Voisin 2/5

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Bon, j'ai bien bossé. J'ai besoin de me détendre. Si j'allais me promener dans les chemins derrière chez moi ? J'adore ce petit chemin qui longe le petit cours d'eau.

- Maman, tu as une autorisation, pour aller faire une promenade.

- Oui, il y en a sur l'imprimante.

Depuis le confinement, il fallait toujours prendre notre autorisation pour aller faire un tour. J'avais trouvé ça idiot au début et puis j'avais fini par me plier à la règle.

Donc voilà, j'ai mon autorisation et je peux prendre la direction de mon chemin de randonnée. Il fait beau et étonnamment chaud pour la saison. J'ai mis un tee-shirt et un short en jean, mais je n'ai pas froid. C'est agréable, on entend le vent dans les arbres et les bruits du printemps. Les oiseaux chantent et le cours d'eau donne une note de fond délicate. J'adore cette odeur de sous-bois, fraîche et suave. Le bois, la mousse, les fougères, c'est magnifique. Je m'arrête quelques instants, en voyant un écureuil sauter de branche en branche, jusqu'à le voir disparaître.

Oh, il y a quelqu'un devant moi. Mais c'est bizarre, il n'a pas l'air de bouger et puis il y a quelque chose devant lui. Est-ce que je dois faire demi-tour ? Oh, après tout, je vais juste passer à côté de cette personne, à bonne distance, il n'y aura pas de risques. Plus je m'approche, plus je reconnais la scène. En fait, c'est un peintre et devant lui, c'est un chevalet. Il regarde une clairière avec la lumière et le soleil qui s'engouffre. Plus j'avance et plus je vois les fleurs qui jonchent le sol. Les primevères, les coucous, des violettes et des jonquilles sauvages. Ces fleurs contrastent sur le vert tendre de la mousse. C'est joli.

Oh merde, c'est mon voisin et il me mate. Je ne peux plus faire demi-tour maintenant, il va trouver ça chelou. Et maintenant je rougis, je le sens.

- Bonjour, dis-je poliment.

- Bonjour Mademoiselle, vous êtes ma voisine ?

- Heu, oui, dis-je en continuant d'avancer pour échapper à cette situation gênante.

- Désolé pour tout à l'heure, dit-il avec un regard plein d'ambiguïté.

Je rougis de plus belle, je ne sais pas quoi dire et bizarrement, je ralentis le rythme.

- Je ne voulais pas vous mettre mal à l'aise, reprit-il.

- Ce... Ce n'est pas grave, je n'ai rien vu.

T'es con ou quoi, il t'a vue le mater, c'est sûr !

- Je peux vous demander votre prénom.

- Oui, c'est Lilly.

- Enchanté Lilly, moi c'est Yoann.

- Enchanté Monsieur.

- Appelle moi Yoann, tu veux bien.

- Ok.

- Tu avais l'air moins timide tout à l'heure.

Houla, il me fait flipper lui. Sauve toi ! Allez bouge ! Mais putain, pourquoi tu restes là ?

C'est fou, j'arrive pas à bouger et plus il me regarde plus je ressens les picotements de tout à l'heure.

- Oh, désolé, je suis vraiment un con. Non vraiment désolé, j'ai un humour de merde. Dis-moi, tu as quel âge ?

- Dix-huit depuis deux moi. Et vous ?

- Trente-et-un. Tu veux savoir d'autres choses ?

- Heu, je sais pas, j'ai pas d'idée. Vous avez des enfants ?

- Non, ma femme n'en veut pas. Et donc tu es en terminale, c'est ça ?

- Oui.

- Et tu fais quoi comme bac.

- Un bac S.

- Et tu veux faire quoi l'an prochain.

- Et bien, Maman veut que je m'inscrive en math sup.

- Et toi ?

- Ah, c'est compliqué. Je... J'aimerais faire une école de cinéma, mais c'est pas du goût de ma mère.

- C'est vrai que ce n'est pas le genre de truc qui plaît aux parents.

- Bon, il va falloir que je continue, car ma mère m'a dit qu'il ne fallait pas partir trop longtemps.

- D'accord, à demain, dit-il avec un sourire en coin.

- heuuu, oui à demain.

Mais pourquoi ai-je dit à demain, quelle conne.

De retour à la maison, je prends un goûter, en envoyant quelques messages à mes potes. Mais je n'arrive pas à effacer Yoann de ma tête. Je n'arrête pas de me demander ce qu'il a derrière la tête. Et puis ses yeux noirs, sexy, envoûtant.

Putain ça recommence.

J'ai encore le minou qui me chatouille.

« Salut »

C'est quoi ce bordel !

Je viens de recevoir un Messenger d'un certain Yoann DLT. C'est sûr, c'est le voisin. Il ne faut pas que je réponde, c'est clair. Bon, je vais juste lui répondre pour m'en débarrasser.

« Salut »

« Ça te dérange que je t'écrive »

« Bah, c'est un peu bizarre »

« C'est que je suis tout seul à la maison, ma femme est infirmière et passe ses journées à l'hôpital »

« Oui, c'est sûr que ça doit pas être facile »

« Je sors un peu pour peindre, mais ce n'est pas trop autorisé, même si je ne croise personne »

« C'est votre métier ? »

« Non, mais je suis tombé en amour avec la peinture quand j'étais petit »

« Ah ok. Vous êtes canadien ? »

« Non, pourquoi ? »

« C'est votre expression : tombé en amour, ça fait québécois »

« A le non, c'est juste que j'aime bien :) »

« Bon, ma mère m'appelle à table »

« A demain Lilly »

« A demain Yoann »

Bon, on ne peut pas dire que je m'en sois débarrassé.

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