17 - La Seconde Expédition

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Il neigeait en ce temps-là. Septembre, Octobre et Novembre étaient passés comme des flèches. Après deux mois et demi d'absence, le retour de la Première Expédition se faisait attendre.

L'Ancien restait souvent, lors de son temps libre, juste à l'entrée du nano-monde qui abritait l'A.D.N., les deux mains appuyées sur sa canne et la mine grave. L'absence de Ferdinand et des autres ne présageait rien de bon ; soit ils n'avaient trouvé aucune piste et dans ce cas ils seraient déjà revenus une ou deux fois pour refaire le point, soit ils traquaient quelque chose et alors ils prenaient beaucoup trop de temps, soit la pire des solutions : il leur était arrivé quelque chose.

J'avais des difficultés à le croire. Ils avaient Nohel-Hemak dans l'équipe ! Le plus grand illusionniste du continent ! Ils avaient Chefet, la redoutable invocatrice Axolotl ! Ils avaient 7h-374, un grand maître anti-magique ! Ils avaient Ferdinand, le maître des illusions mentales, un puissant fulguromage ! Comment auraient-ils pu... à moins que...

à moins que Ferdinand n'ait perdu la boule et ne les ait tous tués sans exception... Non, non, ce n'était pas possible, je me faisais des idées.

Noël approchait à grands pas. Enfin, "Noël" n'est pas vraiment le mot juste. Comme des milliards de fidèles de religions autres que celle Chrétienne n'auraient pas accepté ce nom, de la même manière qu'on surnommait Halloween "la fête de la Peur", Noël était devenu "le jour des Réjouissances". J'avais plutôt hâte de savoir comment cette fête se passait dans Revaltia !

Les événements en ont décidé autrement. Vers le milieu du mois, un soir hivernal, la foudre frappa devant la porte de l'Académie, quelques mètres devant l'Ancien, posté à son point d'observation habituel. Je n'étais pas présent lorsque cela s'est passé, mais la chose était tellement curieuse que j'ai activé mon électrolocalisation aussi longtemps que je le pus, pour voir que la foudre avait apporté Ferdinand... seul.

Entia a accouru, et moi aussi. Moi et la Naturelle sommes arrivés ensemble... Puis je vis la raison de la venue de la grecque. Mon ancien professeur de magie électrique était ensanglanté, une coupure claire et rouge barrait sa joue, il avait le ventre ouvert et multiples blessures moins graves. Ametara est arrivée ; sans perdre une minute, elle nous téléporta tous, Entia, l'Ancien, Ferdinand et moi à l'infirmerie, où Entia s'affaira en vitesse. En une minute, les plaies ne saignaient déjà plus, des cataplasmes à base de plantes soignaient les bleus, et des injections de produits végétaux accéléraient la régénération du plus grave.

-Dans une heure, il n'aura plus que des cicatrices, rassura Entia en soupirant de soulagement.

-Pourquoi est-il revenu seul ? interrogea Ametara avec inquiétude. Où sont les autres ?

-Seul lui pourra nous le dire, fit l'Ancien.

le vénérable posa sa main gauche sur le crâne du malade, qui se réveilla en sursaut. Affolé, il matérialisa son Foudre dans sa main, puis le relâcha immédiatement en découvrant la situation. De découragement, il laissa tomber sa tête sur le coussin.

-Ils sont tous morts, annonça-t-il gravement. Chefet, Nohel-Hemak, Octave, Redd, Trinae, 7H-374, tous.

-Mais comment... fis-je.

-Nous... Nous l'avons d'abord rencontré sur la route de Delphes. Il nous a fait passer un sale quart d'heure. 7H-374 a réussi à nous tirer d'affaire in extremis avec deux radiations Thêtas, mais il était déjà trop tard pour Trinae... Nous étions donc fixés sur une chose : ce n'était pas qu'une illusion.

-Et tu n'as rien fait ? Demandai-je. Tu manipule la foudre, tu pouvais bien générer un bouclier électromagnétique pour...

-Protéger Trinae ? Je l'avais fait. Et le bouclier était presque déjà détruit avec un seuls de ses coups de couteau. Mais ce n'est pas le couteau qui a tué Trinae... Ce sont ses "décharges de Justice".

Evidemment... La décharge de Justice est un sortilège à distance, et la Détermination est une discipline psychique, cette décharge pouvait donc sans problème traverser n'importe quelle barrière énergétique.

-Pourquoi n'êtes-vous pas revenus, alors ? S'énerva l'Ancien. Vous aviez un mort !

-Trinae était le moindre de nos compagnons, Ancien, sans vouloir vous vexer. Le contact avec les Grands Anciens qu'elle nous prodiguait n'était pas d'une grande utilité. Et puis, il fallait que Redd analyse encore le cas d'Atherach pour déterminer si, oui on non, il était possédé. Pendant qu'eux continuaient l'enquête, j'ai effectué un voyage vers la Tour de Megira ; elle m'aurait permis de discerner certaines ondes dans l'air, qui auraient trahi un contrôle mental à distance. Non seulement je n'en ai trouvé aucune, mais en plus j'ai vu les autres mourir un par un sous le joug de sa lame, sans aucune chance de les aider... Seul 7H-374 restait vivant grâce à ses téléportations Thêtas, mais ce qu'Atherach n'a pas réussi à faire... les Y. P. S. O. l'ont fait.

-Les Y.P.S.O. ? à Ataraxia ? Mais c'est affreux ! Pourquoi...

-Leur cheffe a participé au meurtre de Chara il y a cinq ans, Ancien. Elle déteste qu'on empiète sur ses plates-bandes, si elle est sur Ataraxia présentement, cela traduit sûrement que la Démone du Génocide est revenue.

-De qui on parle ? Enquêtai-je.

-Il est préférable de ne pas en parler, Thauroji, informa Entia. C'est le pire fléau mortel de tout Midgard. Tu n'as pas envie de croiser son chemin, crois-moi.

-Suite à cela, continua Ferdinand, j'étais fou de rage. Proche de la folie, je me suis rendu sur Ataraxia pour l'affronter seul à seul. Je ne me souviens que très peu de moments sur le chemin, il se peut que j'aie détruit quelques bâtisses dans ma quasi-folie. Pendant un mois, je l'ai traqué, et, lorsque je l'ai enfin trouvé, je me croyais prêt. J'ai atteint ma folie et ai déchaîné ma puissance, toutefois même elle ne suffisait aucunement... Atherach allait m'achever lorsque j'ai effectué une dernière téléportation pour me retrouver ici.

-Quelle tragédie ! pleura Entia.

Je me rapprochai d'elle et la pris dans mes bras. Je comprenais son désarroi : elle ne verrait plus jamais Chefet, sa meilleure amie. Elle aurait pu me repousser, en sachant que ce fut mon meilleur ami qui avait tué la sienne, et m'insulter de tous les noms, mais Entia est sage et savait que tous les actes d'Atherach n'étaient pas ma responsabilité.

Inversement, je perdais confiance en moi-même. ça y est, j'avais des morts sur la conscience. J'avait moi aussi, en quelque sorte, perdu un être très cher, mais tout ce chaos, c'est moi qui l'avait instauré. Qui ? Qui avait demandé à Atherach de passer l'Epreuve ? Qui est resté aveugle au fait qu'Atherach avait tué l'ensemble des Gardiens en une seule nuit ? Qui refusait de faire le lien entre le monde d'Undertale et tous les indices, pourtant évidents, placés dans la chambre de mon pote ? Qui aurait dû participer à l'Expédition et mettre sa vie en péril, au lieu d'étrangers ? La réponse à toutes ces questions, c'était moi.

L'ancien comprit ma détresse et me fit un regard qui voulait tout dire : "tu n'es pas responsable. Personne ici n'est responsable."

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Le lendemain, l'école était en deuil. J'avais oublié temporairement ma rancœur pour rester digne envers les héros de la Première Expédition ―puisqu'il allait en avoir d'autres, on ne peut pas laisser le monde sous l'emprise d'une telle menace― et soutenir Thauroji qui en avait visiblement pris un coup.

Les cours étaient suspendus pour ériger un monument à ceux qui se sont sacrifiés. Une statue de cristal poli, transparent et coloré pour chaque disparu avaient été élevée dans les cieux, en antigravité, telles six lanterne flottante des traditions chinoises. Cela donnait presque l'impression que les âmes des morts étaient là, devant nous, veillant sur chacun. Leurs esprits s'en étaient allés à jamais vers les mondes de la Mort, mais leur souvenir resterait à jamais dans nos cœurs.

Durant la cérémonie, même Célestia et Baal, accompagnés de Satan et Hydunn, étaient présents. Je ne comprenais pas pourquoi Chtulhu ne venait pas assister au dernier hommage d'une de ses plus grandes prêtresses, puis je me rappelai que le Grand Ancien était si horrible que tous ceux qui le croisaient en devenaient fous à vie. Une dernière déesse était présente ; elle était vêtue d'une simple toge à la romaine et possédait un bandeau sur les yeux, comme pour affirmer sa cécité. Elle semblait pourtant se mouvoir avec aisance et avait l'air de beaucoup tenir à symboliquement rester entre Célestia et Baal, les jumeaux maudits.

Certaines figures se démarquaient dans tout ce deuil ; il y avait Xenthores, jetant de consistants regards à Satan, espérant sans doute attirer son attention ; Ferdinand, soigné de ses blessures, les paumes vers le ciel, invoquant l'orage comme pour jurer vengeance aux victimes ; enfin, N0-V04 subissant une étrange hypnose de crainte en fixant sans relâche la statue bleu brillant de 7H-374. Je pourrais bien vous parler de Chirutll et de Kernn, mais les traits de l'un sont indéchiffrables et j'étais certain que même si on était en train d'enterrer sa mère, l'autre ne se serait pas moins ennuyé. Restait alors Alexandra, voulant compatir avec Entia et rassurer Thauroji, mais qui n'osait pas approcher tant que la Naturelle était présente.

Trente minutes s'écoulèrent, trente minutes durant lesquelles la quasi-totalité de l'A. D. N. restait à observer les statues flottantes dans le ciel. Passé ce délai, l'Ancien prononça un discours funéraire que je ne retint pas, mais qui parlait tantôt de l'ingéniosité de l'un des membres, tantôt de la force d'un autre, tantôt de la sympathie d'un dernier. C'était dit avec tant de souvenirs que même Xenthores en eut la larme à l'œil. Chirutll et Kernn, de nouveau, étaient des exceptions, mais le premier ne possédait pas de larmes et le second tapait continuellement dans des arbres pour se délasser. Lorsque Entia le remarqua et qu'elle le réprimanda, il se détourna de la forêt pour taper sur les murs de l'Académie. Et là, personne ne l'a embêté. Ces murs n'étaient pas vivants, eux, et pouvaient facilement être reconstruits.

Puis l'Ancien rappela, en galvanisant la foule, que l'espoir n'était pas perdu. Tant qu'on resterait à l'intérieur de la dimension, personne n'était en danger, aussi longtemps que lui-même, le Duc et le Baroudeur vivront.

-Le monde ne restera pas sans armes ! continua-t-il. Regardez autour de vous ; le Duc, le Baroudeur et moi-même sommes des héros. Les dieux, démons et Grands anciens nous soutiennent. Et surtout, Falk et Olivia, nos deux prodiges, sont à nos côtés. Bientôt, eux et le Duc repartiront chacun vers Ataraxia, Arcania et Ampéria pour rallier les forces des trois empires. NOUS NE SOMMES PAS SEULS !

A ces mots, une déflagration de lumière vive se produisit sur l'estrade d'où parlait le vieillard, et tout le monde fut aveuglé.

-ILS VONT LE TUER ! Fit une voix familière, à l'emplacement du flash, à bout de souffle.

-THAUROJI ! Intima Hydunn d'une voix paternelle et intimidante pendant que Célestia regardait paisiblement son fils. REVIENS ICI !

-Ecoute ton père, Thauroji, fit l'Ancien. Regagne ta place.

-JE REFUSE ! Je refuse l'idée d'une autre expédition dans laquelle je ne participerais pas ! Je suis le seul et unique responsable de tout cela, je DOIS me racheter ! Trop de vies ont péri déjà, pour ma simple décision de ramener Atherach dans ce monde.

-Thauroji... Fit le Duc. Tu as vu ce qu'il est arrivé à Ferdinand, pourtant dans la force de sa puissance ! Tu n'as aucune chance.

-Atherach est mon meilleur ami ! S'il y a quelqu'un qui peut le sauver, ici, c'est moi ! Je n'ai peut-être qu'une infime chance, mais je refuse de rester ici, les bras croisés, pendant que le monde est au bord de la destruction, PAR MA FAUTE !

Une certaine rumeur parcourut l'assemblée. Que disait-elle ? Je ne le savais. J'aurais pu me rapprocher pour montrer mon soutien à Thor', si la foule n'était pas aussi dense... L'Ancien tenta de raccompagner l'électrophile dans l'audience, mais ce dernier rejeta la main du vieillard, lui témoignant pour la première fois de l'irrespect.

-Je m'attendais à autre chose, fit Thor' avec colère. Très bien ! Si vous n'êtes pas avec moi, alors ma décision est prise : JE PARS SEUL !

Il déplia ses ailes et s'envola dans les cieux. Hydunn avait beau lui intimer de revenir, le demi-dieu n'en faisait qu'à sa tête. Célestia, elle, regardait juste la déesse aux yeux bandés avec inquiétude.
La dame en toge décida de s'avancer vers l'estrade d'un pas lent mais décidé. Elle s'arrêta devant l'Ancien, tourna son visage bandé vers le vieillard, puis se retourna.

-Mon nom est Angérona, Déesse Romaine de la Lumière dans les Ténèbres. Ainsi, en chaque instant, je rappelle qu'en toute cause perdue persiste une lueur d'espoir. Il est à présent presque certain que Chara soit revenue, encore plus génocidaire que jamais. Ne le voyez-vous pas ? Moi, je le vois clairement : les ténèbres nous enveloppent tous, Dieux, Démons, Grands Anciens, Humains, Exanthropes, Kytsimms, tous. Le monde est à l'aube d'un nouveau Ragnarök, et vous semblez vouloir rester ici, les bras croisés, à attendre que les choses se passent. Prévenir les Empereurs ne servirait à rien ; contre Chara, leurs armées se feraient décimer. Ancien, vous, vous pourriez faire quelque chose ! Sortez de vos propres ténèbres et agissez ! Duc, il est temps de faire revenir le commandant qui est en toi. Baroudeur, depuis quand fuis-tu la bataille ? Et Falk... Je t'ai connu autre. Toi, l'Arc Noir de la Justice, le pourfendeur d'opprimeurs, le pacificateur de monstres, je ne te reconnais plus. Depuis quand te soumets-tu aux ordres d'un vieillard ? Depuis quand n'écoutes-tu plus ton coeur ? Au fil de mes paroles, je vois vos lumières à tous s'éclaircir. Quelle faiblesse ! Seuls quelques-uns d'entre vous en portent une suffisante. Il reste une autre lueur, là, au loin, dans le ciel, qui me paraît aussi forte que le soleil. Son porteur est seul, en colère et triste à la fois. Il sait que cette aventure va lui coûter la vie mais il accepte son sacrifice.

La déesse eut à peine fini ce discours qu'un portail s'ouvrit juste derrière elle. Une forme blanche tatouée sur tout son corps aux ésotériques symboles bleus en sortit, tentant presque en vain d'amortir sa chute à l'aide de ses deux ailes gigantesques aux reflets couleur de ciel. L'être atterrit donc sur le sol puis poussa un juron en direction de la foule.

-NE ME RETENEZ PAS ! cria-t-il avec la voix de Thauroji ―j'oubliais que cette forme était la sienne en tant que demi-dieu―. Ma décision est prise !

Un autre portail apporta une autre personne juste à ses côtés.

-Tais-toi, idiot ! Fit Ametara, la nouvelle venue. Je viens avec toi !

Elle fut directement suivie d'Entia, puis d'Alexandra, puis de Xenthores ―sous forme démoniaque― et moi. Chirutll et Kernn me suivirent. Thauroji fut décontenancé, mais, avant qu'il ne put dire quoi que ce soit, Xenthores lui tapa dans le dos :

-Tu croyais vraiment qu'on allait te laisser tomber ?

-C'est que... Aucun de vous ne m'a suivi !

-Xenthores ne peut voler approximativement que trente secondes, répondit Chirutll. Les racines d'Entia n'étaient pas assez rapides pour te rattraper, et quant aux autres, je n'ose même pas en parler... La prochaine fois, essaie de ne pas nous laisser en plan !

-Et surtout, laisse-nous au moins une seconde de réaction pour te rejoindre ! ajouta Xenthores.

notre électromage de pote remercia tacitement Ametara, qui l'avait empêché de commettre une grosse bêtise, puis s'agenouilla vers nous tous, une larme bleue à l'oeil.

-Merci...

Un éclair se produisit à ses côtés, apportant Ferdinand. Celui-ci fit relever Thauroji, puis le maître serra le bras de son élève. Mon ami, quoique ayant l'air de vouloir refuser la venue de Ferdinand dans l'équipe ―le puissant fulguromancien, au fond, ne voulait que venger la première expédition en participant à la seconde―, esquissa un sourire et guida Ferd' vers nous.

-Laissez passer ! fit une voix dans la foule.

Trois autres personnages sortirent de tout ce foutoir ; Tarek, suivi de près de Dverg, s'extirpaient de la masse. D'un autre côté, Olivia était venue sans aucun problème, tout le monde était si intimidé par sa réputation qu'on l'a laissée passer. La haie d'honneur qu'on lui avait faite se refermait progressivement derrière elle.

-Nous venons avec toi, Thauroji ! Fit Tarek. Ma magie égyptienne pourra nous être fort utile !

-Pffeu ! souffla Dverg. Ne l'écoute pas, électromancien, s'il y a bien quelque chose qui nous tirera d'affaire, ce ne sera pas sa ridicule baguette !

-On se calme, les garçons, fit Olivia. Pour ce genre de quête, plus on est, mieux c'est.

L'ancien ne savait déjà pas où donner de la tête, mais il explosa lorsque N0-V04 posa sa candidature.

-Ancien, fit l'Exanthrope, je me cache depuis trop longtemps ! Je sais qu'Elle est là dehors, mais je DOIS sortir. J'y suis destiné.

-Très bien, très bien ! fit le vieillard, exaspéré. Vas-y !

-Entia ? Demanda N0-V04 lorsqu'il intégra le groupe sous les acclamations de toute l'A. D. N. . Je t'en prie, dis-moi que Dankána et Lýkos sont de la partie...

-Désolé, fit la Naturelle, mais deux aussi grands prédateurs qui se baladent en liberté dans Ataraxia est mal vu. Je préfère ne pas risquer leur vie et les laisser ici.

-QUOOII ???!!!??? AAAARGGHHH !! NON, C'EST PAS POSSIBLE, JE NE PEUX PAS !

Une dernière arrivante sortit de la foule. C'était Kitsune Miku, la prof aphrodisiaque. Elle s'est avancée vers l'Exanthrope parano et lui dit avec une douceur et un sourire malaisants :

-Je sais ce qui te tracasse, mon chou. Ne t'inquiètes pas, Elle et moi, c'est une grande histoire, tu sais bien. Je viens pour te protéger.

Nous avions donc Thauroji, Xenthores, moi, Chirutll, Kernn, Ametara, Alexandra, Entia, Olivia, Miku, N0-V04, Tarek, Dverg et Ferdinand. L'équipe était au complet. Falk hésitait s'il devait venir ou non, mais l'Ancien l'en dissuada.

-Ancien, la seconde expédition ne peut pas mieux se passer que la première ! à la première rencontre avec Atherach, ils vont se faire tuer !

-La seule raison pour laquelle la première expédition a tenu aussi longtemps est qu'il y avait 7H-374 et ses précieuses téléportations pour mieux fuir. Mais tu sais que la téléportation Thêta est lente : d'abord préparer les balises de radiation, puis transporter tout le monde d'une balise à l'autre. Ils ne sont peut-être pas bien puissants, mais ils ont Ametara, et je ne connais pas de meilleure Maître des téléportations qu'elle. J'ai confiance. Et puis, si la seconde expédition échoue, nous perdrions déjà trop de bons éléments. On ne peut pas te perdre en plus.

Il était visible que mon maître se contenait de frapper le vieillard avant de rejoindre l'équipe. Mais il ne le fit pas, me souhaita bonne chance et s'en fut, le visage renfrogné. Le Duc s'approcha de moi :

-Witz, tu es le seul dans la Seconde Expédition qui connaît mon secret. Si, un jour, vous devez trouver refuge chez les Kitsunes, tu peux dire que vous êtes envoyés par l'Esprit Ailé.

-C'était votre titre ?

-Non, c'est la signification de mon nom, Haneki. Si tu énonce mon simple nom, ils risqueraient de mal comprendre ; si tu leur parle de l'Esprit Ailé, ils comprendront tout de suite et vous traiteront avec les plus grands honneurs, j'en suis certain. Il est probable qu'ils vous amènent chez Kineko, j'espère que tu lui transmettras mes amitiés. J'adorerais aussi que tu donnes de mes nouvelles à mes frères et soeurs, là-bas.

-Vous pouvez compter sur moi là-dessus.

-Ah ! oui, tu te rappelles ce que j'ai dit ?

-Oui, Thana-5... Comment pourrais-je l'oublier ? En fait, qu'est-ce que c'est, comme endroit ?

Il me regarda, amusé, puis tourna les talons et s'en alla vers l'Académie. C'était décidé : je détestais les oracles et leur stupide mystère.

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Eh ben ! J'ai bien failli croire que ce con allait chercher Atherach tout seul ! Avant, je me fichais d'Ametara, mais elle est directement remontée dans mon estime au moment même où elle a ramené Thor' !

On a eu une heure pour se préparer. Moi, Ametara, Alexandra, Kernn et Ferdinand avons poireauté pendant toute la durée, puisque nous étions déjà équipés... Puis nous rejoignirent Thor', qui a à peine pris son bâton et a enfilé sa robe de mage ; Witz, équipé de son arc et d'un carquois rempli de flèches ; N0-V04, ne lâchant pas d'une semelle la Kitsune qui avait pris une simple baguette et enfilé sans raison ses vêtements les plus sexy absolument pas adaptés aux températures hivernales ; Dverg, arborant fièrement ses sacs de Runes ; Tarek, ses lunettes bizarres sur le nez et les poches pleines de statuettes d'argile ; et enfin, Entia, longtemps plus tard, ayant salué tous ses animaux et ayant nommé quelqu'un pour bien s'occuper de toute la ménagerie. A sa ceinture, il y avait des dizaines de toutes petites bourses en cuir, sans doute remplis de graines.

Oui, c'est bien, tout ça, mais personne n'avait pensé à la bouffe, ni à tout le matériel de survie. Thor' m'a fait face —il était difficile de discerner son expression avec l'ombre de sa capuche— puis m'a juste dit d'attendre.

Olivia, elle, était partie on ne sait où... Lorsqu'elle est revenue, elle était vêtue d'un habit noir moulant et tenait une sorte de cagoule dans la main. Elle, à sa ceinture, c'étaient des Shurikens qui étaient disposés.

-Tu me rappelles quelqu'un, fis-je remarquer à l'héroïne.

-C'est normal ! me répondit-elle. Moi aussi je suis Anthropienne. Vous m'avez sans doute vue dans l'Epreuve.

-LE NINJA ! S'écria Thor'. Tu... Tu ne "lui" ressemble absolument pas, pourtant !

Olivia changea alors de pose en se plantant bien sur ses deux jambes, en courbant légèrement le tronc et prit trois shurikens en main. Cela fait, elle vêtit sa cagoule.

-Et maintenant ? fit-elle avec une voix plus grave.

-OK ! ai-je dit. C'était définitivement toi.

Alors qu'on attendait encore Chirutll, Baal s'approcha de notre groupe. Alexandra se prosterna devant lui ; le démon lui fit signe de se relever puis me fit approcher.

Lorsque nous fûmes à part, il entama la discussion :

-Tu crois que ça va aller, petit ?

-Baal, je suis le fils d'un démon de première puissance. ça va aller !

-Cela ne change rien, petit. Redd était un fils de Satan, cela ne l'a pas plus sauvé. Et tu as bien moins d'expérience.

-On verra bien. Tu as cherché un peu dans les principaux démons, voir qui est mon père ?

-Non. Et inutile de demander : non, Satan n'est pas ton père.

-Mais je n'ai rien dit !

-Tu allais le dire. J'ai vu les regards insistants que tu lui jetais pendant la cérémonie.

-Je suis un de ses disciples, j'aurai aimé l'approcher un peu plus, c'est tout ! Mais pourquoi je pourrais pas être son rejeton ?

-Ton comportement ne lui ressemble pas du tout, gamin. Les dieux et démons sont la définition propre de certains comportement et certaines formes de puissance, lorsque l'un d'eux a un enfant c'est comme si les gênes de sa personnalité étaient transmis à l'embryon, au même titre que l'ADN. Alors réfléchis : Si Satan est le démon de la Fourberie, tu ne crois pas que tu ne serais pas aussi conquérant si tu étais le sien ?

-Non en effet... Et alors Insedious, peut-être ? Lui, c'est la destruction, c'est totalement moi !

-Négatif. Je n'ai jamais vu Insedious reluquer une démone, et encore moins avoir des relations avec l'une d'elle. C'est le genre de démon psychopathe sans pitié qui ne verse jamais une seule larme, qui ne manifeste de la joie que dans le chaos, qui n'a jamais peur. Lui, avoir une relation avec ma petite-fille ? C'est impossible. D'autant plus que si lui est destructeur, ma petite-fille symbolise généralement la douceur des flammes.

-Du côté de Sĭ, je crois que c'est mort —sans mauvais jeu de mots—. Et Langeweile, c'est carrément un non.

-Y en a plein d'autres ! On passe sur Belzébuth, le démon des mouches et de la pourriture, et aussi sur Bélial, démon des eaux. Pour le moment, je ne vois que Daemocculgur, démon de la foudre noire, et Lucifer, l'ange déchu. Je vais questionner tous tes potentiels pères, et on se retrouvera plus tard.

-Et si tous mes "potentiels pères" répondent par la négative ? lui suggérai-je avec un sourire narquois.

-Alors je vais les torturer jusqu'à ce qu'ils avouent.

Je lui ai ri au nez.

-T'es pas crédible du tout !

-Je disais ça pour rire, avoua le Roi des Démons. De toute façon, depuis le début, je dis "un démon de première puissance", mais si ça se trouve ton père est une autre entité surpuissante ! Je ne dirais pas un Grand Ancien, mais peut-être un Dieu.

-Donc, quoi ? Mon père pourrait être Loki, le dieu nordique de la malice ?

-Par exemple ! Ou un autre dieu qui a un bon accès dans l'Outre-Monde. Ou bien pire... si je découvre que ma petite-fille adorée a été violée par QUI QUE CE SOIT, SURTOUT ce salopard de Casanova de Zeus, JE JURE que je déclenche le Ragnarök SUR-LE-CHAMP ! JE LE JURE ! Et mon armée n'aura pas de repos tant que le coupable ne sera pas tué ou plongé DANS LE NÉANT INFINI !

Je laissai Baal se calmer une petite minute.

-Donc ? lui demandai-je, passé ce délai. En gros, les chances de trouver mon père sont faibles.

-Ouaip, petit. Je vais encore interroger les dieux et démons dont je te parlais, mais si personne ne se dévoile, le meilleur est encore que lui se dévoile à toi. Seulement, s'il a caché cette union —ou ce crime— aussi longtemps, c'est sans doute parce qu'il est honteux, soit d'avoir tué la ma petite-fille, soit de l'avoir violée. Et là, il faudra attendre longtemps avant qu'il ne se dévoile. Il se peut même que si tu passes devant lui, il t'ignorerait. Même s'il te reconnait.

-Super ! Mon seul but en ce moment est de le trouver, et lui reste bien planqué, le faible !

-Tu l'as dit, gamin. Bon, je te laisse, l'Alterrien revient. Vous allez bientôt partir.

-Ah ben pas trop tôt ! A la prochaine fois, Baal !

Je revins dans le groupe, excité par l'idée tant attendue d'un peu d'action.

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Je n'en reviens toujours pas... J'avais agi sans réfléchir, et toute cette soudaine attention, toute cette soudaine entraide me donnait chaud au cœur. J'allais partir seul ? ET BAM, je me retrouve avec treize compagnons !

Surtout qu'il aurait été bête de partir sans mon arme pour me défendre ni sans ma robe de mage. Comme j'étais parti, sous forme de demi-dieu, j'allais me faire remarquer par tout le monde et, si certains m'auraient adressé sans doute beaucoup de politesse, d'autres, moins bien intentionnés, pourraient essayer de me détrousser... Et gagner trois pièces d'or divines d'une valeur inestimable.

J'ai passé un dernier moment dans l'atmosphère de ma chambre. Tantôt couché parmi les nuages, tantôt admirant les sculptures électriques de mon bureau, tantôt m'entraînant une dernière fois sur mon tatami.

Avant de quitter, je revins une dernière fois dans le bureau. J'hésitai quelques secondes à récupérer les premières données de mes futurs projets, puis abandonnai tout en songeant que cet "au revoir" n'était pas un "adieu". Je faillis tout de même emporter les esquisses de la future 3L-3C-7R-0L : Y5, mais je me ravisai et sortit.

A l'extérieur m'attendait ma mère, un grand sourire aux lèvres. On se salua tous deux simultanément, puis je lui demandai qui était la déesse au bandeau qui était présente lors de la cérémonie.

-Ah, Angérona ? Fit-elle. C'est ma meilleure amie. Elle est la déesse romaine de la Lumière dans les Ténèbres. C'est uniquement grâce à elle que je peux avoir un bon contact avec mon frère.

-Donc, tu l'utilises pour voir Baal ? Ne serait-ce pas un peu hypocrite ?

-Attention, nous bénéficions de son pouvoir parce qu'elle est notre amie, et non l'inverse. Vois-tu, les dieux verraient d'un mauvais oeil que je m'entende bien avec Baal... Et les sujets de Baal le tueraient s'ils voyaient qu'il gardait un contact amical avec une entité divine comme moi. Pour nous faire cohabiter, il fallait une entité extérieure, mais quelqu'un à qui on pourrait léguer une entière confiance. Et c'est là, après m'être liée d'amitié avec Angérona, que je jugeai qu'elle était digne. Aujourd'hui, elle, moi et Baal sommes trois vieux amis.

-C'est quand même cruel, d'être jumeaux mais de ne pouvoir entrer en contact uniquement avec une aide extérieure...

-Oui, j'y pense souvent... Nous sommes les jumeaux maudits de la Création ! Tout nous oppose, mais nous restons familiers. Et, pourtant, malgré notre entente, nous sommes voués à nous entretuer, même indirectement, lors du Ragnarök. C'est comme ça ! Je suis la déesse de la bonté et de la lumière, il est le démon du mal et de l'ombre. Si je trahis mon camp, les autres me renieront, car je serai une puissance décisive lors de la fin du monde connu. Mais je me fiche du regard des autres dieux ! Si Baal trahit son camp, il sera lapidé sur le champ, car il est le roi d'un peuple qui ne demande qu'à détruire les dieux et reprendre le contrôle sur la terre. Et la dernière chose que je souhaite, c'est qu'il soit tué. Je sacrifierais ma vie juste pour sauver la sienne.

-Quel destin tragique... fis-je mélancoliquement.

Ma mère acquiesca. Je me dirigeai vers l'ascenseur gravitationnel et elle me suivit.

-Au fait, si toi et Baal vous considérez comme jumeaux, c'est que vous avez une origine, non ?

-Tout a une origine, Thauroji. Même Archaïs et Kälö, les deux entités primitives, en avaient une. Pour notre part, je ne me souviens pas avoir de "parents", si c'est cela que tu suppose. Moi et Baal sommes juste des créations d'Arthus et d'Aether, comme tous les autres dieux et démons primitifs.

-Donc, en quelque sorte, je suis comme le petit-fils du Créateur ?

-Dans le sens mystique, oui. Pas dans le sens biologique.

J'entrai dans l'ascenseur avec Célestia à mes côtés. A peine avions-nous atteint l'étage A qu'elle m'interpella à nouveau :

-Il faut que je t'avertisse de quelque chose.

-Tu me fais peur, sur ce coup...

-Ne t'inquiète pas. Je devais juste te prévenir que tu ne pourra que très peu avoir de l'aide de moi et ton père.

-Mais pourquoi ?

-Vois-tu, les Revaltiens sont comme des enfants capricieux qui veulent tout faire d'eux-même. De l'autre côté, nous, les dieux, sommes des adultes fatigués de notre travail. Pour faire d'une pierre deux coups, il existe un règlement entre Dieux et Mortels.

-Un règlement ?

-Oui. Nous devons obéir à ce règlement et, en échange, les Mortels nous honorent et nous traitent de la meilleure manière lors de nos passages sur Terre.

-Et si vous n'obéissez pas ?

-Alors il peut y avoir des sanctions. Il y en a deux ; ou bien notre culte baisse un petit temps, ce qui signifie moins d'offrandes et moins de privilèges, ou alors, la plus grave... pour préserver la paix entre dieux et humains, L'Empereur d'Ataraxia a le pouvoir de retirer notre divinité pour nous rabaisser au rang de mortels. Un droit accordé par le Créateur lui-même. Selon l'offense faite, on peut reprendre notre statut divin après une certaine durée ou après avoir accompli certains travaux.

-Mais c'est injuste ! Vous avez le pouvoir sur le Multivers entier et lui n'est qu'une ridicule poussière dans l'immensité du Macrocosme ! Il pourrait littéralement rendre mortel un dieu pour mieux le tuer ou...

-Là-dessus, ne t'inquiète pas. Les Empereurs d'Ataraxia sont choisis principalement selon leur dévouement aux Cultes, jamais l'un d'eux n'oserait punir une divinité sans raison. De plus, si toutefois une erreur de ce genre est faite, la famille du fautif est maudite sur cent générations, ce n'est pas à prendre à la légère. Et puis, avec tous les rituels d'invocation qu'il existe aujourd'hui, c'est simple de ramener un dieu mort à la vie ! Un peu long, mais simple !

-D'accord... J'imagine que tu voulais me parler de certaines de ces règles en venant venir me voir ?

-En effet. En clair, nous pouvons aisément venir sur terre, mais pas pour interférer avec la vie humaine de manière majeure. De plus, nous n'avons pas le droit de faire de crimes, quels qu'il soient. Nous pouvons tuer ou maudire des gens s'ils se montrent trop offensants, nous pouvons bénir les gens qu'on souhaite, mais nous n'avons pas le droit de détruire quoi que ce soit à moins de l'obtention de l'accord général, ni voler à la tire, ni usurper l'identité des gens, ... Tout ce genre de chose qui pourrait générer un chaos dans le système social, économique, politique ou autre.
Il y a des dieux qui s'en tirent très bien en enfreignant toutes les règles, pour ne pas citer Zeus qui adore se déguiser en époux d'une femme pour mieux la séduire, mais je préférerais ne pas y déroger, je ne suis pas ce genre de déesse. Ce qui signifie que, si tu es en détresse, ni moi, ni ton père ne pourrons t'aider.

-Oh...

-Mais ta sœur, Aurelia, n'est pas une déesse, elle n'est donc pas affectée par ce règlement ! Et, en tant qu'esprit, elle a beaucoup de facilité à se mouvoir entre le monde mortel et le monde divin !

-AH !

Célestia a souri.

-Voilà, c'était ce que je devais te dire, continua-t-elle. Bon, je n'ai abordé en vitesse qu'un quart du règlement inter-entités, il y a des règles bien plus complexes que cela, mais pour le moment tu sais ce qu'il te faut savoir.

Nous avions atteint la porte principale lorsqu'elle prononça ces derniers mots. Une partie de mes compagnons attendaient là, plus loin, poireautant sur l'herbe verte.

Ma mère me fit arrêter une minute :

-En attendant, fais bien attention à toi. Aurelia est bien loin d'être toute-puissante et ne viendra à toi qu'en cas d'extrême urgence. Fais confiance à ton équipe. Vous n'arriverez à rien si vous ne restez pas soudés entre vous. Ne sous-estime jamais la discorde, elle est une arme de destruction massive !

-Je ferai de mon mieux pour que Eris, la Discorde, ne s'approche pas de nous, je te le jure. Et que Tyché soit avec nous !

-Oui, de la chance, tu vas en avoir besoin. Il y a certaines personnes que je ne connais pas très bien, dans cette équipe... Le passé de Witz, Xenthores, Tarek, Entia, Chirutll et Olivia m'est inconnu, et Ametara a l'air de cacher un secret même inconnu des Dieux. J'ai des difficultés à faire confiance à l'instabilité de Ferdinand, mais tu sembles être content de l'avoir dans l'équipe.

-Je ne sais pas... D'un côté il pourrait nous être bien utile, de l'autre... Tout ce qu'il souhaite c'est tuer Atherach. Mais quel est ton verdict ?

-Sur Ferdinand ?

-Non, sur tout le monde.

-Bien que le passé de certaines personnes me soit voilé, je vois une grande lueur en chacun d'eux. Celle de Ferdinand vacille beaucoup, mais tu peux compter sur eux. Et tu verras, un jour, Entia et Alexandra cesseront leurs disputes.

Elle m'adressa un dernier sourire et m'accompagna dans la team. Apparemment, j'étais le premier revenu !

J'ai encore beaucoup discuté avec ma mère au sujet de l'équipe, par exemple comment fonctionnait l'Aegyptomagie de Tarek, les Runes de Dverg, qui pourrait être le père de Xenthores, pourquoi la ronchonnerie de Witz... Et pourquoi N0-V04 ne se sentait jamais en sécurité sans un chaperon. De nouveau, sur cette dernière interrogation, je n'eus aucune réponse.

Lorsqu'enfin le dernier arrivant, Chirutll, arriva, j'avais hâte de voir comment nous étions équipés.

-J'ai de la viande pour un demi mois ! Annonça l'Alterrien, qui ne portait rien de plus qu'un exosquelette d'une souplesse incroyable de sa conception. J'ai des tentes pour tous ceux qui ne peuvent pas en invoquer une, un générateur de sphère d'invisibilité, une boussole, quelques lames, deux arcs, deux armes de tir énergétique et enfin un revolver à balle physique avec douze munitions... Entia assurera l'alimentation en bois et en végétaux, Xenthores pourra facilement faire du feu, Ametara nous assure le moyen de déplacement, ... J'ai juste assez de matériaux pour faire deux ou trois machines simultanément, ce qui me suffit amplement. Par contre, pour trouver de l'eau, il faudra compter sur les runes de Dverg, je n'ai plus de place.

-COMMENT ÇA TU N'AS PLUS DE PLACE ? s'écria Xenthores, halluciné. Où tu stockes tout ce que tu viens de dire, personne n'a de sac à dos ?

-Chirutll EST le sac à dos, annonça N0-V04.

-Oui, confirma mon ami tentaculaire. Nous autres, Technomages, avons chacun une dimension personnelle nommée "inventaire". Nous pouvons y stocker assez de choses selon la taille de notre inventaire, qui évolue en fonction de notre puissance.

Comme démonstration, il invoqua dans une de ses "mains" une des deux épées qu'il avait promis —épée qui se matérialisa d'abord visuellement grâce à un hologramme bleuté, puis la forme physique remplaçait point par point le fameux hologramme—, et dans une autre le fusil d'assaut énergétique —visiblement très lourd pour l'Alterrien— avec lequel il tira une fois pour bien montrer qu'il était opérationnel. Le laser qui sortit du canon me donna une idée de la technologie extrême du monde extérieur, ce qui me prodigua un plaisir immense. Au sol, à l'emplacement où le laser avait rencontré de la matière, l'herbe avait crâmé.

Suite à cette démonstration, il rangea simultanément épée et canon dans son espace personnel. Xenthores fut abasourdi, Witz aussi... et moi je me disais que si je jouissais de ce simple moment, qu'est-ce que le monde de Revaltia avait bien à m'offrir ?

-Joli, Chirutll, fit Ferdinand. C'est quelle énergie, l'arme ? Électrique ?

-Oui... C'est presque la base, tu sais bien. Le second est cryonique, c'est pratique d'en avoir un.

-Quoi ? M'écriai-je. Existerait-il plusieurs types de canons énergétiques ?

-Autant qu'il y a d'énergies, Thauroji, me répondit N0-V04. Si j'ai bien retenu, il y a d'abord les canons cryoniques, puis Thêta, thermiques, soniques, électriques, ombriques, luminiques, cryo-électriques, laviques, électriques noirs, quantiques et enfin Sub-Abyssal. Et encore, les armes Sub-Abyssales ne sont qu'une supposition, aucun fusil de ce type n'a été recensé dans l'histoire.

Tellement de possibilités de faire la guerre... Fascinant, mais inquiétant à la fois.

-Hé ! S'exclama Ametara alors qu'on commençait à partir. Comment ai-je pu oublier ça ?

Elle invoqua un petit portail juste devant elle. Deux tout petits objets en sautèrent, et la translatoire les rattrapa en vol.

-Désolée, j'ai juste failli partir sans mes écouteurs.

Ainsi donc elle aimait la musique. Boh ! Elle pouvait bien se donner ce petit plaisir ! Tant qu'elle soit apte à écouter lorsqu'il le faut...

D'un seul homme nous nous sommes tous dirigés vers la limite du nano-monde de l'A.D.N. . J'eus à peine le temps de me retourner et de voir Baal nous fixer avec sympathie, Hydunn lever glorieusement son épée vers le ciel, Célestia nous saluer de la main, Angérona sourire au loin, et tous les membres de l'Académie nous souhaiter tacitement bonne chance. Passé ce moment, le froid m'envahit d'un coup et mes poumons se vidèrent presque de tout leur air.

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