Machu Picchu

6 minutes de lecture

Cuzco ne se présente plus. Mais pour Marie et Jean, ce n’est pas simplement une destination.

C’est un décor. Un camouflage. Un lieu dont les siècles ont altéré l’original.

Ils s’y rendent en tant que touristes ordinaires : sacs banals, cartes en main, sourires de façade. Mais dans leurs esprits, une hypothèse palpite : une route ancienne, fossile, connectait autrefois les sites énergétiques majeurs — Rapa Nui — Nazca — Cuzco. Et cette route, engloutie par les âges et les marées, pourrait réapparaître autrement : dans les fréquences, dans les alignements invisibles, ou dans un simple détail architectural.

— Tu sais Jean, j’ai bien vu une route qui reliait Rapa Nui à Cuzco.

— Il y a des milliers d’années, le niveau de la mer était beaucoup plus bas… peut-être qu’elle était visible.

Marie, songeuse :

— Ce ne sont pas des chasseurs-cueilleurs qui ont tracé cela… On parle d’une civilisation capable de penser le monde en onde, en conscience.

Jean sourit :

— On visite Cuzco comme des touristes… mais on regarde comme des initiés.

Ils parcourent la ville depuis plus d’une heure, quand un petit homme les invectives :

Vous cherchez quelque chose de particulier ?

Oui, ce que les autres ne savent pas voir, répond Marie.

Alors j’ai ce qu’il vous faut. Elle se trouve dans mon jardin sur un mur très ancien. Entrez.

Dans un recoin discret du Qorikancha, derrière une tenture, ignorée des visiteurs pressés, Marie et Jean découvrent ce que le guide appelle en murmurant : “El Mapa que no existe”.

Il ne s’agit pas d’un plan classique. C’est une fresque gravée dans la pierre, ancienne et étonnamment bien conservée, les couleurs intactes.

— voyez, je ne vous ai pas menti.

En effet, nous sommes stupéfait.

Elle montre :

• Des lignes d’énergie reliant des points : Rapa Nui, Nazca, Tiwanaku, Cusco.

• Des symboles géométriques, ni incas ni précolombiens… Certains rappellent des formes fractales, d’autres des schémas atomiques. Les annotations, elles, semblent anagogiques ; comme si elles guidaient vers un sens supérieur, au-delà du visible.

• Une sorte de portail spiralé, orné de figures humaines aux proportions non standards… Trop élancées. Trop calmes. Trop souveraines.

Personne ne sait ce que cela représente.

Jean touche le mur. Il sent une pulsation sourde. Marie note un détail : un minuscule glyphe qui ressemble à une frise de vagues, très proche de ce qu’elle avait vu à Rapa Nui.

Ils ne disent rien. Pas encore. Cuzco vient de leur répondre, il y avait des liaisons physiques et par les ondes.

Ils restent là, quelques instants, devant la fresque vibrante. Cuzco ne répond plus, mais il a dévoilé…

Ils gratifient le propriétaire.

Marie hésite, les yeux perdus dans une lumière intérieure.

— Dans les visions que j’ai eues… la route ne s’arrête pas à Rapa Nui. Elle poursuit son arc. Elle remonte… vers le Japon. J’ai vu une tour. Immense. De pierre taillée. Elle ressemblait aux fondations du château d’Edo… Mais plus ancienne. Plus majestueuse. Comme si elle portait une empreinte dans le temps ; la trace d’un monde oublié, gravée dans la pierre avant même que le Japon ne soit nommé.

Jean fronce les sourcils, comme s’il refusait l’image. Mais ses mains tremblent. Une part de lui sait.

Il a étudié ce château.

— On ne peut pas se disperser, Marie. On a encore le Machu Picchu. Ce site pourrait être le point central, le diapason du réseau.

Marie lève la tête vers le ciel.

— Ce voyage ne suit aucune carte. Mais la fréquence, elle, continue.

— Emprunte-t-elle une route tellurique ?

Ils quittent le jardin du vieil homme. Le soleil décline sur Cuzco. Mais dans leur esprit, une lumière s’est levée.

Jean marche en silence. Il pense à la tour.

Marie le regarde. Elle sait qu’il sait. Mais elle ne le presse pas.

— Tu crois que le Japon est lié ?

Jean hoche la tête.

— Tout est lié, je pense surtout les fréquences.

Ils cherchent une route qui descend vers la mer.

Ils s’arrêtent devant une pierre sculptée. Un détail attire leur attention : Une spirale, gravée à peine visible. Mais elle pulse. Faiblement.

Une fois rentrés à la chambre, nous mettons à jour notre carnet. Ensuite, nous préparons notre excursion au Machu Picchu.

Au petit matin, nous prenons un bus, excursion au Machu Picchu, il est préférable de voyager incognito...

Pourtant, à l'arrêt suivant des touristes montent et parmi eux, un homme à l'allure péruvienne, le visage dur.

Il regarde les occupants du bus avec insistance comme s'il cherchait quelqu'un. Il regarde Marie, puis Jean.

Il s'assoit à l'avant.

Marie demande :

— Tu as vu, l'homme ?

— Oui, il cherchait quelque chose.

— Nous, que faisons-nous ?

— Rien il ne faut pas attirer l'attention

Sur le trajet, il y a un homme qui fait signe au bus de l'arrêter, l'homme monte salut le chauffeur et s'adresse à notre suspect :

— Entonces, Pablo, ¿vas a volver al trabajo?

— Sí… pero no me siento muy bien.

— Te vamos a dar algo tranquilo. ¿Y tus hijos, cómo están?

— Ya regresaron al cole.

— Mejor así…

— Jean, tu comprends ce qu'ils disent ?

— Ce n'est pas clair, une sorte d'Espagnol. Ils parlent d'un boulot et d'enfants.

Un peu plus loin, il y a un chantier sur la route, l'autobus fait une halte et les deux hommes descende.

Jean soupire.

Tu vois ? Tu t'affoles pour rien.

L'autobus, nous laisse à flanc de montagne, la suite se fait à pied.

Machu Picchu… Un sanctuaire en suspens entre ciel et vertige. L’arrivée ne déçoit pas. Tout est là : la puissance du site, le souffle des montagnes, et ce sentiment étrange… Que la mémoire du lieu ne s’est jamais tue.

Marie et Jean observent, comme tous les autres. Mais ils ne regardent pas seulement. Ils écoutent.

• Les bâtiments principaux semblent s’aligner selon des axes énergétiques, mais les instruments restent muets… comme s’ils respectaient le silence du lieu.

• Pas de résonances évidentes, ni de fréquences captées.

Les fondations sont imposantes en granit taillé avec précision, dans un assemblage parfait, la suite est banale en comparaison.

— Les Incas ont bâti sur les ruines d'un ancien site, dit Marie.

— Mais ils n’ont pas su en réactiver le cœur. Ils ont détruit par ignorance.

Le site est immense, il nous faudrait des semaines pour tout explorer.

• Pourtant, au pied d’un escalier inversé, un dessin attire leur attention.

Le motif spiralé est gravé dans la pierre. Discret. À peine visible. Comme un message qui résiste à l’érosion. Il évoque les fresques de Cuzco…

Jean prend une photo en fort contraste. Des détails apparaissent. La spirale, tournée vers l’ouest, révèle un tracé secondaire ; une ligne fine, presque effacée, qui semble relier chaque courbe à un point central. Comme si la spirale n’était pas un ornement… Mais un circuit. Un schéma enfoui de l'implantation de chaque relais.

Y a-t-il un sens de rotation ? Indique-t-elle une origine ? Ou simplement… Ce qui précède ?

Jean s’accroupit. Il suit la spirale du doigt.

— Ce motif… il n’est pas décoratif. Il dirige, il transmet.

Marie, les yeux fermés, murmure :

— Il appelle… Vers l'autre versant du monde.

Jean est moins enthousiaste, il pense que tout va trop vite, ils ont laissé passer quelque chose d'essentiel ou oublier le principal, mais quoi ?

Tu veux aller au Japon maintenant ?

— Les notes concordent, il y a un circuit, il faut le suivre même si nous ne savons pas à quoi il pouvait servir.

— Tu as toujours raison. Tu ne calcules pas. Tu ressens. Et tu suis ton instinct.

— Je t'assure, si EDO ne nous renseigne pas, nous arrêtons les frais. Il y a de quoi publier.

Mais ce n’est pas ce que nous cherchons. Ce que nous cherchons… ne s’écrit pas encore.

Tu comprends ?

— Oui.

Il est temps de redescendre, le bus nous attend.

Sur le trajet, le bus fait une pause dans un petit village avec des boutiques à touriste.

Jean et Marie déambulent dans le petit village andin, après leur passage au Machu Picchu.

Autrefois paisible. Aujourd’hui saturé.

Les boutiques, heureusement, sont locales. Le soleil décline, les ombres s’allongent. Ils s’arrêtent devant une échoppe où un vieil homme vend des instruments de musique rudimentaires : flûtes, tambours, coquillages percés. Beaucoup de plastique, rien de suspect. Rien d’extraordinaire.

Jean s’arrête pourtant. Il regarde une flûte en bambou suspendu au mur. Elle est très ancienne. Elle vibre. Pas physiquement. Intérieurement.

Marie le rejoint.

— Tu sens ça ?

— Oui.

— Ce n’est pas le bois.

— C’est ce qu’il a entendu.

Le vieil homme les regarde. Il ne parle pas. Mais ses yeux sont pleins de mystères.

Jean prend la flûte, souffle. Un son très faible. Mais Marie recule les mains sur les oreilles.

— Jean… tu viens d’émettre quelque chose. Ce n’était pas un son.

— Non. C’était une onde.

Et là, dans le silence du village, un chien se met à hurler. Un enfant pleure. Le vent change de direction.

Jean baisse la flûte.

— Ce n’était pas un chant.

— Non. C’était une lecture. Un appel.

Ils comprennent alors que même dans les objets les plus simples, les ondes du monde ancien continuent de circuler. Et que leur paranoïa n’est pas une erreur. C’est une sensibilité accrue. Un don. Mais aussi un fardeau.

Le bus klaxonne.

Ils repartent. Le soleil s’efface derrière les crêtes.

Dans le bus, Marie reste silencieuse.

Jean regarde les montagnes. Mais son regard est ailleurs. Vers l’est. Vers Edo.

Ils se tiennent la main. Comme deux amoureux.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 3 versions.

Vous aimez lire Jean Michel Dreumont ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0