Chapitre 1

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Après avoir passé deux ans dans le néant, j’étais revenu la semaine d’avant, et j’étais allé voir Lionel et Alex. Ensemble, nous avions décidé de refaire un groupe de cinq à six personnes, pour avoir le moins de personnes possible.

Durant mon absence, il était resté cinq personnes, cinq personnes rechignant à quitter un lieu où pour la plupart ils avaient vécu dix ans de leur vie. Ces cinq personnes se prénommaient Lionel, Alex, Thibault, Adam et Clara.

Clara faisait partie du groupe 1, celui des informaticiens. Nous avions vendu trois des cinq ordinateurs, puisque ceux-ci ne servaient plus. Même si Clara affirmait qu’elle pouvait utiliser deux ordinateurs en même temps, je ne la croyais pas trop.

Thibault et Lionel faisaient partie du groupe 2, celui des espions. Ils étaient chargés de surveiller chaque habitude de nos cibles. Alex faisait partie du groupe 3, celui chargé de ravitailler la base en nourriture et munitions.

Il était vexé que son groupe n’ait pas de nom précis, alors il s’en était donné un tout seul : les essentiels, car il soutenait que sans son groupe, on mourrait tous. Nous avions approuvé ce nom, juste pour lui faire plaisir.

J’avais changé de groupe, et j’étais passé dans le groupe 4, celui des actionnaires. Ce groupe était chargé d’attaquer les cibles. Adam était maintenant à part. En deux ans, il était devenu policier.

Il nous servait de traître, pour effacer les preuves. Avec Alex, ils formaient un duo incroyable, puisqu’à deux ils se chargeaient de contredire l’opinion publique, d’effacer les preuves, bref, d’embrouiller la police. En effet, Alex avait un talent inné pour ne pas laisser ses émotions ou ses pensées apparaître sur son visage.

Le lundi soir, nous nous réunîmes dans notre base. J’avais passé le week-end à acheter des matelas, des sacs de couchage, de la nourriture et du matériel d’hygiène ( brosse à dents, dentifrice, serviette, savon - bizarrement, on m’avait tout volé ).

A part Adam qui revenait chez lui, nous étions cinq à dormir là. Nous attendîmes dix-huit heures pour qu’Adam revienne de son service, puis je commençai la réunion :

  • Bien. Nous sommes donc réunis, notre nouveau groupe. Pour ceux qui ne le sauraient pas encore, j’ai passé deux ans dans le néant, après que Nicolas m’ait poussé. Ce qui explique mon absence.

Je leur expliquai en quelques mots ce que j’avais vécu, ainsi que l’apparition de mon nouveau pouvoir. J’avais passé le week-end à m’entraîner, et je le maîtrisais à présent parfaitement.

  • Ne vous inquiétez, je suis au courant des dernières nouveautés des deux dernières années, et de ce qu’il s’est passé après mon départ forcé.
  • On se doutait bien qu’en arrivant, tu ne chercherais pas directement à recomposer notre groupe, dit Adam, un grand gaillard d’une quarantaine d’années, en haussant les épaules. Tu devais forcément voir quelqu’un - il glissa un regard vers Lionel et Alex, qui lui retournèrent son regard - qui t’expliquerait avant de faire ça.
  • Donc, après une visite chez ces deux-là, j’ai eu le week-end pour m’organiser. J’ai déjà prévu notre nouvelle attaque, si vous voulez savoir.
  • Youpi ! Prévue pour quand ?
  • Demain, après-demain, dans une semaine... Ça dépend de ce qui arrive dans les jours à venir. Je voudrais maintenant que vous expliquiez ce que vous avez fait pendant mon absence, et fassiez une petite présentation de vous-mêmes. Je sais que vous l’avez déjà fait pour mon arrivée, mais je ne m’en souviens plus. Qui commence ?
  • Je peux commencer, et après partir ? demanda Adam. J’ai un service de nuit à 20h, et je voudrais avoir le temps de dîner. Bon, après la mort de Claude, j’ai attendu un mois avant de partir. Je suis allé dans le village de mon enfance, puis j’ai demandé à m’engager dans la police. J’ai été engagé, mais comme il n’avait plus de place dans le village, j’ai dû aller dans une ville.
  • Qui était près d’un Arbre, acheva Lionel.
  • A chaque fois que je passai devant, ça me faisait mal au cœur. J’avoue que je suis plusieurs fois allé visiter la base durant ces deux ans. Du temps de Claude, je faisais partie du groupe 4. J’ai participé à plusieurs missions.
  • Pendant combien de temps as-tu été dans ce groupe ?
  • Ça fait vingt ans que je participe à ce projet. J’ai été l’un des premiers, car j’étais un proche de Claude.
  • Bien, je pense qu’on a fait le tour. Tu peux y aller.

Il se leva sans un mot et sortit de la base. Je demandai :

  • À qui le tour ? Lionel et Alex, je pense que je vous connais assez maintenant, donc pas besoin de vous présenter.
  • A moi, dit Clara.

C’était une femme brune de vingt-cinq ans, mais qui semblait encore dans la période d’âge où l’on croit aux fées et aux chevaliers courageux. Tout le contraire de moi, qui, après deux ans passé dans le néant, étais mature avant l’heure.

  • Je suis la troisième dernière personne à avoir été engagé. C’était il y a six ans.
  • Qui était la deuxième ? l’interrompis-je.
  • Une des personnes qui a volé l’argent de la dernière expédition, dit Lionel. L’autre était son frère, qui avait été engagé huit ans plus tôt.
  • Et bien, j’espère que vous ne me ferez pas un coup pareil, vous deux, dis-je. Clara, continue.
  • Durant ces deux ans, vu que je faisais partie du groupe 1, celui de Nicolas - elle glissa un coup d’œil accusateur à Alex, qui fit semblant de l’ignorer - j’ai fait un petit boulot d’informaticienne. C’était assez dur, et vu que j’étais la seule femme...
  • Les mentalités ne changent pas, dis-je. Jamais.
  • Je ne suis donc pas triste de quitter ce boulot, acheva-t-elle.

Je dis à Thibault, un homme d’une soixantaine d’années dont la barbe commençait à abriter de nombreux poils blancs :

  • Il ne reste plus que toi, Thibault.
  • Je suis l’un des plus anciens membres de ce groupe. J’étais un ami de Claude, et c’est avec deux autres qu’on a eu l’idée de fonder ce groupe. Au fil des années, on a commencé à accueillir de plus de personnes. Malheureusement, les deux autres fondateurs sont morts, et je suis tout seul maintenant.
  • Pourquoi n’es-tu pas le chef du groupe deux ? demandai-je.
  • On en a discuté, avec Claude. Il voulait laisser arriver du sang neuf, et il a laissé Lionel accéder à la tête de ce groupe.
  • Sans vouloir te vexer, es-tu sûr d’être assez en forme pour faire partie de notre nouveau groupe ? demandai-je prudemment.
  • C’est justement pour ça que je suis venu. Je peux passer pour une vieille personne innocente. Personne ne se méfiera de moi. Et puis, je ne vais pas être au cœur de l’action, je vais juste surveiller.
  • Qu’est-ce que tu as fait durant mon absence ?
  • Je n’ai rien fait.
  • Comment as-tu pu survivre, alors ?
  • Et bien... Je connaissais le code de la quatrième porte. Je suis venu me servir plusieurs fois.

Ce qu’il dit souleva un concert de protestations de la part des autres membres du groupe :

  • Ça ne se fait pas ! dit Lionel.
  • Nous on travaillait, et toi tu ne faisais rien !
  • Tu mériterais d’être renvoyé ! cria Alex.
  • Calmez-vous, dis-je, apaisant. Je vais changer le code, comme ça il ne pourra plus prendre de l’argent en douce.
  • Il devrait au moins avoir une punition ! dit Alex.
  • Je vais y réfléchir, calmez-vous. Thibault, si je te revois faire ça, je demande à Alex de te montrer le sort qu’il a réservé à Nicolas.

Thibault pâlit soudainement, et se tut. Je poursuivis :

  • Je vous expliquerai demain comment on s’organisera pour demain. Et si c’est d’accord, on fera notre première mission jeudi. Ça vous va ?
  • On n’a rien d’autre à faire, dit Lionel en haussant les épaules.
  • La salle des dortoirs est assez grande maintenant pour que chacun ait un coin.
  • Je te rappelle que l’on est cinq, ironisa Alex. Je ne pense que la salle ait cinq coins.
  • Je pensai que vous deux, vous pourriez dormir ensemble, dis-je en regardant les deux frères. Ça fait deux ans que vous faites comme ça.
  • Logique, dit Lionel.
  • Tu me vois demander à Thibault et Clara de dormir ensemble ?

Clara rougit brusquement, gênée, tandis que Thibault restait de marbre, comme s’il avait l’habitude. Je continuai :

  • Ça va, vous êtes frères...
  • D’accord, d’accord, pas la peine d’insister, dit Alex.
  • Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une bonne nuit. Vous pouvez faire ce que vous voulez jusqu’à demain 17h, heure à laquelle on se retrouvera pour discuter du plan.
  • Tu sais que Claude parlait exactement de la même façon ? demanda Clara.

Je haussai les épaules et partis me coucher.

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