24 - Voyage dans un vaisseau précaire

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-OK, vous pouvez tous remonter à la surface, annonça Chirutll. Les Révoltés sont neutralisés, il n'y a plus aucun danger. Laissez-moi travailler, dans une heure ou deux nous aurons une voiture.

-SURTOUT PAS ! s'effraya N0-V04. NE LE LAISSEZ PAS SEUL DANS CETTE NOIRCEUR !

-Et pourquoi ? interrogeai-je.

-Parce qu'il y a... Bugg-Shash !

Beaucoup n'y voyaient aucun rapport, donc N0-V04 continua :

-Le Grand Ancien du Meurtre, vous savez ? Cet immonde amas de chair couvert de bouches aux dents acérées et aux tentacules puissantes ?

-Ouais, mais pourquoi il viendrait ?

-ON EST SUR ATARAXIA ! L'Archontinent où les Grands Anciens pullulent le plus !

-Tu ne réponds toujours pas, remarqua Thor'. Qu'est-ce qui te fait dire qu'il nous attaquera, spécifiquement nous ?

-C'EST L'EPOUX DE MA SOEUR ! Voilà ce qu'il y a ! N1-V01 est capable de lui demander de tuer quelqu'un à tout moment, et si elle veut m'atteindre elle a intérêt, soit à nous infiltrer par tous les moyens, soit à tous vous tuer un par un... ALORS NON, NE LAISSEZ PAS CHIRUTLL TOUT SEUL DANS CETTE NOIRCEUR !

-Mais j'ai besoin de tranquillité pour travailler correctement, N0-V04.

-Alors je reste avec toi, Chirutll, proposa Thauroji. Il suffit que je te serve de lampe-torche pour que Bugg-Shash n'ose pas nous approcher, s'il a aussi peur de la lumière qu'on le prétend. Les autres, sortez de ce trou à rats et mettez-vous à l'aise.

Ce plan fut exécuté. Sortir du trou aurait pu être un problème... Mais bon ! Sans même avoir de bonnes connaissances en escalade, Kernn grimpait à une allure étonnante en plantant ses pieds et poings dans la roche ; il ne réfléchissait même pas au fait qu'Ametara n'avait qu'à invoquer un portail pour tous nous sortir d'affaire. L'Alterrien fut vachement étonné de nous voir déjà arrivés quand il a posé ses bras sur la bordure du précipice.

On a installé un campement, et on s'est mit à vaquer à nos occupations. Ma visée à l'arc sur des cibles mouvantes s'améliorait petit à petit, mais j'aurais plutôt souhaité qu'il en soit de même avec ma magie. Des dizaines de fois j'ai essayé de revivre la situation qui m'avait débloqué, en gueulant "RYU" près d'un brasier intense. Aucune flèche n'a fait le moindre effet.

Ametara écoutait sa musique en jouant avec un caillou entre ses portails. ça devait être une musique fort cadencée, puisque je remarquai que ses portails apparaissaient toujours de manière schématique, comme s'ils apparaissaient au fur et à mesure des battements, à une fréquence frénétique.

Xenthores s'entraînait avec ses deux bâtons ; Entia et N0-V04 faisaient pousser des plantes pour préparer plusieurs remèdes et onguents médicinaux —ils nous avaient même concoctés des tisanes dans des tasse en bois, avec l'aide de Tarek pour l'eau et son réchauffage— ; Dverg polissait la rune de Tyr pendue à son cou en lui faisant parfois quelques bisous, comme s'il était son animal de compagnie chéri ; et Kernn pourchassait des insectes pour les écraser.

Alexandra et Olivia s'étaient toutes deux couchées sur le sable, profitant du soleil. Le seul qui était reclus, pour une fois, était Ferdinand, assis sur un roc, tenant son foudre dans sa main droite et regardant profondément l'horizon. Il semblait vouloir réfléchir à quelque chose.

ça a été comme ça pendant... Deux heures ? Trois ? C'est difficile d'évaluer le temps quand on a pas de montre, eh !

Et puis d'un coup Thauroji est arrivé vers nous, pantelant de sueur.

-JE T'AI DIT DE NE PAS LAISSER CHIRUTLL SEUL ! s'écria N0-V04.

-T'inquiètes, mec... Il est... Il est dans le puits, dans la lumière du soleil. Pfiouh ! Maintenir de la lumière pendant autant de temps c'est déjà pas facile, alors s'il faut escalader une falaise par la suite... Merci Kernn, sans tes prises d'escalade j'aurais jamais pu revenir.

-Qu'est-ce qu'il se passe ? S'enquit Alex.

-La machine est terminée ! Seulement, on a besoin de Ferd'... La voiture a besoin d'énergie.

L'intéressé se leva sans plus attendre de son rocher et se dirigea sans rien dire vers le trou, pensif.

Ametara, obnubilée par sa musique, comprit pourtant qu'on avait besoin d'elle et accompagna les deux électromanciens vers le puits. Un portail plus tard, le maître et son élève étaient partis.

Il ne fallut pas attendre cinq minutes... Un bruit de moteur jaillit du cratère, et un objet aussi volumineux qu'un camion en sortit.
ça ne ressemblait pas DU TOUT à une voiture. En fait, ça ressemblait plus à un vulgaire disque muni de deux modules répartis à chaque bout de son diamètre. Sans doute l'avant et l'arrière du véhicule. Mais je ne vis ni hélices, ni propulseurs, c'est comme... Comme si ce machin volait par magie. Sachant que Chirutll ne permettrait pas d'utiliser les arcanes comme partie intégrante de sa technologie, je me doutais qu'il y avait une raison scientifique à cet événement... Impossible de savoir lequel.

Dans le cockpit, à l'avant, la gueule hérissée de dents de Chirutll était parfaitement visible. Il fit poser le véhicule sur la terre ferme et nous fit monter.

Yup, rien de plus qu'un cylindre. Beaucoup d'espace au centre, comme si ce véhicule pouvait servir de maison, avec tous les sièges répartis sur la périphérie. Il y avait seize ceintures (beaucoup trop pour nous), et une place conducteur dans le cockpit. Nous pouvions donc nous asseoir et avoir une bonne vision sur tout le monde. Le genre de véhicule dans lequel on peut facilement avoir des conversations animées.

J'allai visiter Chirutll dans le module avant. le nombre de commandes qu'il y avait... L'Alterrien chipotait le tableau de commande de ses douze doigts avec une rapidité étonnante. Ce que je trouvai le plus dingue, c'est qu'il y avait aussi des commandes sur le sol, et qu'il dansait littéralement de ses huit tentacules pour tout réguler.

-C'est quoi, ça ? Demandai-je. ça sert à quoi, tous ces trucs ?

-Boh, avec plus de temps, de ressources et d'énergie j'aurais pu faire un arrangement cent fois plus simple. Mais non ! Nous avons Ferdinand, Olivia, Ametara, Thauroji, Xenthores, N0-V04 et Entia qui vont nous fournir l'énergie nécessaire et il faut gérer toutes les centrales différentes, nous avons le panneau de vol, les stabilisateurs que je dois gérer manuellement, l'espace de stockage et tous les systèmes qui sont dedans, les tourelles thermiques parce que c'est dangereux de voyager en-dehors des villes —l'armement basique est autorisé par la loi—,... J'ai même pas fait le tiers de la liste. Cela demande beaucoup de paramètres à gérer simultanément. Mais je suis habitué à tout ça : tu sais que j'ai déjà piloté une station spatiale en plein dans un champ d'astéroïde, une fois ? Tous mes compagnons étaient en cryostase, je n'avais pas le temps de les réveiller, j'ai dû me démener tout seul. La station en est ressortie indemne.

-Woah ! ai-je fait, admiratif.

-En plus c'était un gros champ... Je l'ai traversé pendant l'équivalent de soixante-deux heures terrestres, sans avoir une seule seconde le temps d'aller chercher à manger et à boire... Et ne pensons même pas à dormir.

-Eh ben ! Tu étais astronaute ?

-Ingénieur-physicien quantique, en fait. Moi et mon équipe avions été envoyés dans l'espace pour étudier un trou noir. Bref ! Va rejoindre les autres, et dis-leur qu'on sera à Delphes dès demain midi.

-Super, Chirutll !

-En fait... je vais venir moi-même. Il y a des espaces pour les générateurs d'énergie, et il faut que les autres sachent où sont les stations de recharge des centrales biologiques, thermiques, électriques, translatoires et éoliennes. Si Ferdinand et Ametara s'y mettent rapidement, on aura décollés d'ici dix minutes. Toi, reste ici et préviens-moi si tu vois des choses déconner.

-Hey ! J'ai déjà l'impression que TOUT est en train de déconner, ici !

J'avais même pas eu le temps de commencer la phrase qu'il avait déjà quitté le cockpit. Tous ces voyants, ces boutons, ces trucs et ces machins qui clignotaient... Sur le plafond, un haut-parleur émettait sans cesse un son strident. Je sais pas comment Chirutll faisait pour ne pas avoir une crise d'épilepsie expresse. Quoique, pour lui qui voit par les sons et les électrons, il ne doit sans doute pas distinguer de couleurs, juste les impulsions d'énergie alentours ... Et puis, le haut-parleur au-dessus devait beaucoup l'aider à s'y retrouver. J'imagine que c'est comme une sorte de soleil sonore, pour lui. Quelque chose qui l'aide à voir.

Lorsque Chirutll revint, rien n'avait l'air d'avoir changé. J'avais hâte de quitter cet endroit, mes yeux me brûlaient et je sentais déjà des acouphènes.

-Tout semble OK. C'est bon, Witz, va rejoindre les autres.

Sans répondre, je quittai le cockpit. Dans l'espace principal, N0-V04 et Entia truffaient un réservoir de fruits ; Thauroji et Ferdinand se démenaient pour balancer les volts dans une sorte de pile ; Xenthores maintenait une flamme sur une génératrice ; et Olivia, tranquille, faisait tourner une éolienne optimisée.

Il ne restait apparemment plus qu'Ametara, comme source d'énergie. A travers une vitre, on pouvait clairement voir un objet chuter en continu à travers deux de ses portails.

-Woah, comment ça marche ? me suis-je demandé.

-Chirutll a trouvé un peu d'Osmium là-dessous, répondit Ametara. Il en a fait une boule. Tiens, je te la montre.

Un portail apparut au milieu de la salle, la boule d'osmium y jaillissant. Ametara invoqua un autre portail pour neutraliser la vitesse de la sphère, et pourtant elle s'effondra sur le sol en faisant trembler tout le véhicule. Je me suis penché pour le ramasser...
Et j'ai failli me casser le dos. La sphère ne s'est pas levée d'un poil. C'est quoi, cette boule qui pèse une tonne ?

-C'est lourd, hein ? compatit Ametara. L'Osmium a une extrêmement forte densité. Par contre, le touche pas trop, ça reste un composé radioactif.

-HEIN ??

Je lâchai ma prise sur la sphère métallique et m'assis sur mon siège.

-Ne t'inquiètes pas, Witz. Etre exposé à la radioactivité pendant une toute petite période de temps n'est pas grave.

-En plus l'Osmium est déjà bien moins radioactif que l'Uranium, fit la voix de Chirutll à travers un haut-parleur.

-Je sais pas si c'est fait pour me rassurer... Du coup, comment ça marche, ce générateur translatoire ?

-Juste deux portails l'un au-dessus de l'autre et un objet en chute libre entre eux, expliqua Ametara. Dès que l'objet traverse le portail du bas, il apparaît dans celui du haut. On met le tout sous vide, et il ne reste plus qu'à capter l'énergie de sa chute... Et plus l'objet a de masse, plus ça fournit de l'énergie. En fait, après Ferdinand, je crois que ce dispositif est actuellement notre plus grande source énergétique.

-Eh ben... fis-je, en me calant dans mon siège et en mettant ma ceinture —ou plutôt mon harnais— de sécurité. On est bien équipés ! Chirutll m'a dit de vous dire qu'on sera à Delphes demain midi, s'il n'y a pas de problème.

-Super ! fit Miku. Et quand est-ce qu'on décolle ?

-J'ai fini les réglages plus vite que prévu. Le capitaine Chirutll vous souhaite la bienvenue dans le "Arlgohor-Luvqhim", ce qui signifie "vaisseau précaire" dans ma langue. Maintenant que j'y repense, ce nom n'inspire pas du tout confiance... Mais vous avez un pilote de première classe.
S'il vous plaît, attachez vos ceintures de sécurité, le démarrage va secouer un peu. Je demanderai à tous les responsables énergétiques de faire du mieux possible, mais je vous préviendrai s'il manque de jus. Si la situation devient critique, je vais me poser évidemment. Ametara, surtout ne fais rien de stupide avec la sphère d'Osmium, vu sa vitesse actuelle et ses 250 kilos, ça pourrait défoncer la coque... Voire tuer quelqu'un.

-Je ferai attention, Chirutll.

-J'espère bien ! Nous allons survoler la mer Egée pendant la nuit. Reposez-vous comme vous le souhaitez, c'est la première fois depuis le début du voyage que nous ne risquons absolument rien. Bien ! J'espère que vous êtes tous bien attachés, j'amorce les manœuvres de décollage.

J'ai déjà été dans un avion. Je sais ce que c'est, la sensation d'être plaqué sur son siège alors que l'engin prend de plus en plus de vitesse, jusqu'à planer dans les airs. Cette sensation-là n'était pas si différente, même le bruit était identique... Sauf que l'aircraft de Chirutll s'est directement propulsé vers le haut. Sans les harnais de sécurité sophistiqués, je tombais sûrement à terre, ou je me serais fait vachement mal au cou. Puis on a décéléré, et j'eus l'impression de ne plus subir de gravité... Et enfin le véhicule s'est propulsé vers l'avant, direction la Grèce.

Pas longtemps plus tard, nous n'avions même plus l'impression de bouger. Nous étions là, tous assis en cercle. En fait, la cabine ressemblait à une sorte d'énorme bol aux bords recourbés vers l'intérieur. Au lieu d'un trou, le plafond était bien évidemment fait de verre pour nous protéger du froid et surtout des intempéries.

Au centre de la cabine, une table a soudainement surgi du sol. Ainsi qu'un four, et des lampes, et quelques livres, et des pots de terre.

-Chirutll a tout prévu ! s'exclama Entia, en plantant des graines dans les pots de terre.

-Vous croyiez vraiment qu'on va voler pendant une journée entière sans rien manger ? C'est très rare quand j'oublie un détail, Entia. Pour dormir, désolé, mais il n'y a pas l'espace pour mettre des lits.

-Très bien, mon chou, complimenta Miku. Et si on veut de la viande au repas, et pas des stupides légumes ?

-Il suffit de demander ! J'ai installé un frigo dans l'espace de stockage. Vous ne pouvez pas y accéder, mais je peux vous faire parvenir n'importe quoi. Pour l'eau, pour le moment on va devoir se contenter de Tarek, encore une fois... Mais dès qu'on entre dans la Mer Egée, je vais raser les vagues pour faire le plein. Un système de purification va la désaliniser.

-Et pour les chiottes ? interrogea Xenthores.

-Excellente question ! J'ai dû compacter un maximum donc ça va être embêtant de s'y installer, mais il y a de quoi. Elles se trouvent à l'opposé du cockpit.

Xenthores éclata de rire.

-Quoi ? j'ai dit quelque chose ?

-Nan, je viens juste de penser à un truc... ça me fait marrer de savoir qu'il y a des robots tueurs d'hommes qui se baladent dans la nature, qui se reproduisent sans cesse, qui pullulent comme des rats dans un égout, et que toi tu les transforme en WC.

Miku éclata de rire, imitée par moi et Dverg, puis par Kernn. Les rires s'arrêtèrent rapidement, sauf ceux de l'autre Alterrien qui beuglait toujours comme un demeuré. Puis ce con reprend abruptement son sérieux en disant :

-Pourquoi on rigole ?

Actuellement, je pense toujours que si la stupidité était un moyen de production énergétique, il se serait transformé en supernova.

Après un moment, Thauroji prit la petite pile de livre sur la table et les regarda en vitesse :

-"Théorie avancée de la physique quantique"... "Traité d'Antimatière"... Et c'est quoi, ça ? C'est pas des runes, c'est pas des hiéroglyphes, c'est même pas des wingdings !

-je suis désolé, ma bibliothèque n'est pas très poussée... C'est le seul ouvrage que je n'ai pas pu retrouver en version traduite. Cet alphabet est celui de mon peuple, les Espanys. le titre signifie "Un siècle en orbite", c'est mon roman préféré. ça relate l'aventure d'astronautes piégés dans le champ d'un trou noir. à la fin ils trouvent un moyen de le traverser sans mourir, et l'histoire s'arrête quand ils atteignent la singularité.

-et comment ils font pour aller en plein dans un trou noir ? C'est impossible de survivre !

-En fait l'auteur a pensé à une méthode très ingénieuse et extrêmement complexe. Il aurait pu penser à quelque chose de plus simple si en réalité il venait de Revaltia. Mais non, j'ai ramené ce livre directement d'Alterria, mon archimonde d'origine.

-Tu veux dire quoi par "S'il venait de Revaltia" ?

-Les Revaltiens ont déjà traversé des dizaines de trous noirs.

-Attends... Quoi ? Mais comment ?

-De la même manière que tu te téléportes, Thauroji. La première escouade d'astronautes Revaltiens avait un puissant mage de la lumière dans l'équipe. Il ne suffisait qu'à transformer le vaisseau entier en lumière puis de le recomposer de l'autre côté, sain et sauf. Le problème, de l'autre côté, c'est de revenir ; un trou noir mène à un trou blanc, qui rejette tout avec une force extrême, déviant même la course de la lumière.

-Wow ! Et... Ces astronautes... Ils ont réussi à trouver un moyen de retour ?

-Les Empereurs ont envoyé en tout douze équipes avant de trouver le moyen. Les onze premières expéditions se sont perdues au milieu de nulle part et on ne les a plus jamais revues... La douzième possédait des technologies de pointe. La solution était une dématérialisation quantique, qui utilise le même principe que les trous noirs : téléportation par manipulation de l'espace-temps.

-Les Revaltiens sont dingues... Ils ont trouvé quoi, à travers ? une autre dimension ?

-Un autre plan de l'existence. Le plan négatif. L'anti-univers, quoi. Il a fallu cinq autres équipes pour savoir comment récolter de la véritable antimatière sans danger, via des puissants champs électromagnétiques ; au moindre contact avec les tenues des astronautes, tu sais ce qu'il se passe...

-Oui, confirma Thauroji. collision de l'antimatière avec la matière... Annihilation des matières entrées en contact dans une effroyable explosion.

-Exact. De telle manière que si un humain d'antimatière se trouvait sur terre, rien qu'en réagissant avec notre oxygène il produirait autant d'énergie que plusieurs bombes atomiques.

-AH OUI, C'EST PUISSANT ! M'exclamai-je. Et ils en ont fait quoi, de l'antimatière récoltée ?

-la plupart a été placée dans des usines énergétiques, sur Ampéria. Ce genre de centrales est très dangereux, mais on peut difficilement faire plus efficace. Le reste a été étudié... Et au fur et à mesure de leurs recherches, les scientifiques ont découvert la Négatière.

-Encore la Négatière ? fit Thauroji. Qu'est-ce que c'est, à la fin ?

-Des matériaux stables qui ont des propriétés inversées. La plupart de la Négatière qu'on produit possède une masse négative ; ce qui signifie que si tu en poses sur une table, au lieu de rester tranquillement dessus, elle va s'envoler dans les airs, en fuyant la gravité.

-MAIS C'EST PAS VRAI !

-Si, c'est vrai. Tu vas voir quand on arrivera à Delphes.

Thauroji s'assit profondément sur son siège, le regard rivé sur le vide, et on ne l'entendit plus parler de toute la traversée. Je me demandais bien à quoi il songeait... Juste pour m'occuper, je lui pris les livres des mains et commençai à les feuilleter.

Je les ai direct reposés.
Trop complexe.
Et rien que l'alphabet de "Un siècle en orbite" me faisait mal aux yeux.

Je remarquai tout de même que les lettres n'étaient pas faites d'encre normale, mais d'une substance grise et froide... Du métal, peut-être ?

On n'osait pas papoter. Pour parler de quoi ? Eh !
Le silence n'était perturbé que par les sons à très haute fréquence du cockpit, les centrales à énergie et le bruit du moteur.

-Comment on vole, en fait ? Interrogea Tarek après un moment.

-D'après ce que j'ai compris, informa Thauroji, ça fonctionne avec un procédé dérivé de la lévitation quantique. Une affaire complexe de matériaux supra-conducteurs je crois. Sous nos pieds, il y a une énorme plaque alimentée en énergie, et les forces qui agissent dessus s'opposent au champ de gravité terrestre.

-C'est pas tout à fait ça, mais ça a le mérite d'être plus compréhensible. Je pourrais vous donner un cours entier sur le phénomène, mais je crois que ça va plus vous endormir qu'autre chose.

-Dans le mille ! fis-je sarcastiquement.

Entia commença à préparer le repas, assistée par Dverg, notre spécialiste en viande. Le nain demanda à Chirutll de nous apporter un bon gros filet de boeuf, et il saliva quand il vit le morceau nous parvenir à l'aide d'un bras mécanique. Pendant que Dverg s'occupait de ça, Entia récoltait les plantes qu'elle avait plantées plus tôt. Beaucoup de blé, mais aussi des courgettes, des pomme de terres et des carottes. Le blé, N0-V04 le débarrassa de ses tiges, puis donna les grains à Kernn pour les meuler. Je devinai donc que nos cuistots voulaient nous faire un peu de pain.

Tarek ne voulant pas invoquer de l'eau pour toute une casserole, nous n'avions pas de quoi faire bouillir les légumes et les patates, Entia a dû les rissoler avec l'aide de Xenthores. Au final, le repas était médiocre ; si la viande avait été cuite de manière exceptionnelle, je pense que ça aurait été mieux pour le reste d'être cuisiné d'une autre manière. Et puis, on manquait cruellement d'épices. Tous les repas depuis notre départ nous semblaient fade. En fait, je crois que tout le monde espérait d'arriver à la mer Egée pour pouvoir faire le plein de sel.

Les heures passaient, sans que l'on ne discute plus. Dès que la lune s'est élevée dans le ciel, Entia fit de son mieux pour faire un repas plus digeste que le précédent. On ne tarda pas à fermer les yeux, bercés par le bruit du moteur quantique...

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