions rien, la femme a continué :

-Super ! je m'appelle Ametara, et je serai votre titulaire en plus d'être votre professeur spécialisé dans les téléportations. Etant une mage translatoire native, ce qui signifie que j'ai été mise au monde en tant que manipulatrice de tous moyens magiques de déplacement possibles et imaginables, je manipule toutes les téléportations à la perfection : translation, téléportations élémentaires de toutes sortes, portail, et même certaines téléportations qui me vaudraient d'être bannie de cet Archontinent. De cette manière, comme je peux moi-même me téléporter de n'importe quelle manière, je sais comment vous conseiller pour mieux vous aider. Bien ! vous savez tout ce qu'il faut savoir sur moi. Des questions ?

Elle remarqua qu'on l'observait tous étrangement.

-Oui, je produis cet effet sur à peu près tous les nouveaux, pouffa-t-elle. Je vous rassure tout de suite, je suis comme ça depuis toute petite, c'est dû à ma magie. Il faut savoir que, chez les natifs, la magie détermine le physique. Ainsi, les mages de la terre, par exemple, sont soit tellement pâles qu'on croirait qu'ils ont passé toute leur vie dans les profondeurs, soit aussi noirs que du charbon. Je concède toutefois que les mages translatoires sont les seuls à être modifiés de manière... Surnaturelle. Mais vous ne trouverez aucun translatoire natif qui ne soit pas comme moi, c'est impossible. On est assez reconnaissables, chez nous !

pendant l'explication, tous nos airs béats disparurent peu à peu. Par la suite, Ametara fit un grand geste de mains et un portail s'ouvrit devant elle.

-Vers où ça va ? demandai-je.

-Vers le hall d'entrée. Je pourrai ensuite vous conduire à vos chambres. Thauroji, Xenthores, je vous fais confiance pour leur montrer les vôtres, si vous voulez garder contact !

-Aucun problème ! lui assura le pyromancien.

On a tous traversé le portail. Si ça, c'était l'intérieur du bâtiment, ben PUTAIN LA DÉCO !

Tout était encore plus high-tech que je ne le pensais. La salle n'était pas beaucoup animée à cette heure (à peine un homme assis sur un banc), et pourtant on la sentait vivante ! Des plantes poussaient un peu partout de manière harmonieuse, la lumière était prodiguée par des boules lumineuses flottantes et des minces filets d'eau permanents coulaient sur les végétaux. Le sol, fait d'un immense écran interactif (à moins d'un sortilège d'illusion ou de manipulation spatiale, j'en avais aucune idée), donnait véritablement l'impression que nous nous trouvions en plein ciel, et qu'à chaque pas des plateformes se mettaient sous nos pieds. Plusieurs fois je faillis "tomber", mais Thor' et Xenthores étaient dans le même cas que nous !

En voyant ça, Ametara rigola :

-Ne vous inquiétez pas, vous vous y ferez assez vite ! Même ceux qui ont le vertige viennent ici avec aisance après une semaine.

Du reste de la salle, généralement elle était assez blanche et dorée. Thor' m'expliqua que, d'après le peu de ce qu'il avait vu, plus on se rapprochait des étages moyens de l'Académie, plus l'ambiance était sombre. Le bâtiment entier était en fait une métaphore de la terre : le ciel aux extrêmes, puis vient l'eau et la terre pour ensuite s'enfoncer profondément afin de trouver les sources de magma et les ténèbres. Ensuite, on fait le phénomène en inversé : on ressort des profondeurs, on crève la surface et on reprend l'espace du ciel. Vingt étages : du 9ème au 12ème, le bâtiment symbolisait le centre de la terre. Le ciel occupait donc les étages 1, 2, 19 et 20. Quant aux douze autres, c'est là que se trouvaient les espaces aquatiques et terrestres, mais aussi certaines zones mixtes où se côtoyaient chaque élément.

Prenant compte du nombre d'étages, je demandai à Thor' :

-Vingt étages ? Et quatre pour l'air ? Attends... Le bâtiment est super massif, alors combien est-ce qu'il y a d'élèves ?

-J'en sais que dalle, mec.

-Assez peu, en fait, me répondit Ametara. Les vingt étages ne sont là que parce que l'Ancien a eu de trop grandes ambitions, avec aussi une petite part de symbolisme. Il voulait d'un lieu où chacun pourrait se sentir chez soi, sans pour autant y avoir des discriminations. Il y en a quand même, les habitants des étages extrêmes et moyens ont des réticences à se côtoyer, mais on essaie d'y remédier individuellement.

-Ah ouais, d'accord.

-Et heureusement qu'il a pensé trop grand ! Les espaces Célestes sont plus chargés que tous les autres. Eh ! C'est lui qui se ramasse non seulement les mages de la branche aérienne, mais en plus aussi pratiquement tous ceux de la branche électrique et enfin les Fosiens ! Ou les Célestes, comme vous voulez...

-C'est quoi cette histoire de "branche" ? Demanda Witz.

-Tu fais bien de le demander, Multiarch, car c'est toi qui vas le plus en entendre parler. On associe certaines magies entre elles en cinq branches, comportant chacune cinq magies. Je ne vais pas entrer dans les détails, mais, par exemple, la Magie Translatoire est la quatrième magie de la branche électrique.

-Intéressant, a dit Thor'.

-Bon, du coup, c'est par où, encore, l'ascenseur gravitationnel ? s'interrogea-t-elle. Je suis désolée, je suis tellement habituée à me déplacer sans me soucier des chemins !

-Comment ? Demanda Xenthores. Ah, oui, bien sûr... Translations.

-Exactement, Xenthores Sides.

-Veux-tu que je t'aide, Ametara ?

L'homme sur le banc se leva brusquement et vint vers nous.

-Si tu te proposes, Ferdinand ! J'ai plein de choses à arranger avant la réunion de la Nouvelle Génération et je ne sais même plus où se trouvent les chambres P-193 et P-194...

-Si vous le voulez bien, alors, je vais prendre ces jeunes gens en charge.

-C'est très gentil de ta part. Thauroji, Xenthores, Atherach, Witz, je vous présente Ferdinand, c'est un ancien de l'Académie. Il a été un de nos premiers élèves et a toujours été un modèle pour beaucoup de néophytes. Il va vous conduire à vos chambres. Sur ce, on se retrouve à la Réunion !

Ametara claqua des doigts et son corps devint, en une fraction de seconde, une silhouette lumineuse bleu céleste. La milliseconde d'après, elle se désintégrait.

-Suivez-moi, l'ascenseur n'est pas si loin.

On a suivi Ferdinand à travers les longs couloirs blancs de l'Académie. Parfois, il nous posait certaines questions :

-Vous deux, vous habitez où ? En direction du pyromane et de l'électrophile.

-Moi je suis dans la T-222, annonça Thauroji. Xenthores... T'es bien dans la J-293 ?

-Yep ! confirma-t-il.

-Mais combien de chambres y a-t-il par étages ? Se questionna Witz, silencieusement.

-300 par étages, l'archer. En attendant, c'est étonnant que je ne t'aie jamais vu, Thauroji. On est voisins !

-Ah ouais ?

-Oui. J'habite dans la T-221.

-Une coïncidence, j'imagine ! tu manipules quoi, toi ? Foudre ? Air ? Lumière ?

Au dernier mot il sembla tiquer. Il s'arrêta, puis, après deux secondes, il répondit :

-Je suis un fulguromage, tout comme toi ! Et vous autres, c'est quoi, votre magie ?

-Le feu, annonça Xenthores.

-Je suis un archer multi-élémentaire, dit Witz.

-Je n'en sais rien, ai-je avoué timidement.

-Natif ? Anthropien ?

-C'est-à-dire ? Demandai-je.

-Vous le saurez bientôt, mais les mages-nés sont nommés "Natifs", et le reste, ça dépend de votre dimension de départ. Vu votre race, vous ne pouvez être que de la dimension Anthropia, monde des hommes sans magie.

-Ah, OK. Ben du coup on est tous des Anthropiens.

-Donc... Si je comprends bien, tu as fait l'épreuve sans voir tes pouvoirs ?

-Tout a basculé dans un trou noir lorsque je suis entré dans le portail qui m'y a emmené.

-Ah. Problématique. Mais bon, on verra bien ce que tu sais faire après ! Crois-moi, le directeur de cette Académie est mille fois plus qu'un simple petit vieux.

Il y eut ensuite un silence, alors qu'on entrait tous dans l'ascenseur gravitationnel. Pas de sol, pas de plafond, rien. Nous étions tous en antigravitation dans les airs, en attendant les instructions. Puis Ferdinand a dit à voix haute "étage P", et nous sommes tous montés à une vitesse assez grande. Par deux fois nous avons croisé des groupes d'étudiants qui descendaient, mais personne ne s'est heurté.

Plus nous montions, plus l'ambiance était sombre, comme nos amis nous l'avaient prédit. Arrivés à l'étage P, c'est une ambiance étrange qui s'offrit à nous : de blanc et d'or, les pièces et couloirs étaient devenues toutes bigarrées de marron, de bleu marine, de bleu électrique, d'orange, de blanc,... Et de mauve. Je m'imaginais bien que chaque couleur symbolisait un élément, mais le mauve ? Quoi qu'il en soit, ce mélange de couleurs formait un chaos harmonieux. Je ne saurais décrire comment, mais être ici me provoquait une sensation de bien-être.

-Et, du coup, demanda Thauroji, toi, tu as fait l'Epreuve ?

-Moi ? répondit Ferdinand.

-Nan, Satan. Bien sûr que Thor' te parlait à toi, gars.

-Ah, oui, bien sûr. Non, je suis un des étudiants natifs de cet endroit. Certaines personnes naissent avec des pouvoirs tellement faibles qu'on les renie, et ce, où qu'ils soient nés. Ce fut mon cas. Mais, comme vous le voyez, je me suis bien amélioré.

-Et comment tu as trouvé l'Académie, alors ?

-Les Dieux m'ont révélé son nom. Par la suite, j'imagine que vous savez comment je suis arrivé par ici.

Personne n'a répondu. De toute façon, vu la procédure, la réponse était plutôt évidente.

Ferdinand s'est arrêté subitement et nous montra une porte en bois de chêne gravée d'un arc sur lequel était encochées plusieurs flèches de différents éléments.

-Voilà vos chambre, messieurs ! Enfin... Celle de l'archer, en premier.

Witz s'approcha.

-Mais il n'y a pas de poignées ! s'indigna-t-il. Comment on l'ouvre ?

-Première leçon, Multiarch : la porte de chaque chambre s'ouvre uniquement avec la volonté ou le consentement de son propriétaire. Pense juste que tu veux ouvrir la porte, et elle s'ouvrira.

Sur la gravure, les pointes élémentaires des flèches se mirent à briller de leurs couleurs respective. Je retrouvai une flèche de couleur mauve, mais je ne pus identifier à quel élément cela faisait référence. Bref, la porte s'ouvrit, comme par magie, nous laissant découvrir une chambre à la japonaise, avec un tatami, de grandes fenêtres donnant sur un champ de cibles, des caractères japonais et etc., le tout dans une ambiance assez relax. Sur la table de chevet, il y avait un carquois rempli de flèches et un arc à l'ancienne qui semblait de bien meilleure qualité que l'arc fétiche de Witz. Nous sommes tous entrés et avons goûté à la sérénité du lieu. Puis, Witz prit le fameux arc et l'analysa sous tous ses aspects.

-Cela te plaît, Multiarch ? interrogea Ferdinand.

-Cet arc n'est pas le mien. Vous devez faire erreur, ce n'est pas ma chambre.

-Alors pourquoi cette chambre semble-t-elle inoccupée ? Il n'y a, ici, aucune affaire qui traîne ni aucun signe que quelqu'un vit ici. L'Académie offre un cadeau de bienvenue à tous les néophytes. Cet arc et ces flèches sont tiens, ne t'en fais pas. Mais est-ce que ça te plaît ?

-Bien sûr ! Mais je crains de me dégoûter de cette atmosphère calme...

-C'est pour ça que chaque chambre peut être modifiée psychiquement par son propriétaire. Tous les sortilèges de cette Académie, tous ces systèmes magiques permettant à chaque personne de se sentir bien ici, tout ça, c'est l'œuvre de l'Ancien. je vous l'avais dit, il est mille fois plus qu'un simple petit vieux !

-Dites, s'impatienta Xenthores, c'est pas tout ça, mais y a une seconde chambre à visiter. Atherach ? On découvre la tienne ?

-Eh ben pourquoi pas !

Witz referma la porte et tout le monde se dirigea vers ma future chambre, moi en tête. Ma porte à moi était en ivoire, ce qui n'échappa pas à mon attention. Gravé sur os, une rune. Mais pas n'importe quelle rune : une DeltaRune ! Elle était composée, en bas, de trois triangles équilatéraux côtes-à-côtes. Celui du milieu était tourné vers le bas, les deux autres vers le haut. La partie haute de la rune était une sphère entourée de deux ailes angéliques.

J'intimai à la porte de s'ouvrir ; la DeltaRune s'éclaira de rouge vif et la porte s'ouvrit sur un étonnant décor. Quelques ruines par-ci par-là, une porte ouverte donnant sur une caverne sombre mais scintillante d'où provenait un son d'eau qui coulait, une autre porte d'où s'échappait une lueur orange et une chaleur torride, ainsi qu'un tapis de fleurs jaunes pour le sol de la pièce principale. Il y avait une fenêtre ; on pouvait entendre les oiseaux chanter, voir les fleurs s'épanouir. A part tout ça, tout était rouge, avec quelques teintes d'un noir si pur qu'elles semblaient absorber toute lumière.

Je m'allongeai sur le lit ROUGE, m'enveloppai de la couverture ROUGE et posai ma tête sur le coussin ROUGE, pour tester tout ça. Etrangement, ce lit me réconfortait... Je jetai un coup d'œil à mes compagnons, qui regardaient d'un œil attentif ma table de chevet ROUGE (oui, je sais, vous avez compris), où deux cadeaux BLANCS enveloppés de rubans... Rouges... M'attendaient. Je les ouvris impatiemment et en ressortit... un grand couteau de cuisine et un pendentif doré en forme de cœur.

Tout le monde me fixa d'un regard inquiet, sauf Ferdinand, qui avait l'air sidéré. Tellement qu'il oublia d'essuyer la bave qui sortait déjà de sa bouche grande ouverte.
Pourquoi, mais pourquoi donc cette chambre et tout ce qu'elle contenait me semblait si familier ? J'avais l'impression... L'impression d'être dans mon véritable chez-moi.

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