14 - Le Muthane : une absurde cohérence

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Moi et les autres attendions le professeur depuis dix minutes lorsque Mörk râla :

-Mais il fait quoi, Ferdinand ?

Comme personne d'autre n'en avait la réponse pour le moment, je lui répondis, un peu violemment il est vrai.

-Ferdinand est parti de l'Académie. Il est en mission, concernant Atherach.

-Comment tu le sais ? Fit-elle.

-J'étais là quand l'Ancien a formé le groupe.

-Quoi qu'il en soit, je me serais bien intégrée à l'équipe, se vanta-t-elle. J'aurais bien tué ce meurtrier de mes mains. Œil pour œil, dent pour dent ! Aucune pitié pour les scélérats de son espèce.

Je me levai de ma chaise avec fureur, prit mon bâton et la menaçai avec :

-C'est mon pote, pétasse !

Ce à quoi elle répondit simplement en bandant son arc en ma direction.

-Si ça, c'est ton ami, toi tu ne vaux pas mieux !

Tout en maintenant ma garde, je toisai la classe qui nous fixait avec des yeux de merlans frits. Quelques-uns semblaient même être amusés par cette interlude qui aurait promis d'être ardente.

-Et vous autres ? Leur criai-je. Vous allez rester comme ça longtemps ? Mais faites quelque chose avant que je ne l'étripe !

-Essaie toujours, avec une flèche entre les deux yeux ! Ricana-t-elle.

L'échange fut heureusement de courte durée. En un instant, la porte s'ouvrit, les éclairs vrillèrent l'espace, les flèches de Mörk voltigèrent pour se planter quelques mètres plus loin et une vive douleur au poignet me fit lâcher mon bâton.

-Ceci, chers camarades, c'est pourquoi on s'efforce de vous faire travailler la magie un maximum Savoir survivre à un combat, ou encore mieux : l'empêcher.

Le nouveau venu ne semblait pas être très vieux, trente ans, tout au plus. Ses cheveux noirs ébouriffés, son air de savant fou contrastaient avec sa mine sérieuse et concernée d'un gars qui venait d'éviter une nouvelle mort dans l'établissement. Il ne ressemblait pas du tout à un professeur, et à vrai dire, pour l'avoir vu maintes fois arpenter les couloirs de mon étage, étudiant toujours quelques livres, je le connaissais surtout comme un élève.

-Thauroji, Mörk, rasseyez-vous. Mörk, tu justifiera ton attitude irrespectueuse dans le bureau de l'Ancien à la fin de cette journée. Et Thauroji, je t'accorde le bénéfice du doute comme c'est toi l'offensé, mais si cela se reproduit...

-Compris, fis-je, honteux et hargneux à la fois.

-Bien ! Maintenant que l'incident est écarté, on va pouvoir commencer le cours. Je m'appelle Julien, et la première chose que je vous demanderai c'est d'être indulgent envers moi. Je remplace Ferdinand qui est parti en mission, comme Thauroji vous a informé. Je ne suis qu'un élève de cette académie, par conséquent je n'ai eu qu'une petite demi-heure pour me préparer à mon rôle de professeur et je n'ai évidemment pas pu préparer grand-chose. Cependant, l'Ancien m'a aidé à m'y retrouver et à organiser tout, le temps que Ferdinand revienne de sa quête.
Rassurez-vous, j'ai beaucoup d'expérience et la foudre n'a que très peu de secrets pour moi ; j'étais --et je reste, d'ailleurs-- le meilleur étudiant de magie fulgurique présent dans cet établissement.

Il posa sa blouse noire sur son banc, puis s'y accouda :

-J'ai donc vu toutes les matières que vous devrez voir cette année. Il y a juste un unique point sur lequel l'Ancien et moi ne sommes pas d'accords ; l'Ancien croit que pour apprendre la magie, il faut d'abord perfectionner son Flux Muthanien. Je ne suis pas de cet avis. Avant même d'entraîner ce muscle magnifique, avant même d'apprendre les bases de tout élément, avant d'étudier tout élément théorique, je trouve qu'il est du meilleur ton d'apprendre COMMENT FONCTIONNE LA MAGIE.
Alors je vous propose cette pause dans vos fatigants exercices ! Car, au fond, pour manipuler la magie, il faut la ressentir. Pour la ressentir, il faut la connaître. Pour la connaître, il faut la comprendre. Alors, aujourd'hui, vous apprendrez de quelle manière la magie détruit la science... Tout en respectant ses lois.

Il sortit un erlenn-meyer remplit d'une poudre rougeâtre de sa poche en continuant à parler :

-C'est un cours qui aurait pu durer des jours, mais grâce au contenu de cette fiole, cela sera cent fois plus explicite, donc rapide. Rhialkè, je suppose que tu sais ce que c'est... Et son origine ?

Rhialkè était la seule Kytsimm de la classe, celle qui était faite d'électricité pure. Elle s'est d'abord rabaissée sur sa chaise (en tout cas je suggérais qu'elle était en train de le faire, essayez donc de discerner les mouvements d'un être dont les particules se mouvaient sans cesse à la vitesse de la lumière), puis, voyant que toute la classe la regardait, elle commença à parler.

-C'est de la poussière d'Arcane.

Je ne m'attendais pas du tout au son de sa voix... En même temps, qu'est-ce que j'attendais ? Une belle voix féminine harmonieuse ? Au contraire, ses syllabes sortaient de sa bouche élémentaire avec le même timbre qu'un arc électrique statique. Vous avez déjà entendu le son d'une bobine Tesla ? Ça vrille les tympans. Eh bien là, c'était EXACTEMENT pareil, avec une consonnance légèrement plus humaine.
Par contre, son sexe ne me paraissait pas plus évident avec sa voix qu'avec son physique... Ces êtres sont si chaotiques !

-On en extrait de certaines créatures, continua-t-elle. Une des sources les plus grandes sont les Homonculus, des êtres créés par l'homme qui peuvent avoir des miliers de formes et de fonctions. Une espèce en particulier contient beaucoup de magie arcanique, et en extrayant cette magie on peut la transformer pour en faire de la poudre.

-Je vois... Tu n'as pas très envie de parler de la source la plus pure. Je te comprend. En effet, la poussière d'Arcane la plus vertueuse se crée lors de la destruction de l'Alcane des Kytsimms --ce qui se trouve être leur âme--. Rassurez-vous, on réserve ce châtiment uniquement aux condamnés à mort. Et c'est encore bien, comme fin... Si la poussière d'Arcane sert de drogue à beaucoup de monde, il a surtout un usage scientifique. Ces condamnés devraient être contents de servir la recherche magique.

Il se reprit :

-BREF ! Évidemment, je n'ai pas emmené cette poussière avec moi juste pour dégoûter Rhialkè. Vous allez voir deux propriétés de cette poussière aujourd'hui ; tout d'abord, l'arcanomorphose.

Il répandit le contenu de l'erlenn-meyer sur son bureau et fit signe à tout le monde de s'approcher. Lorsque ce fut fait, il invoqua un éclair sur la poudre qui se mit d'un coup à léviter dans les airs et à briller, ce qui en fit une sorte de léger brouillard éclairé. Quelquefois, des arcs électriques s'échangeaient dans la masse.

-La poussière d'Arcane change de nature lorsqu'elle est exposée aux éléments, expliqua-t-il. Ce que vous avez devant vous à présent, c'est de la poussière Fulguromagique. Il aurait fallu exposer la poussière Arcanique à une grosse bourrasque pour en faire de la poussière Aéromagique, ou bien la concasser avec de la roche pour en faire de la poussière Telluromagique.

Je regardai un instant la brume arcanique chargée d'électricité, me demandant par quel moyen toute cette "fumée" restait aussi immobile... C'est lorsque j'approchai ma main de la masse, et que je vis que toute la matière en fut perturbée, que je devinai ; chaque grain contenant, je le supposai, de l'électricité statique, toutes les particules devaient être repoussées par les autres. La raison pour laquelle ma main perturbait le brouillard, est donc que j'apportais à la masse ma propre électricité statique, et le système entier avait besoin de se réagencer pour retrouver une position d'équilibre.

Après quelques secondes, je remarquai aussi que la masse du brouillard augmentait de plus en plus... Pour cause : tous les grains de poussière Arcanique n'avaient pas été transformés, et la poussière Fulguromagique avait tendance à projeter des arcs électriques sur eux, ce qui les contaminaient. Les grains arcaniques venaient donc rejoindre la masse fulguromagique et amplifier la taille de la brume.

-La deuxième propriété de ce genre de poudre, continua Julien en plaçant un appareil sur son bureau, c'est qu'elle est la seule matière à réagir directement au mouvement du Muthane. Le Flux Muthanien en lui-même est une chose complexe à laquelle même les habitants d'Arcania, qui concentrent pourtant toutes leurs études sur ce sujet, s'arrachent les cheveux à étudier. Alors je vais en parler uniquement de façon générique.
Tout ce que vous avez à savoir sur le Muthane, c'est que c'est une énergie contenue dans chaque être vivant. Lorsqu'on en utilise, il se transforme en flux d'énergie oscillante --le Flux Muthanien-- qui se transforme pour invoquer de la magie ou manipuler des éléments extérieurs. Comme le Muthane agit différemment selon la projection de magie ou la manipulation d'un objet et que cette dernière est plus complexe, je ne vais me concentrer pour le moment que sur les sortilèges de projection.

Des éclairs statiques provenant de ses doigts se répandirent dans les airs, loin de la brume fulguromagique. De sa main valide, il approcha son appareil.

-Ceci est un Coulombmètre, fit-il en mettant en évidence le bidule. Celui-ci analyse la quantité de charge électriques qui se trouvent dans l'air. Si je rapproche l'appareil de mon électricité, sans surprise, la valeur indiquée augmente. Eh bien, si je vous disais que la majeure partie des charges électriques créées n'étaient faites que de Muthane transformé en électrons ?
En effet, mes arcs électriques ne sont faits que de cela. Et en même temps, une minorité du Flux Muthanien se répand dans les airs, à un état invisible et inutilisable.
Je vais faire un schéma, ce sera plus simple.

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-Comme vous pouvez le voir grâce à mon INCROYABLE génie en dessin, on voit ici un homme projeter un éclair. J'ai bien noté que la chargé électrique, notée C, était en augmentation ; nous avons aussi en bleu l'éclair en lui-même, fait de Muthane transmuté, et le Flux Muthanien inusité en violet foncé.
Continuons l'expérience ; regardez bien le coulombmètre, et en particulier les quelques instants après l'apport de charges.

Julien foudroya l'espace et la valeur sur l'appareil de mesure augmenta radicalement. J'observai que la valeur ne variait plus pendant un instant, puis diminua radicalement jusqu'aux environs du point 0.

Julien réitéra deux fois l'expérience pour ceux qui n'auraient pas bien vu. Toujours le même résultat.

-Maintenant, quelqu'un peut-il me dire ce qu'il a vu ?

-Les coulombs diminuent, fit Mörk.

-Tu n'as pas bien regardé. C'est rapide, il faut donc être très attentif.

-La valeur n'a pas varié dans un premier temps, fit un autre humain dont j'ai oublié le nom.

-EXACT ! Et ce n'est qu'APRÈS, que la valeur affichée diminue. Et maintenant, exposez-moi vos théories.

Z4-P l'Exanthrope leva timidement la main.

-Les charges s'immobilisent juste après l'éclair, mais se répandent dans l'espace par la suite ? Ce qui aurait pour effet de disperser les charges ?

-Une réponse scientifique à laquelle je m'attendais, Z4-P. Une réponse qui convient néanmoins à ton peuple ! Cela marcherait presque de cette manière pour un sortilège lancé par un Exanthrope, car votre magie fonctionne, non pas avec le Flux Muthanien, mais avec le Rayonnement Thêta, qui a un fonctionnement plus "rationnel". Je vais expliquer le fonctionnement de la magie Exanthrope juste après l'explication de la magie générale. Quelqu'un d'autre pour les hypothèses ?

Rhialkè prit la parole de sa voix infernale :

-La magie invoque les électrons, ceux-ci ne peuvent trouver que très peu d'ions positifs avec lesquels fusionner. Ils restent donc dans l'espace, en essayant de s'inculquer dans les atomes de l'air, ce qui est plus difficile. C'est là que les Coulombs restent stables.
Dans la phase suivante, ces électrons se transforment à nouveau en Muthane, la valeur des Coulombs baisse et ce nouveau flux revient à celui qui l'a projeté.

-Excellent Rhialkè ! la félicita-t-il en dessinant un autre schéma à côté du premier.

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Quelques personnes, dont Mörk, pouffèrent ou esquissèrent un sourire lorsqu'ils remarquèrent que le signe pour "la valeur des Coulombs reste égale" dessinait un smiley arborant un grand sourire.

-Dans ce dernier schéma, expliqua-t-il, rien n'est visible. Pourtant, des millions d'électrons sont là, en suspension devant notre petit personnage. Et enfin, la dernière phase !

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-Le Flux Muthanien revient à son envoyeur, continua-t-il en terminant son dernier schéma à côté des deux autres. Les électrons se changent en énergie magique, la valeur des charges dans l'air revient à la normale, et le personnage en question pourra, moyennement une certaine attente, réutiliser cette magie. Eh oui ! Avant de pouvoir réutiliser sa magie, il est nécessaire d'attendre que le Flux Muthanien se "prépare" à une nouvelle transformation. Maintenant qu'on a vu la théorie, un peu de concret ; nous avons toujours cette poussière Fulguromagique à côté de nous.
Comme je vous l'ai dit, la poussière magique suit le courant du Flux Muthanien. Je vais dans un instant projeter un éclair dans le nuage de poussière, vous allez voir qu'elle suit les schémas que j'ai dessiné.

Son éclair transperça la masse fulguromagique ; tout fut perturbé, comme au moment où j'avais approché ma main, mais en cent fois plus violent. Mais en effet, après l'éclair, le nuage, qui s'était éparpillé sur plusieurs décimètres, s'était à nouveau figé... Puis se replia sur lui-même sous l'agissement d'une force invisible ; le Flux Muthanien.

-Voilà ce dont je voulais vous parler, annonça Julien. La magie est surnaturelle et brise les lois communes de la science, mais, quoi qu'il arrive, le rapport énergie/matière est toujours nul.
Antoine Lavoisier disait que dans un système isolé, toute réaction chimique se produit de manière à ce que la somme des réactifs est égale à la somme des produits ;
Isaac Newton annonçait que la somme de toute force dans un système à l'équilibre était toujours nulle ;
Albert Einstein avait démontré la relation entre la matière et l'énergie ;
En mélangeant ces trois lois, on arrive à une définition correcte de la magie. On utilise le Muthane pour influer sur la Réalité, mais toute énergie et toute masse finit par revenir à sa source sans apport ni retrait d'énergie.

Z4-P demanda la parole :

-Mais, Julien... Dans le cas, par exemple, où un mage du feu produit une explosion... Par la suite de l'explosion, même après le retour du Muthane, il reste toujours l'énergie calorifique qui s'est trouvée dans l'air... Et le retour du muthane ne va pas réparer les dégâts causés, non ?

-On a tendance à l'oublier, mais en fait, après un sortilège de feu, la température baisse à une plus grande vitesse. Je fais aussi remarquer que chaque magie n'est pas aussi rapide en terme de retour du Flux Muthanien ; nous autres, mages de foudre, possédons une des plus rapides. Ce qui signifie que, en gros, si nos électrons reviennent à nous en quelques secondes, l'énergie calorifique d'un mage de feu mets parfois des heures à revenir à son invocateur.
Par conséquent, l'air se vide lentement de son énergie et se refroidit. On a parfois observé de la neige après un puissant sortilège de feu, même sous un climat chaud.

-Et dans le cas de la destruction ? rappela l'Exo.

-Une explosion dans les airs n'est pas la même chose que l'explosion d'une maison, Z4-P. Le flux Muthanien utilisé est proportionnel à la quantité d'énergie donnée. Donc, dans notre cas, une foudre simple nous est moins fatiguant que si l'éclair en question avait touché un arbre et l'avait fendu en deux. C'est une chose de donner un coup de poing dans le vide, c'est une autre de taper dans un sac de sable.

Ce fut à mon tour de poser une question :

-Mais alors, si on ne gagne jamais d'énergie, si on ne perd jamais d'énergie, alors notre "énergie Muthanienne" n'augmente pas et on ne devient pas plus puissant ?

-Cela aurait pu être de cette manière, mais ce sont les Volontés Supérieures qui régissent le Muthane. Sans dieux, démons ou Grands Anciens, et surtout sans Circéis, l'incarnation de la magie, il n'y a plus de Muthane et nous ne serions plus capables de faire autant de choses. Alors on peut gagner de l'"énergie muthanienne", comme tu dis, de deux manière, toujours en s'entraînant durement ; soit en mettant nos capacités à bout, ce qui force notre corps à essayer d'extraire le Muthane omniprésent dans l'air pour la confiner et l'utiliser à ses fins (très lent mais c'est la méthode la plus courante), soit en se faisant remarquer des Êtres Supérieurs et en devenant un de leurs élus (très rapide mais il faut vraiment être un prodige).

Il fit une pause et but un coup d'eau, puis passa à autre chose :

-Maintenant, dit-il en fermant tous les schémas et en montrant du doigt les deux Exanthropes de la classe, pour vous deux, c'est bien plus simple. Les hommes-robots ne font aucune magie, à proprement parler ; vous êtes juste des hyper-centrales énergétiques sur pattes. Que vous soyez électrique, thermique, cryonique, luminique ou ombralique (et j'en oublie), vous captez votre énergie de deux milieu : votre propre Codex, fait de Rayonnement Thêta, qui, sans cesse, vous fournit de quoi alimenter vos cœurs, et votre milieu (ce que vous mangez, si vous êtes en contact avec votre énergie ou non, ...). Votre cœur produit ensuite de l'énergie appropriée que vous pouvez ensuite relâcher dans l'espace comme vous le souhaitez. (A HAUTEMENT REVOIR !!!)

-Donc, faire de la magie consume notre Codex ? Notre "âme" ?

-Oui. Mais dans le même temps, votre peuple possède des millions de centrales Thêtas qui sont là pour vous empêcher de vous éteindre au moindre sortilège. Elles offrent, à des distances considérables, de l'énergie Thêta à votre Code, qui peut continuer à se sacrifier. Et plus vous vous entraînez, plus les centrales détectent qu'il vous faut de l'énergie, plus vous êtes puissants. (A HAUTEMENT REVOIR !!!)

-Et dans ce cas, comment peut-on "commander" aux éléments si l'on ne fait que libérer de l'énergie ? Demanda l'autre Exo.

-C'est grâce à votre réalité. Très rares sont les Exanthropes qui ne vouent pas un culte à Vincia, et ceux-là ne sont pas capables de manipuler la réalité, comme un Exanthrope de foudre qui intimerait aux nuages de faire pleuvoir les éclairs.
Cela vient donc de votre Culte, qui est lui-même lié à votre réalité. Le Culte de la Science peut avoir deux facettes ; pour les humains, tout est fait d'atomes, qui sont eux-mêmes composés d'électrons, de photons et de neutrons, qui sont eux-même composés de Quarks,...
Pour les Exos, il y a un élément qui vient s'y ajouter ; la base de tout est le Code. Tout a un Code, même la plus insignifiante des pierres.

-Pourquoi le Code ? S'étonna Rhialkè. C'est quoi, en fait ?

Je me suis permit de vous épargner une seconde fois ces explications sur Pythagore, l'univers de nombres et tout le bazar... On en a déjà parlé avec l'horreur vivante. Bref, Julien a réexpliqué la philosophie Pythagoricienne à toute la classe et a fait le parallèle avec la vision du monde Exanthrope.

-Tout ça pour vous dire, fit Julien lorsqu'il eut fini son explication, que l'univers pour les Exos est une Simulation qui peut être manipulée. Les Exanthropes expulsent, en même temps que de l'énergie, un peu de Rayonnement Thêta chargé de Code élémentaire particulier. Un Code élémentaire ne peut être manipulé que par un Code élémentaire semblable ; voilà pourquoi le Code de la foudre ne peut être manipulé que par des Exanthrope de la foudre, eux qui envoient des décharges Thêtas chargées du Code des éclairs.
Il y a juste une petite exception ; on pourrait croire que les Exanthropes manipulant le Rayonnement Thêta peuvent manipuler l'espace à volonté, mais en vérité leur Code est trop général. Ils ne peuvent commander aux éléments ; tout ce qu'ils peuvent se permettre afin de modifier la réalité est de CREER des Simulations, ainsi qu'affecter lourdement les Arcanes.

Tout le monde était abasourdi. Les deux Exanthropes regardaient leurs mains et leurs poitrine, l'air de s'exclamer "On manipule la Réalité elle-même, par Vincia !", et, pour les autres, certains étaient admiratifs, d'autres pensifs. Pour ma part, j'hallucinais.

Cela me rappelait un jour, quand j'étais encore à l'école, et où, avec des potes, on a formulé notre théorie de l'existence des matières négatives ; je m'imaginais toutes les applications possibles d'une matière qui aurait une MASSE négative ; une matière qui, lorsqu'on la lâcherait, s'envolerait vers l'espace. Je concevais qu'avec tout cela, l'on serait capable de faire des bases dans les nuages sans aucun besoin d'énergie, juste avec un alliage de matière à masse positive et négative. On pourrait faire des cités qui pèseraient si peu qu'on pourrait les pousser d'un seul petit doigt, qui flotteraient sur les particules d'eau des nuages, qui pourraient survivre des siècles, des millénaires sans avoir aucun problème avec la terre, des lieux de rêve où rien ne manquerait, ni l'eau qu'on extrairait des nuages, ni la nourriture qu'on pourrait obtenir dans des élevages et des fermes célestes, ni l'argent qui resterait dans cette cité, isolée de tout...

Je me rappelles encore de cette période. J'étais si dingue de cette théorie que, lorsque je me baladais dans la rue, je ne pouvais voir que des maisons lévitant à un mètre du sol. Je m'imaginais créer des combinaisons à apesanteur terrestre, des avions écologiques, des... J'avais littéralement des étoiles plein les yeux.

Ce sentiment était faible par rapport à mon impression après ce cours. Le soir venu, je me couchai sur l'éternel coussin de nuage se trouvant dans ma chambre, me mis à méditer comme à mon habitude, en jouant avec ma magie de lumière. Je m'imaginai le Muthane de ma magie électrique parcourir mes synapses, celui de ma magie lumineuse remplissant mes pupilles, parcourant mes nerfs jusqu'à mes mains... Il me semblait pouvoir le sentir bouger, là, dans mes cellules. Je fis quelques rais de lumière, si ébloui par cette mécanique mystique qu'il me semblait même pouvoir VOIR le Flux Muthanien...
Je ne sais si je délirais, si c'était la réalité ou si c'était mon imagination qui me jouait des tours. Mais cette énergie multicolore, je la discernais, comme les photons qui me parvenaient aux yeux. Je la voyais tourbillonner autour de moi, comme un cyclone dont l'œil m'observait avec calme. Je la sentais affluer en moi, comme l'air que j'aspirais posément.

Ce fut dans cette merveilleuse influence que je sombrai dans un trou noir, en route vers un sommeil qui s'annonçait, comme d'habitude, sans onirismes.

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