Jean et les détecteurs de fréquence
Le lendemain…
Jean (enthousiaste, poursuivant sa démonstration) :
— Vous voyez, pour percevoir les fréquences, il faut un détecteur. En électronique, on utilise des circuits non-linéaires. Ils convertissent un signal électrique en un signal audible ou visuel. C’est comme traduire une vibration en lumière ou en son.
Mathieu :
— Donc sans instrument, impossible de mesurer ?
Jean (sourire en coin) :
— Pas forcément. Certains animaux sont de véritables détecteurs de fréquence.
Les chauves-souris, les dauphins, même certains oiseaux. Ils perçoivent des gammes de fréquences que nous ne pouvons même pas imaginer. —
Marie :
— Tu veux dire que des peuples anciens auraient pu s’inspirer de ces animaux ?
Jean :
— Ou mieux : ils vivaient en symbiose avec eux. Imagine une civilisation qui utilise les chants d’oiseaux pour détecter des résonances dans la pierre. Ou qui observe les réactions des animaux à certaines vibrations pour comprendre leur environnement.
Jean-Luc (intrigué malgré lui) :
— Et tu crois qu’ils pouvaient faire des calculs avec ça ?
Jean (avec intensité) :
— Pas des calculs comme nous. Mais des interprétations. Des modulations. Des harmoniques. Ils n’avaient pas besoin de chiffres, ils avaient les ondes.
Mathieu (pensif) :
— C’est une autre forme d’intelligence. Une autre manière de lire le monde.
Marie (doucement) :
— Et peut-être plus proche du vivant.
Jean (sourit) :
— Exactement.
Il se lève, marche lentement vers le tableau, griffonne un serpent dans une ampoule stylisée.
Il poursuit, quand je suis allé dans le temple d’Hathor à Dendérah, j’ai vu ces reliefs. Des figures tenant ce qui ressemble à des ampoules géantes. À l’intérieur, un serpent. À côté, un pilier Djed.
Mathieu :
— Le symbole de stabilité.
Jean :
— Oui. Mais les serpents… ce sont des détecteurs biologiques de fréquence. Ils réagissent aux sons graves, aux vibrations subtiles. Ils perçoivent ce que nous ignorons, car nous ne les percevons pas.
Marie :
— Tu veux dire qu’ils captent les ondes ?
Jean :
— Imagine… dans une ampoule conçue pour amplifier les vibrations, le serpent capte, puis retranscrit les ondes. Comme un message venu de très loin.
Mathieu (sourit, sceptique) :
— Tu rêves un peu.
Jean (regard fixe) :
— Peut-être. Mais les rêves sont parfois des souvenirs d’un savoir oublié.
Tard le soir tout le monde a éteint son ordinateur, la tête remplie de rêves.
Laboratoire, nuit tombée. Jean est seul, concentré.
Le serpent repose dans un terrarium, calme. Autour, des oscillateurs, un vieux générateur de fréquences, et un micro amplificateur.
Jean (à voix basse) :
— On va voir si tu entends ce que moi je ne peux pas.
Je règle l’appareil sur une fréquence de 18 Hz, infrasonore. Rien. Le serpent reste immobile.
Je tente 22 Hz. Puis 30. Puis 40. Toujours rien.
Jean (frustré) :
- Rien. Toujours rien. Il s’approche du terrarium, observe le serpent.
— Tu dors ? Ou tu attends quelque chose que je ne sais pas formuler ?
— Peut-être que Mathieu a raison. Peut-être que je rêve.
Je m’assoit et regarde le serpent. Silence. Puis, sans réfléchir, je pose ma main sur le générateur.
Un léger grésillement. Une décharge statique.
Le serpent lève la tête. Lentement. Je me fige.
— Attends… ce n’était pas la fréquence. C’était… moi ?
Je recommence. Cette fois, je parle doucement, presque comme une incantation. Le serpent se redresse, tourne sa tête vers moi.
Jean (émerveillé) :
— Ce n’est pas une machine qu’il écoute. C’est une intention. Une modulation vivante.
Il note tout. Mais il sait que ce n’est pas reproductible par des chiffres. Il devra convaincre Mathieu et Marie… avec autre chose.
Une fois réuni, à nouveau.
Je refais l’expérience…
Mathieu (soudain, les yeux plissés) :
— Attends… ça me rappelle quelque chose. Un vieux papier de l’université. Un chercheur parlait de bio-résonance.
Jean (intrigué) :
— Bio-résonance ?
Mathieu :
— Oui. L’idée que certains organismes vivants peuvent entrer en résonance avec des fréquences spécifiques. Pas juste les entendre, les intégrer. Les serpents, justement, étaient mentionnés.
Marie :
— Tu te souviens du nom du chercheur ?
Mathieu (hésite) :
— Pas sûr… mais je me rappelle d’un schéma. Une sorte de spirale vibratoire, comme un serpent lové autour d’un axe.
Jean (frappé par l’image) :
— Comme le pilier Djed.
Un silence s’installe. Puis, un léger bruit. Un bourdonnement grave, presque inaudible, emplit la pièce. Marie fronce les sourcils.
Marie :
— Vous entendez ça ?
Jean (tend l’oreille) :
— C’est une fréquence basse. Très basse.
Mathieu (regarde son téléphone) :
— Ce n’est pas nous. C’est externe.
Jean (s’approche de la cage où dort le serpent, utilisé pour des tests biologiques) : — Regardez. Il bouge. Il réagit. —
Le serpent se redresse lentement, sa langue fouettant l’air. Il se tourne vers le mur nord, comme attiré.
Jean (chuchote) : — Il capte quelque chose. —
Marie :
— Et s’il recevait un message ? —
Mathieu (à voix basse) :
— Ou un appel. —
Un silence tendu s’installe. Le serpent reste figé, tourné vers le mur nord.
Puis, un bip aigu, presque ridicule, retentit. Un son électronique, désuet. Le bipeur d’une personne âgée, oublié sur une étagère, se déclenche sans raison apparente.
Mathieu (surpris) :
— C’est le vieux bipeur de ma tante. Il ne fonctionne plus depuis longtemps.
Jean (s’approche) :
— Il vient de s’activer. Et regarde…
Le serpent se redresse davantage, sa langue fouette l’air avec insistance. Il se déplace lentement vers le son, comme attiré.
Marie (à voix basse) :
— Ce n’est pas le son. C’est la fréquence. Quelque chose dans ce signal…
Jean :
— Une modulation oubliée. Un appel codé dans une technologie obsolète.
Mathieu (froncement de sourcils) :
— Tu crois que ce vieux bipeur a capté… autre chose ?
Jean :
— Je crois qu’il a répondu.
Non, la réponse est là sous nos yeux, mais nous sommes aveugles cartésien. Je dois réfléchir.
Je dois être seul, vous voulez bien, je me déconnecte à demain.
Jean est seul. La pièce est silencieuse, presque trop. Il regarde autour de lui :
• Un générateur
• Un amplificateur
• Des oscillateurs
• Un vieux générateur de fréquences
• Un micro amplificateur
• Le bipeur
• Et le serpent, lové dans son terrarium
Il soupire. Rien ne fonctionne comme prévu. Les appareils sont là, mais ils ne communiquent pas. Ils émettent, mais n’écoutent pas.
Jean (à voix basse) :
— Il manque quelque chose. Une interface. Un traducteur.
Je regarde le serpent. Pas comme un cobaye. Comme un transmetteur.
Et là, une idée folle, mais logique, surgit :
Et si le serpent n’était pas le récepteur… mais l’émetteur ? Et si ses réactions modulaient les ondes ? Et si, en présence de certains champs vibratoires, il devenait l’élément actif, celui qui relie les appareils ?
Jean branche le micro amplificateur, le relie au bipeur. Il place le serpent à proximité. Il règle le générateur sur une fréquence neutre — 0 modulation.
Rien.
Jean ajuste le micro amplificateur. Il règle le gain. Il attend.
Le serpent reste immobile. Le bipeur, silencieux. Le générateur, stable.
Jean (à voix basse) :
— Trop neutre. Trop lisse. Il modifie légèrement la fréquence. Un souffle. Un frémissement dans l’air.
Le serpent bouge. Pas brusquement. Comme s’il s’accordait.
Jean (note) :
— Fréquence 0.7 Hz. Modulation minimale. Mais… réponse biologique.
Il relie le bipeur à un enregistreur.
— Si tu transmets, je dois capter. Si tu vibres, je dois entendre.
Le bipeur clignote. Une lumière faible. Puis un son, pas un bip, un souffle. Comme un soupir électronique.
Jean (frappé) :
— Ce n’est pas un signal. C’est une réponse.
Il observe le serpent. Puis le bipeur. Enfin ses mains.
Et il comprend. Ce n’est pas la machine. Ce n’est pas l’animal. C’est l’interface vivante. L’intention. La présence.
Jean (chuchote.) :
— Et si les anciens avaient compris ça ? Pas la technologie. Mais la médiation. Un être vivant comme traducteur entre les mondes.
Il reste là, longtemps. Dans le silence. Dans la vibration.
Puis il parle. Pas fort. Pas pour le serpent. Pour l’espace.
Le serpent bouge. Le bipeur clignote. Le micro amplificateur capte une variation.
Jean vérifie. Ce n’est pas le son. C’est le champ. Le serpent a modifié l’environnement vibratoire.
Jean (chuchote.) :
— Il utilise les moyens. Il ne les subit pas. —
Puis il écrit une phrase dans son carnet :
“Ce n’est pas la fréquence qui parle. C’est celui qui l’écoute.”
Expérience : Jean et le serpent, fréquence de 40 Hz
Je m’installe. Je règle les oscillateurs sur 40 Hz, fréquence gamma. Je sais que cette fréquence est liée à la synchronisation neuronale, à la conscience élargie.
Je ne cherche pas à contrôler. Je m’ouvre.
Le serpent est là, immobile. Puis il bouge, lentement. Je sens une stimulation subtile, comme une vibration dans le crâne. Pas douloureuse. Juste… Présente.
Je ferme les yeux. Et les images viennent. Pas pensées. Pas de souvenirs. Autre chose :
• Une souris
• Des cailloux
• Un chemin
• De l’herbe
• Le soleil
• Un trou
• Une mue de serpent
• La liberté
Je ne sais pas si c’est une hallucination ou une transmission. Mais je comprends.
Le serpent demande sa liberté. Pas par des mots. Par une vision.
J’ouvre les yeux. Je regarde le serpent. Je ne peux pas le garder. Ce n’est pas un simple animal.

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